Nice - Le Havre (12 février 2005)

 

Match comptant pour la deuxième journée de la poule finale de division 2.

C'est un match de revanchards qui oppose ce soir les formations de Nice et du Havre. Battues la semaine dernière en déplacement, les deux équipes veulent cette fois prendre deux points, Nice pour décrocher sa première victoire en phase finale, Le Havre pour ne pas laisser s'éloigner le podium de D2. La partie s'annonce indécise, avec peut-être un avantage infime aux visiteurs, habituellement présentés comme l'équipe de "Rouen B".

C'est sous une haie d'honneur de jeunes Niçois que se présentent les Aigles.. Les tribunes sont peu garnies ce soir à Jean-Bouin, mais l'ambiance est bonne, assez décontractée. L'affaire prend d'emblée une bonne tournure pour les locaux, qui campent dans la zone défensive adverse avec une belle détermination. Quand le jeu s'équilibre enfin, les Niçois semblent toujours plus à l'aise dans leur patins, jouent mieux collectivement, et montrent à leurs adversaires toute leur motivation. Le rythme est intense et les Havrais font malgré tout mieux que se défendre, avec des mises en échec nombreuses et généreusement appliquées. C'est dans ce contexte physiquement engagé que tombent les premières pénalités, d'abord pour Guillaume Yrondelle, mais très vite ensuite pour Martin Dubaj. Quelques instants plus tard, c'est à Anthony Miramond de rejoindre le banc des punis. Nice doit jouer quelques secondes en double infériorité, mais c'est à cinq contre quatre que survient la première grosse occasion des visiteurs, sur un shoot de Romain Lanuzel (5'15). Objectivement, les Normands se sont repris. Ils jouent mieux mais sont peu dangereux. Guillaume Ribourg averti, ce sont les Aigles qui sont tout près d'ouvrir le score, par un virevoltant Josef Hopjak d'abord, sur un slap (presque) parfait de Christophe Pérez ensuite. Grosso modo, la vitesse d'exécution des Niçois est supérieure mais la défense des Havrais est bien en place.

Les minutes s'égrènent rapidement et le premier but se fait décidément attendre. Sera-t-il pour Antoine Thomas ? Non, la frappe du jeune représentant des Docks n'est pas cadrée. Patrik Åkerlund assure le coup de la mitaine et le jeu peut reprendre dans sa zone. C'est ensuite un Peter Bourgaut déterminé qui place la défense locale sur des charbons ardents. Heureusement, Nice a aussi droit de cité, et à la suite d'un gros travail de Pascal Margerit, Damien Laplace n'a plus qu'à pousser la rondelle au fond des filets. C'est fait et bien fait, les tribunes peuvent exploser (1-0 à 12'16). Aussitôt après, les Aigles fondent sur le camp de leurs adversaires. Le jeu est toujours aussi rugueux et les Normands peu décidés à se laisser faire. Sur une erreur défensive locale, Quentin Pepy fonce au but et offre un caviar à Antoine Thomas pour l'égalisation (1-1 à 13'59). Un but un peu idiot pour des Niçois qui accusent le coup, et laissent presque Dimitri Bogus donner l'avantage à ses couleurs. Malgré un bon shoot de Romain Laplace, ce sont les Havrais qui mènent aux points, avec une nouvelle attaque dangereuse signée cette fois Alexandre Sucré. Pascal Margerit, en bonne position pour réveiller les siens, oublie un palet derrière la cage de Stéphane Burnet (16'25) : s'il s'agissait d'une feinte, elle est loupée. Josef Hopjak se fait punir pour cinglage (17'42). Nice n'est pas au mieux et, même si le Slovaque secoue le cocotier à sa sortie de prison, le score reste figé au retour des vestiaires.

À la reprise, en à peine quelques minutes, les deux équipes ont coup sur coup l'occasion de prendre les devants. Le ton se durcit toutefois très rapidement, avec un début d'algarade à peine le match repris (23'25). Premier signe d'une partie qui va s'envenimer en cette seconde période, Romain Laplace rejoint la prison pour deux minutes, suivi après de longs palabres par Julien Thomas et Guillaume Yrondelle, déjà pris en grippe par le public. Cette supériorité niçoise offre un bon lancer pour Josef Hopjak, un autre pour Yves Cruz, puis, sur un jeu de puissance pourtant bien installé, un contre rapidement joué par Quentin Pepy, qui ne peut cadrer sa frappe. Nice s'est fait très peur. Du coup, les Aigles commencent à mettre le feu. Pascal Margerit fait le tour de la cage mais ne parvient pas à conclure. Bien démarqué par son frère Damien, Romain Laplace place une mine à la bleue, qui heurte le casque du gardien havrais. C'est ensuite Josef Hopjak qui inquiète ce dernier, et les Docks se sentent obligés de concéder une pénalité de plus, de nouveau par Yrondelle (28'41). C'est le premier tournant du match. Un bon jeu collectif se met en place côté niçois et, au prix de gros efforts, la première ligne tout entière, par l'intermédiaire de son buteur Pascal Margerit, fait fructifier l'avantage numérique (2-1 à 30'02). Les travées n'ont pas fini d'applaudir qu'elles doivent en remettre une couche, une partie de billard dans la défense normande aboutissant à un drôle de but, accordé à Josef Hopjak (3-1 à 30'16).

Le Havre ne mérite pas ce coup du sort et, en toute logique, se révolte. Le pressing est tel que Christophe Pérez est contraint à la faute. "Deux minutes pour retenir", siffle légitimement le corps arbitral. C'est désormais tenir que doivent les Aigles. Leurs rivaux combinent bien, presque trop bien, et sur une entrée de zone très propre, ils se font chiper le palet par Josef Hopjak. Le contre n'aboutit pas, mais il est suivi d'une nouvelle occasion niçoise, sur un bon jeu collectif de Romain Laplace et Medhi Belhassen. Raté. Les Docks ne profitent pas de leur supériorité, leur seule réelle occasion étant écartée par Åkerlund. Contrairement aux apparences, l'affaire n'est pas si facile pour Nice. Apparemment, le public sent bien la fébrilité de son équipe et l'encourage de plus belle. Les "Allez Nice" tombées des tribunes motivent Medhi Belhassen, mais l'ex-Angloy voit sa tentative sortie par Stéphane Burnet (33'50). Une minute plus tard, un gros slap de Quentin Pepy manque de trouver la cible, alors que Cédric Jalet et Christophe Pérez n'ont pu intervenir. Ce sont bien les visiteurs qui dominent, et qui contraignent du même coup Anthony Miramond à une nouvelle faute (35'12). Sans génie particulier, l'équipe locale fait bloc, ce qui s'avère suffisant pour anéantir les velléités adverses : les Havrais terminent leur supériorité derrière leur propre cage. Il faut toutefois toute la vigilance de Patrik Åkerlund pour stopper une bonne frappe de Julien Pain. La fin de tiers-temps approche et devrait de faire du bien aux locaux. Mais a-t-on vraiment tout vu ? Non, pas tout à fait. À quelques secondes du buzzer, un bon jeu collectif permet à Pérez et Jalet de lancer David Zaina. Jusqu'ici, tout va bien. À l'approche de la cage normande, tout change. Il ne reste que trente-sept secondes à jouer et une bousculade provoque une grosse friction entre les deux camps. Le hockey dans ce qu'il a de pire. Après de longues discussions, les arbitres livrent une lourde sentence : deux fois deux minutes et dix minutes de méconduite pour les Havrais William Place et Dimitri Bogus, idem pour le Niçois Yves Cruz et 5'+20' pour son coéquipier Giani Sarcinelli. Une dernière occasion pour Josef Hopjak plus tard, la sortie de glace est plus qu'houleuse, et c'est Yves Cruz qui est à son tour renvoyé aux vestiaires définitivement.

Privés des deux tiers de leur troisième ligne, les Niçois risquent d'avoir du mal à tenir. L'affaire semble très vite se confirmer, sur une bonne combinaison havraise et un but signé Alexandre Sucré (41'15). L'arbitre place néanmoins ses bras à l'horizontale : la cage a bougé avant que le palet n'y entre, le score reste donc en l'état. Pas le temps de souffler pour la défense azuréenne : douze secondes plus tard, Alexandre Sucré - encore lui - trompe une nouvelle fois la vigilance d'Åkerlund. Cette fois, le but est accordé. 3-2 : Nice commence à plier très sérieusement. Un gros tir de Manavian renforce la crainte des supporters locaux, même si Medhi Belhassen manque une belle occasion en break. Un break, c'est justement ce qu'exécute à la perfection Antonin Manavian, après avoir chipé la rondelle dans la crosse de Martin Dubaj. L'attaquant ciel et marine dévale toute la glace et offre un caviar à Guillaume Ribourg, trop content de pouvoir égaliser (3-3 à 43'09). Tempête sous les casques niçois. L'on se souvient alors qu'une semaine auparavant, les Aigles ont perdu à Cholet après y avoir mené de deux buts. Souvent prompts à gamberger dans ces difficiles situations, vont-ils craquer de nouveau ? Romain Laplace a la réponse : aidé de son frère et de Cédric Jalet, le jeune attaquant redonne l'avantage aux siens, dans l'immédiate foulée de l'égalisation havraise (4-3 à 43'26). Nice, pourtant en infériorité, retrouve des couleurs. Sur un 2 contre 1 joué avec son capitaine Pascal Margerit, Medhi Belhassen est tout près d'enfoncer le clou. Une pénalité de Cédric Jalet passe sans grande frayeur, et le défenseur se rattrape même à son retour sur la glace en plaçant sur orbite Josef Hopjak, qui ne peut toutefois convertir la passe (47'10). Nice travaille fort et mérite son avantage : il est encore une fois tout près de s'accroître quand, exceptionnellement associé à Pierre Carreton et David Zaina, Pascal Margerit s'offre une nouvelle belle occasion. Le Havre réagit dans la foulée par un gros tir de Quentin Pepy, qu'Åkerlund parvient à détourner (48'20).

Alors, 5-3 ou 4-4 ? La partie est décidément serrée, indécise, tendue jusqu'au bout. Christophe Pérez envoyé en prison, les Havrais ont une nouvelle occasion d'égaliser mais offrent finalement un nouveau contre à Josef Hopjak, qui ne peut en profiter. La défense niçoise est alors héroïque de solidarité, tout le monde s'implique pour le bien commun et joue sérieusement pour éviter l'égalisation. Ce n'est pas très académique, mais cela suffit pour frustrer les deux blueliners adverses, Guillaume Yrondelle à droite, puis Antonin Manavian à gauche (52'30). L'orage est passé sans dommage pour les Niçois. Alors voilà que ces derniers s'enhardissent : gros travail de David Zaina le long de la bande, récupération signée Pascal Margerit, passe pour Josef Hopjak, c'est presque parfait... mais ça passe une nouvelle fois à côté (54'12). C'en est visiblement trop pour le Slovaque, peu en réussite ce soir. Alors qu'Yvan Fontana est en prison, il décide donc de s'arracher, et sur un exploit personnel parti d'une passe millimétrée de Christophe Pérez, inscrit enfin le but de la délivrance niçoise (5-3 à 56'04). Le Havre demande un temps mort, sous les vivats du public. "Nissa, Nissa, Nissa" : Romain Laplace entend l'appel du peuple azuréen, et, au terme d'une action collective de très grande classe, place une dernière banderille (6-3 à 56'53). Cette fois, le match semble bel et bien plié. Les Havrais, pour ne pas accepter cette fatalité, se ruent à l'attaque. Un petit poke-check de Martin Dubaj prive Alexandre Sucré d'une nouvelle réduction du score. C'est ensuite Patrik Åkerlund "himself" qui s'interpose sur une frappe énorme de Romain Lanuzel. Les derniers assauts normands semblent décidément trop désordonnés pour trouver une heureuse conclusion. Le dernier est néanmoins réussi et c'est Peter Bourgaut qui inscrit le dernier but de la partie (6-4 à 59'50). Même si Medhi Belhassen, sur l'engagement suivant, aurait très bien pu lui aussi avoir cet honneur.

Compte-rendu signé Martin de Kerimel

 

Commentaires d'après-match

Stan Sutor (entraîneur de Nice) : "Une partie difficile, oui, face à une équipe du Havre qui patine très bien, qui compte de jeunes espoirs français et qui pratique un bon hockey. Je regrette les pénalités et les expulsions, mais elles sont complètement justifiées. Bon, ça nous a un peu déconcentrés. J'ai dû refaire nos lignes et ça nous coûte sûrement les deux buts du début du troisième tiers. À 3-3, on est resté dedans et on a rien lâché. On en récolte les fruits. C'est une victoire de caractère qui me fait vraiment plaisir, car nous avions souvent tendance à baisser les bras. Maintenant, il faut aller à La Roche, encore une équipe inconnue. Elle nous ressemble beaucoup, je crois, et j'ai hâte de voir ce que ça va donner. Ce soir, c'était surtout du patinage, là-bas, je pense que ce sera plus tactique. Martin Dubaj y a joué l'année dernière, mais je ne pense pas qu'il me donne d'indications. Il va retrouver ses copains. Il sera sûrement surmotivé pour leur montrer son niveau."

Romain Laplace (attaquant de Nice) : "C'était un très bon match. C'est vrai que ça a été tendu, avec beaucoup de prisons. Quand les Havrais sont remontés à 3-3, ça nous a crispés, mais les deux buts suivants font la différence. Je connaissais quelques joueurs de cette équipe, Pepy, Fontana, Manavian, entre autres. C'est une équipe encore plus jeune que la nôtre. Cette victoire nous fait du bien après notre lourde défaite à Cholet. Là-bas, mon frère était malade, moi aussi un peu, on s'est relâchés à 2-0 et on a baissé les bras ensuite. Le prochain match, contre La Roche, va être beau, comme tous ceux qu'on devra jouer dans ce play-off, de toute façon. Les premiers ont beaucoup d'avance mais je pense qu'on peut finir dans les quatre meilleurs".

André Svitac (entraîneur du Havre) : "C'était un match intéressant pour nous, j'alignais deux lignes de juniors et une de cadets. On a bien résisté à cette équipe de Nice, qui compte quelques joueurs d'expérience. Malheureusement, il y a eu des moments serrés où on n'a pas su faire la différence. Ce qui nous manque, c'est un peu de lucidité dans les moments où on a dominé. Il n'y a pas de vrai leader pour les phases de supériorité ou d'infériorité. Les jeunes apprennent de ce genre de match. Physiquement, on était là, mais à 3-3, on a voulu attaquer trop vite et on l'a payé cash. L'objectif est que les jeunes prennent le maximum de plaisir. Certains jouent aussi le championnat cadet et junior, ils en sont désormais à 35-40 matchs. Les équipes de l'ouest, ça se tient, nous avons fini deuxièmes d'un classement serré. Honnêtement, Annecy, Viry et même Nice me semblent plus forts que nous."

Antoine Thomas (attaquant du Havre) : "D'après moi, le score ne reflète pas le match. On a pris de mauvaises prisons. Notre troisième période est bonne, mais on a connu un passage à vide dans le deuxième tiers. Ce qui nous manque, c'est justement un peu de régularité. C'est vrai que certains parmi nous jouent beaucoup de matchs et s'entraînent tous les jours. Moi-même, je suis junior, et franchement, je ne sais pas vous dire combien de parties supplémentaires j'ai jouées. Certainement une vingtaine, au moins. En D2, on prend les matchs les uns après les autres. Le prochain, c'est Annecy chez nous. Je connais Thomas Bussat, là-bas, qui est assez fort. Je pense qu'on peut finir le championnat parmi les premiers."

 

Nice - Le Havre 6-4 (1-1, 2-0, 3-3)

Samedi 12 février 2005 à 19h15 à la patinoire Jean-Bouin.

Arbitrage de Thierry Espigat et Laurent Vaissaire.

Pénalités : Nice 75' (6', 10'+10'+20'+5'+20', 4'), Le Havre 60' (4', 14'+10'+10', 2'+10').

Évolution du score :

1-0 à 12'16" : D. Laplace assisté de Margerit

1-1 à 13'59" : A. Thomas assisté de Pepy

2-1 à 30'02" : Margerit assisté de Hopjak et Belhassen (sup. num.)

3-1 à 30'16" : Hopjak

3-2 à 41'27" : Sucré

3-3 à 43'09" : Ribourg assisté de Manavian

4-3 à 43'26" : R. Laplace assisté de D. Laplace et Jalet (inf. num.)

4-3 à 56'04" : Hopjak assisté de Pérez

5-3 à 56'53" : R. Laplace assisté de Miramond

5-4 à 59'50" : Bourgaut assisté de Pepy

 

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