République Tchèque - Slovaquie (5 mai 2007)

 

Championnats du monde 2007, deuxième tour, groupe F.

Les Tchèques à tout ou rien

Après leur défaite contre l'Allemagne, les Tchèques se sont mis dans une situation délicate. Leur duel contre les voisins slovaques revêt soudain un enjeu énorme : s'ils gagnent ce soir, ils joueront la première place de la poule demain contre le Canada, soit une voie royale pour la suite de la compétition. Mais s'ils perdent, ils joueront la peur au ventre contre une équipe canadienne qui aura la possibilité de les éliminer. C'est du tout ou rien.

Ils prennent donc le match à leur compte. Ce sont eux qui impriment le rythme dans la première période, avec un hockey rapide mais sans grandes occasions, tant les deux équipes se neutralisent. La République Tchèque maîtrise la situation et utilisent immédiatement la première pénalité de la rencontre, une obstruction de Pohdradsky. Ce sont ses jeunes qui font la décision : Rostislav Olesz masque le gardien Karol Krizan pendant que Tomas Plekanec place un tir du poignet entre ses jambières (1-0, 08'02"). Grâce à une défense efficace, les Tchèques préservent cet avantage sans trop de mal. Notons que les deux équipes évoluent avec sept défenseurs mais quatre paires d'arrières : Marek Zidlicky d'un côté et Zdeno Chara de l'autre ont double ration de temps de jeu.

Le vrai pari a été tenté ce soir par le coach slovaque Julius Supler : reléguer en troisième ligne le trio Gaborik-Demitra-Hossa. Au lieu d'affronter le bloc de l'expérimenté Vyborny, il est donc gardé en réserve pour la bonne bouche. Inexistants offensivement en première période, les trois hommes se réveillent pourtant dès leur retour sur la glace au deuxième tiers : petite passe du revers de Marian Gaborik derrière la cage, tir en angle fermé de Pavol Demitra qui rentre grâce à - ou à cause de - la jambière gauche trop écartée de Roman Cechmanek (1-1, 22'24").

Dans une confrontation équilibrée dans l'ensemble, c'est cette ligne qui est en train de prendre le dessus. Peu avant la mi-match, Cechmanek repousse du patin un tir de Demitra sans que Gaborik ne puisse prendre le rebond. La quatrième ligne prend le relais, puis c'est "l'autre première ligne" slovaque qui conclut cette période de domination avec un jeu tout en mouvement : Peter Podharsky déborde la défense et relaie derrière la cage avec Miroslav Satan qui sert Richard Kapus pour une reprise dans l'enclave (1-2, 30'44"). Le malheureux Zidlicky, aligné face aux deux lignes fortes slovaques, est fatalement impliqué sur les deux buts et n'a pas eu le temps de montrer ses qualités offensives. Il ne risque pas de le faire en jeu de puissance car les Tchèques sont très peu inspirés dans cet exercice. Ils concluent le deuxième tiers-temps avec trois maigres tirs malgré deux supériorités numériques.

Ayant eu l'air de perdre la bataille du coaching, Alois Hadamczik se doit de réagir au troisième tiers-temps. Il refonde complètement ses trios offensifs (Olesz-Vyborny-Plekanec, Bednar-Hlinka-Tenkrat, Rolinek-Marek-Sykora). Et finalement, la ligne la plus dangereuse, c'est... la seule qui n'ait pas bougé ! Il s'agit de la ligne Hubacek-Cajanek-Irgl, celle qui avait souffert au deuxième tiers face à Demitra & co. Elle se crée les actions les plus franches, avec une bonne reprise de Zbynek Irgl arrêtée par un solide Karol Krizan.

Les Tchèques dominent maintenant le jeu, mais pendant ce temps leur fantasque gardien Roman Cechmanek se fait trois frayeurs en dix minutes. Dès l'entame de la troisième période, il repousse un palet qui touche le gant de Zidlicky, son masque, la transversale puis le poteau ! Ensuite, en arrêtant un tir lointain, le gardien de Trinec perd l'équilibre sur l'impact et tombe en arrière sur sa cage. Enfin, à la cinquantième minute, un lancer de Surovy frappe le poteau et Cechmanek se couche sur le dos. Quand il se relève, le palet apparaît juste sur la ligne...

La poussée tchèque ne se dément pas, et Kukumberg est contraint d'accrocher Rolinek. Les Tchèques construisent mieux sur cette supériorité numérique, sans qu'Irgl ne puisse conclure dans l'enclave. Et au moment où la pénalité s'arrête, Gaborik lance le contre, s'appuie sur Satan qui attire les défenseurs, reçoit le palet dans des conditions peu évidentes et parvient quand même à un tirer dans le haut du filet (1-3, 53'18"). Le vrai coup de poignard au pire moment ! Les images, à la limite du hors champ, suggèrent que Kukumberg sortant de prison était peut-être hors-jeu à la bleue sur ce contre... Les Tchèques ne veulent pas abdiquer. Rastislav Olesz attaque la cage, et sur le rebond, Rostislav Klesla, le défenseur de Columbus qui s'entraîne avec l'équipe depuis le début mais qui n'a été ajouté à l'effectif que pour la deuxième phase, n'a plus qu'à envoyer le palet dans les filets (2-3, 54'03"). La République Tchèque y croit jusqu'au bout, normal avec un capitaine tel que Vyborny qui réussit carrément un "tacle" impossible sur un tir de Gaborik pour empêcher un but en cage vide. Mais en quinze secondes, ce geste désespéré ne permet pas de repartir.

Jamais classée moins bien que septième de toute son histoire (même à l'époque de la Tchécoslovaquie), la République Tchèque a subi ce soir la plus mémorable de ses défaites contre ses ex-compatriotes. Elle est dos au mur, aux portes d'une incroyable élimination alors qu'elle avait tranquillement remporté sa poule de qualification et comptait parmi les favorites.

Désignés joueurs du match : Petr Cajanek pour la République Tchèque et Karol Krizan pour la Slovaquie.

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Alois Hadamczik (entraîneur de la République Tchèque) : "Pour nous, c'était presque un huitième de finale. Il fallait prendre au moins un point. Nous avons fait une bonne première période, où nous avons non seulement eu l'avantage au score mais aussi le contrôle du match. Mais dans le deuxième tiers, nous avons mal patiné et nous leur avons laissé les rênes du match. Il fallait faire des changements dans les lignes, l'équipe a retrouvé son jeu, mais malheureusement l'efficacité n'a pas suivi. Pour le hockey montré dans la troisième période, notre équipe méritait au moins le nul. Je suis déçu par le résultat mais pas par le jeu."

Julius Supler (entraîneur de la Slovaquie) : "Avant le match, nous n'avons pas ressassé dans notre tête notre mauvais bilan dans les confrontations avec les Tchèques. Notre équipe a joué son meilleur match du tournoi. Notre gardien nous a sauvés plusieurs fois, la défense a joué de façon compacte. Les attaquants-vedettes de NHL, sans chercher leurs statistiques individuelles, se sont montrés comme de vrais joueurs d'équipe. Je suis content qu'au bout d'une semaine ils aient retrouvé leur jeu : l'équipe de Slovaquie a commencé à jouer un tout autre hockey."

 

République Tchèque - Slovaquie 2-3 (1-0, 0-2, 1-1)
Samedi 5 mai 2007 à 20h15 à l'Arena Mytischi. 3400 spectateurs.
Arbitrage de Marcus Vinnerborg assisté d'Anders Karlberg et Yuri Oskirko
Pénalités : République Tchèque 2' (2', 0', 0') ; Slovaquie 10' (4', 2', 2').
Tirs : République Tchèque 28 (7, 3, 18) ; Slovaquie 15 (4, 5, 6).

Évolution du score :
1-0 à 08'02" : Plekanec assisté de Marek et Barinka (sup. num.)
1-1 à 22'24" : Demitra assisté de Gaborik et Hossa
1-2 à 30'44" : Kapuš assisté de Podhradský et Šatan
1-3 à 53'18" : Gáborík assisté de Šatan
2-3 à 54'03" : Klesla assisté d'Olesz et Plekanec
 

République Tchèque

Attaquants :
Jaroslav Hlinka (A, -1) - David Výborný (C) - Petr Sýkora (-1)
Rostislav Olesz (+1) - Tomáš Plekanec - Petr Tenkrát
Petr Hubáček (-2) - Petr Čajánek (A, -1) - Zbyněk Irgl (-2)
Tomáš Rolinek - Jan Marek - Jaroslav Bednář

Défenseurs :
Petr Čáslava (-1) - Marek Židlický (-2)
Michal Barinka (-1, 2') - Zbyněk Michálek (-1)
Jan Platil (-1) - [Židlický]
Radek Hamr (+1) - Rostislav Klesla (+1)

Gardien :
Roman Čechmánek [sorti à 59'16"]

Remplaçants : Marek Pinc (G), Jiří Novotný. En réserve : Ladislav Šmíd, Jaroslav Balaštík.

Slovaquie

Attaquants :
Marek Uram (2') - Richard Kapuš - Miroslav Šatan (C, +1)
Radovan Somík - Roman Kukumberg (+1, 2') - Branko Radivojevič
Marián Gáborík (+2) - Pavol Demitra (A, +2) - Marian Hossa (+1)
Tomáš Surový - Andrej Podkonický (2') - Tibor Melichárek

Défenseurs :
Zdeno Chára (A, +2) - Peter Podhradský (2')
Martin Štrbák (2') - Tomáš Starosta
[Chára] - Milan Jurčina (+2)
Richard Stehlík - Tomáš Harant

Gardien :
Karol Križan

Remplaçants : Jaroslav Halák (G), Miroslav Kováčik.

 

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