Lettonie - Suède (27 avril 2009)

 

Championnats du monde, premier tour, groupe C.

Rédemption, flagellation et miracle

C'est la surprise dans le camp suédois : Bengt-Åke Gustafsson a appelé en renfort Kristian Huselius, qui n'était plus réapparu en équipe nationale depuis une fameuse nuit de débauche qui avait valu son exclusion. On se demandait combien de temps il faudrait pour que l'affaire se tasse et que les coupables reviennent, la réponse est donc "plus de 4 ans". Le sélectionneur, à vrai dire, avait pardonné depuis longtemps, puisqu'il voulait déjà que Huselius vienne il y a deux ans au Mondial letton. Mais le jour du grand pardon, c'est donc ce soir, et justement contre la Lettonie. En compagnie du jeune Berglund descendu de la tribune, Huselius doit ranimer la première ligne qui avait été la seule à ne pas fonctionner avant-hier. Ses premiers pas sont difficiles, avec un contrôle raté à la bleue sur la première supériorité numérique.

Le débat du gardien titulaire divise la Suède en trois, à parts égales les trois prétendants. C'est au tour de Stefan Liv d'avoir sa chance ce soir, et il effectue une très bonne première période, avec un superbe arrêt sur une cage ouverte. Cela permet à la Tre Kronor de rentrer aux vestiaires en avantage, grâce encore une fois au duo de Luleå : tir de Johan Harju et rebond de Linus Omark (0-1).

La Lettonie se montre offensive en début de deuxième période pour égaliser. Sur des actions installées, elle est confinée au périmètre. Guntis Dzerins croit bien s'échapper mais se fait enlever le palet par derrière par Tobias Enström. À force d'attaquer, les grenat se prennent un 2 contre 1 suédois, avec une parfaite passe levée de Mattias Weinhandl au-dessus de la crosse du défenseur pour la reprise de Loui Eriksson... mais Masalskis s'est parfaitement déplacé et réalise un excellent arrêt.

Dans ce jour de la rédemption, il est de coutume d'avouer ses fautes. Même le pur talent Linus Omark a des péchés à expier. Il avait pris trois pénalités au premier match, et aujourd'hui encore, il commet une crosse haute. Péché véniel ? Non, capital, surtout au moment où la Suède paraissait de plus en plus proche du deuxième but. Le lancer du haut de l'enclave de Krisjanis Redlihs - photo de droite - vient punir cette faute (1-1). Pour votre pardon, frère Omark, vous réciterez quatre Arbiter Noster et deux Ave Zebra...

... et vous me doublerez cette pénitence car vous n'avez pas empêché le but suivant alors que vous étiez sur la glace, frère Omark ! Armands Berzins y gagne l'engagement devant Harju, puis Mikelis Redlihs passe derrière la cage et donne en retrait du revers à Lauris Darzins qui donne l'avantage aux Baltes (1-2).

La Suède est donc menée et ne s'y attendait pas du tout. Elle revient donc surmotivée en troisième période, surtout que Karsums a eu la mauvaise idée de commettre un cinglage à quatre secondes de l'angélus... euh, de la sirène. L'avantage numérique est vite installé avec une passe de derrière la cage de Mårtensson pour Weinhandl... dont le tir du poignet heurte Masalskis sur le haut de l'épaule droite, près du masque. L'arbitre arrête même le jeu pour voir si le gardien va bien. Celui-ci a alors été trop bon, il aurait mieux fait de commettre péché de mensonge et de répondre non... Lorsque, le jeu reprend, il ne voit pas le lancer de la bleue de Magnus Johansson, masqué par le bon travail de Mårtensson devant la cage (2-2). Cipruss est sanctionné dans la foulée pour une obstruction sur Persson, et de nouveau la présence de Mårtensson dans le slot, pour des rebonds ou des écrans, est extrêmement dangereuse. Un peu plus tard, un lancer de la bleue d'Enström touchera le poteau, mais les Baltes tiennent toujours.

Le chemin de croix suédois connaît sa nouvelle étape à neuf minutes de la fin. Tobias Enström, parti chercher un palet dans le coin et bas sur ses appuis, se fait écraser dans la balustrade, sous le plexi, par Martins Karsums arrivé dans son dos. Le défenseur d'Atlanta retombe de dos sur la glace, les bras en croix ! On amène la civière mais il n'en aura pas besoin. Non, il n'est pas le nouveau Sauveur : ses paumes ne portent en effet aucun stigmate. Le sang qui s'écoule vient en fait de son nez, explosé dans ce coin de patinoire. Enström paraît sérieusement sonné, comme s'il avait oublié son catéchisme. La Suède finit le match à quatre défenseurs car le capitaine Kenny Jönsson avait déjà quitté la glace très tôt, blessé à la hanche...

Mårtensson ne conclut pas une bonne passe en retrait de Berglund, et sur la dernière pénalité contre le buteur Lauris Darzins - photo de gauche - les Suédois n'arrivent pas à s'installer très longtemps avant que la Lettonie ne dégage son camp. Le temps réglementaire se termine donc sur un résultat nul, salué par de fervents applaudissements des supporters lettons. Pour eux, c'est déjà une victoire...

Leurs joueurs ne s'en contentent pas puisque Martins Karsums part tout de suite dans le coin gauche et passe au premier poteau pour Cipulis qui croise trop sa reprise. Après une minute en faveur de la Lettonie, la suite de la prolongation est suédoise. La défense balte laisse passer un tour de cage de Patrik Berglund mais est bien mieux placée par la suite. Omark cherche à l'avoir à l'usure pendant la dernière minute en attendant derrière le but letton. La patience est une vertu, mais Guntis Galvins n'en a cure et va charger l'attaquant béni des dieux pour lui prendre le palet et mettre fin à l'angoisse de la passe fatale.

Très franchement, lorsque Mattias Weinhandl et Magnus Johansson ont tour à tour crucifié le quarentenaire Sergejs Naumovs rentré à la place de Masalkis, on le confesse : on a perdu la foi. Entre-temps, Nizivijs a échoué sur Liv, et à cet instant, il faudrait un miracle pour que la Lettonie remporte cette séance de tirs au but...

Martins Karsums, étincelant en prolongation après avoir été totalment absous pour avoir fait embrasser la balustrade à son prochain, y croit encore. Il feinte à gauche et lève le palet du revers. Naumovs lui-même en a assez de tendre l'autre joue : il arrive à parer, du bas du gant, le troisième tir, de Berglund. Toute la technique de Herberts Vasiljevs permet alors de remettre les équipes à parité.

Le changement d'ordre arrive au mauvais moment pour le gardien suédois Stefan Liv. Il vient de se faire feinter d'un côté, et voilà que Nizivijs, encore aligné malgré son premier échec, le feinte de l'autre, évite son plongeon et parvient malgré l'angle fermé à trouver la lucarne opposée. Un dernier échec de Magnus Johansson, et voilà la Lettonie au paradis. Elle n'avait jamais battu la Tre Kronor, et même les tirs au but lui suffisent.

Maintenant, la Suède a un problème. Elle a perdu... Ah oui, ça fait donc deux problèmes. Car le souci désormais, ce sont les trois blessés en deux matches ! L'attaquant Joel Lundqvist est déjà rentré chez lui après avoir aggravé une douleur à la cuisse qui nécessitera un long repos, et deux défenseurs n'ont pas fini le match ce soir... Numériquement, il n'y a pas forcément urgence à court terme. Anton Strålman est en effet arrivé de Toronto et devait débuter au prochain match. Ensuite, il restera les deux jokers du deuxième tour, utilisables si les arrières ne sont pas rétablis. Mais il faut être clair : si Enström pourrait être substitué, le capitaine Kenny Jönsson est irremplaçable. Le seul autre profil purement défensif est Grossman, dans un style différent qui joue plus sur le gabarit. Les autres (dont Strålman) sont des défenseurs offensifs. Sans le capitaine, la défense perdrait son ancre et serait déséquilibrée. L'an dernier, jouer la demi-finale sans Jönsson blessé avait grandement handicapé la Suède contre le Canada... L'état de santé de ses défenseurs va donc devenir un enjeu capital pour la Tre Kronor

Désignés joueurs du match : Janis Sprukts pour la Lettonie et Magnus Johansson pour la Suède.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Lettonie - Suède 2-2 (0-1, 2-0, 0-1, 0-0) / 3-2 aux tirs au but

Lundi 27 avril 2009 à 20h15 à Berne. 4421 spectateurs.

Arbitrage de Vladimir Baluska (SVK) et Brent Reiber (SUI) assistés de Petr Blümel (TCH) et Felix Winnekens (ALL).

Pénalités : Lettonie 10' (4', 2', 4', 0'), Suède 6' (2', 4', 0', 0').

Tirs : Lettonie 21 (6, 10, 3, 2), Suède 40 (13, 11, 4, 2).

Évolution du score :

0-1 à 15'26" : Omark assisté de Harju et Thörnberg

1-1 à 30'20" : K. Redlihs assisté d'Ankipans et Karsums (sup. num.)

2-1 à 39'15" : Darzins assisté de M. Redlihs et Lavins

2-2 à 40'44" : Johansson assisté d'Eriksson (sup. num.)

Tirs au but :

Suède : Weinhandl (réussi), Johansson (réussi), Berglund (arrêté).

Lettonie : Nizivijs (arrêté), Karsums (réussi), Vasiljevs (réussi).

Tireurs supplémentaires : Nizivijs (réussi), Johansson (arrêté).

 

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis [puis Sergejs Naumovs aux tirs au but].

Défenseurs : Karlis Skrastins (C) - Krisjanis Redlihs ; Rodrigo Lavins (A) - Kristaps Sotnieks ; Georgijs Pujacs - Guntis Galvins ; Olegs Sorokins - Aleksandrs Jerofejevs.

Attaquants : Martins Karsums - Janis Sprukts - Girts Ankipans ; Mikelis Redlihs - Armands Berzins - Lauris Darzins ; Aleksandrs Nizivijs - Herberts Vasiljevs (A) - Martins Cipulis ; Roberts Jekimovs - Aigars Cipruss - Guntis Dzerins.

Suède

Gardien : Stefan Liv.

Défenseurs : Dick Tärnström - Nicklas Grossman ; Magnus Johansson (A) - Tobias Enström [blessé à 51'] ; Kenny Jönsson (C) [blessé à 20'] - Johan Åkerman.

Attaquants : Kristian Huselius - Rickard Wallin (A) - Patrik Berglund ; Loui Eriksson - Tony Mårtensson - Mattias Weinhandl ; Martin Thörnberg - Johan Harju - Linus Omark ; Niklas Persson - Johan Andersson - Marcus Nilson.

Remplaçant : Johan Holmqvist (G). Absents : Joel Lundqvist (cuisse), Anton Strålman (vient d'arriver).

 

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