Ukraine - Norvège (6 mai 2007)
Championnats du monde, poule de maintien, deuxième journée.
Encore un miracle ukrainien ?
Balayée par les Lettons 0-5, l'Ukraine n'a plus qu'à espérer que les deux autres adversaires pour la relégation seront plus prenables. Elle n'a plus le droit à la défaite aujourd'hui contre la Norvège, qui a remporté son premier match en prolongation contre l'Autriche. Avec son effectif limité et amoindri, l'entraîneur Oleksandr Seukand en est réduit au bricolage. Dans l'espèce déjà rare des jeunes attaquants, il compte deux hommes de moins, Donika sur blessure et Shafarenko parce que son inconséquence tactique lui a tapé sur le système. Il préfère encore faire jouer deux défenseurs, Blagoï et Podenobonotsev, comme ailiers.
Pour des Ukrainiens habitués à multiplier les fautes, le match ne peut pas plus mal commencer : deux pénalités dans la première minute ! Vyacheslav Zavalnyuk est sanctionné pour une obstruction sur Patrick Thoresen, et il est rejoint vingt secondes plus tard par Dmitro Tsyrul pour un accrochage idiot. La Norvège est d'entrée à cinq contre trois, et Jonas Solberg Andersen semble avoir une chance en or avec le gardien couché, mais le défenseur Vitali Lyutkevich, en mettant sa crosse au désespoir devant la cage, réussit par on ne sait quel miracle à la placer sur la trajectoire du palet. C'est comme si l'Ukraine, accablée de tous les malheurs, recevait soudain une intervention divine dans cette première période. Elle marque en effet un but en supériorité numérique, sur un tir de Tsyrul qui effleure une tête et prend une improbable trajectoire en feuille morte retombant dans les filets (1-0, 14'01"). Mieux encore, tout le monde croit à l'égalisation norvégienne, mais la vidéo révèle que le tir de Lars Erik Spets a rebondi sur la transversale puis sur le poteau.
Ce n'est pas parce qu'elle est vernie que l'Ukraine doit se sentir obligée d'en rajouter. En deuxième période, le jeune gardien Vadim Seliverstov, de nouveau titulaire et heureusement plus convaincant que contre la Lettonie, commet un cinglage. Morten Ask remporte la mise au jeu face à Bobrovnikov et un lancer de la gauche de Patrick Thoresen passe entre les jambières du gardien (1-1, 28'10"). Mais les Norvégiens font eux aussi trop de fautes, et pendant que Ryman est en prison pour retenir, Yuri Navarenko tir de la bleue et le réserviste devenu joker défensif devenu joker offensif (... !) Oleg Blagoï ne se pose pas de questions sur le rebond (2-1, 32'34"). À deux minutes de la fin du tiers, c'est au tour de Semenchenko d'être pénalisé pour obstruction. La circulation de palet norvégienne est rapide et décale Mats Trygg sur la droite pour un lancer puissant (2-2, 38'17"). Les Scandinaves auraient même pu passer devant sur une bonne combinaison offensive, mais Kjell Richard Nygård manque sa reprise au second poteau. L'équipe ukrainienne rentre dans le vestiaire, mais son staff reste sur le banc où se produisent quelques discussions animées entre Seukand et ses assistants Stepanishchev et Shiriaev, ainsi qu'entre Selivertsov et l'entraîneur des gardiens Shundrov.
L'Ukraine commence bien le troisième tiers-temps avec un tir de l'enclave de Bobkin, mais à la quatrième minute son capitaine Sergei Klimentiev commet une charge avec le coude. Il n'a pas a même vue sur la question, estime que sa mise en échec était correcte, et déballe alors à l'arbitre toutes les récriminations qu'il a sur le cœur. Conséquences évidentes : plus dix minutes, plus vingt minutes, et la porte. En plus Yuri Gunko est sanctionné vingt-six secondes plus tard, et les Ukrainiens doivent de nouveau souffrir en double infériorité numérique. Non seulement ils s'en sortent, grâce en particulier à un superbe arrêt-réflexe de Seliverstov face à Morten Ask qui croyait avoir la cage ouverte, mais en plus ils profitent de la pénalité adverse suivante, un faire trébucher de Jonas Holøs, pour marquer le but vainqueur. Ils ont pourtant toutes les peines du monde à s'installer, mais à deux secondes de la fin de la prison, le gardien Grotnes est gêné dans son déplacement par son défenseur et par Kharchenko qui a semé la zizanie dans le slot. De la bleue, Yuri Navarenko peut donc reprendre le palet directement dans la lucarne, pour son premier but dans un championnat du monde (3-2, 48'51"). Un but ô combien important. La Norvège a encore un avantage numérique, mais quand Materukhin sort de prison, il participe à la contre-attaque et obtient une faute de Mats Trygg, à deux minutes de la fin. Les Scandinaves finissent donc le match à quatre, et si Johansen sort quand même son gardien, les espoirs sont réduits dans ces conditions.
Les Ukrainiens ont eu la réussite avec eux dans ce match capital où tous les buts ont été marqués en supériorité, mais il faudra encore que leur bonne étoile brille jusqu'à demain et à leur dernier match contre l'Autriche. Sinon, les Norvégiens essaieront de profiter de la démobilisation des Lettons pour croire encore en leurs chances.
Désignés joueurs du match : Oleg Blagoï pour l'Ukraine et Anders Bastiansen pour la Norvège.
Marc Branchu
Commentaires d'après-match :
Oleksandr Seukand (entraîneur de l'Ukraine) : "Hier et ce matin, nous avons tenu plusieurs réunions. L'enjeu de ce match était clairement pour tout le monde. Les joueurs ont mis toutes leurs forces dans cette victoire. Je suis content d'une chose : le match le plus important aura lieu demain. L'expérience de mettre des défenseurs à l'attaque a été un succès puisque le résultat est en notre faveur. Un d'eux a même marqué. Il était nécessaire de faire quelque chose pour secouer l'équipe. En médecine, il y a ce concept : l'électrochoc..."
Roy Johansen (entraîneur de la Norvège) : "C'était vraiment un match très important. Si nous avions gagné, nous serions sauvés à cette heure. Malheureusement, nous avons manqué beaucoup trop d'occasions, contrairement à l'équipe ukrainienne. Nous avons eu le contrôle du palet, mais cela n'a pas été suffisant."
Ukraine - Norvège 3-2 (1-0, 1-2, 1-0)
Dimanche 6 mai 2007 à 12h15 à la Khodynka Arena, Moscou. 1700 spectateurs.
Arbitrage de Danny Kurmann
assisté de Konstantin Gordenko
et Tobias Wehrli
Pénalités : Ukraine 52' (6', 10', 6'+10'+20') ; Norvège 20' (8', 8', 4').
Tirs : Ukraine 28 (9, 11, 8) ; Norvège 35 (13, 11, 11).
Évolution du score :
1-0 à 14'01" : Tsyrul assisté de Lyutkevich et Isayenko (sup. num.)
1-1 à 28'10" : P. Thoresen assisté de Mats Trygg et Ask (sup. num.)
2-1 à 32'34" : Blagoï assisté de Klimentiev et Navarenko (sup. num.)
2-2 à 38'17" : Mats Trygg assisté de Lund et Ask (sup. num.)
3-2 à 48'51" : Navarenko assisté de Lyutkevich et Salnikov (sup. num.)
Ukraine
Attaquants :
Oleksandr Matvichuk - Vasyl Bobrovnikov - Oleksandr Bobkin
Oleksandr Podebonotsev - Dmitro Tsyrul (4') - Roman Salnikov
Valentin Oletsky - Artem Hnidenko (4') - Oleg Blagoï
Vitali Semenchenko (2') - Siarhei Kharchenko - Oleksandr Materukhin (2')
Défenseurs :
Yuri Hunko (A, 2') - Vyacheslav Zavalnyuk (A, 2')
Vitali Lyutkevich - Denis Isayenko
Yuri Navarenko - Sergei Klimentiev (C, 4'+10'+20')
Andrei Sryubko - Vyacheslav Timchenko
Gardien :
Vadim Seliverstov (2')
Remplaçant : Oleksandr Fedorov (G). Absents : Igor Karpenko (genou), Vitali Donika (suspicion de côte cassée), Oleg Shafarenko (en réserve).
Norvège
Attaquants :
Patrick Thoresen - Morten Ask (2') - Knut Henrik Spets
Marius Trygg - Mads Hansen (A) - Jonas Solberg Andersen
Lars Erik Spets - Anders Bastiansen - Mathis Olimb (2')
Aleksander Nervik (2') - Kristian Forsberg - Kjell Richard Nygård
Défenseurs :
Mattias Livf (4') - Tommy Jakobsen (C, 2')
Mats Trygg (2') - Jonas Holøs (2')
Erik Ryman (A, 4') - Lars Erik Lund
Gardien :
Pål Grotnes [sorti à 59'43"]
Remplaçants : Mathias Gundersen (G), Cato Ørbæk, Steffen Thoresen. En réserve : Halvor Hårstad-Evjen (G).