Russie - États-Unis (2 mai 2009)

 

Championnats du monde, deuxième tour, groupe E.

Une différence de classe

C'est une drôle de morale dont a été victime l'équipe de Russie. Alors qu'elle attendait ostensiblement l'élimination des Washington Capitals des play-offs NHL, c'est elle qui a craqué la première : son coach Slava Bykov a avoué s'être endormi mardi soir en suivant le septième match. La conclusion : Washington s'est qualifié après avoir été mené 3 manches à 1, et au lieu d'Ovechkin, la Sbornaïa a simplement récupéré Nikolaï Zherdev, un joueur qui n'a pas toujours été pris en considération en sélection, et qui a été appelé un peu par un concours de circonstances puisque ce sont ses New York Rangers qui ont été éliminés par Washington. Il doit maintenant prendre sa chance pour que sa venue en vaille la peine (Piotr Schastlivy, le malheureux capitaine de 2007, est rentré chez lui pour lui faire de la place)

Cela vaut aussi pour Robert Esche, qui retrouve sa place dans les cages américaines aujourd'hui. C'est la moindre des choses pour le joueur qui avait blanchi la Russie en 2000 et qui connaît bien les attaquants russes pour avoir évolué depuis deux ans au SKA Saint-Pétersbourg. Lorsqu'il a croisé les hockeyeurs russes en début du tournoi, Esche a d'ailleurs salué son coéquipier de club Gorovikov en lui demandant où était passé Max... Désolé, Bobby, "Max" Sushinsky a été parmi les derniers joueurs écartés de la sélection, et il n'a pas le seul à en être surpris. Mais il va pouvoir constater de visu que son partenaire a été écarté au profit de nombreux ailiers également talentueux.

Les États-Unis commencent bien le match, comme à chaque fois. Ils travaillent tout de suite en zone offensive et ne perdent pas de temps à ouvrir le score. Le tir en angle fermé de Lee Stempniak, derrière le défenseur passe sous la botte du gardien. Un mauvais but pour Bryzgalov... mais le seul.

La réaction de la Russie est en effet immédiate. En deux supériorités numériques, elle marque deux fois : un tir en angle d'Aleksandr Radulov avec rebond à l'opposé pour Oleg Saprykin, puis un but d'Aleksandr Perezhogin sur une superbe passe de derrière la cage d'Anton Kuryanov.

Avant même que le premier tiers ne se termine, les Russes tient déjà le match après une contre-attaque rapide : passe-abandon de Kuryanov pour Mozyakin qui prend un lancer masqué de la bleue, sous le bras droit d'Esche. Le jeu de puissance fait encore des ravages dès la reprise, avec un impressionnant contrôle dos au but de Saprykin, qui décale parfaitement Radulov (4-1).

Un incident pourrait faire basculer ce match sans histoires à 32'31" : Vitali Vishnevski charge dans le dos Dustin Brown dans un coin de la patinoire. Le capitaine américain glisse à plat ventre au bas de la bande et le défenseur russe se fait expulser. Ces cinq minutes d'avantage numérique devraient permettre aux États-Unis de revenir, mais leur jeu de puissance paraît lent. Son style plus patient qu'à l'accoutumée ne semble plus fonctionner face à une grosse nation et fait pâle comparaison avec la précision des Russes.

En troisième période, Robert Esche évite que le score ne devienne plus lourd. Il se couche notamment devant Morozov, tout près de marquer en prenant le rebond d'un tir qui a frappé le fond de la bande. Le jeu se délite un peu. La charge en retard de Dustin Brown - vite rétabli - sur Atyushov a tout d'un geste vengeur idiot, non sanctionné. Il y a de plus en plus de petites explications dans les dix dernières minutes.

Il faut dire que, dès le début, la présence de Radulov et Saprykin dans le slot a allumé le feu face à des défenseurs américains chauds à réagir. Le travail de sape des deux hommes continue.

Ce match devait permettre de jauger ces Américains en qui certains voient un outsider pour le titre. Il aura montré leurs limites. Ils ont été dépassés dans tous les domaines, tactiquement, physiquement et psychologiquement. La Russie s'assure ainsi la première place de poule et un quart de finale a priori facile contre le Bélarus. Les champions du monde n'ont pas encore trouvé d'adversaire à leur mesure.

Désignés joueurs du match : Vitali Atyushov pour la Russie et Robert Esche pour les États-Unis.

Compte-rendu signé Marc Branchu

 

Commentaires d'après-match

Vitali Vishnevsky (défenseur de la Russie) : "Je pense que Brown a manigancé ce moment. Je connais bien ce joueur et son style. J'ai joué épaule contre épaule, mais au dernier moment il s'est mis de dos pour qu'il semble que je le pousse contre la bande. Aujourd'hui, c'était un sport de contact, et nous en sommes sortis vainqueurs dans presque tous les domaines. On a pu sentir la cohésion de notre équipe. Après mon expulsion, j'ai suivi le déroulement du match. Heureusement, tout s'est bien fini."

Ron Wilson (entraîneur des États-Unis) : "Le meilleur joueur de notre équipe a clairement été Robert Esche. Nous avons bien commencé le match, mais, malheureusement, nous avons pris quelques pénalités. C'était parce que nous n'avons pas patiné assez agressivement. Ces cinq minutes de pénalités étaient notre dernière chance, mais nous n'avons pas pu en tirer avantage."

 

Russie - États-Unis 4-1 (3-1, 1-0, 0-0)

Samedi 2 mai 2009 à 20h15 à Berne. 10230 spectateurs.

Arbitrage de Jyri Petteri Rönn (FIN) et Derek Zalaski (CAN) assistés de Felix Winnekens (ALL) et Chris de Haan (CAN).

Pénalités : Russie 35' (2', 4'+5'+20', 4'), États-Unis 16' (6', 4', 6').

Tirs : Russie 32 (16, 7, 9), États-Unis 27 (8, 12, 7).

Évolution du score :

0-1 à 03'16" : Stempniak assisté de Foligno et Liles

1-1 à 05'01" : Saprykin assisté de Radulov et Atyushov (sup. num.)

2-1 à 09'51" : Perezhogin assisté de Kuryanov et Mozyakin (sup. num.)

3-1 à 17'06" : Mozyakin assisté de Kuryanov et Perezhogin

4-1 à 21'36" : Radulov assisté de Saprykin et Gorovikov (sup. num.)

 

Russie

Gardien : Ilya Bryzgalov.

Défenseurs : Vitali Proshkin - Ilya Nikulin ; Vitali Vishnevsky - Oleg Tverdovsky (A) ; Dmitri Kalinin - Vitali Atyushov ; Denis Grebeshkov - Konstantin Korneev.

Attaquants : Ilya Kovalchuk (A) - Aleksei Tereshchenko - Aleksei Morozov (C) ; Aleksandr Frolov - Sergei Zinoviev - Nikolai Zherdev ; Oleg Saprykin - Konstantin Gorovikov - Aleksandr Radulov ; Sergei Mozyakin - Anton Kuryanov - Aleksandr Perezhogin.

Remplaçant : Aleksandr Eremenko (G). Absents : Anton Volchenkov (jambe), Danis Zaripov (blessure non divulguée), Vassili Koshechkin (G).

États-Unis

Gardien : Robert Esche.

Défenseurs : Ryan Suter - Ron Hainsey (A) ; John Michael Liles - Jack Johnson ; Keith Ballard - Matt Niskanen ; Zach Bogosian.

Attaquants : Jason Blake (A) - Patrick O'Sullivan - Dustin Brown (C) ; Kyle Okposo - David Backes - T.J. Oshie ; Christopher Higgins - Joe Pavelski - Drew Stafford ; Nick Foligno - Ryan Shannon - Lee Stempniak ; Colin Wilson.

Remplaçant : Al Montoya (G). En réserve : Colin Stuart, Peter Harrold, Scott Clemmensen (G).

 

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