Suisse - Italie (30 avril 2007)
Championnats du monde, premier tour, groupe A.
La cage, si loin si proche...
Après une entame de compétition plutôt crispée et laborieuse devant la Lettonie, les Suisses avaient ce soir la possibilité de se qualifier pour le tour suivant. La proie désignée était l'Italie. L'équipe transalpine est caractérisée par un effectif essentiellement "naturalisé" et/ou vieillissant, à l'instar de John Parco qui avait pris sa retraite professionnelle mais continuait à s'occuper du hockey mineur à Asiago. Mais le club ayant eu un petit manque d'effectif suite à de nombreuses blessures, il était remonté sur la glace pour ensuite y effectuer le retour que l'on sait. Cependant, l'Italie manque cruellement de relève, son équipe des moins de 20 ans est tombée dans le groupe C, et la venue de l'entraîneur Michel Goulet devait aussi pallier ce problème...
Pour le match de ce soir, la tâche était simple. De l'aveu même du nouveau naturalisé Patrice Lefebvre (ex-Français Volants il y a presque... 20 ans !), l'Italie allait avant tout essayer de contenir défensivement et pourquoi pas faire la surprise en marquant sur un ou deux contres judicieusement placés. La Suisse était clairement désignée comme favorite de la partie, mais on avait bien vu contre la Lettonie qu'il ne suffit pas d'avoir des intentions, il faut ensuite les concrétiser.
Et la partie de ce soir aura une fois de plus montré que l'un n'amène pas systématiquement l'autre. Pourtant, au cours des quarante premières minutes, la physionomie de la partie est la même : en face d'un adversaire qui ne sort que rarement de sa coquille, la Nati montre sa supériorité technique et de déplacement mais bute régulièrement tantôt sur un Gunther Hell plutôt inspiré, tantôt sur cinq joueurs de champ appliqués à ne pas laisser passer le moindre attaquant adverse. Les hommes de Ralph Krueger souffrent aussi d'un relatif manque d'organisation devant la cage adverse même si Mark Streit catalyse nombre d'initiatives.
Et même si Rafaële Sannitz quitte prématurément, et groggy, la glace suite à la charge simultanée de deux Italiens contre la bande (4'43"), la majorité des actions dangereuses sont suisses, que ce soit par Julien Sprunger (4'00") ou Julien Vauclair de près (11'06"), par exemple. Le but de Goran Bezina, en supériorité numérique, suite à une excellente circulation du palet est donc mérité (1-0 à 15'44"). Mais les Suisses subissent quelques coups de griffe en contre, notamment par Roland Ramoser, de loin le meilleur Italien sur la glace ce soir, ou De Bettin qui bute sur Jonas Hiller juste avant la sirène (19'55").
La période intermédiaire se poursuit sur le même tempo, la Suisse se trouve un peu mieux et essaie plus hardiment, que ce soit par Streit à mi-distance (23'00), Romano Lemm (23'50"), Andres Ambühl qui lance sur la poteau (28'30"), ou Valentin Wirz dont le tir est trop décentré pour tromper Hell (36'40"). L'écart reste pourtant d'un but face à des Italiens qui lancent de rares mais dangereuses banderilles, surtout en fin de période, bien aidés par des Suisses de plus en plus généreux en espaces dans leur propre zone défensive. Ainsi, la mitaine de Hiller face à Parco (37'40) laisse planer l'ombre d'une égalisation italienne possible face à des Helvètes en panne de réalisme devant la cage adverse.
Et la faible initiative italienne se retrouve récompensée quand Ansoldi récupère un rebond du diable Ramoser. Le transalpin allume le portier grison (1-1 à 44'18") et libère ses coéquipiers. La Nati se retrouve quelque peu groggy et tangue sur les essais dans la foulée de De Bettin ou Lefebvre (45'15"), ou encore sur le duo Lefebvre-Scandella (45'58"). Preuve d'une trop grande précipitation, les Suisses pourtant en double supériorité abusent du tir à la bleue (Bezina, puis Rütheman et Streit à 49'55") ou commencent à s'en remettre à l'action individuelle avant que le petit Bernois ne concrétise un rebond devant Hell (2-1 à 51'58") alors que Chitarroni vient de remonter sur la glace. "Coach Krueger" peut souffler de répit, il n'empêche que son équipe va vivre une fin de partie éprouvante. Les deux formations se livrent à un échange rapide de contres, notamment par Ramoser pour l'Italie (54'42") et Rütheman pour la Suisse (58'33"). La Nati cherche néanmoins à gagner du temps et lance souvent "à vide", afin de faire tourner ses lignes et éviter aux troupes de trop se fatiguer. L'Italie gâche alors sa fin de partie sur une faute inutile de Parco face à Reichert, mais trouve quand même le moyen d'inquiéter une dernière fois Hiller par l'intermédiaire de Chitarroni (59'37").
L'histoire se répète donc pour les Suisses qui sont venus à bout laborieusement d'une équipe italienne accrocheuse. Malgré une tactique offensive des plus limitées, la troupe de "Mickey" Goulet a parfaitement tenu le choc. Beaucoup d'énergie a été dépensée pour contenir les assauts adverses, Hell tenant très bien le rôle d'ultime bouclier. L'attaque est par contre le point faible, par manque de technique notamment, et ses essais les plus dangereux sont dans la majorité des cas à mettre à l'actif de l'alignement de Ramoser, le seul à se distinguer de l'équipe. En corrigeant quelques indisciplines gratuites, l'Italie peut viser légitimement le maintien.
La Nati regarde, elle, vers les quarts de finale. Pour y arriver, il lui faut faire preuve de plus de sérénité et de réalisme devant la cage adverse. Et il lui faut aussi trouver d'urgence un vrai patron qui emmène toute l'équipe, Mark Streit ne semblant y arriver que partiellement. C'est dommage car il ne manque pas grand-chose pour que des Wichser, Monnet ou Ambühl concrétisent plus souvent leurs essais.
Récompensés à la fin du match : Sandy Jeannin pour la Suisse et Carlo Lorenzi pour l'Italie.
Stéphane Rault
Commentaires d'après-match :
Goran Bezina (défenseur de la Suisse) : "Nous jouons de manière trop défensive : nous continuons à reculer et nous laissons ainsi des espaces. Logique que les adversaires en profitent pour augmenter la pression. Nous nous créons des occasions, et quand nous ne les concrétisons pas, nous commençons à paniquer. On se complique déjà les choses dans notre zone : il faut y jouer plus simple. Il est l'heure de se mettre autour de la table et de discuter. Il faut augmenter notre niveau de jeu et travailler plus en équipe. Nous devrons patiner plus contre les Suédois. Elle est notre bête noire ? Elle l'est pour beaucoup d'équipes, vu qu'elle est championne olympique et championne du monde..."
Raffaele Sannitz (attaquant de la Suisse) : "Au début je ne me souvenais de rien et je ne savais plus bien où je me trouvais, puis petit à petit certaines situations me sont revenues : l'échauffement d'avant-match, puis la première présence et enfin... ce qui est arrivé. Je me souviens avoir vu Di Pietro derrière la cage et Ansoldi et Ramoser arriver vite : j'étais tranquille, je m'attendais à une charge normale contre la bande, peut-être deux. Puis je ne me rappelle rien d'autre."
Günther Hell (gardien de l'Italie) : "Nous avons vraiment bien joué. Nous aurions mérité de prendre un point car nous avons plus joué qu'eux au troisième tiers. Après notre but, ils ont un peu perdu confiance et nous avons eu de nombreuses occasions de marquer. Je suis convaincu que si nous faisons me même match contre la Lettonie, nous pouvons obtenir cette victoire si importante. Il faudra jouer soixante minutes sans interruption, car jusqu'ici il y a toujours une période où nous souffrons. Nous savons que nous devrons patiner beaucoup pour éviter les pénalités, car chaque minute en infériorité peut être dangereuse."
Suisse - Italie 2-1 (1-0, 0-0, 1-1)
Samedi 30 avril 2007 à 16h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 6520 spectateurs.
Arbitrage de Richard Schütz assisté d'Ivan Dedioulia et Yuri Oskirko
Pénalités : Suisse 8' (6', 0', 2') ; Italie 18' (4', 6', 8')
Tirs : Suisse 28 (8, 11, 9) ; Italie 18 (4, 5, 9).
Évolution du score :
1-0 à 15'44" : Bezina assisté de Lemm et DiPietro (sup. num.)
1-1 à 44'18" : Ansoldi assisté de R. Ramoser
2-1 à 51'58" : Rütheman assisté de Blindenbacher et Lemm (sup. num.)
Suisse
Attaquants :
Adrian Wichser - Sandy Jeannin (A) - Romano Lemm
Ivo Rüthemann (A) - Andres Ambühl (2') - Marc Reichert
Duri Camichel (-1) - Paul DiPietro (-1) - Raffaele Sannitz puis à 4'43" Valentin Wirz (-1)
Julien Sprunger - Thibaut Monnet - Patric Della Rossa (2')
Défenseurs :
Severin Blindenbacher - Goran Bezina
Mark Streit (C) - Beat Forster (2')
Julien Vauclair (-1) - Beat Gerber
Martin Steinegger (-1, 2')
Gardien :
Jonas Hiller
Remplaçant : David Aebischer (G). En réserve : Daniel Manzato (G).
Italie
Attaquants :
Roland Ramoser (+1, 4') - Luca Ansoldi (+1) - Stefano Margoni (+1, 2')
Giorgio de Bettin (A) - John Parco (2') - Mario Chitarroni (C, 4')
Patrice Lefebvre - Jason Cirone - Giulio Scandella
Flavio Faggioni - Manuel De Toni (2') - Luca Rigoni
Défenseurs :
Carlo Lorenzi - Michele Strazzabosco (A, 2')
Christian Borgatello (+1) - Armin Helfer (+1)
Carter Trevisani (2') - André Signoretti
Gardien :
Günther Hell [sorti à 59'40"]
Remplaçants : Andrea Carpano (G), Florian Ramoser. Absent : Paolo Bustreo (genou).