Nice - Nantes (26 février 2005)

 

Match comptant pour la quatrième journée de la poule finale de division 2.

Une nuit de défilé pour le carnaval et un derby de football entre Nice et Monaco, les Aigles ont de la concurrence ce soir en matière de pouvoir d'attraction. C'est tout de même une travée d'environ trois cents personnes qui voit débarquer les Corsaires de Nantes, pour un duel encore inédit cette saison. Objectif des deux clubs : la victoire, évidemment. Elle permettrait aux locaux de prendre à leurs visiteurs la quatrième place de D2.

C'est avec une petite vingtaine de minutes de retard que va débuter la partie. Joueurs et arbitres n'y sont pour rien, mais c'est du côté de la patinoire que cela "coince" un peu. Explication : Nice a décidé d'inaugurer ce soir un show "son et lumière" pour l'accueil de ses joueurs. Une très belle idée, mais qui demande quelques réglages : après le petit spectacle, la lumière diffusée par les spots est un peu plus faible au moment où le coup d'envoi est censé être donné. L'arbitre attend et garde son palet en main quelques minutes. Tous les joueurs des deux équipes reviennent sur le glaçon et tournent comme s'il fallait dissiper un brouillard. L'anecdote est plus drôle qu'autre chose et le public reste patient.

Au moment d'engager pour de bon, c'est en fait la deuxième ligne niçoise qui se présente au point central. Le palet est gratté par les Nantais, mais Romain Laplace est bien en jambes et s'offre un premier rush sur la cage adverse, gardée par Florian Hardy. Une fois la première ligne niçoise en place, c'est dans l'autre sens que vient le danger, grâce à la vivacité de David Page, puis de Dany Fortin. Le score ne bouge pas pour autant. Pascal Margerit et Jozef Hopjak se mettent en action, avant que les frères Laplace ne s'illustrent dans un nouveau numéro de duettistes, sans plus de succès. Jouant sur un bon tempo, les deux équipes offrent au public une belle prestation, avec un jeu rapide en ce tout début de match. Les premiers applaudissements tombent des tribunes quand Patrik Åkerlund stoppe une tentative de Yohann Bidet. Un palet perdu par Christophe Perez manque ensuite de profiter à Rémi Peronnard, mais le gardien niçois fait bonne garde. Nice tient le choc et a même une première occasion de jouer en supériorité, quand Benjamin Baptiste inaugure le banc des pénalités (05'06). Le jeu de puissance des Aigles s'installe vite et bien et, à deux reprises, Mehdi Belhassen est tout près d'ouvrir le score. Attention toutefois à ces Corsaires, vaillants sous la tempête, et pas loin de surprendre leur monde sur un nouveau contre, orchestré par Yohann Bidet et sorti "acrobatiquement" par la défense locale. C'était chaud et ça l'est encore quand les deux équipes sont revenues à égalité numérique. Mickaël Lechêne semblait avoir fait le plus dur mais est sifflé hors-jeu (08'54).

La défense niçoise va craquer tout de suite après. Et Michaël Lechêne est encore dans le coup. Combinaison à trois : le numéro 13 offre le palet à Hubert Dogemont, qui remet pour Gaëtan Mezière, et ça fait but pour Nantes (0-1 à 9'19). Nice, un peu sonné, réagit néanmoins dans la foulée, avec un bon tir de David Zaina, sur une passe d'Yves Cruz, lui-même servi par Martin Dubaj. Catastrophe : immédiatement après, le Slovaque envoie un palet dans un gant adverse, ça combine à toute allure devant la cage d'Åkerlund et c'est Nantes qui peut s'échapper. La triplette Fortin-Page-Bidet met le feu et le premier nommé conclut (0-2 à 11'06). Les Aigles retombent à terre et la position leur convient si mal qu'ils n'ont plus du tout le contrôle du jeu. Seul Pascal Margerit, sur un bon dribble, ramène un peu d'ordre dans la maison, mais le capitaine ne peut pas tirer correctement. La frustration des Niçois est palpable. Elle s'illustre aussi quand Tomas Banas fait trébucher Hubert Dogemont, lui-même coupable d'un petit cinglage. "No comment", dit l'arbitre, pour cette fois. Mais le sifflet retentit tout de même pour une charge avec la crosse de Charles Tuffreau. Les Aigles perdent l'engagement qui s'ensuit, mais récupèrent finalement le palet. Les Nantais le reprennent très vite et jouent bien le coup : sur un contre, Yohann Bidet fonce au but et offre un caviar à Dany Fortin, comme à la parade (0-3 à 15'59). Gros temps sous les casques niçois. Martin Dubaj manque de peu le but de la révolte. Et David Zaina, lui aussi, voit son tir passer tout près des buts nantais (19'20). Dur retour aux vestiaires pour Nice...

À 0-3, c'est évidemment un tout autre match qui commence. Le public attend forcément une réaction de son équipe et il y a tout lieu de penser que les Niçois sont dans l'obligation de montrer un nouveau visage. La question est de savoir s'ils vont simplement y parvenir. Les tout premiers instants du tiers semblent assez défavorables. Pourtant, et assez rapidement, la machine azuréenne se met en marche. Romain Laplace patine vite et bien, prend un tir et... oublie Jozef Hopjak, peut-être mieux placé (22'13). C'est ensuite un slap de Christophe Perez, sur une bonne action de la troisième ligne. Rebelote pour Hopjak, qui s'offre une interception et une bonne reprise, mais, malheureusement pour Nice, sans effet sur le tableau d'affichage. Nantes laisse venir. Anthony Miramond, lui, préfère s'arracher, et voit son petit tir passer à deux centimètres des filets adverses (25'10). Les Corsaires sont étouffés et ratent même une belle occasion de prendre de l'air, sur un contre de Gabriel Piou. Un "deux contre un" de Nice plus loin, les visiteurs demandent même un temps mort (27'17). Le scénario ne change pas. Frustrant : c'est peut-être le mot qui résume le plus mieux la partie pour les Niçois, tant ces derniers dominent et butent constamment sur le dernier rempart adverse, l'excellent Florian Hardy. Romain Laplace rate encore un duel et c'est son frère qui s'énerve et écope d'une pénalité.

Du coup, à force de mener des offensives stériles, les Niçois se fatiguent. Ils perdent petit à petit de leur lucidité. Certes, en infériorité numérique, Pascal Margerit multiplie les efforts mais ça ne suffit toujours pas à renverser la vapeur. Dans un duel de numéros 21, il faut toute la vista de Giani Sarcinelli pour éviter une nouvelle désillusion sur un contre royal de Dany Fortin.. Le Québécois ne parvient pas davantage à dévier un tir de Blaise Greau et le score reste figé. Où est Nice ? Sur la glace, évidemment, mais face à une équipe solide sur ses bases, qui joue très bien le coup. Qu'importe si Gabriel Piou va en prison : Nantes reste sagement en défense et laisse passer l'orage d'un jeu de puissance rapidement installé. Sitôt le jeu revenu à cinq contre cinq, Patrik Åkerlund doit même s'employer sur une nouvelle percée de Yohann Bidet. Il ne pourra rien sur la suivante. On retrouve les mêmes joueurs sur ce bon coup : Bidet, donc, qui décale idéalement Piou, lequel remet pour Fortin. À la sortie, ça fait un hat-trick pour le meilleur des Corsaires (0-4 à 37'34). Un sacré butin, tout de même, et presque encore plus gros dans la foulée. Nice a pris un nouveau coup sur le casque, du genre fatal. Un signe de rébellion, messieurs les Aigles ? Il vient de la première ligne, encore... Mehdi Belhassen, une nouvelle fois frustré, tape sa crosse sur la glace. Agacement. Nantes, de son côté, réalise le coup parfait.

La troisième période s'ouvre sur un nouveau palet perdu par les Niçois. Les revoilà pourtant très vite dans la zone défensive adverse, ce qui prouve quand même la valeur morale de cette équipe. Les Aigles dominent, même si c'est tout de même moins évident qu'en début de deuxième tiers. Le problème, c'est qu'ils sont aussi un peu plus indisciplinés. Yves Cruz fait trébucher un de ses adversaires et c'est là une prison malvenue pour ses coéquipiers. Dans un premier temps, les Nantais ne donnent pas l'impression de vouloir en profiter. Autant dire que le public tombe de très haut quand, après un premier gros tir de Louis Crime, c'est David Page qui reprend victorieusement une passe de l'incontournable Dany Fortin (0-5 à 43'57). Les Corsaires sont chez eux. Benjamin Baptiste l'est même un peu trop et délivre une grosse boîte à Damien Laplace. L'affaire n'est pas du goût du jeune Niçois, qui fait faute à son tour.. L'arbitre ne dit rien. Nantes s'en sort bien. Dany Fortin montre aussi tout son talent défensif pour se coucher devant un palet de Jozef Hopjak : les Corsaires veulent absolument préserver l'inviolabilité de leurs cages. C'est raté un peu plus tard, quand Damien Laplace inscrit enfin le premier but niçois, sur une belle passe de son frère Romain (1-5 à 48'04). L'arbitre valide et, trente secondes plus tard, siffle et sanctionne de deux minutes le même Damien Laplace, ainsi que Gabriel Piou. Alors, forcément, à quatre contre quatre, le jeu s'accélère. Jozef Hopjak mène un bon rush, mais c'est en fait Yohann Bidet qui est le plus dangereux. Les esprits s'échauffent un peu, Romain Laplace pousse la gémellité au point d'aller rejoindre son frère sur le banc de la prison. Nantes joue donc à quatre contre trois et croit avoir marqué en toute fin de supériorité. "Cage déplacée", décrètent les deux représentants du corps arbitral. Par la suite, et à deux reprises, c'est Patrik Åkerlund qui sauve la mise des Niçois.

Le jeu revient à égalité numérique (51'30). Pascal Margerit aimerait sûrement marquer. Faute de mieux, le numéro 20 niçois distille quelques bons palets à destination de ses coéquipiers. Ces derniers ne parviennent pas à les exploiter et il faut toute la mansuétude des "zèbres" pour ne pas envoyer les locaux Cruz et Zaina au cachot. C'est en fait une autre double prison qui va être sifflée, à l'encontre de Dany Fortin et de Christophe Perez, après un jeu confus devant la cage niçoise. Cette fois, le jeu à quatre contre quatre s'avère plutôt statique. Anthony Miramond manque un palet de but et seul Martin Dubaj a encore la force d'appuyer sur les patins pour dévaler la glace et... buter encore sur Florian Hardy. Capitaine exemplaire s'il en est, Pascal Margerit insiste encore un peu et vient s'empaler sur Benjamin Baptiste (55'09). Le "faire trébucher" sifflé à l'encontre de l'attaquant nantais permet aux Aigles d'installer un joli jeu de puissance. Les Corsaires gardent tout de même la possibilité de créer le danger sur leur arme favorite: le contre. Et encore une fois, c'est Dany Fortin qui fait des siennes, sur une merveille de "deux contre deux" orchestré avec la complicité de Blaise Greau. Le coup est jouable, mais Nantes choisit de ne pas le pousser à fond. Tant mieux pour Nice, qui s'offre encore deux occasions par l'intermédiaire d'un duo slovaque, Martin Dubaj d'abord, Jozef Hopjak ensuite. Finalement, les Aigles ne marquent pas et, pire, Christophe Perez voit un de ses slaps contrés par Dany Fortin. Le Québécois fonce vers le but adverse, ajuste tranquillement une passe d'école vers Mickaël Lechêne, et c'est le dernier but de la partie (1-6 à 57'57). Dur, dur pour les Niçois, qui poussent encore, s'offrent d'ailleurs quelques occasions supplémentaires et une dernière supériorité, mais doivent finalement s'avouer vaincus. Nantes touche les dividendes d'une partie peu spectaculaire, mais parfaitement négociée.

Compte-rendu signé Martin de Kerimel

 

Commentaires d'après-match

Stan Sutor (entraîneur de Nice) : "On a pris trop facilement des buts et, en face, leur gardien a fait un gros match. Il a tout arrêté. En première période, on s'est laissé surprendre par leur vivacité, et ça nous coûte les deux premiers buts. Après, on a voulu revenir et on a bien travaillé, je n'ai rien à reprocher à mes joueurs, ils se sont procurés de nombreuses occasions. 1-6, ça ne représente pas la physionomie du match. Le point positif, c'est que les gars n'ont jamais lâché. Il y a toujours eu de petites choses qui n'allaient pas au cours de la saison. Ce soir, la différence s'est faite sur la finition."

Pascal Margerit (capitaine de Nice) : "Les Nantais ont su attaquer calmement, en prenant de bons contres. Il ne fallait pas perdre le palet à la ligne bleue, on se retrouvait systématiquement pris à contre-pied. C'est plus simple de marquer en contre qu'au terme d'une action offensive. On encaisse deux buts en début de match qui nous font mal, puis un autre alors qu'on joue en supériorité numérique. Par la suite, Nantes a attendu nos erreurs. Le deuxième tiers, on le perd 0-1 mais on doit l'emporter 2-0 ou 3-0. C'est le gardien qui les tient. Ensuite, au troisième tiers, on s'est créé moins d'opportunités. À 0-4, c'est dur de ramer pour marquer. Tactiquement, Nantes était bien en place, leur système a fonctionné à merveille. Chez eux, j'espère qu'ils seront un peu forcés de faire le jeu. On peut leur faire le même coup. Techniquement, physiquement et dans la vitesse, on n'a rien à leur envier. Moi, dès le début du deuxième tiers, j'avais du mal à tenir ma crosse. C'est Jozef qui m'a shooté dessus. Je suis content qu'on ne joue pas la semaine prochaine, je vais faire une radio en espérant que rien n'est cassé. Après, on va au Havre, une très bonne équipe, avec du physique et du talent. Ce sont des jeunes plein d'avenir et j'en vois certains en élite d'ici un an ou deux. Ce sera très dur, ils ont une revanche à prendre. Maintenant, on voyage pas mal, parce qu'on a moins de pression et qu'on est souvent plus patients. Il faudrait qu'on arrive à jouer à la maison comme on joue à l'extérieur."

Jean-Pierre Dionnet (président de Nantes) : "Je crois que le score ne reflète pas le match. Nice doit avoir un nombre de lancers supérieur au nôtre ce soir. On a fait un très bon premier tiers et je crois que Nice s'est quelque peu désuni à la fin du deuxième. S'ils avaient marqué, ils auraient pu revenir. Mes jeunes ont quand même de l'expérience et on ne s'est pas livré en attaque. On gagne aussi grâce une très bonne partie de notre gardien. Franchement, même si je n'ai pas l'habitude de dire du mal des arbitres, c'est à cause de ça qu'on perd à Annecy. On livre aussi une très bonne production à Viry. La formule de D2 ne me plait pas, je pense qu'on aurait dû repartir avec les compteurs à zéro ou faire un petit play-off avec les quatre premiers. C'est difficile de jouer avec des espaces de quinze jours ou trois semaines. Nantes ambitionne de revenir en D1 à la force du poignet, en formant des jeunes au club. Difficile de donner une date. Je pense qu'il nous manque deux bons joueurs pour encadrer nos jeunes. La philosophie, depuis trois ans, c'est de ne pas faire venir d'étrangers sans les intégrer professionnellement. Ce qui nous met dedans, c'est d'avoir perdu deux matchs chez nous en première phase, contre Le Havre et Cholet. Notre équipe est jeune, il faut qu'elle apprenne les ficelles."

Mickaël Lechêne (attaquant de Nantes) : "On est bien partis, mais on a eu du mal à se mettre dedans. Une grosse partie de notre gardien. On savait que Nice avait une bonne attaque et qu'il fallait mettre la pression sur les jeunes défenseurs. C'est ce qu'on a fait. Dès que Nice avait le palet, c'était difficile, et on a beaucoup joué dans notre zone défensive. On va tâcher de finir le plus haut possible. Pourquoi ne pas battre les deux leaders Annecy et Viry, qui sont sans doute les deux plus gros clubs, lors des matchs retour ? Moi, je ne pense pas aux points. Je suis sur la glace, voilà."

 

Nice - Nantes 1-6 (0-3, 0-1, 1-2)

Samedi 26 février 2005 à 19h15 à la patinoire Jean-Bouin.

Arbitrage de Patrick Peythieu et Kamel Kattouche.

Pénalités : Nice 10' (0', 2', 8'), Nantes 16' (6', 2', 8').

Évolution du score :

0-1 à 09'19" : Mézière assisté de Dogemont et Lechêne

0-2 à 11'06" : Fortin assisté de Bidet et Page

0-3 à 15'59" : Fortin assisté de Bidet (inf. num.)

0-4 à 37'34" : Fortin assisté de Piou et Bidet

0-5 à 43'57" : Page assisté de Fortin (sup. num.)

1-5 à 48'04" : D. Laplace assisté de R. Laplace et Banas

1-6 à 57'57" : Lechêne assisté de Fortin et Hardy

 

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