Bélarus - République Tchèque (27 avril 2007)
Championnats du monde, premier tour, groupe B.
Des bleus et des boss(es)
Six victoires sur six : la campagne de préparation des Biélorusses est sans égal et elle leur donne confiance pour ce Mondial moscovite. Comme les Biélorusses n'ont pas besoin de visa pour se rendre en Russie, ils sont beaucoup plus nombreux que d'habitude à avoir fait le déplacement. La patinoire de Mytishchi, qui sonnait creux cet après-midi entre Américains et Autrichiens, est maintenant bien remplie. Comme ils l'ont fait en amical avec les Slovaques, les Biélorusses espèrent surprendre la République Tchèque, une équipe qui n'est pas toujours un modèle de constance défensive, surtout dans son premier match d'un championnat du monde.
Une vraie opportunité se présente à eux, puisqu'ils jouent à cinq contre trois dès la quatrième minute. Mais le trio Vyborny-Caslava-Barinka notamment se défend bien. Par contre, dès la première pénalité biélorusse, une obstruction de Mialeshka, les Tchèques sortent leur arme fatale : le lancer de Petr Sykora. Le gardien Andrei Mezin ne peut pas bloquer sous son bras le projectile de l'attaquant de Pardubice, et Jaroslav Hlinka est à l'affût pour pousser le palet dans la cage vide (0-1, 07'57"). Vladimir Denisov, passif pendant cette action, a réagi bien tard sur le rebond. Il avait déjà perdu un palet dans sa zone face à Cajanek un peu plus tôt. Autant dire que le jeune défenseur, révélé aux derniers Mondiaux et supposé avoir encore progressé cette saison en allant en Superliga, vit un calvaire en ce début de match. C'est d'ailleurs le cas de l'équipe biélorusse toute entière. Mikhalev, pour un coup de poing malvenu, et Zhurik, pour un cinglage visant en fait la crosse adverse, vont en prison. Le premier s'apprête à reposer le pied sur la glace quand Sykora ferme la zone en bloquant un fort dégagement. David Vyborny s'avance alors face à un Denisov un peu perdu et nettoie la lucarne la plus proche avec un tir du poignet magnifique de pureté (0-2, 10'19"). Le capitaine tchèque est toujours aussi magique.
Il serait dommage que le gardien-héros des deux derniers Mondiaux soit grillé dès le premier match : Mezin est donc sorti au profit de Sergei Shabanov. Un petit choc psychologique qui ranime la première ligne biélorusse : Sergei Zadelenov déborde sur l'aile gauche et passe en retrait à Oleg Antonenko dont le tir à mi-hauteur bat Cechmanek côté mitaine (1-2, 16'18"). L'espoir d'une remontée est tuée dans l'œuf en treize secondes à peine : les Tchèques lancent une attaque rapide et Shabanov, peut-être perturbé par le défenseur couché devant lui, laisse passer un tir anodin en angle fermé de Tomas Plekanec (1-3, 16'31"). Il n'en faut pas plus pour faire rentrer Mezin... Ce yo-yo entre gardiens ne fait que renforcer le sentiment de panique généralisée que donne les rouges. C'est en jeu de puissance que c'est le plus net : ils se mettent tellement de pression qu'ils ne font pas une passe propre. Conséquence, Olesz et Plekanec filent en deux contre un face à Denisov et réalisent un une-deux d'école (1-4, 18'41"). Rastislav Olesz, le jeune attaquant des Florida Panthers qui marque ici son premier but en championnat du monde, va dans cage récupérer le palet en souvenir. Ça tombe bien, Mezin n'en voulait pas...
Il n'a encore rien vu. Les Tchèques sont apparemment décidés à se confectionner une vidéo de leurs plus beaux buts dès ce soir : passe diagonale à travers toute la zone de Jaroslav Hlinka et stupéfiante reprise de volée en complet déséquilibre de Petr Sykora (1-5, 27'21"). Ce n'est pas un match de gardiens, et Roman Cechmanek fait la tronche à son tour une vingtaine de secondes plus tard, car Zadelenov décale bien Antonenko pour une reprise à mi-hauteur côté bouclier (2-5, 27'40"). Cechmanek aura son instant de gloire dans cette deuxième période, avec un très beau lancer de jambières pour arrêter une volée de Dmitri Dudik, sur un 2 contre 1 biélorusse en infériorité. Les Tchèques se sont un peu arrêtés de jouer, et le seul évènement notable est le palet pris juste au-dessus du genou par Olesz en se couchant devant un tir. Comme ça, il aura un second palet en souvenir de ce match, moins plaisant celui-là, imprimé sur la peau en bleu violacé !
Une mise au jeu en zone offensive est utilisée avec facilité par les Tchèques : un tir contré de Michal Barinka arrive sur Zbynek Irgl. Sa passe à moitié écrasée est à moitié interceptée par Sergei Erkovich, qui a par contre oublié en totalité le marquage de Plekanec. L'attaquant des Canadiens de Montréal, seul à un mètre du but, n'a plus qu'à lever le palet (2-6, 42'27"). Jan Marek remonte ensuite la glace à toute allure en s'appuyant en une-deux sur Cajanek (2-7, 45'13"). Mezin est pour la seconde fois remplacé par Shabanov... qui prend un second but-gag ! En sortant derrière la cage, il rate tellement le contrôle du palet qu'il le détourne devant le but, où Zbynek Irgl n'a plus qu'à le mettre dans les filets déserts (2-8, 45'28").
Oleg Antonenko tire dans le petit filet de la cage ouverte en supériorité : il s'est sûrement dit qu'il aurait été indécent pour un capitaine de s'offrir un hat-trick dans une telle défaite. Le score en reste donc là, avec une dose de chance pour Cechmanek quand un tir en angle fermé de Kukushkin ricoche sur son patin... puis sur la transversale.
Pauvre Bélarus... On se croirait revenu au début de l'ère Hanlon, avec les exploits individuels de Kostitsyn et Grabovsky en moins. Le fonds de jeu a disparu, la confiance en soi encore plus. En prenant le témoin, Curt Fraser a certes bénéficié du travail de son prédécesseur, mais il n'a pas hérité automatiquement du système défensif qui était au point. Tout est à reprendre. Surtout que c'est d'abord en infériorité, la force des années Hanlon, que le Bélarus a craqué. Et que le jeu de puissance a été catastrophique du début à la fin.
Désignés joueurs du match : Oleg Antonenko pour le Bélarus et Jaroslav Hlinka pour la République tchèque.
Marc Branchu
Commentaires d'après-match :
Alois Hadamczik (entraîneur de la République Tchèque) : "Quand une équipe marque huit buts, on ne peut que dire qu'elle a bien joué. Nous avons démarré comme les favoris doivent le faire. Nous nous attendions à plus de résistance de la part de Biélorusses. Je suis content que les joueurs de NHL aient eu des qualités de leaders. Maintenant, le principal est de convaincre les joueurs que le match contre l'Autriche ne sera pas si facile. Il est trop tôt pour dire où nous en sommes en se fondant sur une performance. On verra."
Curt Fraser (entraîneur du Bélarus) : "En NHL, il n'y a qu'un mot pour ce genre de matches : une boucherie. Nous avons bien travaillé la préparation et pris confiance dans les matches amicaux, puis nous avons perdu le match le plus important dans tous les compartiments du jeu. Les erreurs se sont succédé : les attaquants ont mal contrôlé le palet, les défenseurs l'ont perdu, les gardiens ne l'ont pas arrêté... La différence de classe a joué un rôle : non seulement les Tchèques ont du talent, mais ils ont joué avec sang-froid. Cette défaite est un obstacle dans l'accès aux play-offs, mais nous devons maintenant gagner le match-clé contre les Américains. Nous n'avons pas perdu parce que nous sommes mauvais, mais parce que nous avons commis trop d'erreurs. L'histoire est contre nous : je sais que le Bélarus n'a jamais battu ni les Tchèques, ni les Américains, ni les Finlandais, que nous pourrions rencontrer au deuxième tour."
Bélarus - République Tchèque 2-8 (1-4, 1-1, 0-3)
Vendredi 27 avril 2007 à 20h15 à l'Arena Mytishchi. 5400 spectateurs.
Arbitrage de Brent Reiber assisté de Thomas Gemeinhardt et Anders Karlberg
Pénalités : Bélarus 18' (6', 6', 6') ; République Tchèque 14' (8', 2', 4').
Tirs : Bélarus 23 (11, 7, 5) ; République Tchèque 30 (14, 8, 8).
Évolution du score :
0-1 à 07'57" : Hlinka assisté de Sykora et Zidlicky (sup. num.)
0-2 à 10'19" : Vyborny assisté de Sykora (sup. num.)
1-2 à 16'18" : Antonenko assisté de Zadelenov
1-3 à 16'31" : Plekanec assisté d'Olesz
1-4 à 18'41" : Olesz assisté de Plekanec (inf. num.)
1-5 à 27'21" : Sykora assisté de Hlinka et Zidlicky
2-5 à 27'40" : Antonenko assisté de Zadelenov
2-6 à 42'27" : Plekanec assisté de Barinka et Irgl
2-7 à 45'13" : Marek assisté de Cajanek (sup. num.)
2-8 à 45'28" : Irgl
Bélarus
Attaquants :
Oleg Antonenko (C, -2) - Siarhei Zadelenov (-2) - Aleksei Ugarov (-1)
Dmitri Mialeshka (-1) - Andrei Mikhalev (A, -1, 2') - Dmitri Dudik (-1, 2')
Siarhei Kukushkin (2') - Aleksandr Borovkov - Aleksandr Kulakov
Artyom Volkov (2') - Evgeni Kurilin (4') - Aleksei Strakhov
Défenseurs :
Aleksandr Makritsky (A, -1, 2') - Aleksandr Zhurik (-1, 2')
Viktor Kastyuchonak - Oleg Leontiev
Sergei Erkovich (-1, 2') - Andrei Glebov (-2)
Vladimir Denisov (-1)
Gardien :
Andrei Mezin, remplacé par Sergei Shabanov de 10'19" à 16'49" et de 45'13" à 60'00"
En réserve : Stepan Goryachevskikh (G), Aleksandr Ryadzinsky.
République Tchèque
Attaquants :
Jaroslav Hlinka - David Výborný (C) - Petr Sýkora
Jan Marek - Petr Čajánek (2') - Jaroslav Balaštík (2')
Rostislav Olesz (+1) [puis à 38' Hubáček] - Tomáš Plekanec (+3) - Zbyněk Irgl (+2)
Petr Hubáček (+2) puis à 43' Jaroslav Bednář - Jiří Novotný - Petr Tenkrát (2')
Défenseurs :
Petr Čáslava (+1) - Marek Židlický (2')
Michal Barinka (+2) - Zbyněk Michálek (+3, 2')
Radek Hamr - Ladislav Šmíd
Jan Platil (4')
Gardien :
Roman Čechmánek
Remplaçant : Marek Pinc (G).