Canada - URSS (19 septembre 1974)

 

Deuxième match de la série du siècle 1974.

Blessé par l’amour filial ?

La deuxième rencontre se déroule sur la glace de Toronto, le Canada prend la partie en main et ouvre la marque avec un joli jeu de passes entre Gordie Howe, son fils Mark et Ralph Backstrom (1-0). Toutefois, le vétéran de 46 ans Gordie Howe ne revient pas en jeu après ce but, à cause d’une douleur au niveau des côtes. Les Canadiens dominent quand même totalement cette première période. Le jeune Sergei Kapustin prend deux pénalités pour obstruction et faire trébucher. Sur la première de ces supériorités numériques, le shoot puissant de la bleue d'André Lacroix fait mouche (2-0).

Dans le deuxième tiers, les Soviétiques décident de reprendre le jeu à leur compte. Mais sur une contre-attaque rapide, le duo Howe/Lacroix triple le score (3-0). Les joueurs russes sont dépassés par la vitesse de patinage et obligés de faire faute. Mike Walton est accroché par le dernier défenseur. Un tir de pénalité est sifflé mais Tretiak fait arrête le tir de Walton. Et cela ne s’arrange pas avec des pertes de palet russes en zone défensive qui permettent aux locaux de placer encore deux puissants tirs à la cage. Les Canadiens bombardent littéralement Tretiak, mais sans chercher à le faire sortir de sa position, ce qui permet au gardien russe de repousser les lancers même s’il consomme beaucoup d'énergie. Les rouges s’installent, enfin, à l’avant et un palet gagné dans le duel permet un puissant lancer qui va s’écraser dans la bande derrière la cage. Yakushev reprend directement le rebond (3-1). Ce but redonne des ailes aux Soviétiques qui terminent la période avec le plus d’intensité.

En troisième période, à 42’59, le Russe Vladimir Petrov prend son propre rebond et bat Gerry Cheevers au-dessus de son épaule avec un tir qui touche le haut du filet et de peu la barre transversale (photo de droite). Le juge de but Jack Schmidt allume la lumière rouge et la maintien allumée pendant une quinzaine de secondes mais le jeu continue. Le but supposé - et valable - a été refusé par l'arbitre Tom Brown. Cela n’empêche pas le Canada de continuer fortement vers l’avant. Mais Maltsev, parvient à effectuer un tour de cage et chute sans pouvoir rabattre le palet dans les filets (48’30). Dans les dix dernières minutes, à nouveau, le Canada remet en route et impose son pressing. Sur une pénalité contre Maltsev qui l'avait atteint au niveau du crâne, André Lacroix organise le jeu en fond de zone et sort le palet pour Jean-Claude Tremblay qui inscrit le quatrième but (4-1). Le powerplay des Canadiens a déjà marqué plus de buts (3) que leurs prédécesseurs de 1972 dans toute la série du siècle (2)...

Le Canada a gagné avec une équipe de stars vieillissantes et de joueurs sous-estimés qui commencent à croire qu'elle peut gagner la série. La chance est de leur côté, pensent-ils. Les meilleurs défenseurs russes Gusev et Vassiliev ont connu un très mauvais match en paraissant gênés par la petite taille de la glace et en ne se couvrant pas l'un l'autre derrière la cage.

Élus meilleurs joueurs du match : Gerry Cheevers pour le Canada et Vladislav Tretiak pour l'URSS.

Damien Kuster

Commentaires d'après-match

Boris Kulagin (entraîneur de l'URSS) : « Je ne pense pas que c’était un but contestable. Je pense que c’était un but incontestable. J’espère que cet arbitre n'officiera plus dans la série, mais ce sont des matches amicaux, donc n’en parlons plus. Ce n’est qu’un épisode du match car sur les soixante minutes, les Canadiens ont eu le meilleur sur nous. Ils n’ont presque pas fait d'erreurs. Le petit André Lacroix a joué un match exceptionnel. Seul Tretiak a tout fait pour que le score ne soit pas plus élevé. Gusev n’a pas joué en troisième période parce qu’il jouait un hockey médiocre. Je pense que notre tactique dans ce match était tout à fait correcte. Le malheur est que nos joueurs n’ont pas suivi le plan tactique. »

Vladislav Tretiak (gardien de l'URSS) : « Cette équipe représentant le Canada est bien meilleure que celle d'il y a deux ans. Il n'y a pas de comparaison. C'est une équipe qui se procure des breakaways. Dans ce match, je pense qu'ils ont eu dix contre-attaques à 2 contre 1. »

Gordie Howe (attaquant du Canada) : « Ce sont les Russes qui sont supposés faire ces actions comme sur le premier but. Je ne sais pas ce qui s’est passé ensuite. J'ai senti un pincement en regagnant le banc et ensuite je ne pouvais pas lever mon bras gauche. Je crois que j'ai bougé trop vite pour mon âge. »

Mark Howe (attaquant du Canada) : « Il m’a dit que c’est moi qui lui avait fait ça. Après le but, je suis allé l’enlacer brutalement, et il avait les bras en l’air. »

Billy Harris (entraîneur du Canada) : « Magnifique. Nous n’avons pas été aussi précis que lors du premier match, mais nous avons été plus courageux. La blessure de Gordie Howe a perturbé notre plan de jeu et rendu les choses plus difficiles pour les trois autres lignes. Mais Ralph et Mark ont fait un super job pour tuer les pénalités. Ils ont joué les trois infériorités suivantes et à chaque fois ils ont failli marquer. Il y a de fortes chances que McLeod soit dans les buts à Winnipeg et qu’il y ait d’autres changements aussi. Nous attendrons de voir si d’autres blessures surviennent du jour au lendemain, puis nous aviserons demain à Winnipeg. »

André Lacroix (attaquant du Canada) : « J’ai crié "dans les bandes". Les Russes ne parlent pas anglais, donc "Pie" (Johnny McKenzie) m'a passé le palet dans les bandes. À 2 contre 1, j'ai feinté la passe vers Bobby [Hull], le défenseur [Kuznetsov] a mis sa crosse sur la glace, j'ai feinté encore et, comme il y avait un risque que je manque mon tir, j'ai donné le palet à Bobby en sachant qu'il ne pourrait pas manquer. [...] Nous serons de mieux en mieux. Eux patinent depuis dix mois et nous, nous depuis deux semaines, donc ont sait qu’ils débutent dans de meilleures conditions. Mais nous allons nous améliorer encore. »

Canada - URSS 4-1 (2-0, 1-1, 1-0)
Jeudi 19 septembre 1974 au Maple Leaf Garden de Toronto. 16 485 spectateurs.
Arbitrage de Tom Brown (USA).
Pénalités : Canada 12' (4', 4', 4'), URSS 6' (4', 0', 2').
Tirs cadrés : Canada 33 (10, 16, 7), URSS 30 (13, 8, 9).

Évolution du score :
1-0 à 04'31" : Backstrom assisté de M. Howe et G. Howe
2-0 à 10'49" : Lacroix assisté de Tremblay et McKenzie (sup. num.)
3-0 à 22'50" : Hull assisté de Lacroix et McKenzie
3-1 à 33'09" : Yakushev assisté de Lebedev
4-1 à 57'03" : Tremblay assisté de Lacroix et Hull (sup. num.)
 

Canada

Attaquants :
Frank Mahovlich (4') - Serge Bernier - Réjean Houle
Bobby Hull - André Lacroix (2') - John McKenzie
Mark Howe - Ralph Backstrom - Gordie Howe
Paul Henderson - Mike Walton - Bruce MacGregor

Défenseurs :
Pat Stapleton - Jean-Claude Tremblay (2')
Paul Shmyr - Rick Smith (4')
Rick Ley - Brad Selwood

Gardien :
Gerry Cheevers

Remplaçant : Don McLeod (G). En réserve : Gilles Gratton (G), Marty Howe, Al Hamilton, Barry Long, Pat Price (D), Marc Tardif, Jim Harrison, Tom Webster, Wayne Dillon, Ron Chipperfield, Dennis Sobchuk (A).

URSS

Attaquants :
Valeri Kharlamov - Vladimir Petrov - Boris Mikhaïlov
Aleksandr Yakushev - Vladimir Shadrin - Yuri Lebedev
Aleksandr Bodunov - Vyacheslav Anisin - Aleksandr Maltsev (2')
Sergei Kapustin (4') - Vladimir Repnev - Sergei Kotov

Défenseurs :
Aleksandr Gusev - Valeri Vassiliev
Yuri Liapkin - Guennadi Tsygankov
Viktor Kuznetsov - Vladimir Lutchenko

Gardien :
Vladislav Tretiak

Remplaçant : Aleksandr Sidelnikov (G). En réserve : Vladimir Polupanov (G), Yuri Tyurin, Yuri Shatalov, Aleksandr Filippov, Yuri Fyodorov, Aleksandr Sapyolkin (D), Vladimir Vikulov, Viktor Shalimov, Vladimir Popov, Aleksandr Volchkov, Konstantin Klimov, Sergei Korotkov (A).

 

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