Bâle - Metallurg Novokuznetsk (14 août 2007)

 

Match amical.

En net déficit de rythme (et surtout de rigueur) vendredi soir face à Krefeld (3-5), les Bâlois grimpent d'un échelon dans leur programme de préparation. Certes, le Metallurg Novokuznetsk ne brouille plus tellement les cartes dans son championnat national et végète plutôt dans le ventre mou de Superliga. La formation rhénane, déjà secouée par Krefeld, sera encore à l'épreuve du feu devant des Sibériens affaiblis à l'intersaison mais gardant toujours une petite connotation kazakhstanaise. Ceux-ci boucleront ce soir une tournée helvétique relativement fructueuse (victoires devant Lausanne et Zurich, nul contre Davos). On le sait, la Suisse est une destination estivale très prisée pour les clubs russes.

Cohésion retrouvée, Bâle transfiguré

Après la bouillie servie vendredi dernier, le contraste est saisissant dès l'entame d'une partie amorcée sur un rythme endiablé. Bâle récite ses gammes et étonne par sa rigueur défensive et son application offensive, en un mot son intensité. Apparemment plus affûtés que les Russes, les Rhénans mettent ainsi un cœur énorme, fore-checkant à tout va et agissant proprement sur chaque relance. Il n'en faut guère plus pour cloisonner les "métallurgistes" dans leur zone, incapables de franchir le premier rideau et de se dégager convenablement. Cette fluidité offensive, impulsée notamment par un Stefan Voegele auteur d'une excellente rentrée, donne ainsi le tournis à un adversaire visiblement émoussé. Les bonnes séquences se succèdent durant dix premières minutes sans fausse note, à sens unique même, où Sergei Bobrovsky fut pourtant peu sollicité. Le jeune gardien russe doit cependant s'imposer en deux temps devant Collenberg après qu'une relance dans l'axe ait atterri dans la palette de Walker (09'03").

Novokuznetsk n'en menait donc pas large après dix minutes de jeu outrageusement dominées par des Bâlois plus entreprenants que jamais. Mais voilà, dominer n'est pas gagner, et tout peut basculer sur un contre rondement mené. Sur un débordement côté gauche, Maksim Spiridonov, une des nombreuses recrues de Vysshaïa Liga, parvient à déstabiliser le bloc défensif pour trouver, d'une transversale aux petits oignons, son capitaine Sergei Krivokrasov. Parfaitement décalé, le vétéran de la NHL (471 matchs) n'a aucun mal à faire bouger le petit filet d'un bon tir du poignet (0-1 à 10'03"). Soumis dans le jeu, les Russes répondent donc par une froide efficacité...

Cela ne refroidit en rien l'ardeur bâloise puisque les locaux restent sur tous les coups. Et notamment le lutin Stefan Schnyder, surgissant parfaitement dans le slot pour glisser le disque dans la cage après un lancer non cadré de Jakub Horak (1-1 à 12'19").

Surpassés collectivement, les Russes peinent à soutenir la comparaison avec un adversaire sans cesse tourné vers l'offensive. Il va s'en dire que Brett Hauer, l'ancien du Lokomotiv Yaroslavl, connaît bien la musique et se sent comme un poisson dans l'eau, inondant ses nouveaux coéquipiers de relances et de passes très précises. L'une d'entre elles manque d'ailleurs de sourire à Daniel Rubin mais l'ex-Biennois, en pivot, trouve la botte de Sergei Bobrovsky sur son chemin (14e).

Les locaux, confortés par cette entame, ne relâchent pas leurs efforts en deuxième période et pressent sans discontinuer de pâles Sibériens. Débordés par l'activité bâloise, les "métallurgistes" finissent doucement par s'accommoder du tempo effréné et sortent doucement la tête du Rhin, notamment sous l'initiative d'un certain Sergei Krivokrasov. Le vétéran en a encore sous le patin et semble être à le seul à surnager avec ses compagnons de trio. Dans la foulée d'un flirt de Stasyuk avec le montant gauche (22'49"), Krivokrasov fait des misères à un Schürch pas avare de rebonds. Une chance pour le gardien bâlois que ces mêmes rebonds, travaillés à l'échauffement par ses adversaires, ne soient pas mieux exploités que cela !

L'indiscipline russe rétablit d'elle même la domination bâloise. Les powerplays ont beau être inefficaces, il n'en transpire pas moins une certaine volonté de bien faire. Mais voilà, l'usure physique aidant, les Sibériens trouvent parfois quelques petites brèches dans l'arrière-garde mais ne concrétisent pas les nombreux rebonds de Schürch. Alors que le Slovaque Peter Podhradsky en finit avec sa méconduite (35e), ils retrouvent ainsi quelques couleurs mais toutes leurs banderilles restent lettres mortes. Et pourtant, il y a largement la place avec une libellule nommée Reto Schürch !

Ces quelques alertes ne reflètent toutefois pas la physionomie d'un deuxième acte de nouveau marqué par l'engagement total des hommes de Mike McParland. L'échec-avant rhénan reste ainsi suffisamment soutenu pour brider les velléités d'un Metallurg Novokuznetsk fréquemment contré en zone neutre hormis quelques incursions des Krivokrasov & co !

La défense bâloise, totalement démobilisée face à Krefeld, est ce soir un modèle de sûreté, d'application et d'homogénéité. Ainsi le penalty-killing résiste à l'artillerie lourde de Podhradsky et se sort sans dommages apparents de deux pénalités de rang. Flairant le bon coup, les Russes tentent alors de prendre le contrôle des opérations mais continuent à se heurter à un bloc-équipe solidaire et rigoureux, n'hésitant pas à construire pour aller de l'avant. Le fameux premier rideau défensif, symbolisé par les Schnyder, Della Rossa, Voegele et autres Camenzind fait ainsi merveille et les Sibériens finissent tantôt par récolter les fruits de leur stérilité. Il faut dire que la tolérance zéro leur fait beaucoup de tord et amène tous les membres du premier bloc à se suivre dans les goulags de l'Arène Saint-Jacques...

Sous la houlette de Brett Hauer, la plaque tournante du jeu de puissance, Bâle tourne autour du pot sans trouver l'ouverture et se retrouve, sitôt les pénalités échues, sous la menace des contres russes. Novokuznetsk attend donc son heure et réalise le hold-up sur une montée du rapide Maksim Balmochnikh, lequel déborde Nicolas Studer avant d'effacer proprement Reto Schürch (1-2 à 56'37").

Les Rhénans ne sont assurément pas payés en retour des efforts consentis durant toute la partie, disputée sans temps morts et sur un rythme soutenu. Aussi ceux-ci jettent, en vain, leurs dernières forces dans la bataille sans retrouver leur flamme des premiers instants du match. La faute à la fatigue, certes, mais aussi aux présences d'un premier bloc monopolisant les derniers shifts de la partie.

Des vertus retrouvées

En dessous de tout il y a quelques jours, les Bâlois ont donc promptement rectifié le tir en livrant une prestation très convaincante. Faut-il voir un resserrement de la part de Mike McParland ou une prise de conscience collective ? Toujours est-il que tous se sont donnés à fond sur chaque présence, chaque duel et chaque pressing, étouffant littéralement le Metallurg durant deux bons tiers du matchs. Une œuvre avant tout collective donc, d'où ressortit l'abattage sans bornes des attaquants défensifs du cru, et notamment un Stefan Voegele survolté ou encore un Patric Della Rossa intransigeant en échec-avant. La défense, emmenée par un Brett Hauer cette fois-ci plus concerné par les replis, quadrilla efficacement les abords de la cage et sa ligne bleue, longtemps infranchissable pour l'ennemi. En ce sens l'assiduité de la paire Horak-Plavsic fut remarquable, tout comme les progrès de Ralph Stalder. Au chapitre des étrangers, si Yves Sarault trouve ses marques aux côtés du lutin Régis Fuchs et de l'international Patric Della Rossa, Mike Maneluk et Justin Papineau sont encore en rodage sur une ligne de parade où Daniel Rubin fait doucement son trou.

Une telle couverture défensive, couplée à une énergie débordante sur le front de l'attaque, a pourtant failli être mise à mal par les rebonds systématiques de Reto Schürch. Novokuznetsk fut pourtant incapable d'en profiter, demeurant trop inconstant et trop dépendant de son premier bloc, fourré dans tous les bons coups. Sergei Krivokrasov y a brillé tout le match, déstabilisant à lui seul un système défensif pourtant efficace ce soir. À ses côtés, la vivacité de Maksim Spiridonov et du Kazakh Fedor Polischuk fut l'un des rare poisons de "métallurgistes" inférieurs dans le jeu. Mais voilà, comme dit l'autre, dominer n'est pas gagner...

Compte-rendu signé Jérémie Dubief

 

Bâle - Metallurg Novokuznetsk 1-2 (1-1, 0-0, 0-1)

Mardi 14 août 2007 à 19h45 à la St.Jakob-Arena. 452 spectateurs.

Arbitrage de M. Mandioni assisté de MM. Wirth et Jetzer.

Pénalités : Bâle 6', Novokuznetsk 18'+10'.

Évolution du score :

0-1 à 10'08" : Krivokrasov assisté de Spiridonov et Polishchuk

1-1 à 12'19" : Schnyder assisté de Voegele

1-2 à 56'37" : Balmochnykh

 

Bâle

Gardien : Reto Schürch.

Défenseurs : Ralph Stalder - Brett Hauer ; Jakub Horak - Adrien Plavsic ; Nicolas Studer - Ralf Bundi (A) ; Markus Wüthrich.

Attaquants : Mike Maneluk - Justin Papineau - Daniel Rubin ; Patric Della Rossa - Yves Sarault (A) - Régis Fuchs ; Franco Collenberg - Andreas Camenzind - Julian Walker ; Stefan Schnyder - Sandro Tschuor - Stefan Tschannen ; Stefan Voegele (C).

Remplaçant : Olivier Gigon (G). Absents : Thomas Nüssli (hernie discale), Lukas Gerber (blessé).

Metallurg Novokuznetsk

Gardien : Sergei Bobrovsky.

Défenseurs : Evgeni Korolev (A) - Peter Podhradsky ; Aleksei Koledayev - Andrei Evstafiev ; Maksim Galanov (A) - Dmitri Orlov ; Artiom Ternavsky - Konstantin Kostyukhin.

Attaquants : Maksim Spiridonov - Fedor Polischuk - Sergei Krivokrasov (C) ; Viktor Aleksandrov - Evgeni Lapenkov - Maksim Balmochnykh ; Aleksandr Tatarinov - Egor Mikhailov - Denis Stasyuk ; Evgeni Orlov - Aleksandr Mayer - Rinat Hasanov.

Remplaçants : Oleg Romashko (G), Konstantin Glazachev, Denis Kazionov.

 

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