Allemagne 2012/13 : bilan

 

Les résultats du championnat allemand

 

La fédération allemande, qui n'avait plus en charge l'organisation d'aucun championnat, essaie de reprendre progressivement le contrôle. Elle n'avait cette saison que l'Oberliga sud (la troisième division), elle aura l'an prochain le nord (l'ouest et l'est restant affiliés aux ligues régionales). Mais ce très lent processus se heurte aux ambitions contraires des clubs de 2e Bundesliga, qui veulent conserver leur autonomie. Ils ont même enterré la hache de guerre avec la DEL et envisagent de se renommer "DEL II" pour matérialiser leur statut professionnel et espérer ainsi que soit remise en place une promotion/relégation avec l'élite.

La position des clubs s'est radicalisée en raison du comportement de la fédération, qui a préféré la menace au dialogue. Ils sont allés au bout de leur chemin, en risquant l'isolement et le bannissement qui met en danger toute planification. Mais la fédération n'est pas dans une position plus confortable : elle a perdu le combat de l'opinion à force de privilégier l'autoritarisme pour venir à ses fins. Une longue bataille judiciaire s'engage et risque une fois de plus de polluer tout l'été.

 

Les clubs de DEL

 

Berlin (1er) : toujours champion à la fin

Certains journalistes berlinois se sont étonnés que les Eisbären parviennent encore à être champions alors que leur équipe leur apparaît moins forte chaque année. Ce n'est vraiment pas un compliment à l'adresse des autres clubs ! Si autrefois les Berlinois s'appuyaient sur des joueurs étrangers au-dessus du lot, ce n'est plus le cas aujourd'hui.

Bien sûr, Daniel Brière et Claude Giroux sont arrivés pendant le lock-out NHL, mais les deux superstars ont plus servi d'artistes pour le spectacle que d'ancrage durable. Les deux joueurs de Philadelphie étaient eux-mêmes surpris de la liberté offensive totale qu'on leur donnait. Ils ont été recrutés car l'opportunité était trop belle, même dans une équipe qui avait besoin de défenseurs et absolument pas d'attaquants. "Les meilleurs doivent jouer", telle a été la maxime appliquée par Don Jackson à Berlin. On préférait faire jouer un attaquant à l'arrière que de sacrifier un pro surnuméraire devant. Totalement déséquilibrés vers l'avant jusqu'à l'arrivée du joker et sixième défenseur Ryan Caldwell fin janvier, les Eisbären sont devenus de loin la meilleure attaque de DEL, même s'ils n'étaient que la dixième défense.

Normalement, une équipe avec un pareil bilan n'a pas un profil de champion. Elle était restée toujours loin derrière Mannheim et Cologne, et n'avait jamais réussi à enchaîner trois victoires à 3 points (avant prolongation) de suite. Elle n'était plus considérée comme favorite. Mais en play-offs, Berlin a bénéficié de l'expérience de la victoire, qui s'est diffusée à toute l'équipe au fil des ans, même après les retraites de Felski et Ustorf. Autour du nouveau capitaine André Rankel, la génération 1985 a pris le pouvoir, celle qui a connu les 7 titres en 9 ans avec Frank Hördler en assurance tous risques défensive. Son plus jeune collègue Constantin Braun a tenu la ligne bleue avec une saison exceptionnelle, sauf en qualification olympique où ses déclarations ont agacé et motivé l'Autriche.

Avec cinq titres de champion d'Allemagne, Don Jackson égale Hardy Nilsson. Un seul entraîneur a été plus titré dans l'histoire, Markus Egen à Füssen (7 fois). Pourtant, le club, qui veut faire des économies, n'a pas proposé d'augmentation à Jackson, qui a signé pour une meilleure perspective financière (et non sportive).à Salzbourg, où il succèdera à son ami Pierre Pagé comme à Berlin à l'époque.

 

Cologne (2e) : l'apport suédois

En deux ans, Uwe Krupp a ranimé la passion endormie entre Cologne et son équipe de hockey. L'affluence de la Kölnarena a gagné 1 700 spectateurs et a dépassé les 12 000, au niveau d'autrefois. La recette appliquée par Krupp sous la conduite de Thomas Eichin (le manager dont le travail a été si remarqué qu'il a été recruté dans son sport d'origine, l'impérial football) a été simple : une année pour regagner la confiance avec une équipe jeune et dynamique, et une année pour gagner avec des recrutements ciblés.

L'apport suédois a été capital. Le centre Andreas Falk a remporté les mises au jeu importantes pour priver de palet les meilleures lignes adverses. Daniel Tjärnqvist a construit la relance avec sa vision du jeu. Et surtout, son partenaire Andreas Holmqvist a été l'arme fatale du powerplay avec son lourd lancer, au point d'être le premier défenseur élu joueur de l'année depuis seize ans et... Roger Öhman, le seul autre Suédois à avoir reçu cette mention.

Cologne a donc eu l'équipe la plus solide du championnat. Le gardien Danny aus den Birken a terminé avec les meilleures stats de la DEL, pendant que sa doublure Youri Ziffzer terminait sous les 90% et avec seulement 6 victoires en 16 rencontres, ce qui a coûté in extremis la première place en saison régulière. La défense a été impressionnante à l'instar de Torsten Ankert, qui a fini avec une fiche totale de +19 (alors que les arrières suédois étaient négatifs) et qui a convaincu jusqu'en équipe nationale. Le poste de centre était fourni avec Falk, l'offensif Felix Schütz, le physique Charlie Stephens et l'international slovène Rok Ticar, qui a flotté entre les lignes comme à Krefeld mais n'a pas bronché de mener une quatrième ligne pour laquelle il est surdimensionné.

Il manquait cependant un gros ailier marqueur, ce que n'a pas résolu le joker Marco Sturm, qui a mis du temps à se remettre au jeu. En finale, le nouveau favori Cologne s'est donc incliné devant un Berlin plus réaliste.

 

Krefeld (3e) : deux renforts providentiels

Le lock-out NHL fut une bénédiction pour Krefeld qui a pu faire revenir, presque gratuitement, le défenseur-vedette Christian Ehrhoff. Certains ont même crié à la concurrence faussée par ce renfort, un comble quand un club accueille simplement un joueur qu'il a formé ! Ceux-là voudraient sans doute que seul le budget décide, un classement dans lequel Krefeld était 12e sur 14.

Avec la contribution - y compris psychologique - d'Ehrhoff, Krefeld a enchaîné 14 victoires en 15 journées jusqu'à finir l'année en première position, pour quelques jours. Mais avec le retour en NHL de la star, les Pinguine commencèrent une dégringolade. Plus personne ne comptait sur eux. Pourtant, ils se sont redressés à la troisième place avec quelques jokers.

Le poste de second gardien, d'habitude inutile puisque Scott Langkow ne quittait jamais la glace, est devenu d'actualité quand le vétéran canadien a dû passer dix jours à l'infirmerie et a été confié au Tchèque Tomas Duba. La décision s'est avérée providentielle puisque Langkow s'est blessé de nouveau au début de play-offs. Duba a parfaitement pris le relais et a gagné le poste de titulaire pour l'an prochain.

Les Pinguine ont bénéficié du retour en grande forme de l'inséparable duo composé du maître à jouer Herberts Vasiljevs et du combatif Boris Blank. Les deux hommes sont performants quand ils jouent ensemble, quel que soit leur centre : en prenant le poste pendant la blessure de Daniel Pietta, puis en le conservant, Andreas Driendl s'est révélé cette saison. Mais la deuxième ligne canadienne, déjà privée de l'étonnant renfort automnal Adam Courchaine (dont la DEL ne voulait plus), a perdu le trapu Mark Voakes.

Avec deux défenseurs également blessés (Josh Meyers et Dusan Milo), l'équipe rhénane, qui avait gagné en profondeur, était vraiment trop diminuée pour rivaliser avec Berlin en demi-finale.

 

Wolfsburg (4e) : la remontée fantastique

Une infirmerie bien remplie et la méforme des joueurs-clés ont collé l'habité du haut de tableau Wolfsburg au fond du classement, avec jusqu'à 14 points de retard sur la zone des play-offs. Avec un seul renfort automnal, le décevant Justin Mercier, la solution ne pourrait pas venir de l'extérieur, mais de l'intérieur de l'équipe.

Les cadres allemands comme le gardien Daniar Dshunussow, le défenseur international Benedikt Kohl et l'ancien joueur de l'année Kai Hospelt ont su élever leur niveau après avoir connu un déchet inhabituel dans la première moitié de la saison. Quant à Matt Dzieduszycki, revenu d'une commotion cérébrale, il a marqué avec régularité et a dominé le classement des buteurs de DEL avec ses 31 filets. Wolfsburg a ainsi pu décrocher l'ultime place qualificative à la toute dernière journée.

Après cette incroyable course-poursuite, Wolfsburg n'avait plus rien à perdre et devenait très dangereux en play-offs. Après Nuremberg, ce sont les Aigles de Mannheim qui se sont esquinté les serres sur la carapace de la tortue Wolfsburg, parfaitement préparée tactiquement par Pavel Gross. Le dixième de la saison régulière n'avait jamais passé le premier tour : il est allé cette fois jusqu'en demi-finale. Même s'il n'y a rien eu à faire contre Cologne, cette remontée fantastique laissera de grands souvenirs.

 

Mannheim (5e) : un échec aussi brutal qu'inattendu

La joie de Wolfsburg était à la hauteur de la désillusion de Mannheim, dont les supporters commençaient déjà à égrener les dix victoires nécessaires jusqu'au titre, mais qui a été battu dès le quart de finale au meilleur des sept manches (4 victoires à 2). Personne ne s'attendait à un tel échec. Les trois précédentes fois où les Adler avaient remporté la saison régulière, ils avaient fini champions.

On se gratte la tête pour trouver, a posteriori, les signes avant-coureurs. Une saison est rarement parfaite, mais les fausses notes ont été rares. Les passagers temporaires du lock-out n'ont pas vraiment perturbé le vestiaire : la meilleure preuve est que Florian Kettemer, qui avait perdu sa place en défense avant de jouer les utilités en attaque pour pallier des blessures, n'a jamais perdu le moral. Il a même été le meilleur arrière des play-offs avec un Jamie Sifers toujours solide et physique dans sa zone.

Mais les meneurs de passage ont fait oublier que Mannheim n'a pas trouvé de vrai leader offensif dans les moments importants. Les renforts étrangers n'ont inscrit que deux buts dans ce quart de finale (un pour Yanick Lehoux et un pour Ken Magowan) et ils ont laissé la contribution offensive majeure à des jeunes joueurs comme Frank Mauer ou Matthias Plachta. Quant au pur finisseur Mike Glumac, il a fini ces play-offs à zéro pointé, conclusion logique d'un powerplay en berne qui lui fournissait jusqu'alors la majorité de ses palets. L'apport de la ligne bleue était aussi notoirement insuffisant car Doug Janik n'aura jamais fait oublier son prédécesseur Chris Lee.

Les dirigeants ont maintenu leur confiance en Harold Kreis, critiqué pour n'avoir pas trouvé de solution tactique, mais ils veulent mieux profiler l'équipe avec des étrangers moins nombreux qui doivent prendre leurs responsabilités.

 

Hambourg (6e) : cet article n'est plus sur le marché

Les deux dernières années ont été semées d'incertitudes sur les bords de l'Elbe : d'abord, les Freezers ont été déclarés en vente pour quelques mois, et cette saison, c'est la branche "Entertainment" du groupe Anschutz qui était mise sur le marché. On expliquait alors que les héritiers ne s'intéressaient pas au sport comme le vieux patriarche (toujours vivant pour l'instant). On parle là de salles et d'équipes professionnelles d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, valorisé sans doute à un moment idéal après la victoire en Coupe Stanley des Los Angeles Kings, le fleuron du groupe. Quelques mois plus tard, nouvelle rétractation : l'annonce ne cherchait qu'à sonder le marché. Difficile de distinguer dans cette stratégie d'entreprise la part d'intention et de manipulation.

Hambourg a cessé de s'en préoccuper, surtout que la saison fut sportivement moins chaotique que d'habitude. La recrue majeure en défense, Mathieu Roy, s'est avérée excellente dans son patinage et ses relances. La ligne-surprise de l'an passé a confirmé et même encore progressé pour devenir dominante : l'engagement physique de David Wolf, le sens du jeu de Garrett Festerling et le tir du poignet de Jerome Flaake restent complémentaires. Malheureusement, les vétérans nord-américains n'étaient pas aussi constants qu'eux.

L'objectif affiché, la qualification directe en quart de finale, est restée parfaitement dans la ligne de mire. La seule fois où les Freezers menaçaient de sortir du top-6, fin octobre, le joker NHL Jamie Benn les a amenés sur le bon cap en tournant à un point par match. Hambourg a donc fini cinquième à égalité de points avec le "cousin" du groupe Anschutz, les Eisbären de Berlin. Cette lutte fratricide mais tendue fut perdue comme toujours, avec un but encaissé dont on ne saura jamais s'il est rentré ou non avant la sirène, car la DEL ne synchronise pas ses ralentis vidéo avec le chronomètre officiel. Une fois de plus, le métier des Berlinois a fait la différence, surtout que le jeu de puissance des Freezers, leur gros point faible, a fini bredouille.

 

Ingolstadt (7e) : on ajoute des muscles et on coupe les têtes (de coach)

Le manager Jim Boni a construit cette saison une équipe plus à son goût, c'est-à-dire bien plus rugueuse. Cette irascibilité, sur la glace comme à l'entraînement, a compliqué la tâche du coach Rich Chernomaz, qui a perdu un peu le contrôle de son vestiaire. Juste avant le Nouvel An, Boni l'a donc démis de ses fonctions malgré une sixième place pas catastrophique. Il souhaitait recruter Mark Mahon, mais le sélectionneur du Japon ne pouvait rompre son engagement à cette période de l'année. Boni a donc confié l'équipe par intérim à l'adjoint Rick Nasheim et à l'entraîneur des juniors Petr Bares, tout en suivant lui-même la situation de près.

Le staff ainsi renouvelé n'a pas connu une fin de saison facile en raison de nombreuses blessures. L'arrivée du joker Robert Sabolic fut providentielle, puisqu'il fut élu meilleur joueur de février pour son premier mois en DEL.

Le quart de finale contre Krefeld s'annonçait jouable avec le retour sur pied de Thomas Greilinger, puis en cours de série des très physiques Tim Conboy et Sean O'Connor. Ingolstadt avait réussi à entraîner Krefeld vers un style de jeu rude qui convient mieux aux panthères qu'aux pingouins. En plus, l'infériorité numérique, talon d'Achille gênant pour une équipe prétendant à un jeu rugueux, était enfin devenue solide.

Ingolstadt a donc cru pouvoir renverser la série, via également un changement de gardien et l'avènement tardif de Markus Janka. Mais celui-ci peine à enchaîner les performances et n'a jamais vraiment prouvé sa capacité à succéder au vétéran Ian Gordon dont la retraite était programmée. C'est sur une douloureuse défaite 2-7 qu'Ingolstadt a achevé une saison finalement moins bonne que les précédentes, malgré les espoirs nés en préparation.

 

Straubing (8e) : une progression sur un fil

Il était presque impossible de rééditer la demi-finale de 2012, mais Straubing a bien enchaîné en accédant à un quart de finale. La progression continue du club se confirme d'année en année. Pour preuve, l'affluence en saison régulière a dépassé pour la première fois les 5 000 spectateurs de moyenne. Une performance pour une ville de moins de 45 000 habitants, la plus petite de la DEL.

Les Tigers ont su employer au mieux leurs moyens. Ils ont déniché une pépite, le petit Blaine Down, qui forme un duo techniquement doué avec Tyler Beechey. Le reste de l'équipe est constitué de profils combattants, qui ne lâchent rien. Selon un sondage réalisé auprès des hockeyeurs de DEL, les deux adversaires les plus énervants sont deux joueurs de Straubing : Karl Stewart et Laurent Meunier.

Straubing a pris un certain risque en dépensant sa dernière licence d'étranger dès la fin octobre, pour le revenant Matt Hussey... qui s'est montré bien loin du niveau de l'an passé. Il n'y avait plus de recours en cas de pépin. Heureusement, il y eut peu de blessures importantes, et surtout aucune de Jason Bacashihua, le seul gardien à avoir joué toute la saison régulière (la doublure Jan Guryca rentrera 22 minutes en play-offs).

Mais dès le début des séries, les absences se sont accumulées : Carsen Germyn et les défenseurs Grant Lewis, Calvin Elfring et René Kramer. Impossible dans ces conditions d'espérer rivaliser avec Cologne en quart de finale. L'entraîneur Dan Ratushny en a conclu qu'il faudrait améliorer la profondeur de banc. Ce ne sera pas facile puisque cela implique d'attirer des cadres allemands dans le petit club de Basse-Bavière.

 

Nuremberg (9e) : l'ambitieux impatient

L'entrepreneur en bijouterie Thomas Sabo avait investi pour faire de ses "Ice Tigers" l'équipe de la saison. Plusieurs joueurs bien cotés dans la ligue avaient été recrutés, en même temps qu'un entraîneur adepte du forechecking, Dave Tomlinson. Mais déjà confronté à plusieurs blessures de longue durée en attaque (Kaufmann, Buzas, Aab), Tomlinson s'est aussi heurté à certains réfractaires, en premier lieu Éric Chouinard, dont la mauvaise volonté était visible dans les semaines précédant le changement d'entraîneur.

Tomlinson a donc été renvoyé en décembre, alors que Nuremberg était seulement dixième. Un des entraîneurs les plus prestigieux d'Europe, l'ancien sélectionneur suédois Bengt-Åke Gustafsson, a alors été chargé d'appliquer un système plus défensif : l'effet fut immédiat avec 7 victoires en 10 journées. La dixième fut une consécration; une victoire 4-3 sur Berlin dans un match en plein air devant 50 000 personnes, le grand projet de Thomas Sabo parfaitement mené à bien.

Mais beaucoup de joueurs importants (Jame Pollock, Ryan Bayda, Yan Stastny) restaient inconstants, et les Ice Tigers sont donc retombés dans leurs travers. Ils sont même brièvement descendus en onzième position avant de piquer un dernier sprint avec le second gardien Andreas Jenike dans la cage car le titulaire Tyler Weiman était blessé. Ouf ! Septième : l'essentiel était sauf.

Il ne restait plus qu'à battre le dixième en barrages, le septième s'étant toujours qualifié jusqu'ici. Le manager Lorenz Funk avait déjà préparé la prolongation de contrat de Gustafsson, l'homme qui pourrait accompagner les ambitions de Nuremberg pour longtemps. Patatras : les deux défaites contre Wolfsburg, après une première manche remportée, éliminaient prématurément les Ice Tigers mais provoquaient surtout l'agacement de Thomas Sabo, qui gelait les projets en cours. Sabo décidait finalement de se séparer à la fois de l'entraîneur et de Funk, qui lui préexistait et ne partageait pas forcément ses points de vue. S'étant positionné en seul décideur, le bouillant patron devra dorénavant montrer sa capacité à déléguer et à construire à long terme, après avoir consommé deux entraîneurs par ses impatiences.

 

Augsbourg (10e) : frustrants pré-playoffs

Augsbourg montre toujours comment on peut être compétitif avec un petit budget et en se faisant prendre des joueurs dès qu'ils réussissent. Les choix de Larry Mitchell restent judicieux. Le gardien Tyler Weiman, happé par Nuremberg, y a connu une saison tout juste correcte. Patrick Ehelechner, qui a fait le chemin inverse, a commencé en revanche sur les chapeaux de roues et a permis aux Panther de se propulser rapidement à la troisième place du classement.

Mais quand une équipe perd en même temps ses trois meilleurs défenseurs sur blessure (Forrest, Tölzer et Bakos), elle ne peut plus faire de miracles. Malgré l'arrivée d'un joker à l'arrière (Nick Ross), les Souabes ont dû concéder cinq défaites d'affilée avant la trêve internationale de novembre et sont retombés dans un milieu de tableau qu'ils ne quitteront plus.

Des trois blessés, Steffen Tölzer est revenu au jeu le plus rapidement : le plus ancien joueur en activité à Augsbourg, toujours aussi dur au mal, a signé la meilleure fiche (+5 en saison régulière et +1 en play-offs) et entretenu sa cote d'amour auprès des supporters. Michael Bakos, en revanche, a enchaîné les ennuis de santé pour son retour dans sa ville natale : contusion à la main, mononucléose puis problème ligamentaire. Or, l'équipe était beaucoup moins performante en son absence. Quant à Justin David Forrest, il a montré tardivement son talent en fin de saison, mais a ensuite connu des play-offs catastrophiques contre Straubing (-5 en deux manches) dont il s'est excusé. Il aura quand même une seconde chance la saison prochaine.

Cela reste le seul regret d'Augsbourg : pour la deuxième année de suite, la belle huitième place en saison régulière a été "gâchée" dans ces "pré-playoffs" si courts et si frustrants, en seulement deux manches.

 

Scorpions de Hanovre (11e) : fin de l'illusion

Si brefs que puissent être ces pré-playoffs, il vaut mieux quand même s'y qualifier que les manquer. Demandez aux Scorpions de Hanovre, qui ont passé tout l'hiver "au chaud" avant de se faire doubler dans les derniers mètres par le voisin bas-saxon Wolfsburg.

Un échec somme toute logique pour une équipe qui a surtout été maintenue à flot par son gardien Dimitri Pätzold. L'attaque était la plus anémique de DEL avec 124 buts (2,4 par match), et encore 20% d'entre eux ont été inscrits par le seul buteur slovaque Ivan Ciernik. La profondeur offensive faisait défaut, et on sait pourquoi dans un club qui paye le prix de ses excès (qui l'ont conduit à un titre de champion "à crédit" en 2010).

Il ne restait plus aucun joueur sous contrat, mais l'environnement ne s'en inquiétait plus, s'étant habitué aux colères et fausses annonces du propriétaire Günter Papenburg. Lorsque la foire de Hanovre a lancé un projet de nouvelle salle à financement public pour accueillir des congrès, l'investisseur en immobilier Papenburg s'est senti trahi par cette concurrence aux portes de la TUI-Arena qu'il finançait à perte : un coup de poignard dans le dos de la part des autorités dont il réclamait l'aide depuis des années.

Quand Papenburg se déclara en pourparlers avec les finalistes de 2e Bundesliga pour leur vendre les Scorpions, tout le monde se disait que c'était un nouveau chantage sous fond de bras de fer politique. Mais il ne plaisantait plus. Excédé, il a vraiment vendu la franchise au plus offrant (Schwenningen); ce qui lui laisse encore la TUI-Arena sur les bras.

Pour les Scorpions, l'illusion est finie. L'ancien club "provincial" du Wedemark n'a jamais trouvé de public depuis son déménagement de vingt kilomètres vers le sud et la grande ville de Hanovre. Incapable de financer ne serait-ce qu'un budget de deuxième Bundesliga, il s'associera maintenant à la patinoire et au club créés par Len Soccio à Langenhagen pour repartir en Oberliga nord, le groupe le plus faible de la troisième division. Soccio, l'ancienne légende des Scorpions qui était arrivé en Allemagne en 1993 dans un club qui s'appelait encore ESC Wedemark et qui évoluait... en Oberliga nord. Retour à la case départ, 20 ans après.

 

Munich (12e) : Red Bull restera

Une année "pour voir". Telle était la durée initiale de l'engagement de Red Bull à Munich, pour sauver le club de la débâcle financière (tout en négociant les droits de la DEL pour sa chaîne de télévision).

L'effectif n'avait donc pas été transformé, et était insuffisant en attaque pour atteindre les play-offs autrement que par de nouveaux exploits du gardien Jochen Reimer. Mais le lock-out a fait office de bénédiction pour le club bavarois : les stars de NHL Blake Wheeler et Paul Stastny ont éclaboussé la DEL de leur talent et ont formé une ligne souveraine aux côtés de la vedette locale Martin Buchwieser (co-capitaine en alternance avec le meilleur défenseur Felix Petermann). Ils ont fait remonter Munich de la treizième à la septième place... mais la NHL a ensuite sonné la fin de la récréation.

L'équipe est alors redevenue cette formation peu talentueuse mais très besogneuse et volontaire. Elle a cru jusqu'au bout pouvoir se qualifier, mais a cédé dans les huit dernières minutes du dernier match à Hambourg.

Le plus important était ailleurs : conforté par la décision unanime du conseil municipal de construire une nouvelle patinoire, le richissime sponsor autrichien a choisi de s'engager pleinement et de faire de Munich sa nouvelle vitrine. Pendant que l'entraîneur Pat Cortina partira s'occuper à plein temps de l'équipe d'Allemagne, Red Bull va placer ses hommes (dont Pierre Pagé) et monter un effectif avec de toutes autres ambitions. Un nouveau cador pour la DEL.

 

Iserlohn (13e) : autocritique attendue

Iserlohn s'apprêtait à vivre une saison difficile, ayant choisi de retarder son recrutement tant que le budget n'était pas bouclé à coup sûr.. Les deux renforts arrivés après la première semaine de championnat ont été recrutés à contretemps, trop tôt pour bénéficier de la vague du lock-out, mais trop tard pour profiter de la phase de préparation. Mark Bell est ainsi arrivé hors de forme, comme un Nord-Américain en septembre, et a mis du temps à donner sa pleine mesure. Quant à Colin Stuart, il ne l'a jamais donnée, alors qu'on attendait de lui combativité et leadership.

En plus, les Roosters ont été privés un long moment de leur meilleur défenseur défensif Collin Danielsmeier. Mais ils pouvaient toujours compter sur leur deux valeurs sûres : Michael Wolf, l'attaquant le plus apprécié d'Allemagne, et Mike York, meneur de jeu d'exception qui a obtenu à 35 ans un contrat de deux saisons supplémentaires. Même s'ils sont bien seuls, cela aurait pu suffire puisqu'Iserlohn a été brièvement dixième et en position de se qualifier à dix journées de la fin.

L'objectif ne sera pas seulement manqué. Ces dix dernières rencontres, toutes perdues, deviendront la pire série de l'histoire du club. Une fin aussi indigne a fâché les supporters qui n'ont pas apprécié le manque d'autocritique de l'entraîneur Doug Mason et du manager Karsten Mende. Celui-ci a tout de même tiré certaines conclusions, avec en principale victime le vieux centre Robert Hock : le meilleur marqueur de l'histoire de la DEL, désormais âgé de 40 ans, ne s'est pas vu proposer de nouveau contrat, et devra jouer une division plus bas.

 

Düsseldorf (14e) : le joyeux dernier

Jamais une lanterne rouge n'aura terminé la saison de manière si joyeuse, dansant devant un public ravi. Le bonheur d'exister, tout simplement. Après avoir failli couler, Düsseldorf a savouré chaque match et a gagné son pari : redevenir un club-culte auquel s'identifient ses supporters. La dernière place était rapidement acquise, mais l'équipe a continué de donner le meilleur d'elle-même et a offert quelques belles victoires à domicile à ses partisans.

Le rêve romantique de l'enthousiasme qui remplacerait l'argent a fonctionné, au moins pendant un an. Et l'excès de passion, qui a résulté dans des suspensions répétition pour le capitaine Daniel Kreutzer et ses coéquipiers, n'a fait que ressouder joueurs et partisans. Sous l'encadrement des vétérans attachés au maillot, l'intégration des jeunes a réussi. Bernhard Ebner, le défenseur relanceur venu de Kaufbeuren, a débuté en équipe nationale après seulement deux mois de DEL et a été élu "rookie de l'année".

Düsseldorf a même compté dans ses rangs le meilleur marqueur de la ligue, l'inattendu Calle Ridderwall. La réussite de la spectaculaire recrue suédoise de 24 ans a même été remarquée dans son pays puisqu'il a été appelé - brièvement - avec la Tre Kronor pendant la préparation aux championnats du monde. La ligne de Ridderwall, avec le centre physique Travis Turnbull et l'ailier intelligent Justin Bostrom, a inscrit 50 buts mais manquait de soutien de la part du reste de l'équipe pour pouvoir viser plus haut.

 

 

Les clubs de 2e Bundesliga

 

Premier : Bietigheim-Bissingen. À l'arrivée de Kevin Gaudet début décembre 2011, l'équipe était dernière au classement. Un an et demi plus tard, il a presque tout gagné : deux Coupes d'Allemagne et un titre de champion, après quelques mois dans la nouvelle patinoire. Il a transformé cette saison l'équipe selon son vœu, en mettant l'accent sur la vitesse. Il a notamment recruté les frères Marcel et David Rodman, deux internationaux slovènes qu'il avait connus à Vienne. La patte Gaudet est reconnaissable : un banc qui tourne à trois lignes seulement, et un redoutable powerplay bâti autour de quelques joueurs-clés avec une grande précision technique. Malgré l'avantage de la glace, Bietigheim-Bissingen a été bousculé en play-offs par des rivaux plus physiques et plus denses, mais a toujours renversé la situation en sa faveur.

Malheureusement, ce titre en 2e Bundesliga ne donne aucun droit automatique à la promotion, et ne permet même plus de participer à la Coupe Continentale (représailles engagées par la fédération contre les clubs "renégats"). Contacté par les Scorpions, Bietigheim-Bissingen était prêt à payer le prix normal d'une licence de DEL (900 000 euros), mais pas à se lancer dans une surenchère financière.

 

Deuxième : Schwenningen. C'est pourquoi la licence des Scorpions de Hanovre a finalement été vendue à Schwenningen, qui a payé très cher ce droit d'entrée (on parle de 1,5 million d'euros). Trop cher ? Peut-être. Mais le club de la Forêt-Noire a saisi l'occasion car il ne sait pas quand et si elle se représentera. Pendant la décennie écoulée depuis qu'il a dû quitter la DEL, il a rénové sa patinoire et consolidé ses structures pour y retourner. Mais il n'a pas obtenu sa promotion sur sa glace.

Ce n'est pas faute d'avoir essayé, avec trois finales perdues en quatre ans. Schwenningen comptait dans ses rangs le meilleur joueur de la division, Dan Hacker, et le défenseur le plus redouté (qui est aussi le plus pénalisé), le Polonais désormais à passeport allemand Adam Borzecki. Mais sur les 7 étrangers dans l'effectif pour 6 autorisés sur la glace, seuls trois avaient leur place acquise. Les quatre autres ont tourné, y compris un Pierre-Luc Sleigher qui reste cependant toujours sous contrat l'an prochain pour une DEL qu'il a déjà fréquentée. Et tout s'est écroulé sur une erreur fatale du gardien Sinisa Martinovic, qui pensait enfin avoir conquis durant ces play-offs une place de numéro 1 toujours contestée.

 

Troisième : Ravensburg. La série A italienne a livré ses meilleurs éléments à la 2e Bundesliga cette saison. Pendant que son ancien entraîneur à Val Pusteria, Stefan Mair, conduisait Schwenningen en finale, le défenseur canadien Matt Kelly a assuré à Ravensburg la difficile succession de Matt Kinch. Excellent patineur en dépit de sa grande stature, Kelly a été le joueur-clé de l'équipe avec Fredrik Cabana, un attaquant énergique qui ouvre des espaces à ses coéquipiers. Cabana a été recruté en DEL par Hambourg à condition qu'il obtienne un passeport allemand cet été.

La première ligne autour du centre Christopher Oravec, excellent dans les deux sens de la glace, a inscrit l'essentiel des points, mais Ravensburg a peiné à constituer une deuxième ligne stable en raison de blessures qui se sont produites même en play-offs. Comme le gardien Christian Rohde a lui aussi été mis sur la touche pour une commotion cérébrale, le jeune portier Mathias Nemec a certes qualifié son équipe au septième match pour une demi-finale, mais on ne pouvait guère en demander plus.

 

Quatrième : Rosenheim. Depuis sa montée en 2e Bundesliga, Rosenheim a atteint trois fois les demi-finales en trois ans. La revanche de la finale perdue contre Landshut a été obtenue lors du quart de finale, avant de s'incliner d'un rien contre Bietigheim-Bissingen. Le bilan est donc à nouveau satisfaisant pour l'entraîneur Franz Steer qui a conservé sa philosophie : un gardien solide, un jeu à quatre lignes avec beaucoup de jeunes joueurs locaux, et un hockey physique, parfois trop au goût des arbitres qui ont souvent sanctionné les charges du pilier défensif Josef Frank. Cerise sur le gâteau, l'attaquant Greg Squires, qui n'avait d'abord été pris qu'à l'essai, s'est imposé au point de devenir le meilleur marqueur de l'équipe.

Le malheur est que le public s'est habitué à ces succès et ne répond plus aussi présent. Avec 400 spectateurs de moyenne en moins (il en reste 2200), Rosenheim n'a théoriquement pas un potentiel de top-4 dans cette division.

 

Cinquième : Landshut. Quand ils ne peuvent pas monter, les champions de 2e Bundesliga connaissent généralement une saison suivante compliquée. Landshut n'a pas fait exception à la règle. Les Cannibals ont sauvé l'avantage de la glace en quart de finale par un beau sprint final, mais ils ne l'ont pas utilisé. La participation à la Coupe Continentale restera comme le meilleur souvenir par l'ambiance festive ayant entouré le tournoi à domicile avec les supporters étrangers, mais elle a aussi coûté des forces à une équipe plus technique qu'énergique.

Après une année de déclarations tonitruantes à son arrivée, l'investisseur Rainer Beck a dû boucher un trou financier et a fait profil bas. Il avait calmé le jeu sur le recrutement en comptant sur les forces déjà établies : le meilleur marqueur, Peter Abstreiter, est ainsi un joueur du cru. Mais à défaut de passerelle sportive vers la DEL pour le club, les jeunes risquent de partir un à un : les attaquants formés au club Thomas Brandl et David Elsner rejoindront ainsi l'élite.

 

Sixième : Bremerhaven. En concurrence avec le basketball de première division, le hockey sur glace est de mieux en mieux perçu dans la ville portuaire, surtout depuis qu'il dispose également d'une enceinte moderne. Les 3000 spectateurs de moyenne ne trompent pas : physique et spectaculaire, cette équipe de Bremerhaven plaît à son public.

Comment ne pas s'enthousiasmer pour Dustin Friesen, ancien joueur d'AHL revenu au jeu en beauté après une rupture des ligaments croisés ? Il a été élu meilleur défenseur de 2e Bundesliga. Malheureusement, Brendan Cook, le buteur-clé, s'est fait une blessure musculaire juste avant les play-offs où il aura sans aucun doute fait défaut.

 

Septième : Heilbronn. Après avoir recruté Michal Hackert, un centre reconnu de DEL, et David Fischer, un ancien premier tour de draft NHL, Rico Rossi assumait parfaitement le rôle de favori donné à son équipe. Pourtant, après quatre victoires initiales, les faucons n'ont cessé de chuter. Même le passage de deux joueurs NHL - le gardien Jonathan Bernier et le défenseur Bruno Gervais - n'a pas enrayé la chute libre automnale jusqu'à la douzième place.

Les supporters se sont même mis à demander la tête de Rossi, dont on pensait qu'il faisait partie des meubles. Ils lui reprochaient de ne jamais avoir trouvé la bonne formule malgré d'incessants changements de ligne. Heilbronn a fini la saison régulière comme elle avait commencé par quatre victoires, mais la septième place ainsi décrochée l'envoyait vers une élimination prématurée contre Schwenningen. Une élimination synonyme de mise à l'écart du coach Rico Rossi, après neuf ans en fonction. Il restera quand même directeur sportif.

 

Huitième : Weißwasser. C'était la dernière saison dans le vieux "terrier" des Renards de Lusace, qui a abrité durant des décennies un des deux seuls clubs de haut niveau autorisés dans l'ex-Allemagne de l'est. En août prochain, une nouvelle patinoire ouvrira à Weißwasser. Compte tenu de leurs moyens limités, les "Lausitzer Füchse" ont recruté des marqueurs d'Oberliga, qui n'ont guère convaincu au niveau supérieur. L'attaquant danois Christoffer Kjaergaard s'est bien mieux illustré avec 26 buts.

Il a malheureusement fallu se passer des joueurs les plus indispensables pendant une demi-douzaine de rencontres : le gardien Jonathan Boutin s'est blessé et le meneur de jeu Matt McKnight est rentré au pays en raison d'un deuil dans sa famille. Il ne fallait plus rêver à une qualification, semblait-il. Mais l'arrivée du joker Pavel Vostrak a relancé Weißwasser, qui a repris in extremis la huitième place.

 

Neuvième : Crimmitschau. Cette qualification a été obtenue aux dépens du rival saxon Crimmitschau, qui a tout gâché en perdant à la dernière journée contre la lanterne rouge Riessersee. Une sanction en fin de compte logique pour une équipe catastrophique défensivement, y compris en infériorité (76%). Le gardien Sebastian Albrecht était considéré comme le moins bon titulaire de la Bundesliga.

On gardera malgré tout de grands souvenirs de cette saison, et surtout du mois d'octobre, quand deux stars de NHL (Chris Stewart et Wayne Simmonds) ont posé leurs valises dans ce trou perdu. Un investissement vite rentabilisé. La vente de maillots floqués à leur nom a rapporté à elle seule 20 000 euros. Les deux hommes ont dopé les affluences, qui sont restées en hausse même après leur départ. Avec 500 spectateurs de plus en moyenne, le public est bien de retour à Crimmitschau !

 

Dixième : Dresde. Le troisième club est-allemand était bien parti pour se qualifier, en remportant 15 de ses 27 premières parties, jusqu'à ce jour noir à Schwenningen (défaite 10-2) où le gardien Kellen Briggs a connu sa première blessure. À partir de cet instant, l'incertitude a gagné le poste de gardien, où le joker Alec Richards, bien que capable d'arrêts spectaculaires, n'a pas ramené la stabilité attendue. Dresde a alors gagné seulement 6 fois sur 21.

Les défaites s'expliquent surtout par la disette offensive. Sami Kaartinen était toujours là pour inscrire 29 buts, Carsten Gosdeck l'a accompagné avec 20 filets, mais aucun autre joueur n'a atteint le plateau des 10 buts. La fin de saison prématurée (du fait de l'annulation de la poule de maintien) n'est pas sans conséquence sur les éternels problèmes financiers du club.

 

Onzième : EC Hanovre. Le 21 décembre, jour de la fin du monde dans le calendrier maya, les Indians de Hanovre ont organisé une fête pour leurs supporters intitulée "Apocalypse à la Pferdeturm". Peu de gens auraient alors imaginé que la funeste prédiction se réaliserait deux mois plus tard, quand les dirigeants du club, en larmes, annonceront avoir déposé leur bilan. La patinoire de la Pferdeturm, temple du EC Hanovre, était aussi son boulet, car ses conditions d'utilisation ne permettaient pas de rentabiliser le soutien populaire.

Des opérations de sauvetage ont été lancées sans grand espoir, et un gala pour collecter des fonds avec l'aide des Scorpions a même dû être annulé après les manifestations hostiles des supporters, qui ne voulaient pactiser en aucune manière avec le club ennemi, qui a usurpé le nom de Hanovre... Un radicalisme sans issue ? Avec le recul, la situation n'est plus si catastrophique. Les Indians quittent une zone de conflit (la deuxième division) pour être relégués dans une Oberliga nord... rendue entre-temps attractive par la présence du grand rival ! Le derby de Hanovre qui faisait saliver aura bien lieu... mais ce sera en troisième division.

 

Douzième : Kaufbeuren. Dans la ville-arrondissement de Souabe, la fin du monde s'est produite avec une semaine d'avance. Le 14 décembre, sa patinoire a dû être condamnée pour raisons de sécurité, une inspection ayant révélé que les piliers de béton étaient usés par le poids de la neige sur la structure lors des derniers hivers. Du jour au lendemain, l'ESVK était à la rue. Il a bénéficié d'une belle solidarité dans la région par le prêt de glace et le bon accueil des spectateurs locaux lors des rencontres déplacées.

Mais avec trois heures d'entraînement par semaine au lieu de huit, l'espoir - déjà mince - d'être compétitif était encore amenuisé. La ville a finalement voté les travaux de remise en état de la patinoire, mais le mal était déjà fait pour Ken Latta : lassé de l'itinérance et de l'absence de réponde urgente, l'entraîneur canadien a fait ses valises pour Heilbronn.

 

Treizième : Riessersee. La lutte honorifique pour éviter la dernière place a duré toute la saison entre Kaufbeuren et Riessersee, et a logiquement été perdue par le club de Garmisch-Partenkirchen. Le seul moment où il a été compétitif, c'est quand il a recruté trois joueurs de NHL. Le gardien Rick DiPietro n'a servi à rien sportivement car il s'est vite blessé, mais il aura fait parler de lui avec une interview à la télévision bavaroise. En revanche, les attaquants Erik Condra et Matt D'Agostini ont eu un apport évident. Les 10 buts de Condra en seulement 10 journées, resteront le deuxième meilleur total du club en fin de saison, derrière l'éternelle idole locale Tim Regan.

Le gérant Ralph Bader a fini par licencier son vieil ami Axel Kammerer en janvier, mais si le nouvel entraîneur Anton Krinner a effectivement amélioré la défense, il n'a rien changé à ce manque d'un vrai buteur comme Dibelka un an plus tôt.

 

En fin de saison, les légitimistes bavarois Kaufbeuren et Riessersee ont été les seuls à répondre à la proposition de la fédération de s'inscrire dans la 2e Bundesliga gérée par elle. Les neuf autres clubs, plus le champion d'Oberliga et promu Bad Nauheim, ont décidé de garder leur autonomie, quitte à s'isoler. Kaufbeuren et Riessersee ont donc accepté de devoir descendre d'un cran et de descendre en Oberliga sud : la fédération propose en effet de reconstruire la Bundesliga dans un an à partir des meilleurs clubs d'Oberliga, en faisant comme si les dix dissidents n'existaient pas ! Voilà qui nous promet encore de longues batailles, qui se dérouleront malheureusement dans les tribunaux et non sur les patinoires...

 

Marc Branchu

 

 

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