États-Unis - Allemagne (5 mai 2007)
Championnats du monde 2007, deuxième tour, groupe F.
Rapides mais aussi réalistes
Dix ans ! Cela faisait dix ans que les Allemands n'avaient pas battu une équipe du top-7 dans un championnat du monde. Leur exploit contre les Tchèques leur donne donc de l'appétit. C'est le moment de marquer les esprits, de capter enfin l'attention du grand public. Il leur faut prendre au moins un point pour se rapprocher des quarts de finale. En plus, l'adversaire du jour leur réussit bien d'habitude, puisque, durant cette décennie frustrante, ils ont obtenu deux matches nuls en deux confrontations face aux États-Unis. Sauf que ceux-ci présentent cette année un autre visage : ils déclarent viser l'or... et on se prend à les croire ! Certains en font déjà l'équipe-surprise du tournoi. Et Uwe Krupp voit en eux la meilleure formation de la compétition sur le plan du patinage.
Il y a un domaine où les deux équipes ont les meilleures statistiques du tournoi, c'est le jeu en infériorité numérique. Mais les Allemands n'y font pas illusion longtemps. Polaczek est pénalisé dès la deuxième minute pour une obstruction sur Petersen, et Sebastian Osterloh a une absence défensive. Paul Stastny arrive donc seul à la cage pour dévier une passe d'Erik Cole (1-0, 02'33"). Après sept minutes de jeu, une excellente présence de la deuxième ligne allemande, avec un jeu direct et agressif suivi d'une seconde attaque amenée par une relance précise, aboutit à une faute de Matt Greene qui fait trébucher un Michael Hackert excellent aujourd'hui. Mais il ne se passe rien durant ces deux minutes, sauf un contre perforant de Lee Stempniak.
Les occasions sont équitablement réparties : un rebond en bonne position de Tobias Petersen, une reprise un peu manquée de Gogulla sur passe de Hackert. Mais dans l'ensemble, les États-Unis ont la maîtrise de la glace. Un lancer de la bleue de Cole entre dans les filets, mais le but est annulé pour une faute de Clark. Pendant la supériorité numérique, c'est un but allemand qui est invalidé, tout ça parce que l'arbitre a sifflé trop tôt alors que John Grahame n'avait pas capté le palet, retombé de sa mitaine alors que Florian Busch était à l'affût. Cette action donne le signal d'une fin de tiers à l'avantage des Allemands qui ont des rebonds chauds devant Grahame. Ils jouent même la dernière minute à cinq contre quatre après une obstruction de Backes sur Barta, mais sans réussite, surtout pour le malchanceux Wolf qui prend un tir de Gogulla dans le nez.
Cet incident n'empêche pas la ligne Gogulla-Hackert-Wolf de mettre encore le feu en fonçant à la cage, avec une réponse immédiate en contre-attaque de Paul Stastny qui reprend un centre à bout portant, sur Pätzold. Car cette équipe américaine est redoutable en contre : une superbe relance du gardien John Grahame envoie Petersen et Larose à deux contre zéro, mais ils jouent trop facile et se font surprendre par le retour d'Alexander Sulzer. Le score reste donc serré, puisqu'un tir de Lee Stempniak dévié par un patin allemand, heurte le poteau. Et finalement, c'est un trébucher négligent de Sulzer en supériorité numérique qui précipite la chute des Allemands. Les Américains ont une courte période d'avantage numérique, et Stastny arrive à glisser son propre rebond en force dans un espace inexistant entre le patin de Pätzold et le poteau (2-0, 35'26").
Le rythme implacable d'un but américain par tiers se poursuit en troisième période : Breitbach met une charge contre la bande sur Stastny, et pendant la pénalité différée, Cole délivre une passe de derrière la cage à Stempniak (3-0, 43'31"). Ce but illustre que l'Allemagne a trop souvent abandonné le secteur derrière leur but. Parce qu'elle a pâti de s'y être laissée entraîner à deux joueurs en début de tournoi, elle est tombée dans l'excès inverse aujourd'hui en laissant plusieurs fois les Américains y délivrer des passes en toute liberté. Il ne lui reste plus qu'à essayer de sauver l'honneur. Mais ce n'est pas sa journée. En supériorité, Christoph Ullmann plonge sur un rebond mais ne trouve que le poteau. Daniel Kreutzer a une cage ouverte mais tire dans le patin de Grahame. Les Allemands sont en totale panne de réalisme, et les Américains préservent ce score, avec comme cerise sur le gâteau une feinte de Phil Kessel qui ridiculise Breitbach en un contre un à une minute de la fin.
Les Allemands tiennent toujours tête aux équipes nord-américaines, en pratiquant un jeu direct à la cage qui n'a rien à leur envier sur le plan de l'agressivité. Mais, plus encore que face au Canada, ils ont pris une leçon d'efficacité sur quelques actions plus rapides que les leurs. Bien qu'ils aient fait jeu égal aux tirs, ils n'ont jamais paru en mesure de renverser la tendance, de plus en plus bloqués par la défense adverse.
Désignés joueurs du match : Paul Stastny pour les États-Unis et Michael Hackert pour l'Allemagne.
Marc Branchu
Commentaires d'après-match :
Mike Sullivan (entraîneur des États-Unis) : "Après avoir vu la victoire des Allemands contre les Tchèques, j'ai compris qu'il ne fallait en aucun cas perdre le palet en zone neutre et leur laisser la possibilité de lancer des contre-attaques. Nous garderons nos deux jokers jusqu'au dernier moment, en prenant en compte le fait que des joueurs actuellement en play-offs NHL seront libérés."
Uwe Krupp (entraîneur de l'Allemagne) : "Le résultat est logique en raison de la forte performance défensive des États-Unis. Nous avons eu nos occasions. C'était important de rester longtemps dans le match. Les gars ont encore travaillé dur aujourd'hui. Ils ont de nouveau mérité de grands compliments."
États-Unis - Allemagne 3-0 (1-0, 1-0, 1-0)
Samedi 5 mai 2007 à 16h15 à l'Arena Mytischi. 2000 spectateurs.
Arbitrage de Jyri Petteri Rönn assisté de Stefan Fonselius et Luca Zatta
Pénalités : États-Unis 18' (6', 6', 6') ; Allemagne 12' (2', 6', 4').
Tirs : États-Unis 24 (5, 11, 8) ; Allemagne 23 (9, 6, 8).
Évolution du score :
1-0 à 02'33" : Stastny assisté de Cole et Arnason (sup. num.)
2-0 à 35'26" : Stastny assisté de Cole
3-0 à 43'31" : Stempniak assisté de Cole et Stastny
États-Unis
Attaquants :
Adam Hall - Phil Kessel (2') - Brandon Bochenski
Erik Cole (A, +2) - Paul Stastny (+2) - Chris Clark (C, +1, 2')
Lee Stempniak (+1) - Tyler Arnason - David Backes (2')
Nathan Davis - Tobias Petersen - Chad Larose
Défenseurs :
Keith Ballard - Brian Pothier (A, 4')
Ryan Suter (+2, 2') - Matt Greene (+1, 2')
Andrew Alberts (4') - Andrew Hutchinson (+1)
Gardien :
John Grahame
Remplaçants : Jason Bacashihua (G), Erik Johnson, Jack Johnson. En réserve : Cory Schneider (G).
Allemagne
Attaquants :
Sven Felski (A, 2') - Alexander Barta - John Tripp
Philip Gogulla (-1) - Michael Hackert (-1) - Michael Wolf (-1)
André Rankel - Aleksander Polaczek (-1, 2') - Petr Fical (-1, 2')
Florian Busch (2') - Christoph Ullmann - Daniel Kreutzer (C)
Défenseurs :
Alexander Sulzer (-1, 2') - Michael Bakos (A)
Felix Petermann (-1) - Robin Breitbach (-1)
Robert Dietrich (-1) - Tobias Draxinger (-1, 2')
Sebastian Osterloh - Frank Hördler
Gardien :
Dimitri Pätzold
Remplaçant : Oliver Jonas (G). Absents : Martin Ancicka (gastro-entérite), Yannic Seidenberg (commotion cérébrale), Dimitrij Kotschnew (G).