Canada - Lettonie (7 mai 2009)

 

Quart de finale des championnats du monde 2009.

La Lettonie avec les honneurs

Après le 11-0 de 2006 à Riga et le 7-0 de 2008 à Halifax, la Lettonie va essayer de mieux tenir aujourd'hui face au Canada pour faire honneur à sa qualification en quart de finale. Cette confrontation s'annonce totalement déséquilibrée, et les Baltes n'auront pas même leurs supporters, qui se payent le voyage pour les premiers tours mais se font rares pour les phases finales plus aléatoires. En plus, leur seul attaquant de NHL Martins Karsums, logiquement le plus à même d'affronter les Canadiens, est blessé. Plutôt que de lancer le jeune Jekimovs, Olegs Znaroks préfère aligner un défenseur rompu au jeu nord-américain - Bartulis - sur la quatrième ligne offensive.

On sait ce qui avait coûté le carton de 2006, les pénalités. Avec 44% de réussite cette année, le powerplay canadien est toujours la principale menace. Même si les arbitres ne sont pas décidés à tout siffler, il est difficile pour les joueurs baltes de ne pas être tenté de faire trébucher un joueur plus rapide. La faute de Georgijs Pujacs après quatre minutes est trop évidente pour ne pas être sanctionnée, mais la Lettonie défend bien l'entrée de sa zone, ce qui ne peut que lui donner confiance.

On attendait un Canada décidé à assommer son adversaire, et on découvre au contraire un favori qui peine à entrer dans le match. Il passe ses nerfs sur des juges de ligne qui ne font que siffler des hors-jeu évidents, traduisant la difficulté des rouges à franchir l'organisation défensive adverse. Les tirs sont équilibrés pendant plus d'un quart d'heure. Le seul domaine où les Canadiens tiennent leurs rangs, c'est qu'ils sont toujours dominants dans les duels. Ils inspirent encore de la crainte à leur adversaire, ce qui est un élément essentiel pour eux de leur supériorité physique et psychologique. La Lettonie reste donc timorée offensivement, notamment pendant une prison de Zajac, mais elle est très bien en place défensivement.

À une minute et demie de la fin du premier tiers, la solide conservation de palet de Steve Stamkos provoque un accrochage de Sotnieks, et le Canada hausse enfin le ton pendant cette deuxième supériorité numérique. Il multiplie les lancers, avec Shea Weber en artificier en chef à la ligne bleue, mais n'arrive toujours pas à se rendre maître du slot adverse. Du moins pas légalement : Stamkos se fait sanctionner pour une obstruction sur Galvins.

La première brèche dans le dispositif letton survient après 24 minutes de jeu, quand Mike Fisher - photo de gauche face à Ankipans - part en échappée, mais son tir est repoussé par un Edgars Masalskis toujours solide. La deuxième brèche suit trois minuts plus tard, quand Shea Weber voit Derek Roy frapper la glace, tout seul à gauche à la ligne bleue. Celui-ci peut déborder et servir le pur buteur Dany Heatley, qui réapparaît comme toujours quand il s'agit de marquer un but, souvent important. Celui-là l'est énormément (1-0).

Une fois menée au score, la Lettonie doit en effet se découvrir un peu, et l'effet est immédiat. C'est d'abord une situation de 2 contre 1, malgré une infériorité numérique, de Martin Saint-Louis et de Travis Zajac, dont le faible revers n'inquiète pas le gardien. Saint-Louis lance un nouveau contre et fait se coucher Masalskis, sans pouvoir conclure. Comme face aux Américains au premier match, la Lettonie s'essouffle à mi-parcours et peine de plus en plus à résister. Il suffit d'une pénalité, une obstruction de Sotnieks, pour qu'elle craque, sur un tir de la bleue de Dan Hamhuis (2-0). Masalskis est très malheureux là-dessus car cet étrange palet a rebondi juste devant lui et fusé au-dessus de sa jambière !

Herberts Vasiljevs accroche Heatley, puis Mikelis Redlihs se rend coupable d'un cinglage. Le Canada joue donc à 5 contre 3, mais Lindy Ruff n'est pas satisfait de ce qu'il voit et utilise son temps mort. Il renvoie alors les mêmes joueurs sur la glace, les quatre attaquants-vedettes et le meilleur défenseur Shea Weber. Pourtant, ce dernier se fait voler le palet dans la bande par Guntis Galvins, qui donne à Vasiljevs pour un 2 contre 1. Le joueur de Krefeld rend le palet entre les cercles à son arrière, qui trompe Chris Mason d'un tir croisé à mi-hauteur (2-1).

Le Canada, toujours en avantage d'un homme, change de ligne et ne se pose pas de question. Dan Hamhuis entre en zone et prend un lancer, puis Steven Stamkos prend le rebond sur le côté, ce que Masalskis reproche à sa défense (3-1). La frayeur aura duré 17 secondes...

Les fins de période semblent difficiles pour la Lettonie. Scottie Upshall se présente seul devant le gardien et essaie de le feinter, en vain. À la dernière minute, Darzins prend le palet à Lombardi après l'avoir accroché, discute excessivement sa pénalité et se prend une méconduite en plus. Il va donc manquer pendant douze minutes, alors que c'était lui qui remplaçait Karsums sur le premier trio. Un problème supplémentaire pour Znaroks, qui va en profiter pour passer à trois lignes au troisième tiers, en laissant Bartulis et Sirokovs sur le banc.

Au retour sur la glace, la pénalité est tuée et la Lettonie marque aussitôt après. Herberts Vasiljevs prend un tir direct lointain en profitant de l'écran de Sirokovs (3-2). Le palet perdu en zone offensive par Chris Phillips donne même un 2 contre 1 à Mikelis Redlihs et Guntis Dzerins, mais le premier nommé ne peut s'empêcher de jouer la passe, pourtant anticipée par le défenseur, et non le tir. Sur l'action suivante, le Canada reprend alors deux buts d'avance grâce à un exploit individuel de Matthew Lombardi. Il met Krisjanis Redlihs à genoux d'une bonne feinte et file au nez et à la barbe de Skrastins pour s'infiltrer jusqu'au but (4-2).

Le Canada s'est remis à l'abri. Même la pénalité de Phillips ne l'ennuie plus, Weber se couchant devant le seul lancer dangereux. La Lettonie a le mérite de se lancer à l'offensive et de tout faire pour revenir, sans laisser de place à la prudence ou aux regrets. Lorsque Heatley part en prison à cinq minutes de la fin, Olegs Znaroks demande son temps mort et ose sortir son gardien pour jouer à 6 contre 4. Les blancs travaillent dans la bande, et la crosse de Vlasic atteint un joueur balte au visage. On joue donc maintenant à 6 contre 3. Le palet circule bien, Cipruss récupère le palet dans le slot, mais son tir est bloqué par Mason. Masalskis retourne alors à sa cage, par méfiance avant la sortie de prison de Heatley.

Les pénalités sont finies mais Olegs Sorokins fonce encore sur un palet en fond de zone.. Son casque vole sur une charge à la tête de Dan Hamhuis, et Znaroks ressort son gardien pour jouer de nouveau à 6 contre 4. Le Canada ne s'embarrasse pas et profite de l'infériorité pour dégager tous les palets et faire défiler la chronomètre. Lombardi, qui tente le dribble de trop, manque la cage vide tout comme Saint-Louis - photo de gauche - qui tire à l'extérieur des filets.

Comme les autres favoris russes hier, les Canadiens se sont qualifiés petitement, sans faire un match plein et sans avoir joué à un très grand rythme. Cela ne les a pas empêchés de tirer 48 fois au but, une de moins que la Finlande hier (les statisticiens suisses seraient-ils plus généreux que les autres années sur la définition d'un tir cadré ?). L'avantage pour le Canada est qu'il s'est certainement économisé pour sa demi-finale de demain soir, alors que Suédois et Tchèques devront batailler ce soir pour avoir le droit de l'affronter.

Coup de chapeau en tout cas à la Lettonie qui n'a pas vécu la gifle redoutée et qui aura lutté jusqu'au bout, en jouant quatre minutes sans gardien. Alors qu'elle craque si souvent en troisième période, elle y a cette fois produit son meilleur hockey pour essayer de revenir. Elle sort vraiment avec les honneurs de ce championnat du monde plein de promesses pour elle. Après ce match, même les Canadiens ne lui font plus peur, et une barrière psychologique importante semble être tombée.

Désignés joueurs du match : Derek Roy pour le Canada et Martins Cipulis pour la Lettonie.

Les trois meilleurs joueurs lettons du tournoi : Edgars Masalskis, Karlis Skrastins et Aleksandrs Nizivijs.

Compte-rendu signé Marc Branchu / photos Francis Larrède

 

Commentaires d'après-match

Lindy Ruff (entraîneur du Canada) : "Ils se sont bien positionnés en première période avec un bon gardien. Ils ont senti qu'ils pouvaient rivaliser dans ce match. Steve Stamkos est vraiment un bon joueur, on l'a sentir venir dans les 30 derniers matches de la saison de NHL. Ici, il a développé une bonne alchimie avec Martin St-Louis. Il est où il faut quand il faut et marque au bon moment. Avant le tournoi, quelqu'un m'a dit de ne pas être déçu de gagner parfois 4-2 ou 3-2. Il y a des matches serrés et il y a des équipes qui jouent défensivement et ne concèdent pas beaucoup d'occasions."

Dany Heatley (attaquant du Canada) : "Contre la Finlande, nous avions réussi à prendre un point et à obtenir l'adversaire que nous voulions en quart de finale. Bien sûr, plus on s'approche de la finale, plus il y a de résistance. Les Lettons ont une grande équipe. Beaucoup de ses joueurs pourraient jouer en NHL. Ils ont fait tous les efforts pour nous battre. Nous avons répondu et gagné. Il faudra être un peu plus agressifs et affamés dès le début de match. Je pense qu'une finale contre la Russie est inévitable."

 

Canada - Lettonie 4-2 (0-0, 3-1, 1-1)

Jeudi 7 mai 2009 à 16h15 à Berne. 8042 spectateurs.

Arbitrage de Danny Kurmann (SUI) et Peter Orszag (SVK) assistés d'Andryi Kicha (UKR) et Yuri Oskirko (RUS).

Pénalités : Canada 26' (4', 2', 10'+10'), Lettonie 24' (4', 8'+10', 2').

Tirs cadrés : Canada 48 (16, 22, 10), Lettonie 23 (8, 4, 11).

Évolution du score :

1-0 à 26'37" : Heatley assisté de Roy et Weber

2-0 à 34'03" : Hamhuis assisté de Stamkos et Doughty (sup. num.)

2-1 à 37'30" : Galvins assisté de Vasiljevs (inf. num.)

3-1 à 37'47" : Stamkos assisté de Hamhuis (sup. num.)

3-2 à 41'27" : Vasiljevs assisté de Nizivijs et Sirokovs

4-2 à 43'07" : Lombardi assisté d'Armstrong et Coburn

 

Canada

Gardien : Chris Mason.

Défenseurs : Shea Weber (A) - Dan Hamhuis ; Marc-Edouard Vlasic - Braydon Coburn ; Chris Phillips - Drew Doughty.

Attaquants : Derek Roy - Jason Spezza - Dany Heatley (A) ; Shane Doan (C) - Steven Stamkos - Martin St Louis ; Shawn Horcoff - Travis Zajac - Mike Fisher ; Scottie Upshall - Matthew Lombardi - Colby Armstrong.

Remplaçants : Dwayne Roloson (G), Luke Schenn, Joel Kwiatkowski. Absents : James Neal (œil), Ian White (douleurs au cou), Josh Harding (G).

Lettonie

Gardien : Edgars Masalskis [sort de 54'53" à 56'05" et de 57'38" à 60'00"].

Défenseurs : Karlis Skrastins (C) - Krisjanis Redlihs ; Georgijs Pujacs - Guntis Galvins ; Rodrigo Lavins (A) - Kristaps Sotnieks ; Olegs Sorokins - Aleksandrs Jerofejevs.

Attaquants : Girts Ankipans - Janis Sprukts - Lauris Darzins ; Aleksandrs Nizivijs - Herberts Vasiljevs (A) - Martins Cipulis ; Mikelis Redlihs - Armands Berzins - Guntis Dzerins ; Aleksejs Sirokovs - Aigars Cipruss - Oskars Bartulis.

Remplaçant : Sergejs Naumovs (G). Absents : Martins Karsums (cuisse), Roberts Jekimovs (en réserve), Dmitrijs Zabotinskis (G).

 

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