Présentation des Mondiaux juniors 2008

 

Pardubice et Liberec accueillent cette édition annuelle du plus grand tournoi junior de la planète. Du 26 décembre au 5 janvier, les meilleurs moins de 20 ans du monde s'affrontent en République Tchèque. Si le tournoi éveille surtout un engouement très important au Canada, avec forte couverture médiatique, notamment sur TSN (les matches sont tout de même diffusés sur Eurosport2 de ce côté de l'Atlantique), il prend petit à petit dans certains pays européens, à un niveau encore très modeste. Triple champion, le Canada visera la passe de quatre après avoir survolé les précédentes éditions. Tour d'horizon des différents prétendants.

 

 

Groupe A

Le Canada aligne comme d'habitude un effectif impressionnant sur le papier, mené par le même homme que l'an dernier, Craig Hartsburg. Pourtant, la NHL a prélevé sa dîme habituelle : Sam Gagner (EDM), Milan Lucic (BOS) et David Perron (STL) n'ont pas été libérés. Après un tournoi facilement dominé l'an passé (à l'exception d'une demi-finale mythique face aux États-Unis), les joueurs à la feuille d'érable ont étrillé la Russie en septembre (7 victoires et 1 nul) lors de la Super Série junior. 16 des 22 joueurs sélectionnés faisaient partie de cette aventure.

Dans les cages, Steve Mason (CBJ) et Jonathan Bernier (LAK) constituaient des choix logiques après avoir commencé la saison en NHL. Ils éliminaient de fait Leland Irving (CGY), pourtant médaillé d'or l'an passé. La défense a été rajeunie, car seul Karl Alzner (WSH) était présent en Suède. Il aura autour de lui le grand espoir 2008 Drew Doughty, solide défenseur aux qualités offensives certaines, ainsi que Thomas Hickey (LAK), spectaculaire avec Seattle en ligue de l'Ouest cette saison. Luke Schenn (2008) et Logan Pyett (DET) joueront le rôle défensif, Josh Godfrey (WSH) apportant pour sa part un slap surpuissant. PK Subban (MTL) a créé la surprise en décrochant le 7e poste, apportant sa mobilité et son franc parler, aux dépens de joueurs plus cotés comme Wishart et Ellerby.

L'attaque, même privée de trois professionnels, dispose encore d'atouts non négligeables. Le protégé de Wayne Gretzky, Kyle Turris (PHX), avait fait très mal aux Russes. Il sera accompagné du meilleur marqueur québécois, Claude Giroux (PHI), et du capitaine Brad Marchand (BOS), déjà présent l'an passé. Deux jeunes nés en 1990 font aussi les gros titres. Steven Stamkos et John Tavares, qui avait inscrit 72 buts l'an dernier en OHL, battant le record de Gretsky, pourraient être les deux prochains n°1 des drafts NHL. À leurs côtés, Shawn Matthias (FLO) et Matt Halischuk (NJ) apporteront un mélange de physique et de qualité de passe. Le jeu défensif en infériorité sera l'apanage des excellents Brandon Sutter (CAR), Stefan Legein (CBJ) et Colton Gillies (MIN). Au final, l'une des plus jeunes moyennes d'âge jamais envoyée par le Canada, mais comme toujours prétendante au titre.

 

Privée de podium depuis dix ans, la Suède cherchera à bonifier le bronze obtenu en moins de 18 ans au printemps dernier. Pour ce faire, l'équipe sélectionnée s'appuiera sur son gardien Jhonas Enroth (BUF), solide avec Södertälje en Elitserien dans une formation de bas de tableau. Enroth est de plus en plus souvent aligné, aux dépens de Bjurling, et a même compté une sélection nationale senior en novembre.

La défense s'appuiera sur une valeur montante : le "géant" Victor Hedman, 1m98 et 100 kg, particulièrement surveillé par les recruteurs de la NHL qui voient en lui un clone de Chris Pronger. Né en 1990, Hedman sera accompagné à l'arrière par Niclas Andersen (LAK) et quelques joueurs au niveau un peu inconnu.

En attaque, les jaunes et bleus ne s'appuient pas cette saison sur un joueur majeur, comme ont pu l'être par le passé Bergfors ou Niklas Bäckström, ce dernier évoluant désormais à Washington. Le seul joueur que l'on pourrait considérer comme meneur serait sans doute Patrik Berglund, qui évolue en Allsvenskan, après avoir disputé le camp des Blues de St. Louis et décliné une offre en AHL. Berglund domine la seconde division suédoise depuis deux ans, mais, après avoir un peu raté la fin de saison dernière, il a choisi un coach mental, Anders Nilsson, pour gagner en régularité.

On trouvera d'autres joueurs de niveau intéressant, comme Mikael Backlund (CGY) et Oscar Möller (LAK), l'un des meilleurs marqueurs de la ligue de l'Ouest au Canada sous les couleurs de Chilliwack. Parmi les autres noms à surveiller, Robin Figren (NYI), Mario Kempe (2008) et Carl Hagelin (NYR), qui évoluent tous les trois en Amérique, ce dernier à l'université du Michigan. L'autre attraction, c'est la sélection de Magnus Svensson-Pääjärvi (2009). L'espoir de Timrå n'a certes que 16 ans, mais a déjà développé un fort beau gabarit pour son âge et est considéré mûr, ce qui en fait le plus jeune Suédois de l'histoire à un Mondial des moins de 20 ans.

 

Reléguée en moins de 18 ans au printemps dernier, la République Tchèque est en crise à l'heure d'accueillir le Mondial junior. Les jeunes, partis par vagues disputer les championnats de junior majeur au Canada, font défaut en Extraliga, un championnat dominé par des anciennes gloires. On ne peut pas vraiment dire que cet exode massif ait porté ses fruits, bien peu de jeunes parvenant à atteindre le haut niveau par la suite.

De plus, les deux meneurs offensifs prévus seront absents sur blessure. Vladimir Ruzicka (PHX), qui évolue au Slavia Prague sous les ordres de son père, s'est cassé le pouce lors d'un match d'Extraliga contre Pardubice, alors que Michal Repik (FLO), qui a remporté la coupe Mémorial l'an dernier avec les Vancouver Giants (WHL), souffre d'un tympan percé après une méchante charge de Dane Crowley.

Malgré tout, il reste des joueurs de talent. Tout d'abord, les deux gardiens sont d'un excellent niveau. Michal Neuvirth (WSH) impressionne dans l'Ontario, de même que Jakub Kovar (PHI). La défense tournera autour de Jiri Suchy, déjà présent l'an passé. Martin Parysek et Jan Piskacek seront d'autres éléments à surveiller, de même que Michal Jordan, le benjamin de l'équipe né en 1990.

C'est surtout en attaque que les Tchèques peuvent briller. On trouve en effet Michael Frolik (FLO) pour son 4e tournoi, accompagné de Jakub Voracek (CBJ), particulièrement brillant au camp NHL comme en ligue du Québec. Enfin, Martin Latal (PHX) parait également capable de finir les actions. Le duo Frolik-Voracek sera donc très sollicité et décisif pour les ambitions du pays organisateur.

 

Comme son voisin tchèque, la Slovaquie est à la peine dans les rangs juniors ces dernières années. Le maintien, en moins de 20 comme en moins de 18, se fait de plus en plus souvent à l'arrachée, et l'exode régulier de ses jeunes au Canada n'aide pas à créer une cohésion.

Pour tenter d'enrayer ce déclin, la fédération a pris le problème à bras le corps. L'équipe nationale des moins de 20 ans joue désormais toute l'année au sein de l'Extraliga ! Si les matches sont hors compétition, il n'en reste pas moins très intéressant d'aligner ses meilleurs jeunes face aux stars du championnat comme Zigmund Palffy ou Robert Dome. L'idée vient de Suisse, où les jeunes affrontent des équipes de LNB, mais cette fois-ci la marche - directement dans l'élite nationale - est bien haute. Au menu, des formations senior plutôt copieuses, d'où le bilan modeste : une seule victoire dans le temps réglementaire, deux matches poussés aux tirs au but (pour un succès et un échec). Toutefois les scores sont de moins en moins humiliants. Les meilleurs marqueurs Marek Slovak et Erik Caladi n'ont récolté que 9 et 8 points en 22 matches, mais l'intérêt est surtout de préparer un effectif stable pour ce tournoi. Le jeu défensif a ainsi nettement progressé et les deux portiers Tomas Hiadlovsky et Julius Hudacek, régulièrement bombardés, sont prêts pour les joutes de leur catégorie d'âge.

Dans un groupe plutôt copieux, cette équipe nationale s'est vue augmentée de six joueurs venus du Canada : Marek Bino en défense, Patrick Lusnak et Julius Sinkovic (déjà présents l'an dernier), Tomas Marcinko (NYI), Ivan Rohac et David Skokan (NYR) en attaque...

 

Pour sa première participation à ce niveau, le Danemark n'a pas hérité d'un groupe facile ! Toutefois, c'est une belle récompense pour le hockey danois, 22e mondial au début des années 2000 et désormais candidat régulier au top-10. L'équipe du coach canadien Ken Babey est très jeune, avec une majorité de joueurs nés en 1989, a priori la meilleure année. Encore faut-il lui permettre de jouer en élite quand elle sera à maturité. Cela passe par le maintien.

On trouve même deux joueurs nés en 1991, le défenseur Simon Grønvaldt et l'attaquant Sebastian Svendsen,... Ce dernier évolue en Suède, à Frölunda, ainsi que le mobile défenseur Philip Larsen, déjà sous l'œil des recruteurs NHL pour la prochaine draft après des performances spectaculaires. Il a en effet fait ses débuts en Elitserien, avec 13 matches disputés cette saison avant d'être prêté à Borås en Allsvenskan. Deux attaquants sont également de très haut niveau : Lars Eller, choisi en 13e par Saint-Louis en juin dernier et qui est également prêté par Frölunda à Borås, et Mikkel Bødker, qui brille pour les Kitchener Rangers dans l'Ontario. Ces valeurs montantes pourraient peut-être permettre au Danemark de créer la surprise et de faire tomber un gros...

L'inquiétude vient du poste de gardien. Sebastian Dahm, qui brille dans l'Ontario, n'est plus éligible car il est né en 1987. Ses successeurs Frederik et Chistian Moeller Andersen n'ont jamais joué en élite danoise, uniquement en juniors ou dans la plus faible division 1.

 

 

Groupe B

Finaliste l'an dernier, la Russie a pris une "claque" sévère lors de la Super Série junior en septembre dernier. Avec 7 défaites et un nul, Sergei Nemchinov a essuyé des critiques acerbes sur ses qualités tactiques : il devra faire mieux dans ce tournoi. Pour le reste, les qualités russes sont toujours là : vitesse, physique, technique... Seuls manquent la capacité à adopter un rôle précis dans l'équipe et un gardien meilleur. À ce petit jeu, la non-sélection de Semion Varlamov (WSH), grand espoir à ce poste, peut surprendre. Même si le gardien de Yaroslavl fut très décevant en septembre, il joue régulièrement en Superliga et a même été listé comme troisième gardien réserviste de l'équipe nationale senior cette saison. Pourtant, il n'a même pas fait partie des trois gardiens du camp de préparation des moins de 20 ans ! Un choix que Nemchinov justifie avec ces termes sibyllins : il souhaite des joueurs "plus stables"... Une manière de marquer son territoire, peut-être.

Quoi qu'il en soit, l'entraîneur des gardiens a changé depuis septembre : Andrei Karpin, du Severstal, vient rendre service puisque l'entraîneur habituel Mikhaïl Shtalenkov n'a pas été libéré par le Dynamo. Dans ces conditions, on pensait que Sergei Gayduchenko (FLO) serait propulsé n°1 après une tournée canadienne réussie à des sélections all-stars de junior majeur : il sera n°3 et restera à la maison, laissant la place à Bobrovsky et Galimov. Ils seront aidés en défense par Vyacheslav Voinov, qui avait surnagé lors de la Super Série et sera passé au microscope des recruteurs NHL.

Présents aussi, les deux joueurs draftés par les Rangers de New York : Aleksei Cherepanov bien sûr, la star offensive de l'Avangard Omsk un peu en difficulté cette saison, ainsi qu'Artem Anisimov, invisible en septembre mais qui joue plutôt bien en AHL à Hartford. Nemchinov a surpris en faisant appel à deux nouveaux joueurs nés en 1990, les attaquants du CSKA Nikita Filatov et Dmitry Kugryshev, sans expérience du haut niveau. Deux des meneurs offensifs sont absents : Aleksandr Vasyunov (NJ) est blessé et Ilya Kablukov (VAN) a été bloqué en Russie... parce que son passeport est périmé. Son club, le CSKA, ne s'était pas occupé de le faire renouveler. Cette génération 1988 semblerait presque déjà vouée à l'oubli. Mais le talent est souvent là chez les Russes, et il serait dangereux de les sous-estimer.

 

Les États-Unis font des progrès énormes ces dernières années et leurs résultats s'en ressentent. Indéboulonnables des podiums en moins de 18 ans, ils n'ont pourtant que deux médailles récentes en moins de 20 ans, l'or en 2004 et le bronze l'an passé, après de nombreux échecs en demi-finales. Cette fois-ci, c'est la génération dorée de 2006 chez les 18 ans qui jouera pour récidiver à l'échelon supérieur, emmenée par un nouvel entraîneur, John Hines.

Malheureusement, les deux stars de l'équipe sont trop fortes pour les rangs juniors et brillent déjà de milles feux en NHL : Patrick Kane, 18 ans, mène Chicago en points, alors qu'à l'arrière Erik Johnson accumule les minutes avec les Blues de St-Louis. Là où ces absences auraient coûté cher il y a quelques années, le réservoir est désormais suffisamment étoffé pour compenser. Une pléiade de joueurs de haut niveau, quasiment tous issus du fameux programme de sélection basé à Ann Arbour dans le Michigan, tenteront de venger l'échec aux tirs au but face au Canada il y a un an. Parmi eux, on compte James Van Riemsdyk (PHI), n°2 de la dernière draft, et meilleur marqueur au printemps dernier, un grand gabarit difficile à bouger qui est l'une des rares satisfactions de l'université du New Hampshire cette année. Il aura à ses côtés Kyle Okposo, qui a quitté les Gophers du Minnesota pour passer pro mi-décembre, signant avec les Islanders de New York.

Blake Geoffrion (NSH), petit-fils du légendaire "Boom-Boom", pionnier du slap-shot, fait aussi partie des sélectionnés : c'est l'un des quatre espoirs de Nashville de l'équipe, avec le rugueux Ryan Flynn, le défenseur offensif Jon Blum, champion junior avec les Vancouver Giants l'an dernier, et le gardien Jeremy Smith. On retrouvera le duo des Denver Pionneers, Rhett Rakhshani (NYI), le passeur, brillant au camp de préparation cet été, et Tyler Ruegsegger (TOR), le finisseur.

En défense, des joueurs d'expérience, comme Jamie McBain (CAR), Brian Strait (PIT) et Chris Summers (PHX), ou des meneurs d'hommes, comme Kevin Shattenkirk (COL), capitaine de la sélection des 18 ans médaillée d'argent au printemps dernier. Le très offensif Bobby Sanguinetti (NYR) animera le jeu de puissance. Les cages seront gardées par Jeremy Smith (NSH), l'un des rares joueurs évoluant au Canada, et Joe Palmer (CHI).

Deux jeunes seront à suivre : Colin Wilson, brillant au printemps dernier dans la catégorie inférieure, et le petit Jordan Schroeder, buteur vedette du programme de développement. Toutes les armes paraissent présentes pour que la troupe de John Hynes réalise une bonne performance.

 

Habituée des podiums, la Finlande demeure traditionnellement une équipe difficile à manier. L'an passé, une sélection de grands gabarits avait déçu. Cette année l'effectif sélectionné ne sort pas du lot et ne présente pas de grosses vedettes mais elle devrait jouer un rôle d'outsider.

Un des atouts sera son nouvel entraîneur. Jukka Rautakorpi dispose d'une solide réputation de maître tacticien dans son pays. En fer de lance, le gardien Riku Helenius, 1er choix de Tampa Bay en 2006 avant de connaître une saison presque blanche après une opération à l'épaule, aura un rôle clé. Il lui faudra toutefois reprendre les angles des grandes glaces puisqu'il évolue cette saison à Seattle (WHL). Curieusement, Mika Järvinen n'a pas été retenu, malgré une dizaine de matches de SM-Liiga avec KalPa. C'est Harri Sateri, le troisième gardien de Tappara Tampere, qui a reçu le rôle de second.

La défense comporte des éléments peu connus, autour de Joonas Lehtivuori (PHI), défenseur offensif vedette d'Ilves (16 pts en 31 matches), et Joonas Jarvinen. C'est en attaque que l'on trouvera les éléments les plus prestigieux. Deux d'entre eux évoluent en junior aux États-Unis : Siim Liivik et surtout Jan-Mikael Juutilainen (Waterloo, USHL, CHI). Un troisième attaquant évolue au Canada, en la personne de Juuso Puustinen (CGY). Dans cette formation, cet apport "nord-américain" est plutôt rare. Parmi les autres joueurs à suivre, citons Niclas Lucenius, le grand espoir de Tappara (TB), ou encore Max Warn (DAL). Enfin, Joonas Kemppainen est sorti du lot lors de la préparation et pourrait être une révélation.

 

Cela fait cinq ans que la Suisse conserve sa tête en élite de justesse, sans parvenir à intégrer le top-6. Il lui faudra réussir un exploit dans son premier match contrez la Finlande pour que cette édition déroge à la règle. Elle l'espère avec un des effectifs helvètes les plus denses jamais alignés dans cette catégorie.

Tout d'abord, les Suisses alignent toujours d'excellents gardiens. Lukas Flueler et Robert Mayer, ce dernier évoluant au Québec, se partageront les cages, le tout jeune Benjamin Conz, né en 1991, étant là pour apprendre. Surtout, la défense est renforcée par un vrai meneur. Le capitaine Yannick Weber (MTL) est tout simplement l'un des défenseurs vedettes dans l'Ontario, dans une équipe des Kitchener Rangers dominante cette saison. Avec 36 pts en 31 matches, dont 15 buts, il aura un rôle majeur en supériorité numérique ! Àses côtés, deux jeunes de 17 ans tenteront de démontrer que leur potentiel est conforme aux attentes : Lukas Stoop, de Davos, et surtout Roman Josi. Contrairement à la plupart des jeunes de son âge, il n'est pas prêté en LNB, mais évolue sur la 2e ligne du leader du championnat suisse, SC Berne, aux côtés du vétéran NHL Nathan Dempsey. Une expérience énorme et des responsabilités dans toutes les situations de jeu assez rares pour un joueur si jeune.

Une défense solide donc, mais une attaque qui n'est pas non plus dénuée de talent. En fer de lance, Arnaud Jacquemet, le buteur des Kootenay Ice (WHL), ainsi que Denis Hollenstein (Guelph Storm, OHL). Aurelio Lemm, Gaétan Augsburger et Gregory Sciaroni font aussi partie des buteurs possibles. Autre nom connu, celui d'Andrei Bykov, fils du légendaire attaquant russe de Fribourg-Gotteron, Vyacheslav Bykov. La Suisse a une carte à jouer, mais dans un Mondial si difficile, il ne faudra pas rater le moindre match.

 

Lors des premières années suivant la chute de l'URSS, l'Ukraine et le Kazakhstan avaient réussi des entrées remarquées en championnat du monde junior : la première avait battu deux fois les États-Unis en 1995 et 1996, le second s'était carrément offert le scalp du Canada en 1998. On n'est sans doute pas près de revoir à ce niveau un hockey ukrainien en crise, qui continue de perdre des joueurs vers la Russie (le gardien "russe" Gaiduchenko, finalement est ainsi originaire de Kiev), dont ils adoptent le passeport dans l'espoir d'une meilleure carrière.

C'est le contraire pour le Kazakhstan, qui garde ses joueurs et parvient même à en piquer à son grand voisin. En plus de ses propres clubs, la république d'Asie Centrale se fournit à l'occasion chez le Metallurg Novokuznetsk, club sibérien qui n'est situé qu'à 500 km de sa frontière. C'était déjà le cas avec un certain Ivan Poloshkov, l'athlétique gardien qui a fait tant de misères à Grenoble en Coupe Continentale. C'est encore le cas avec Kirill Kitsyn, le fils du défenseur et ex-international junior russe Aleksei Kitsyn. C'est surtout son frère cadet qui est connu : Maksim Kitsyn, très convoité par de grands clubs à même pas seize ans, ne risque pas pour sa part d'échapper à la Russie. L'aîné Kistyn, par contre, court le risque de connaître le même sort que Poloshkov : être obligé de s'expatrier au Kazakhstan quand il sera senior parce qu'il sera considéré comme étranger dans son pays. Cette règle devrait certes devenir caduque avec le projet de nouvelle ligue "ouverte" en Russie, mais elle pourrait ressurgir tant l'évolution des règlements dans ce pays est fluctuante et imprévisible.

Le Kazakhstan est l'invité-mystère de la compétition. Des joueurs inconnus (sauf par les équipes battues l'an passé en division I comme la France), des recruteurs qui s'y déplacent peu souvent... Mais la promotion est là, et l'équipe est bien décidée à se battre jusqu'au bout. Parmi les joueurs à suivre, citons Evgeny Gasnikov, vu comme un joueur complet, le rapide Yevgeny Rymarev, ou encore Yakov Vorobyov, meilleur marqueur des moins de 18 ans au printemps dernier. La tradition de gardiens est ancienne (citons Nabokov, Eremeev, Kolesnik) : Mikhail Smolnikov et Sergej Rudolf devaient avoir beaucoup de travail. Globalement il s'agit d'un effectif assez jeune. En défense, Konstantin Fast, Alexandr Gerassimov, qui a joué un an en Amérique, devraient accumuler les minutes. Dans l'ensemble, pas vraiment de joueur "exceptionnel", capable de faire la différence sur un tournoi... L'ascenseur paraît la conclusion logique de la quinzaine. Mais attention, ces inconnus ont déjà battus des Danois plus cotés en match de préparation.

Nicolas Leborgne

 

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