France - Pologne (18 avril 2007)
Championnats du monde de division I, groupe A, troisième journée.
Même privée de sa vedette vieillissante Mariusz Czerkawski (qui a décliné la sélection, parce qu'il était agacé était que son ami Krzysztof Oliwa se soit fait virer d'un poste de "manager de l'équipe nationale" qui n'était sûrement pas fait pour lui vu son sens diplomatique digne... d'un goon), la Pologne est censée être un adversaire de bon niveau dans cette division I mondiale. Elle est plus cotée a priori que l'Estonie ou les Pays-Bas, même si on a du mal à l'imaginer remonter dans l'élite mondiale tant le hockey polonais suit un lent déclin.
En pratique, cette équipe polonaise lourde et sans énergie apparaît vite comme un adversaire idéal pour mettre en valeur le patinage d'un Zwikel et surtout d'un Laurent Gras. À quatre contre quatre, l'Amiénois est placé près de la cage après une perte de palet de Leszek Laszkiewicz et se fait retenir la crosse par Duleba. Le duo Klys-Gonera fait du bon travail pour que le danger ne s'approche pas de leur cage pendant que leur équipe est réduite à trois. Cependant, dès que la France accélère, la Pologne est en difficulté. Un beau jeu en triangle démarque Pierre-Édouard Bellemare à bout portant, mais le gardien Tomasz Jaworski, contrairement à ses défenseurs, s'est bien replacé. Les Polonais ne font toujours rien en attaque. Ils s'appliquent sans toujours y parvenir à bloquer les Français. Sur un lancer, Bonnard finit le mouvement de sa crosse jusque dans le visage d'un adversaire, et les Bleus sont en infériorité pour deux minutes. Laurent Meunier en mange trente secondes à lui tout seul : il gagne la mise au jeu derrière la bleue, passe la ligne, prend un tir et obtient ainsi un engagement en zone offensive qui tourne aussi à son avantage. Avec un tel capitaine, les Français ne peuvent que tuer cette pénalité. Ils font même mieux juste après. Bellemare part en contre, Jaworski veut écarter son tir sur le côté, mais pas de chance, l'opportuniste Desrosiers se trouve justement à cet endroit (1-0, 19'52").
Rien de mieux qu'un but avant de rejoindre les vestiaires pour lever les doutes d'une équipe en mal d'efficacité. Rien, à part un autre but en ressortant des vestiaires. Dès l'engagement, Bachet envoie une chandelle au fond, du revers, tandis que Meunier et Treille vont travailler dans les bandes. Yorick sort le palet vers le slot où Sebastian Gonera n'arrive pas à le maîtriser. François Rozenthal, le joueur le plus décevant depuis le début du tournoi, peut enfin se réjouir en concluant du revers avec une rage mâtinée de soulagement (2-0, 20'14"). Les Polonais sont assommés pour de bon et le pauvre Jaworski ne peut plus compter que sur lui-même. Il lui faut sauver un 2-contre-0 en interceptant de la crosse la passe de Meunier pour Rozenthal.
Le troisième but est inévitable à ce compte-là, et il prend des accents rouennais : Julien Desrosiers effectue un virage dans le coin avec sa chère rondelle, mais surtout il la délaisse au bon moment pour la confier à Nicolas Besch monté dans l'enclave qui contrôle et tire côté mitaine (3-0, 28'20"). Même une obstruction de Quessandier ne gêne pas la France : le tour de cage d'Olivier Coqueux pendant cette infériorité vaut bien le maigre lancer de la bleue de Marcin Jaros. Et dès le retour à cinq contre cinq, on voit à l'œuvre un duo qui rappelle des souvenirs du côté de l'île Lacroix : passe de derrière la cage de Bellemare pour reprise de Desrosiers à mi-hauteur sur la gauche de Jaworski (4-0, 35'20").
Au troisième tiers-temps, la Pologne pointe enfin le bout du nez en zone offensive pendant deux avantages numériques, mais elle manque encore de vivacité. Cela permet juste de préciser quel est le nom du gardien français titularisé ce soir (Fabrice Lhenry), car on aurait eu du mal à le caser dans le résumé sinon... Il obtient son neuvième blanchissage en équipe de France, dans une dernière période correctement gérée par ses coéquipiers.
La France a dominé dans tous les compartiments du jeu, même aux mises au jeu qui lui avaient été peu favorables jusqu'ici : 39 engagements à 25, et même 31 à 15 sur les quarante premières minutes. Meunier donne toujours autant de sa personne, le fils Tardif et le frère Treille font toujours du bon travail sur la quatrième ligne, et surtout, les seuls buteurs d'une équipe qui en manque, Desrosiers et Rozenthal, ont débloqué leurs compteurs. Il n'y a que des satisfactions à retirer de ce match... sauf si on se place du côté adverse et si on se penche sur le constat de cette triste équipe de Pologne, qui a touché le fond aujourd'hui avec des efforts désordonnés ou absents, des passes mal assurées, et une absence totale de solutions collectives.
Désignés joueurs du match : Julien Desrosiers pour la France et Jacek Plachta pour la Pologne.
Compte-rendu signé Marc Branchu
Commentaires d'après-match (dans L'Équipe)
Dave Henderson (entraîneur de la France) : "On est super heureux ! C'est notre meilleur match depuis deux ou trois ans. On a été présents pendant soixante minutes. On a recadré un peu après le premier match. Les Estoniens étaient coriaces. Contre les Hollandais, on était remis sur pied, mais peut-être encore un peu nerveux. Là, on a été patients. Notre jeu offensif est venu des récupérations de palet. La défense a bien tenu la ligne bleue, ce qui a permis des transitions rapides. On ne leur a pas laissé le temps d'attaquer. C'est bien quand la défense joue comme ça. J'étais dans un fauteuil."
France - Pologne 4-0 (1-0, 3-0, 0-0)
Mercredi 18 avril à 20h30 à Qiqihar, Chine. 825 spectateurs.
Arbitrage de Martin Homola (TCH) assisté de Tao Feng (CHN) et Chris de Haan (CAN).
Pénalités : France 16' (6', 4', 6'), Pologne 12' (8', 2', 2').
Tirs : France 42 (20, 12, 10), Pologne 15 (3, 4, 8).
Évolution du score :
1-0 à 19'52" : Desrosiers assisté de Bellemare
2-0 à 20'14" : Rozenthal assisté de Y. Treille
3-0 à 28'20" : Besch assisté de Desrosiers et Bellemare
4-0 à 35'20" : Desrosiers assisté de Bellemare
France
Gardien : Fabrice Lhenry.
Défenseurs : Vincent Bachet (A) - Baptiste Amar ; Stéphane Barin - Nicolas Besch ; Benoît Quessandier - Jean-François Bonnard (A) ; Nicolas Pousset.
Attaquants : François Rozenthal - Laurent Meunier (C) - Yorick Treille ; Anthoine Lussier - Laurent Gras - Olivier Coqueux ; Kévin Hecquefeuille - Pierre-Édouard Bellemare - Julien Desrosiers ; Sacha Treille - Jonathan Zwikel - Luc Tardif Jr.
Remplaçants : Eddy Ferhi (G), Clément Masson.
Pologne
Gardien : Tomasz Jaworski.
Défenseurs : Sebastien Gonera (A) - Jaroslaw Klys ; Adrian Labryga - Mateusz Rompkowski ; Daniel Galant - Mariusz Duleba ; Patryk Noworyta - Lukasz Wilczek.
Attaquants : Jacek Plachta (C) - Damian Slabon - Piotr Sarnik ; Leszek Laskiewicz - Zdzislaw Zareba - Marcin Kolusz ; Mikolaj Lopuski - Martin Voznik - Jaroslaw Rozanski ; Marcin Jaros - Grzegorz Pasiut - Tomasz Wolkowicz.
Remplaçant : Arkadiusz Sobecki (G).