Canada - URSS (21 septembre 1974)

 

Troisième match de la série du siècle 1974.

Après une victoire convaincante, le Canada reçoit la troisème rencontre à Winnipeg. Billy Harris choisit de faire jouer tout le monde et met sur la glace Don McLeod devant les cages en lieu et place de Gerry Cheevers, mais aussi Jim Harrisson à la place de Mister Hockey (Gordie Howe). Ce choix est critiqué et Billy Harris répond de manière surprenante : « En 1972, le Canada DEVAIT gagner pour prouver la suprématie du hockey... mais ce n'est plus le cas. Le mythe a été brisé... C'est juste une série d'exhibitions entre les meilleurs du monde ! »

Dès l’entame du match, les Soviétiques se jettent sur le palet et impriment beaucoup de patinage mais Webster et Stapleton jouent à merveille le contre. Kharlamov leur répond avec une série de dribbles impressionnants pour entrer en zone offensive. En infériorité, les Canadiens produisent un jeu parfait, mais Maltsev, à la limite du hors-jeu de "deux lignes", part en échappée. Stapleton n’a pas d’autre choix de frapper l’attaquant avec sa crosse, pour arrêter le danger. L’arbitre siffle le penalty. Maltsev s’exécute, lève le palet mais McLeod fait l’arrêt.

Par la suite, l’URSS prend le jeu à son compte mais le Canada fait front et démontre beaucoup de puissance dans les duels pour stopper le danger. À l’avant, Serge Bernier est le plus dangereux dans ses échappées rapides. Et c’est sur une interception de passe dans la zone défensive des joueurs de l’Est que McGregor conclut une offensive en 2 contre 1 avec Paul Henderson (1-0) en infériorité numérique, alors que Rick Smith est en prison pour une charge avec la crosse. Les Soviétiques ont du répondant avec une sortie de zone d’école à l’issue d’une mise au jeu gagnée dans leur propre camp. Le jeu se poursuit et Yakushev hérite de la rondelle. Il fixe le gardien et décoche un tir du poignet en pleine lucarne (1-1). Les actions gagnent en vitesse et Walton est obligé de faucher son vis-à-vis qui partait à la cage.

Dès le début de la deuxième période, à peine la pénalité est-elle tuée par le Canada que les Soviétiques marquent sur une reprise de Boris Mikhaïlov, totalement seul devant la cage (1-2). L’URSS prend l’avantage au score et dans le jeu. L’équipe locale est en difficulté et Shrym fait faute par une lourde charge avec la crosse dans le dos pour stopper cette passe à dix soviétique. Mais défensivement, le Canada tient. Deux blocs s’affrontent, la solidité canadienne face au collectif russe. Bernier est en grande forme et entre en zone offensive, à pleine vitesse. Il laisse le palet sur une passe abandon à Tom Webster qui contourne Tretiak, sorti de sa cage (2-2).

Ce but galvanise le public déjà surchauffé et les Soviétiques sont acculés dans leur zone défensive. Mais c’est encore une faute stupide qui fait basculer la partie. McKenzie envoie un bourre pif et rejoint le banc des pénalités. En power-play, les rouges hallucinent les commentateurs avec un tic-tac-toe magistral et le palet finit au fond des cages (35’46 : 2-3). Sitôt l'engagement exécuté, les Soviétiques foncent à la cage. Maltsev tire depuis le cercle et fait mouche (35’55 : 2-4). La fin de tiers est totalement dominée par les joueurs de Kulagin qui gagnent des duels, augmentent leur présence en zone offensive et exercnte un gros pressing. Bref le Canada est au plus mal.

La pression continue sur la défense canadienne en troisième période. Devant la cage de McLeod, trois passes et un revers de la crosse en déviation de Yakushev permettent d’augmenter le score (48’35 : 2-5). Bernier réagit pour stopper l’hémorragie, fait un festival en zone offensive mais ne parvient pas à concrétiser. Tsygankov parvient même, d’un coup d’épaule, à faire mordre la glace à André Lacroix dans un duel à la bande. Bodunov enfonce le Canada avec une reprise dans un angle ultra-fermé au rebond d’un tir puissant (2-6). Yakushev envoie un tir rapide à mi-distance (51’27 : 2-7). Une partie du public, excédée, commence à quitter l’arena.

Mais l’esprit combatif canadien légendaire ne meurt pas. En supériorité, Paul Henderson entre en zone offensive à toute vitesse et tire en pleine course (3-7). Et c’est encore Henderson qui redonne espoir à tout un peuple avec sa reprise d’un rebond lâché par Tretiak (4-7). Le Canada patine fort et Bernier lance le palet à la cage tout en puissance. Tretiak ne peut saisir la rondelle et la relâche dans ses cages (5-7). C’est la folie dans la patinoire. Kulagin est obligé de réunir ses joueurs pour contrer la tempête. Mais la Canada mitraille la cage de Tretiak tous azimuts ! Et c’est Yuri Lebedev qui conclut ce match en stoppant cette furie offensive canadienne. Il s’échappe en solo le long de la bande, repique devant la cage en contournant Shmyr et place le palet entre le gardien et le poteau (5-8). Il s’agit du plus beau match que la série a présenté depuis le début.

Élus meilleurs joueurs du match : Paul Henderson pour le Canada et Aleksandr Yakushev pour l'URSS.

Damien Kuster

Commentaires d'après-match

Boris Kulagin (entraîneur de l'URSS) : « Nous sommes finalement acclimatés. Nous avons bien mieux joué et les Canadiens bien moins. Cette fois nous avons bien patiné et sommes restés dans un schéma de jeu plus strict. Nous avons accordé plus d’importance à la défense. J’ai dit aux joueurs, qu’il était grand temps de mieux jouer. »

Billy Harris (entraîneur du Canada) : « Je pense qu’avec la façon dont les Soviétiques ont joué, ils auraient probablement marqué sept ou huit buts contre Gerry [Cheevers]. Il se sentait fatigué, et a consenti ce changement pour ce match. Il a également été préoccupé par l’accident cardiaque de son beau-père [en tribune pendant le deuxième match]. Je pense qu’il y avait moins de pression à titulariser McLeod ce soir qu’à attendre le sixième ou le septième match à Moscou. J’ai parié et j’ai perdu. Mais le pire qui pouvait arriver est que la série revienne à égalité. Si je devais le refaire dans ces circonstances, je ferais exactement les mêmes changements. Il y a 26 hommes dans cette équipe et tous ont fait des sacrifices pour en faire partie. Il est juste que chacun d'entre eux ait le droit de jouer. L’équipe soviétique était la meilleure aujourd’hui et je n’ai pas trouvé notre équipe serait aussi précise et alerte que lors des deux premiers matchs. Ce troisième match en cinq jours a montré que l’équipe soviétique avait un avantage certain en matière de condition physique. Je pense que la surface de jeu de Winnipeg, avec plus d'espace dans les coins qui sont moins arrondis, a joué contre nous. »

Marty Howe (défenseur du Canada) : « J’ai découvert qu’on ne peut pas monter pour charger n’importe qui. J’ai tenu le numéro 11 [Lebedev] mais il a passé le palet derrière moi d’un petit flip et ils étaient partis [sur le 1-1]. »

Canada - URSS 5-8 (1-1, 1-3, 3-4)
Samedi 21 septembre 1974 à la Winnipeg Arena. 11 000 spectateurs.
Arbitrage de Viktor Dombrovski (URS) assisté de Sergei Gushchin (URS) et Jim Leblanc (CAN).
Pénalités : Canada 12' (6', 6', 0'), URSS 10' (0', 6', 4').
Tirs cadrés : Canada 33 (8, 14, 11), URSS 40 (11, 16, 13).

Évolution du score :
1-0 à 14'58" : McGregor assisté de Henderson (inf. num.)
1-1 à 17'25" : Yakushev assisté de Shadrin
1-2 à 21'23" : Mikhailov assisté de Petrov
2-2 à 32'40" : Webster assisté de Bernier et Tardif
2-3 à 35'14" : Vasiliev assisté de Mikhailov et Petrov (sup. num.)
2-4 à 35'41" : Maltsev assisté de Anisin
2-5 à 42'35" : Yakushev assisté de Shadrin
2-6 à 48'44" : Bodunov
2-7 à 51'27" : Yakushev
3-7 à 54'31" : Henderson
4-7 à 55'04" : Henderson assisté de Harrison et MacGregor
5-7 à 56'01" : Bernier assisté de Tardif et Stapleton
5-8 à 58'05" : Lebedev assisté de Lutchenko
 

Canada

Attaquants :
Bobby Hull - André Lacroix (2') - John McKenzie (4')
Mark Howe - Ralph Backstrom - Mike Walton (2')
Paul Henderson - Jim Harrison - Bruce MacGregor
Marc Tardif - Serge Bernier - Tom Webster

Défenseurs :
Pat Stapleton - Jean-Claude Tremblay
Paul Shmyr - Rick Smith (2')
Marty Howe - Al Hamilton (2')

Gardien :
Don McLeod puis Gilles Gratton à 58'56"

En réserve : Gerry Cheevers (G), Rick Ley, Brad Selwood, Barry Long, Pat Price (D), Gordie Howe, Frank Mahovlich, Réjean Houle, Wayne Dillon, Ron Chipperfield, Dennis Sobchuk (A).

URSS

Attaquants :
Valeri Kharlamov - Vladimir Petrov - Boris Mikhaïlov (C)
Aleksandr Yakushev - Vladimir Shadrin (2') - Yuri Lebedev (2')
Aleksandr Bodunov - Vyacheslav Anisin - Aleksandr Maltsev

Défenseurs :
Aleksandr Gusev - Valeri Vassiliev
Yuri Liapkin - Guennadi Tsygankov
Viktor Kuznetsov (4') - Vladimir Lutchenko (2')

Gardien :
Vladislav Tretiak

Remplaçant : Aleksandr Sidelnikov (G), Aleksandr Filippov (D), Viktor Shalimov, Aleksandr Volchkov (A). En réserve : Vladimir Polupanov (G), Yuri Tyurin, Yuri Shatalov, Yuri Fyodorov, Aleksandr Sapyolkin (D), Sergei Kapustin, Vladimir Repnev, Sergei Kotov, Vladimir Vikulov, Vladimir Popov, Konstantin Klimov, Sergei Korotkov (A).

 

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