Canada - Russie (4 septembre 2007)

 

Cinquième match de la "super série" anniversaire, pour les moins de 20 ans.

Premier étape canadienne de la série, à Winnipeg. Devant leur public, les hommes de Brent Sutter arrivent avec un avantage de 4 succès à 0 et une domination impressionnante. Le Canada jouera en rouge avec les maillots de 1972, simplement avec le nom du pays au dos.

Les Russes évolueront en blanc avec pour objectif de sauver l'honneur, sur une petite glace et avec quelques nouveaux : Kirill Tulupov en défense, Ruslan Bashkirov (sans son frère jumeau Roman) et Viktor Tikhonov en attaque. Les deux premiers apporteront leur expérience du junior majeur, même si la LHJMQ est moins physique que les ligues juniors de l'ouest et de l'Ontario qui constituent l'essentiel de l'équipe canadienne. Pour espérer, il faudra que les Russes soient bien plus volontaires dans l'enclave, surtout sur une petite glace. Jusqu'ici, le Canada a dominé la plupart des duels.

Une ambiance électrique digne de la finale du Mondial junior 1999, gagnée par la Russie de Chubarov face au Canada de Luongo en prolongation.

D'entrée les rouges tentent de mettre un impact physique, avec plusieurs mises en échec sévères dès la première minute. Un peu trop d'ailleurs, puisque Boychuk est puni pour une charge dans le dos de Grishin. L'occasion pour Tulupov de réaliser le premier lancer russe, suivi par Anisimov en angle fermé. Le jeu en infériorité reste toutefois suffisamment solide - à l'image d'une charge de Legein sur Ryabev - pour provoquer une pénalité contre Tulupov. À 4 contre 4, Bernier fait face à un tir de Mamin plein axe avant d'assister à un combat physique intense. La supériorité canadienne qui suit offre une première occasion à Claude Giroux de près. Puis, Hamill manque le cadre sur une remise d'Hickey après un jeu de passe ultra-rapide.

De retour à égalité, le jeu s'équilibre. Les mises en échec pleuvent, au détriment des occasions. Anisimov et Mamin d'une part, Perron de l'autre n'inquiètent guère les gardiens. Un avantage numérique russe permet aux blancs de s'installer en attaque, sans parvenir à passer le rideau des "bloqueurs". La pénalité est facilement tuée mais a permis aux hommes de Nemchinov de prendre le contrôle du palet. Le Canada joue en contre-attaque, profitant d'une grosse qualité technique pour sortir proprement le palet. Marchand en profite et envoie Tulupov et Chudinov sur le banc... Un 5 contre 3 à venir pendant deux minutes ! Gagner, Turris, Perron sont sur la glace, ainsi que Tavares ligne bleue, aux côtés d'un seul défenseur, Doughty. Turris rate un duel d'entrée sur un service de Gagner, lequel inquiète Bobrosky dans la foulée. Le jeu de passe est précis, décalant Perron accroché par Grishin : deux minutes. La pression est énorme, avec Hamill de près, puis Boychuk, puis encore le trio Perron-Turris-Tavares qui butent sur un épatant Bobrovsky, suivis par Gillies. Les Russes souffrent avant de parvenir à tuer toutes ces pénalités.

Après une grosse présence de la ligne Lucic, Brendan Sutter prend à son tour deux minutes. La Russie réalise une très bonne séquence, multipliant les passes et les tirs, tout en peinant à franchir les défenseurs bien placés sur les lignes de tir. Au retour du puni, les deux dernières minutes de jeu permettent à Sergei Bobrovsky de réaliser un festival énorme : Godfrey, Gagner, Giroux, Godfrey encore en quelques secondes, de loin comme de près. La pression monte lorsqu'un centre de Ryabev est repris à bout portant, alors que Vishnevsky, en duel avec Legein, percute sévèrement Bernier, qui reste au sol quelques instants. Il est suffisamment remis pour stopper une accélération de Vasyunov côté gauche, qui pousse Ellerby en prison (alors que la faute venait plutôt de Schenn). La période s'achève sur ce 0-0, à l'issue de vingt minutes de haut niveau : sans doute la période la plus serrée de la série.

Les blancs démarrent en supériorité numérique et tentent de mettre la pression sur Bernier. Il profitent même d'un coup de sifflet contre Legein pour disposer de quelques secondes de 5 contre 3. Voinov allume la première mèche à la bleue avant le retour d'Ellerby. À la toute fin de l'avantage numérique, Mayorov et Dadonov perdent leur duel face à Bernier dans l'enclave, jusqu'à une obstruction de Dadonov qui renverse la supériorité. Quelques secondes plus tard, Claude Giroux, bien lancé par Sam Gagner, se présente tout seul face à Bobrovsky, entre deux défenseurs, pour feinter à gauche et marquer à droite à côté de la botte (1-0). Le public est debout !

La réaction russe est assez faible. Le Canada maintient en effet la pression et finit par doubler la mise. Sur une énième mise au jeu gagnée, une passe transversale venue de la ligne bleue en diagonale vers Marchand, qui dévie hors cadre. Gagner ne bonifie par le rebond mais Giroux a suivi et, à travers une forêt de jambes, trouve la cible (2-0).

Dans la foulée, Tavares déborde à gauche et sollicite Bobrovsky. C'en est trop pour Nemchinov qui demande un temps mort... Cela permet à son équipe de repartir du bon pied, par un tir de Voinov. Mieux, Godfrey est ensuite puni pour une grosse charge sur Kublikov. Le jeu de puissance est contenu sur les côtés malgré les efforts de Bashkirov puis Alexander Vasyunov, lequel est enfin récompensé, repiquant dans l'axe et parvenant à se libérer suffisamment pour profiter de deux contres favorables et ajuster Bernier d'un tir précis (2-1). Enfin, la Russie marque en avantage numérique après plus de trente séquences infructueuses ! Dadonov profite peu après d'une erreur de Doughty pour initier un 2 contre 1, sauvé par Bernier. La bonne série se poursuit avec une pénalité contre Emmerton. Malheureusement, la fatigue se fait sentir et Turris sème le trouble en 2 contre 1 avec Giroux. Bobrosvky sauve mais le palet reste en zone offensive en possession de Turris, qui change d'aile vers Pyett. Le défenseur allume à la bleue et marque en hauteur en infériorité (3-1).

La Russie n'a pas su capitaliser son temps fort... Les rouges sont survoltés par ce but, à l'image d'Emmerton qui slalome dans la défense pour un duel perdu face au gardien. Le portier s'impose ensuite sur Turris suite à une mise au jeu rapide. Peu après, Vasyunov est puni de manière surprenante lorsque Bashkirov déborde à droite et repique, percutant le but sur le retour défensif de Perron. Ce dernier envoie ensuite Alexandrov sur le banc pour crosse haute et offre un 5 contre 3 à son équipe. L'occasion est trop belle : Tavares rate son tir dans l'axe, le palet rebondit sur la balustrade puis sur le dos du gardien, sur un défenseur et rentre, peut-être aidé sur le fil par Perron. Un but chanceux après une partie de billard (4-1). Le jeu de puissance n'est pas terminé pour autant et le point fort canadien se poursuit. Gagner, bien servi sur le côté, se heurte une première fois à Bobrovsky. Le rebond n'est pas perdu et revient à la bleue pour Godfrey pour un petit tir dans le trafic ras glace, dévié par le gardien... sur Gagner, qui ajuste (5-1). Les équipes spéciales sont décidément décisives dans cette série junior...

Assommés, les Russes réagissent timidement. Pas vraiment de jeu collectif, une simple tentative individuelle de Vasyunov, accroché : la période s'achèvera avec Pyett en prison. Bernier pour sa part est fidèle au poste, sauvant un tir lointain dévié de Doronin, puis un d'Alexandrov. Le jeu reste cantonné sur les côtés, et les Canadiens ne sont guère menacés. Ils manquent même le sixième but lorsque Giroux lance Turris dans les dernières secondes, pour un tir non cadré. 5-1 après deux périodes intenses. La Russie a explosé, la faute à des équipes spéciales bien trop faibles.

C'est avec un handicap de quatre buts que la Russie revient sur la glace, manquant la catastrophe d'entrée sur une action de Tavares. Malgré tout, le jeu est lâché par les Canadiens, bien installés en défense et solides dans la neutre. Ils laissent leur adversaire faire le jeu et s'empaler sur leur défense. Il faut attendre une pénalité contre Legein dans la neutre pour donner un peu de suspense : les Russes vont-ils améliorer leur médiocre 1/8 ce soir ? Vasyunov s'y emploie avec une tentative en contournement de cage, imité par Bashkirov à bout portant : Bernier s'impose. Les Blancs s'entêtent à rechercher l'exploit individuel et ne font plus rien du reste de l'avantage numérique. En face, le Canada fait une démonstration technique de maîtrise du palet de jeu de passe, libérant tout d'abord Hamill et Boychuk pour un arrêt, et quelques instants plus tard, Hickey récupère un palet et lance Pyett, qui sert Boychuk à ses côtés : le tir est précis et trompe le gardien (6-1).

Dépités, les Russes se réinstallent en attaque sans conviction sur une pénalité de Tavares, mais Alzner notamment est infranchissable. Le défenseur sauve ainsi sur la ligne un rebond sur le poteau après une bonne séquence. C'est la ola dans la patinoire, face à un jeu de puissance toujours aussi indigent, alors que Tavares, sorti de prison, part en échappée et trouve le poteau !

Les esprits s'échauffent un peu, le Canada ayant tendance à s'enflammer. Même à cinq contre trois, les Russes passent difficilement le rideau dirigé par Alzner et Sutter. Chudinov s'essaie de loin, mais le jeu de passe reste bien lent, malgré quelques occasions sur une déviation ou un rebond. Mamin se fait ainsi piéger en accrochant Bernier derrière le but. Les deux seuls qui sortent du lot sont bel et bien Vasyunov et Bashkirov, l'oublié de la sélection lors des quatre premiers matches ! L'avantage passe aux rouges avec un missile de Godfrey, puis une action menée par Brad Marchand ligne de fond et conclue par Zach Hamill devant l'enclave (7-1). Encore une fois le jeu de puissance font la différence.

L'attaque canadienne est en feu, écrasante de supériorité dans tous les compartiments du jeu. Et ce n'est pas fini. Turris se présente seul sur une interception, il ne cadre pas mais Tavares lui remet le palet près du poteau. Un festival de patience pour un but du revers en lucarne (8-1).

Même une ultime pénalité contre Schenn n'inquiète pas les rouges : Legein vole un palet et part tout seul, se heurtant au gardien du revers. Il est accroché par Chudinov qui échappe au tir de pénalité... Une véritable démonstration, une leçon de hockey dans une ambiance intense, qui se poursuit dans les dernières minutes par un slalom de Marchand, accroché sans qu'une sanction ne soit appelée, puis un deux contre un Hamill-Boychuk à côté. Bernier est lui aussi présent face à un petit tir de Ryabev puis de Kublikov, sans conviction. La dernière minute est incroyablement bruyante devant un public debout.

8-1 score final, un camouflet pour une équipe russe à la dérive dans la seconde moitié du match.

Désignés joueurs du match : Claude Giroux (Canada) et Alexander Vasyunov (Russie).

Compte-rendu signé Nicolas Leborgne

 

Commentaires d'après-match

Sam Gagner (attaquant du Canada) : "On a pris beaucoup de plaisir ce soir. On a bien joué, en équipe, et tout le monde a été récompensé. On bougeait bien le palet et on s'est créé beaucoup d'occasions, c'était génial. Je pense que de l'extérieur l'objectif de 8 victoires à 0 n'est pas grand-chose mais pour nous c'est important. À chaque fois que vous représentez votre pays c'est un sentiment particulier et on va continuer à travailler dur et à faire de notre mieux pour notre pays."

Brent Sutter (entraîneur du Canada) : "Ce qui leur a coupé les jambes, c'est sans doute le 3e, en infériorité. Ils reviennent à 2-1, prennent l'ascendant psychologique et ils ont un avantage numérique... On marque et à partir de ce moment ça a fait boule de neige. Plus ils jouent mal, mieux on joue... Je ne crois pas que le score reflète la différence de niveau. Les deux derniers matches en Russie et la première période à Winnipeg ont été très dures pour nous, mais nous avons réussi à nous adapter aux difficultés. Pas eux. Si je disais les joueurs dont je suis le plus content, les journalistes seraient étonnés. Vous regardez les statistiques, mais il y a quantité d'autres choses qui déterminent le travail d'une équipe."

Sergei Nemchinov (entraîneur de la Russie) : "L'équipe canadienne ? Je dirais d'elle qu'elle est... coachable."

 

Canada - Russie 8-1 (0-0, 5-1, 3-0)

Mardi 4 septembre 2007 à 19h00 au MTS Centre de Winnipeg. 13563 spectateurs.

Arbitrage de Slava Bulanov et Aleksandr Polyakov (RUS) assistés de Kendrick Nicholson et Matthew Traub (CAN).

Pénalités : Canada 26' (8', 8', 10'), Russie 18' (8', 6', 4').

Tirs : Canada 30 (9, 13, 8), Russie 33 (9, 14, 10).

Évolution du score :

1-0 à 23'18" : Giroux assisté de Gagner et Godfrey (sup. num.)

2-0 à 26'08" : Giroux assisté de Gagner

2-1 à 28'56" : Vasyunov (sup. num.)

3-1 à 31'52" : Pyett assisté de Turris (inf. num.)

4-1 à 35'15" : Perron assisté de Tavares et Doughty (sup. num.)

5-1 à 36'21" : Gagner assisté de Godfrey et Giroux (sup. num.)

6-1 à 46'53" : Boychuk assisté de Perron et Pyett

7-1 à 53'07" : Hamill assisté de Marchand et Hickey (sup. num.)

8-1 à 55'31" : Turris assisté de Tavares

 

Canada

Gardien : Jonathan Bernier.

Défenseurs : Drew Doughty - Karl Alzner ; Luke Schenn - Keaton Ellerby ; Josh Godfrey - Thomas Hickey.

Attaquants : Stefan Legein - Brandon Sutter - Milan Lucic ; David Perron - Kyle Turris - John Tavares ; Claude Giroux - Sam Gagner - Brad Marchand ; Dana Tyrell - Zach Boychuk - Logan Pyett ; Zach Hamill, Colton Gillies.

Remplaçant : Leland Irving (G). En réserve : Steve Mason (G), Ty Wishart, Cory Emmerton.

Russie

Gardien : Sergei Bobrovsky.

Défenseurs : Aleksei Grishin - Pavel Doronin ; Yuri Aleksandrov (C) - Maksim Chudinov ; Ivan Vishnevsky - Vyacheslav Voinov ; Kirill Tulupov.

Attaquants : Aleksandr Ryabev - Artem Anisimov - Evgeni Dadonov ; Maksim Mayorov - Ilya Kablukov - Vyacheslav Solodukhin ; Konstantin Kulikov - Evgeny Bodrov - Mikhaïl Glukhov ; Ruslan Bashkirov - Maksim Mamin - Aleksandr Vasyunov ; Viktor Tikhonov.

Remplaçant : Semen Varlamov. Absents : Egor Averin (commotion cérébrale), Aleksandr Cherepanov (commotion cérébrale).

 

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