République Tchèque - Suède (14 mai 2008)

 

Quart de finale des championnats du monde 2008.

Les spécialistes des quarts

Les deux équipes sont complètes pour ce premier quart de finale qui décidera de la réussite ou de l'échec de leur compétition. La Suède retrouve l'intégralité de sa défense avec le retour de son capitaine Kenny Jönsson. La République Tchèque a été rassurée sur l'état de la jambe de son leader offensif Patrik Elias. Battus 5-3 en poule trois jours plus tôt, les Tchèques ont annoncé vouloir être plus agressifs cette fois.

Ladislav Kohn a peut-être pris ces paroles un peu trop au pied de la lettre. Le centre de la quatrième ligne met une charge avec la crosse au visage de son vis-à-vis Johan Andersson après un engagement. Kohn s'en sort avec une pénalité de 2'+10', très clémente car sa victime saigne et doit sortir pour être soignée.

Cette supériorité numérique arrive un peu tôt pour les Suédois, qui vont ensuite accumuler trois pénalités dont un surnombre. Mais le jeu de puissance tchèque est beaucoup moins dangereux que dimanche, souvent bloqué dès la zone neutre. La seule menace vient de Patrik Elias, qui s'appuie en une-deux sur Kaberle pour s'approcher de la cage mais bute sur Henrik Lundqvist.

La meilleure occasion suédoise du premier tiers-temps a pour origine un tir de Niklas Bäckström. Sur le rebond, Patric Hörnqvist est seul dans l'axe, mais Milan Hnilicka lève en même temps la mitaine et la jambière dans un style vraiment très particulier, et en tout cas efficace puisque c'est le gant qui écarte le palet.

Le 0-0 après vingt minutes est logique entre deux équipes bien en place défensivement. Au retour sur la glace, un palet perdu à la bleue offensive par Filip Kuba offre un 2 contre 1 à la Suède et donne le signal d'un deuxième tiers-temps plus animé. Martin Erat réplique sur passe de derrière la cage d'Elias.

Zbynek Michalek fait trébucher Andersson derrière la cage tchèque, et la Suède profite de cet avantage numérique. Le slap rasant de Jonas Frögren dans les jambières de Hnilicka permet à Patric Hörnqvist de venir récupérer le palet juste devant le gardien et de glisser tranquillement le palet à côté de lui. L'attaquant de Djurgården est arrivé dans le slot derrière les défenseurs en se faisant totalement oublier (0-1).

Depuis le début du match, la deuxième ligne tchèque Rolinek-Plekanec-Kotalik est la plus convaincante. Ales Kotalik en particulier a réalisé des tirs de qualité, ce qui fait défaut à beaucoup de ses coéquipiers ce soir. Sur une transition rapide, son lancer croisé oblige Lundqvist à étendre la jambière gauche. Le gardien suédois se couche alors face au rebond mais Tomas Rolinek parvient quand même à envoyer le palet dans un trou de souris (1-1).

En fin de deuxième tiers, Michalek part encore en prison pour avoir envoyé le palet au-dessus du plexi avec le gant, mais la principale action est tchèque, en infériorité : passe-abandon d'Erat, tir du poignet de Kaberle et mitaine de Lundqvist.

La troisième période s'ouvre par une bonne passe de Hörnqvist qui décale Bäckström face au but, mais il rate totalement le cadre. Les Tchèques deviennent un peu plus précis, mais Henrik Lundqvist réussit encore un très bel arrêt en attrapant un missile de la bleue de Rozsival. On attend toujours celui qui fera la différence. Et c'est Radim Vrbata, totalement invisible jusqu'à ce moment, qui s'échappe et est fait trébucher par Frögren. Tir de pénalité ! Vrbata le transforme en beauté, dans le haut du filet (2-1).

Les minutes défilent et les Tchèques se rapprochent des demi-finales... jusqu'à ce tir gagnant de Marcus Nilson. Protestation immédiate : Milan Hnilicka était sur les fesses au moment du lancer après un contact léger avec Rickard Wallin. Le gardien ne pouvait rien faire pour se replacer, mais a-t-il été victime d'une vraie faute ou d'un contact qu'il a cherché ? Le banc tchèque demande aux arbitres de consulter la vidéo, mais ils s'y refusent. Le but est validé (2-2). La République Tchèque pousse jusqu'à la dernière seconde avec un tir de la bleue de Zidlicky dévié par Rolinek mais repoussé par la jambière de Lundqvist. On en reste là pour le temps réglementaire.

Dans la première minute de la prolongation, Tony Mårtensson s'engouffre dans l'espace entre trois défenseurs, et Martin Erat l'accroche. 4 contre 3. Plekanec gagne l'engagement, mais Rozsival et Kuba n'arrivent pas à sortir le palet. Ils y parviendront finalement une minute plus tard. Mais c'est au retour à égalité numérique que la Suède emporte la victoire. Le tir bien travaillé d'Anton Strålman frappe le plastron de Milan Hnilicka qui essaie ensuite d'écarter le palet de la crosse mais le rate de peu. En pur buteur, Mattias Weinhandl plonge sur ce palet pour un but plein de hargne (2-3).

Depuis ce jour béni de Helsinki (pour elle, maudit pour la Finlande) où elle avait éliminé l'équipe locale en lui remontant quatre buts, la Suède est devenue une force des quarts de finale, avec ce soir une sixième qualification consécutive (sept si l'on compte les JO). Mais jamais depuis ce jour béni de 2003, elle n'avait autant tremblé à ce stade de la compétition.

Le fil d'une aiguille séparait les deux équipes ce soir. Les Tchèques sont cependant parus un peu moins homogènes. La paire Zidlicky-Kaberle a été à la hauteur de l'enjeu, mais le reste de la défense a été plus en difficulté. La quatrième ligne a eu un très faible temps de glace et a souffert sur ses rares présences. L'équipe de Hadamczik a semblé aussi avoir un talon d'Achille au centre, avec un Jaroslav Hlinka décevant et un Martin Hanzal transparent. L'effectif tchèque n'a toujours pas retrouvé sa force collective d'antan dans ce championnat du monde, et il a pâli au révélateur des phases finales.

Désignés joueurs du match : Milan Hnilicka pour la République Tchèque et Niklas Bäckström pour la Suède.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Bengt-Åke Gustafsson (entraîneur de la Suède) : "C'était un match serré, pas le plus amusant à avoir pour les spectateurs. Mais je suis content du résultat. Avec l'effectif que nous avons, nous devons jouer compact. Nous avons fait du bon travail et nous avions un grand gardien avec nous. On ne sait jamais ce qu'il adviendra de chaque joueur avant le tournoi, mais il est certain que j'espérais que Weinhandl sorte du lot. C'est un buteur naturel et il sait être là quant il faut pour marquer."

Mattias Weinhandl (attaquant de la Suède) : "Ce n'est pas le plus beau but de ma carrière. Plutôt un des moins beaux, mais je le prends. J'étais de dos et j'ai essayé d'envoyer le palet dans les filets. Il y est arrivé en touchant certains patins et gants. Parfois c'est ce dont on a besoin, de la chance. Contre le Canada, nous resterons repliés en défense pour exploiter les contre-attaques. [...] Je ne vois pas ce que j'aurais à prouver de plus en NHL. J'y ai passé quatre saisons, j'ai pu jouer pendant les deux premières et j'y ai obtenu un total de points correct. C'est plus vous, les médias, qui pensez que j'ai quelque chose à prouver là-bas."

 

République Tchèque - Suède 2-3 après prolongation (0-0, 1-1, 1-1, 0-1)

Mecredi 14 mai 2008 à 13h00 au Colisée Pepsi de Québec. 9787 spectateurs.

Arbitrage de Jyri Petteri Rönn (FIN) et Daniel Piechaczek (ALL) assistés de Stefan Fonselius (FIN) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : République Tchèque 20' (2'+10', 4', 2', 2'), Suède 8' (6', 0', 2', 0').

Tirs : République Tchèque 31 (8, 7, 15, 1), Suède 31 (9, 6, 12, 4).

Évolution du score :

0-1 à 27'43" : Hörnqvist assisté de Strålman et Bäckström (sup. num.)

1-1 à 30'28" : Rolinek assisté de Kotalik et Plekanec

2-1 à 52'19" : Vrbata (tir de pénalité)

2-2 à 56'22" : Nilson assisté de Johansson et R. Wallin

2-3 à 63'15" : Weinhandl assisté de Strålman et Nilson

 

République Tchèque

Gardien : Milan Hnilicka.

Défenseurs : Tomas Kaberle (C) - Marek Zidlicky ; Filip Kuba (A) - Michal Rozsival ; Petr Caslava - Zbynek Michálek.

Attaquants : Patrik Elias (A) - Jaroslav Hlinka - Martin Erat ; Tomás Rolinek - Tomas Plekanec - Ales Kotalik ; Tomas Fleischmann - Martin Hanzal [puis Novotný à 45'] - Radim Vrbata ; Zbynek Irgl - Ladislav Kohn puis Vaclav Skuhravy à 02'16" - Jirí Novotný.

Remplaçants : Marek Pinc (G), Jan Hejda. Absents : David Krejci, Jakub Klepis (surnuméraires).

Suède

Gardien : Henrik Lundqvist.

Défenseurs : Kenny Jönsson (C) - Anton Strålman ; Douglas Murray - Alexander Edler ; Jonas Frögren - Magnus Johansson (A) ; Niclas Wallin (A).

Attaquants : Robert Nilsson - Nicklas Bäckström - Patric Hörnqvist ; Nils Ekman - Rickard Wallin - Marcus Nilson ; Per Ledin - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Karl Fabricius - Johan Andersson - Fredrik Warg.

Remplaçants : Stefan Liv (G), Michael Holmqvist. Absents : Mikael Tellqvist (G), Daniel Fernholm, Daniel Widing (surnuméraire).

 

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