URSS - Canada (5 octobre 1974)

 

Septième match de la série "WHA" de 1974.

Après un sixième match cataclysmique en matière de dureté et de désordre arbitral, c'est l'arbitre canadien Tom Brown qui officie pour ce septième match. Le Canada est décidé à remporter cette partie. Bobby Hull et Ralph Backstrom sont successivement seuls face à Tretiak mais ne parviennent pas à battre le portier. Mais, contre le cours du jeu, Vyacheslav Anisin ouvre la marque sur une reprise envoyée dans le trafic (1-0). Tretiak est à nouveau déterminant devant Hull, mais ce sont les Soviétiques qui ont la réussite pour eux. Après un palet gagné derrière la cage, Tyurin reprend le puck dans le slot (2-0).

Passé ce bon départ des Canadiens sans réussite, les rouges prennent le contrôle de la partie et monopolisent la rondelle. Les Canadiens ne lâchent rien et parviennent à desserrer l'étau. Les tirs se multiplient sur la cage soviétiques et l'effort est récompensé par un gros travail autour de la cage. En trois passes, Tom Webster conclut sur une belle passe d'André Lacroix (2-1).

Dans le deuxième tiers-temps, les Canadiens reviennent dans la partie avec un débordement magistral de Mark Howe qui repique vers la cage et trompe Tretiak d'un palet placé du revers (2-2). Les joueurs à la feuille d'érable sont déchaînés et il en faut peu pour que le Canada prenne l'avantage. Mais Tretiak est intraitable. Il se couche sur un tir à bout portant de Bernier. La pression continue, pourtant, et Tretiak est soumis à forte opposition. Le Canada prend l'ascendant sur le jeu et sur son adversaire. La pression engendre une faute, un coup de coude infligé par Lutchenko, et Mark Howe transforme ce jeu de puissance en déviant un tir de Jean-Claude Tremblay (2-3).

La situation prend le même chemin, en sens inverse, avec une crosse haute de Stapleton lors d'une infiltration rapide de Kharlamov. Aleksandr Gusev envoie un puissant lancer lointain pendant le power-play (3-3). L'URSS termine fort et donne une leçon de hockey avec un jeu de passes conclues par Mikhaïlov au second poteau (4-3). En à peine une minute les Soviétiques ont égalisé et pris l'avantage.

En troisième période, l'URSS privilégie la gestion du match. Mais le Canada redouble de dynamisme face à un jeu défensif serré sur le porteur du palet. McKenzie est prêt de marquer sans l'intervention incroyable de Tretiak. Ce n'est que partie remise car le revers de Backstrom, à mi-distance trompe le fantastique gardien soviétique (4-4).

Les rouges jouent la montre et souhaitent maintenir le match nul synonyme de victoire dans la série, avec de nombreux blocks physiques sur les joueurs canadiens. Howe a pourtant une première fois le palet de la victoire à 2'50 de la fin du match. À bout portant, Tretiak est encore déterminant. S'ensuit une période de confusion avec des problèmes incessants de chronométrages que Gerry Cheevers condamne en se déplaçant, lui-même, à la table de marque. Le sixième attaquant, Paul Henderson, entre en jeu et la pression sur les buts soviétiques est irrespirable. Bobby Hull dévie le puck devant le gardien pour la victoire. La lumière rouge s'allume pour valider le but mais le temps règlementaire est théoriquement passé sans que la lumière verte de fin de partie ne s'allume.

Ce match se poursuit non plus sur la glace mais en dehors. Car officiellement le score se termine à 4-4. Mais le système de gestion de la table de marque, de fabrication finlandaise à 250 000 dollars l'unité, a été conçu selon les normes olympiques et internationales pour l'occasion. De plus la lumière rouge n'aurait pu s'allumer pour valider le but si le temps imparti était écoulé. Où est le problème ? Mystère ! Les dirigeants officiels soviétiques ont été obligés de déclarer qu'il n'y a pas eu effectivement de synchronisation des deux voyants rouge et vert et que les dixièmes de secondes ne fonctionnaient pas sur ce match.

Bill Hunter, le manager général du Team Canada demande à être reçu en audience par les officiels de la fédération du hockey soviétique en menaçant de ne pas jouer le dernier match. Sans résultat, car il n'obtient ni le droit de revisionner la fin de partie ni le gain du match. Au même moment se déroule la conférence de presse des entraineurs avec Billy Harris au bord des larmes.

Il est très dommageable que cette partie se soit terminée ainsi. Ce match sept a été le plus flamboyant et sérieux depuis le début des rencontres à Moscou. L'arbitre a démontré de grandes qualités pour tenir la rencontre. Le Canada a proposé un jeu offensif de grande qualité. Tretiak a été impérial et a permis à son équipe de tenir la dragée haute aux attaquants canadiens comme Hull, Backstrom, Bernier et Webster.

Élus meilleurs joueurs du match : Valeri Kharlamov pour l'URSS et Ralph Backstrom pour le Canada.

Damien Kuster

Commentaires d'après-match (dans la Montreal Gazette)

Boris Kulagin (entraîneur de l'URSS) : « J'ai entendu le coup de sifflet final et fait stopper mes joueurs. Ils se sont tous arrêtés pour me montrer leur discipline. »

Billy Harris (entraîneur du Canada) : « C'était la première fois qu'ils ne comptaient pas en dixième de secondes. Il restait des dixièmes de secondes. C'est la seule raison pour que le voyant rouge s'allume. Je le sais. Les Soviétiques ont protesté contre une décision de chronométrage en basket-ball aux Jeux olympiques de Munich contre les États-Unis. Ils ont gagné le match et la médaille d'or. J'espère qu'ils feront la même chose pour nous. »

Al Hamilton (défenseur du Canada) : « C'est une excellente équipe de hockey et ils n'ont pas besoin de recourir à ce genre de choses pour gagner. »

Gerry Cheevers (gardien du Canada) : « J'ai vu quatre secondes s'écouler après le coup de sifflet et l'arrêt du jeu. Je regardais le chronomètre car je savais quand je devais sortir pour l'attaquant supplémentaire. »

Tom Brown (arbitre du match) : « Je suis allé au banc des chronométreurs, j'ai chassé Cheevers de là et j'ai pris l'interprète. J'ai demandé au chronométreur ce qui s'était passé et lui ai demandé de remettre ces deux secondes. Pas une personne n'est venue vers moi et ne m'a dit que c'était plus de deux secondes. Personne ne m'a contredit. [...] Il n'y avait pas but. Je regardais à la fois le palet et l'horloge. Le palet était dans le coin avec deux secondes à jouer. Il est sorti à une seconde de la fin et l'action s'est déroulée après la fin du match. Le juge presse le bouton rouge quand le palet rentre, et il est rentré, mais il ne fait aucun doute dans mon esprit que le match est fini. Je ne sais pas pourquoi la lumière s'est allumée, je suppose que les lumières ne sont pas synchronisées. L'arbitre est conscient du temps dans une situation critique. J'étais au-dessus du filet, dans une position parfaite. J'ai demandé aux deux juges de ligne ce qu'ils avaient vu et ils m'ont tous deux confirmé que le temps était écoulé. »

URSS - Canada 4-4 (2-1, 2-2, 0-1)
Samedi 5 octobre 1974 à 18h00 à la Luzhniki Arena de Moscou. 16 000 spectateurs.
Arbitrage de Tom Brown (CAN) assisté de Jim Leblanc (CAN) et Sergei Gushchin (URS).
Pénalités : URSS 4' (0', 4', 0'), Canada 2' (0', 2', 0').
Tirs cadrés : URSS 21 (9, 8, 4), Canada 32 (9, 15, 8).

Évolution du score :
1-0 à 01'34" : Anisin assisté de Lutchenko
2-0 à 06'47" : Tyurin assisté de Lebedev et Yakushev
2-1 à 17'42" : Webster assisté de Lacroix
2-2 à 22'55" : Backstrom assisté de G. Howe et Mark Howe
2-3 à 26'38" : Mark Howe assisté de Tremblay et Backstrom (sup. num.)
3-3 à 27'20" : Gusev assisté de Petrov et Kharlamov (sup. num.)
4-3 à 27'59" : Mikhaïlov assisté de Petrov et Kharlamov
4-4 à 46'38" : Backstrom assisté de Tremblay
 

URSS

Attaquants :
Valeri Kharlamov - Vladimir Petrov - Boris Mikhaïlov (C)
Aleksandr Yakushev - Vladimir Shadrin - Yuri Lebedev
Aleksandr Maltsev (2') - Vyacheslav Anisin - Vladimir Vikulov
Sergei Kapustin - Aleksandr Bodunov - Sergei Kotov

Défenseurs :
Aleksandr Gusev - Valeri Vassiliev
Yuri Shatalov - Guennadi Tsygankov
Vladimir Lutchenko (2') - Yuri Tyurin

Gardien :
Vladislav Tretiak

Remplaçant : Aleksandr Sidelnikov (G). En réserve : Vladimir Polupanov (G), Viktor Kuznetsov, Yuri Liapkin (D), Konstantin Klimov, Viktor Shalimov, Vladimir Popov (A).

Canada

Attaquants :
Bobby Hull - André Lacroix - John McKenzie
Mark Howe - Ralph Backstrom - Gordie Howe
Marc Tardif - Serge Bernier - Réjean Houle
Paul Henderson - Jim Harrison - Tom Webster

Défenseurs :
Pat Stapleton (2') - Al Hamilton
Jean-Claude Tremblay - Rick Ley
Paul Shmyr - Rick Smith

Gardien :
Gerry Cheevers

Remplaçant : Don McLeod (G). En réserve : Gilles Gratton (G), Marty Howe, Brad Selwood, Barry Long, Pat Price (D), Frank Mahovlich, Bruce MacGregor, Mike Walton, Wayne Dillon, Ron Chipperfield, Dennis Sobchuk (A).

 

Retour aux matches internationaux