Huitième de finale de Vysshaïa Liga russe, match 3.

Ceci est une lettre d'adieu !

18 octobre 2003 - 18 mars 2008. Il y a quatre ans et sept mois, j'allais pour la première fois voir un match des Krylia Sovietov de Moscou, qui s'étaient inclinés 3-1 face à Samara.

Devant rentrer définitivement en France cet été, je me rends, avec mon fils, en pèlerinage, euh, enfin presque, à la patinoire de la rue Tolboukhine (Fiodor Tolboukhine, Maréchal de l'Union Soviétique) pour la dernière fois !

Depuis la saison 2003-04, pas grand-chose n'a changé chez les KSM. À l'époque, ils descendaient de Superliga, sans un rond, avec leurs meilleurs joueurs obligés de partir. Cette saison, c'est pareil ! En 2003-04, les KSM avaient terminé sixièmes de la poule occidentale de Vyschaïa Liga, avant d'être éliminé dès le premier tour, cette année, c'est pratiquement la même histoire, les KSM se sont classés huitièmes et ne devraient pas franchir ce tour. Les Krylia Sovietov jouent certainement leur dernier match de la saison en recevant pour la troisième manche des huitièmes de finale de la Vyschaïa Liga contre le leader de la poule orientale, l'Avtomobilist Ekaterinbourg. Dans l'Oural, les Moscovites se sont inclinés par deux fois, 3-4 et 4-6.

Cela me fait tout drôle de me dire que c'est la dernière fois que je verrai un match dans ce palais des sports où je me suis rendu pendant toutes ces années... Tout me revient en mémoire, mes déplacements conjoints : courses à Auchan et match aux KSM le samedi après-midi, les embouteillages monstres sur l'avenue Koutouzov pour les matches en semaine à 19h, les joies du déneigement après les matches...

Et cette vieille patoche avec ses souvenirs glorieux des titres de champions d'URSS, de vainqueur de la coupe de l'URSS et surtout de la Coupe d'Europe ! Ces vieilles photos en noir et blanc accrochées aux murs des couloirs rappelant ce prestigieux passé, et puis surtout ce fidèle public, toujours là, malgré ces chaotiques dernières saisons.

D'ailleurs ce soir, ils sont toujours aussi nombreux. Oh certes, pas 5, 7 ou 9 000 comme au Dynamo ou au CSKA, mais seraient-ils aussi nombreux, les fans du Dynamo ou du CSKA, si leurs clubs se trainaient en Vyschaïa Liga. Bon, on est d'accord, cela n'arrivera jamais... que le Dynamo et le CSKA se traîne en VL ! Mais ils mettent toujours une sacrée ambiance !

L'autre point commun avec mon premier match chez les KSM, c'est le gardien moscovite. Le 18 octobre 2003, c'était Vladimir Koulikov, le 18 mars 2008, c'est toujours Vladimir Koulikov, seul survivant de ces années troublées où les KSM ont passés leur temps à perdre des joueurs.

Trois nouveaux joueurs sont d'ailleurs partis avant les play offs : Zimakov, Gogoliev et surtout le meilleur marqueur de la poule, Micha Anissine. Par manque d'argent ? Dans le programme du club, Alexandre Tretiak, le président des KS explique que ce sont les joueurs qui ont décidé de partir et non le club qui les a mis dehors. Dont acte.

Comment ça ? Il serait temps de parler du match ? Eh ho ! Poussez pas ! Et la nostalgie camarade ?

Avec tout d'abord quelque chose d'original en Russie. Miskhat Fakhroutdinov, l'entraîneur de l'Avtomobilist, a choisi de jouer à trois lignes, à la fois en défense, ce qui se fait, mais aussi en attaque, ce qui est très rare ici, alors qu'il a le nombre de joueurs suffisant pour évoluer à quatre lignes en attaque.

Le match débute assez prudemment. Il faut en fait attendre la première pénalité pour voir un peu d'action. C'est le défenseur d'Ekaterinbourg, Artiom Nossov, qui est sanctionné à la 6e. Les KSM mettent en action leur jeu de puissance, mais sans véritablement inquiéter le gardien de l'Oural, Denis Franskevitch. Deux pénalités consécutives pour Konstantin Anouriev (6e) et Dimitri Semionov (8e) permettent ensuite à l'Avtomobilist d'enclencher la première vitesse. Sur leur lancée de ces supériorités numériques, les visiteurs ouvrent la marque par Viatcheslav Tchistiakov (0-1, 11'04").

La réplique moscovite intervient la minute suivante avec une belle tentative d'Evgueni Korotkov. Mais Franskevitch est présent, tout comme Vladimir Koulikov à la 16e. Les Moscovites ont la possibilité de revenir au score avec une prison, encore pour Artiom Nossov. Le public pousse : "Krylia, Krylia, nous sommes avec toi !". Les Moscovites finissent ce tiers plus fort avec trois belles tentatives dans la dernière minute, mais on en reste là : 0-1 à la première pause.

Et sur leur lancée de la fin du premier tiers, les KSM parviennent à égaliser. Un but sur un exploit individuel de Sergueï Béliakov. L'attaquant moscovite fait le tour de la cage et trompe Denis Franskevitch pour le 1-1 (22'20"). C'est un peu la panique chez les visiteurs. Dans la minute suivante, il y a six Automobilistes sur la glace, ce qui s'appelle un embouteillage, et c'est sanctionné par l'arbitre.

Le souci pour Moscou, c'est que son capitaine Stanislav Chalnov se fait sanctionner la minute suivante, puis c'est au tour de Gueorgui Nikouline. Il ne reste plus que trois Moscovites sur la glace, alors l'expérimenté international kazakhstanais Andreï Ptcheliakov provoque une faute ouralienne. À trois contre trois, cela libère de la place, cela chauffe d'une cage à l'autre.

Mais ce sont les visiteurs qui trouvent la solution les premiers. Le défenseur Artiom Nossov, sorti de prison, trompe Vladimir Koulikov d'un tir au milieu d'une foret de jambes (1-2, 27'08").

Les KS souffrent, et Koulikov sauve même sur sa ligne à la 28e. Mais petit à petit les Moscovites se remettent sur leurs pattes. C'est tout d'abord Pavel Fédoulov qui voit son tir frôler la cage (38e) et c'est Alexandre Chibaev qui trouve la solution en supériorité numérique sur un rebond laissé par Franskevitch après un premier tir de Sergueï Béliakov (2-2, 39'01"). À l'aube de la dernière période, les KSM continuent de faire rêver leur public en étant parvenus à égaliser deux fois.

Le dernier tiers reste longtemps équilibré. À la 43e, Andreï Svinoukhov faire sourire le public. Tout le monde cherche le palet, l'arbitre siffle donc. Et au bout de quelques secondes, Svinoukhov se secoue dans tous les sens. Forcément, le palet est coincé dans... sa culotte !

Mais au final, c'est Ekaterinbourg qui va rire le dernier. En onze secondes, les Ouraliens vont clouer le cercueil. Un tir de face de Maxime Kraev (47'52) et sur l'engagement, Viatcheslav Tchistiakov file sur l'aile et inscrit son deuxième but du match. Bon ben voilà, 2-4, c'est fini !

Alors bien sûr les jeunes Moscovites ne vont pas replier leurs ailes comme cela. Vladislav Tounik (bleu uniquement lorsque les KSM jouent à l'extérieur, car à la maison, les KSM jouent en blanc…hi ! hi ! hi ! Tounik bleue !) a une belle occasion à la 50e, mais c'est tout.

Et soudain, à quatre minutes de la fin, l'incroyable se produit. Les supporters des KSM quittent leurs places et descendent au bas des gradins, le long d'une rambarde métallique. Ils se massent à cet endroit, en chantant, tapant des mains, agitant leurs écharpes, sans discontinuer pendant toute la fin de la rencontre ! Krylia ! Moskva ! Pobieda ! Ce public, incroyablement fidèle malgré les difficultés, veut tout simplement rendre hommage à son équipe, à son club. Des instants absolument magiques. Je sens un grand frisson me parcourir, les larmes ne sont pas loin.

Au coup de sirène final, les joueurs, très émus, se dirigent vers ces incroyables fans. Tout le monde se souhaite une bonne trêve et se retrouvera en septembre.

Pas moi.

Adieu mes chères ailes, portez-vous bien et volez bientôt à nouveau vers les sommets.

Compte-rendu signé Bruno Cadene

Krylia Sovietov Moscou - Avtomobilist Ekaterinbourg 2-4 (0-1, 2-1, 0-2)

Mardi 18 mars 2008 à 19h00 au palais des sports des Krylia Sovietov. 2000 spectateurs.

Arbitrage de Vladislav Kiselev (Ufa) assisté d'Evgeni Pronskikh et Alekseï Maïtak (Belgorod).

Pénalités : Krylia 14', Avtomobilist 14'.

Évolution du score :

0-1 à 11'04" : Chistyakov assisté de Chemerilov et Tsiganov

1-1 à 22'20" : Belyakov

1-2 à 27'28" : Nossov assisté de Zuenkov et Voronov (sup. num.)

2-2 à 39'01" : Shibaev assisté de Belyakov (sup. num.)

2-3 à 47'45" : Kraev assisté de Magogin

2-4 à 47'56" : Tchistiakov assisté de Nosov et Tsiganov

Gardien : Vladimir Kulikov.

Défenseurs : Rafael Batyrshin - Georgi Nikulin ; Andreï Svinukhov - Konstantin Anuriev ; Kirill Stepanov - Denis Osipov ; Stanislav Shalnov (c).

Attaquants : Sergei Kuznetsov - Andreï Pcheliakov (KAZ) - Dmitri Semionov ; Alekseï Efimov - Pavel Fedulov - Mikhaïl Miliokhin ; Andreï Grankin - Aleksandr Shibaev - Sergei Belyakov ; Vladislav Tunik - Evgeni Korotkov - Vladimir Zavarzin.

Remplaçant : Yuri Klyuchnikov (G).

Gardien : Denis Franskevitch.

Défenseurs : Igor Grigoriev - Sergei Zhurikov (c) ; Evgeni Pupkov (KAZ) - Aleksandr Dolishnia ; Artiom Nosov - Alekseï Voronov.

Attaquants : Maksim Zuenkov - Maksim Savosin - Aleksandr Zhurun ; Dmitri Tsiganov - Vyacheslav Chistiakov - Evgeni Chemerilov ; Vitali Sitinkov - Igor Magogin - Maksim Kraev ; Aleksandr Guliatsev.

Remplaçants : Alekseï Semionov (G), Evgeni Khvostov (D), Maksim Leskin (A), Pavel Zasypkin (A).

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