Top/Flop : février 2004

 

ì Pardubice (TCH)

Pardubice a une telle avance dans l'Extraliga tchèque que, depuis deux mois, il se permet de la gérer sans forcer, en lâchant des points de ci de là, ou encore en laissant au repos certains de ses internationaux (Blazek, Divíšek et la ligne Prucha-Koukal-Kolár pour les Tchèques, mais aussi Tomaz Razingar pour la Slovénie) pour les ménager lorsqu'ils reviennent d'une compétition avec l'équipe nationale. Combien d'autres clubs en Europe pourraient se le permettre ? Combien d'autres clubs conjuguent autant domination sportive et succès populaire ? Pardubice joue ses rencontres à guichets fermés devant 8200 spectateurs de moyenne, alors que la deuxième meilleure affluence du pays est celle de son futur adversaire en quart de finale, Plzen, avec 5881 personnes. Cette montée en puissance de Pardubice n'est pas chose nouvelle, et d'habitude, c'est plutôt au moment des play-offs que ça coince. Mais l'équipe dispose cette fois-ci d'un atout supplémentaire, Jirí Dopita, le prince de Nagano, qui amène son tempérament de gagneur. Cette fois-ci sera-t-elle la bonne ? Un sondage effectué par le site internet du hockey tchèque a donné 51% de oui et 49% de non. Faites vos jeux...

ì Lada Togliatti (RUS)

Prenez n'importe quel gardien, placez-le dans la cage du Lada Togliatti, et il deviendra une vedette. Voilà ce qui se dit en Russie, et le pire, c'est qu'il y a là un fond de vérité. Tous ceux qui se sont succédé à ce poste ont enregistré des performances impressionnantes... qu'ils n'ont pas réédité par ailleurs. Si l'on considère les gardiens des années passées, Mike Fountain n'a pas convaincu cette saison en DEL, et Maksim Mikhaïlovsky n'est que la doublure de Salficky au CSKA. Pourtant, quand Jean-François Labbé est rentré au Canada pour raisons personnelles en décembre, beaucoup de gens, qui regardent un peu trop les statistiques, prédisaient que le Lada Togliatti s'effondrerait, que ce portier était la clé de son succès et la révélation de la saison, etc. En plus, trouver un gardien à cette période de l'année n'est pas si facile. Mais Vitkovice a accepté de prêter Jiri Trvaj pour la fin de saison. Ses premières sorties ont été difficiles et critiquées, ravivant les regrets du départ de Labbé, mais ce n'était qu'une période d'adaptation. Avec le système ultra-défensif de Piotr Vorobiev, le gardien est forcément mis en valeur, et un bon spécialiste de l'Extraliga tchèque comme Trvaj finirait forcément par y trouver ses aises lui aussi. Effectivement, il a mis moins de deux mois à se faire un nom en Russie... en battant le record d'invincibilité du championnat, établi il y a quatre ans par Vitali Eremeïev du Dynamo. Après quatre blanchissages d'affilée, il n'a cédé qu'à un quart d'heure de la fin contre Omsk (pour un total de 305'56" sans prendre de but), sur un but litigieux de son compatriote Pavel Patera, qui l'a ostensiblement gêné. Le Lada, qui s'est fait rejoindre de 2-0 à 2-2 dans ce match, a d'ailleurs déposé une protestation images à l'appui (bien que l'arbitre ait consulté la vidéo après le but avant de l'accorder assez rapidement). Il est vrai que marquer un but contre Togliatti, c'est louche. Les choses sont revenues à la normale deux jours plus tard quand le Lada a fait 0-0 contre le Khimik, son troisième 0-0 en trois semaines ! Il est clair que le jeu de l'équipe de Piotr Vorobiev est une insulte au spectateur et à l'amateur de hockey, mais elle est deuxième au classement, elle n'a pas perdu depuis un mois et demi, et personne, vraiment personne, n'a envie de se retrouver face à elle en play-offs.

 

î Kloten (SUI)

Depuis de longues semaines, quatre clubs (Ambrì, Zoug, Fribourg et Kloten) étaient à la lutte pour les trois dernières places en play-offs de LNA. Il y aurait forcément un malheureux à l'arrivée, et ce fut Kloten. Le club entraîné par Vladimir Yurzinov, qui effectue un formidable travail de formateur et amène de nombreux juniors suisses au plus haut niveau, ne mérite sans doute pas cela, d'autant qu'il a été accablé par les blessures cette saison. Il a notamment perdu en décembre son gardien Tobias Stephan, âgé de vingt ans mais déjà excellent, et l'a alors remplacé par l'autre international junior suisse, Daniel Manzato. Mais celui-ci a découvert la différence entre la Ligue Junior Majeur du Québec, où il brille, et la LNA suisse en encaissant sept buts dès son premier match, à Davos. Dans ces circonstances difficiles, cela fait plusieurs mois que Yurzinov, qui a vécu une saison éreintante, annonce qu'il ne poursuivra sans doute pas sa politique de formation, tellement la pression du résultat à court terme est importante. C'est tout le hockey sur glace suisse qui pourrait y perdre. Pour ne rien arranger, Kloten enregistre un déficit de 1,6 millions de francs suisses (soit environ un million d'euros) sur cette saison. Il faut dire qu'il avait budgétisé les 420000 francs du transfert programmé de sa vedette Martin Plüss, mais que celui-ci partira finalement en Elitserien suédoise (à Västra Frölunda), suivant l'exemple d'autres joueurs suisses avant lui comme Gerber et Jenni. Dans le cas d'un transfert à l'étranger, Kloten aura toujours la licence de Plüss quand il reviendra au pays, mais cela lui fera une belle jambe, car il ne touchera pas un sou dans l'immédiat pour remplir ses caisses. La "méthode Guy Roux" (former de bons joueurs et les vendre ensuite) ayant montré ses limites, voilà un club suisse de plus qui va devoir se serrer la ceinture.

î Pelicans Lahti (FIN)

La patinoire située dans l'ombre du tremplin de saut à skis de Lahti n'est pas prête de revoir la lumière. Il y a deux ans, elle était encore un déplacement redouté pour les clubs de SM-liiga. Mais aujourd'hui, gagner chez les Pelicans est devenu une tâche facile. Complètement décroché au classement, le club a fait partir tous ses meilleurs joueurs, et a tenté de compenser maigrement en obtenant les jeunes attaquants Olli Korkeavuori et Harri Suutarinen en échange du gardien Mikko Rämö, ce qui ne pouvait évidemment pas arranger les affaires d'une équipe déjà très expérimentée. La seule ligue fermée parmi les grands championnats européens a été conçue, selon ses partisans, pour que les clubs puissent mener une politique économique sûre sur plusieurs années sans menace de relégation. Malheureusement, la neutralisation du "risque sportif" inhérent à la compétition n'a pas fait disparaître les risques financiers. Maintenus durablement de manière artificielle dans une élite où il ne pouvait plus suivre, les Pelicans de Lahti ont déclenché une procédure de faillite.

 

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