Finlande 2020 : bilan de la saison et perspective

 

Les résultats du championnat finlandais

Le bilan précédent (2019)

 

C'est sur un généreux contrat TV de 138 millions d'euros sur six ans que surfait la Liiga finlandaise. Tout allait pour le meilleur des mondes, jusqu'à ce que le covid-19 n'interrompe la saison régulière qui touchait à sa fin en Finlande, et que les droits TV soient corrigés en conséquence à cause de cette rupture exceptionnelle des activités. Mais si la Liiga est parvenue à récupérer 750 000 € auprès du ministère, beaucoup de clubs n'ont guère apprécié son manque d'anticipation, de transparence et une indemnisation trop faible de la part des assurances.

Si plusieurs clubs ont dû avoir recours au licenciement ou au chômage partiel au sein de leur organisation, bon nombre d'entre eux n'ont cependant pas été affectés par la crise économique qui a suivi la crise sanitaire. Parmi les équipes qui ont réalisé un bénéfice, citons Vaasa (150 000 €), Tappara (14 000 €), Ässät (133 000 €), Lukko (161 000 €), HPK (250 000 €), KooKoo (158 000 €) et Ilves (210 000 €). KooKoo et les Ilves ont d'ailleurs réalisé un chiffre d'affaires historique avec respectivement 5,4 millions et 7,1 millions d'euros.

Les équipes de Liiga s'en sont donc bien sorties en majorité, sauf cas exceptionnels que sont SaiPa et TPS. La nouvelle saison est en tout cas programmée pour le 1er octobre, une date qui n'a pas été choisie par hasard car certaines restrictions doivent être levées à cette période... dans le cas évidemment où la situation sanitaire sera sous contrôle. La Liiga table sur un taux de remplissage de 40 à 50%, un chiffre que les clubs espèrent supérieurs. Cette nouvelle saison devra en tout cas rendre un nouveau champion, aucun n'ayant été couronné en 2020. La ligue a toutefois établi un classement à l'issue de cette saison 2019-2020 sans playoffs, en voici le bilan.

 

Oulun Kärpät (1er) : stoppé en plein sprint

Le grand club d'Oulu se dirigeait vers une troisième victoire consécutive en saison régulière, avant que la saison ne s'achève à cause du Covid-19. Et les "hermines" faisaient office de grands favoris. Les médias finlandais n'ont eu d'yeux que pour l'ex-enfant prodige Jesse Puljujärvi, revenu de NHL pour tenter de retrouver la confiance. Il est parvenu à retrouver le haut niveau en menant les compteurs de l'équipe avec 53 points mais aussi l'indicateur de possession Corsi (qui prend en compte les chances tentées et celles de l'équipe adverse lorsque le joueur est sur la glace) avec un excellent 62,2%. "Pulju" sera de nouveau l'atout n°1 pour la saison à venir et il prendra le "A", son coach Mikko Manner faisait tout pour qu'il revienne en NHL en tentant de le responsabiliser un maximum. Ce retour en forme de Puljujärvi est en grande partie dû à ses deux compagnons de ligne. Mika Pyörälä est toujours décisif à près de 40 ans mais il est aussi reconnu pour ses aptitudes de grand frère pour accompagner la nouvelle génération, particulièrement riche à Oulu. Le dernier maillon de ce trio, c'est Juho Lammikko, qui aurait été capable d'éclipser les prestations de Puljujärvi sur la glace si ce dernier ne monopolisait pas autant l'attention médiatique. Lammikko n'avait que 20 matchs de Liiga et rentrait de cinq ans passés en Amérique du Nord à la rentrée 2019, mais il est parvenu contre toute attente à franchir le seuil des 20 buts et des 50 points. Cette incroyable saison lui a permis de s'ouvrir les portes de la KHL et du Metallurg Magnitogorsk.

Lammikko était donc un pari gagnant, tout comme l'ont été les deux gardiens, l'international slovaque Patrik Rybár et le jeune Justus Annunen, qui ont formé le meilleur duo de la Liiga. Annunen a même décroché à 20 ans un record d'invincibilité avec 302 minutes et 32 secondes sans prendre un seul but. Le recrutement réussi (si on y ajoute les défenseurs Ludwig Byström et Jakub Krejcík - ce dernier ayant signé deux hat-tricks alors qu'il n'en avait plus réussi depuis un tournoi à 15 ans) combiné aux valeurs sûres que sont Jussi Jokinen, Julius Junttila, Shaun Heshka ou Lasse Kukkonen, pouvaient rendre les supporteurs d'Oulu optimistes. Mais la crise Covid-19 a stoppé net la course des Kärpät, et rendu une frustrante fin de carrière à Lasse Kukkonen, qui a raccroché après 651 matchs avec Oulu et quatre titres de champion de Finlande.

 

Rauman Lukko (2e) : l'alchimie parfaite

S'il y a bien une équipe qui pouvait cette année perturber les Kärpät mais qui doit profondément regretter la crise sanitaire, c'est bien le club de Rauma. La jeune troupe du Lukko avait connu une première moitié de saison quelconque. Mais l'entraîneur Pekka Virta a su créer un déclic qui a totalement métamorphosé l'équipe dès le début d'année 2020. Sur bon nombre de points, le Lukko surpassait n'importe quelle équipe durant cette deuxième moitié de championnat. En remportant 23 de leurs 27 derniers matchs avant la suspension, Lukko avait un rythme effréné qui aurait pu l'emmener très loin. Avec 118 points et 40 victoires, le Rauman Lukko a réalisé le meilleur bilan de son histoire. On peut imaginer la frustration des fans si enthousiastes alors que le seul et unique titre de leur club favori date d'une autre ère, 1963.

Au fil des matchs, Virta a réussi à trouver un parfait équilibre, si difficile à apprivoiser, et qui aurait pu mener vers le titre. Lukko avait un indice PDO de 103 (taux de réussite des tirs  + taux de sauvetage des gardiens) équivalent ou presque aux cylindrées du championnat, Tappara et Kärpät. Lukko s'en est d'ailleurs très bien sorti sur bon nombre d'aspects du jeu, dont les phases en infériorité numérique avec une efficacité à 85,65%, le deuxième meilleur score... alors que l'équipe était la plus pénalisée de la Liiga ! À titre individuel, Robin Press s'est révélé comme le nouveau patron de la défense, exemplaire dans sa zone et si précieux à la relance. Quant à la finition, elle est souvent venue du joueur le plus prolifique de Lukko de ces neuf dernières années. Déjà tranchant la saison précédente, Justin Danforth a passé un cap en tenant la baguette offensive d'une main de maître. Le Canadien a inscrit 60 points dont 33 buts en 56 matchs, et il a été élu meilleur joueur de Liiga par l'association des joueurs puis par les journalistes. D'une équipe qui grouille d'espoirs, les dirigeants de Lukko ne se cachent plus de vouloir le titre, qui était dans leurs cordes en 2020. Mais la saison prochaine se fera sans l'artificier Danforth, parti pour la KHL. Un coup dur, à Pekka Virta de retrouver l'alchimie parfaite.

 

Tappara Tampere (3e) : la machine qui ne peut s'empêcher de dérailler

Avec 119 points au compteur, Tappara avait le deuxième meilleur total de la Liiga mais la ligue l'a finalement classé troisième étant donné que la "hache" de Tampere comptait un match de plus que Lukko et les autres équipes. Tappara était d'ailleurs la seule équipe à avoir disputé les 60 matchs de saison régulière. Mais si elle a encore terminé en haut du classement, le même constat amer peut être tiré, et ce pour la troisième année de suite : sa domination s'est effritée au fil de la saison. Cela avait parfaitement commencé par une série de dix victoires, avant que les performances ne deviennent de plus en plus irrégulières. Les performances de Charles Bertrand ont par exemple oscillé entre l'excellence et le moins bon, le tricolore ne devenant pas un joueur prépondérant comme il avait pu l'être aux Kärpät. Il a encore trois ans de contrat pour tenir davantage en régularité.

Plusieurs éléments positifs, surprenants ou non, se sont tout de même démarqués. Le gardien canadien Michael Garteig s'est emparé avec brio du poste de numéro 1 et Valtteri Kemiläinen est lui devenu le défenseur numéro 1, assurant la succession au vétéran de 38 ans Tuukka Mäntylä. Sans une grave blessure, Tyler Morley aurait pu devenir le meilleur attaquant du championnat, il a d'ailleurs le meilleur PDO (efficacité aux tirs + sauvetages de son gardien lorsqu'il était sur la glace) du championnat. Un attaquant majeur de la Liiga, Anton Levtchi, a montré qu'il en prenait la direction. Jere Karjalainen a de loin été le joueur le plus efficace en supériorité numérique (17). Kristian Kuusela est toujours aussi exemplaire à 36 ans. Mais les excès à répétition du coach Jukka Rautakorpi, qui compte sept médailles en championnat et plus de 800 matchs en tant qu'entraîneur, se sont rajoutés au déficit de confiance. Très (trop) souvent virulent vis à vis des arbitres, incapable de répondre aux médias sans tomber dans la provocation, Rautakorpi a toujours traîné une mauvaise réputation. Son remplacement par Jussi Tapola, au sein du club depuis 2012, devrait apporter une atmosphère plus apaisée autour du banc, Rautakorpi basculant au poste de directeur sportif.

 

Tampereen Ilves (4e) : de l'ombre à la lumière

Les Lynx de Tampere pataugeaient dans un contexte très particulier. Esa Ranta-aho, membre du conseil d'administration, était l'un des principaux accusés lors du plus grand procès de l'histoire en Finlande pour un crime lié à la drogue. Des tumultes hors de la glace, et sur la glace puisque la saison commençait comme un cauchemar avec cinq défaites lors des cinq premiers matchs, le pire départ des Ilves de ces 23 dernières années. Karri Kivi, technicien réputé qui entraînait les Lynx pour la quatrième année de suite, a rapidement été éjecté de son poste. L'assistant Jouko Myrrä a finalement repris le flambeau et il est parvenu à redynamiser l'équipe de manière spectaculaire en restaurant l'enthousiasme au sein de l'équipe. Grâce à un jeu rapide (et très agréable à regarder), les Ilves ont ainsi réalisé une ascension fulgurante au classement leur permettant de réaliser leur meilleure saison de ces vingt dernières années. Une équipe spectaculaire donc mais aussi très équilibrée, quatrième meilleur jeu de puissance et quatrième meilleur jeu en infériorité numérique.

Les arrivées tardives du percutant Arttu Ruotsalainen et du talentueux gardien Lukáš Dostál, jaugés par leur équipe NHL lorsque la saison a débuté, ont tout de même fait un bien fou et participé au nouvel élan des Ilves. Le premier a quasiment récolté un point par match et le deuxième a montré qu'il pouvait devenir potentiellement la doublure de John Gibson à Anaheim. Le fait est que l'autre club de Tampere, souvent dans l'ombre de Tappara, a vu sa jeune troupe se métamorphoser en assumant totalement ses responsabilités. On pense d'emblée au bien nommé Eemeli Suomi, jeune capitaine de 24 ans combatif et précieux dans les deux sens de la patinoire. Un exemple. Au pointage, Suomi n'a été devancé que d'un point par Danforth. Dans son sillage, les jeunes talents Jarkko Parikka, Santeri Hatakka, Matias Maccelli et Joona Ikonen ont définitivement éclos pour porter l'équipe. Une maturation facilitée par l'exemplarité de certains cadres, dont Robert Leino, un des attaquants les plus complets de la ligue et qui détient d'excellentes statistiques Corsi. Il a d'ailleurs formé avec Suomi probablement le meilleur duo du championnat. Son départ en Suède est à première vue une mauvaise nouvelle, mais la relève est assurée pour jouer le titre.

 

KooKoo Kouvola (5e) : la méthode Ahokas

Hormis les Ilves, le KooKoo de Kouvola constitue l'autre grande surprise de la Liiga 2019-2020. Le club de la Vallée de la Kymi a obtenu son meilleur résultat depuis son arrivée en élite en 2015. Le mois de décembre a d'ailleurs été particulièrement fructueux avec 21 points obtenus en 10 matchs, le meilleur bilan du championnat. L'équipe a terminé cinquième, une réussite que beaucoup attribuent à l'entraîneur Jussi Ahokas, qui avait fait des merveilles à la barre des sections juniors de l'équipe de Finlande (champion du monde U18 et U20). Avec Ahokas, KooKoo s'est métamorphosé. Signe d'un jeu bien huilé, KooKoo avait le meilleur taux de possession de la ligue (Corsi) avec 56%. En dépit du départ du meilleur marqueur Malte Strömwall, l'offensive de KooKoo s'en est sortie avec les honneurs, gagnant en profondeur et bien encadrée par les expérimentés Kim Strömberg et Juha-Pekka Haataja, 50 points chacun.

C'est surtout défensivement que l'équipe de Kouvola a progressé de manière spectaculaire, avec 68 buts encaissés de moins (!) que la saison précédente. Nouvellement recruté, le gardien international norvégien Henrik Haukeland a eu besoin d'un temps d'adaptation, comme ses petits camarades, avant de connaître d'excellentes performances. Profitant des conseils de Kari Lehtonen, l'entraîneur des gardiens, le Norvégien était sensationnel en janvier et février, n'encaissant que 21 buts en 16 parties durant ces deux mois. La défense était plus rigide, autour de l'excellent Matt Caito, déniché à Graz en Autriche. L'Américain est devenu meilleur marqueur chez les défenseurs avant d'être élu meilleur défenseur du championnat. Une improbable trouvaille ! Tout a roulé pour KooKoo, qui a par ailleurs obtenu un chiffre d'affaires record (5,4 millions d'euros) et une hausse importante de l'affluence dans ses tribunes (+19%). Des motifs encourageants malgré la crise sanitaire.

 

IFK Helsinki (6e) : Lundell, grand espoir de jours meilleurs

Le HIFK continue de stagner en Liiga en terminant pour la deuxième fois de suite à la sixième place du classement. Et la fin de saison n'était pas de bon augure avec cinq revers lors de ses six derniers matchs. Une fin, précipitée par la crise sanitaire, sans saveur comme le reste de la saison. Indigne de la masse salariale la plus élevée du championnat (9,91 millions d'euros), on est en droit d'attendre autre chose de ce grand club. Les résultats constamment irréguliers avaient obligé le recrutement de jokers en début d'année, mais cela n'a pas changé pour autant la tournure des évènements. Les difficultés devant le but se sont confirmées. Atte Engren a sombré, lâchant le poste de gardien numéro 1 à un Frans Tuohimaa finalement peu rassurant.

L'offensive a parfois manqué de punch, reposant avant tout sur Jere Sallinen, Sebastian Dyk et surtout le duo Otto Paajanen - Teemu Turunen, qui avait mené HPK au titre en 2019. Un duo sur lequel le HIFK ne pourra pas compter pour la saison venir. Le super talent Brad Lambert, 16 ans et top prospect pour la draft NHL 2022, faisait saliver les fans d'Helsinki mais celui-ci quitte également le navire, levant son option de départ pour rejoindre le JYP. À défaut de Lambert, l'attention sera portée particulièrement sur l'autre surdoué, Anton Lundell, 18 ans et qui jouera (déjà) sa troisième année avec l'équipe première du HIFK. Lundell a eu le deuxième Corsi de la ligue (61,9%), obtenu 28 points en 44 matchs et aura l'honneur de porter le "A" d'assistant-capitaine pour la saison à venir. Un étonnant signe de confiance pour un joueur aussi jeune, dont le talent précoce devrait rapidement le mener en NHL.

 

Hämeenlinnan Pallokerho (7e) : la difficile défense du titre

La saison de ses 90 ans, le HPK s'en souviendra ! L'équipe a commencé l'exercice 2019-2020 avec un improbable costume de champion en titre, leur victoire finale en 2019 relevant de la surprise générale. Confirmer et assumer ce titre, tel était le revers de la médaille d'or, surtout après les départs d'Emil Larmi, Eetu Tuulola, Robert Leino, Otto Paajanen et Teemu Turunen, qui formaient la colonne vertébrale de l'équipe championne. HPK a finalement fini septième de la saison régulière, devant se battre jusqu'au bout pour obtenir une place pour les playoffs.

Certains joueurs se sont bien illustrés comme le centre canadien Cody Kunyk (49 points), les ailiers Valtteri Puustinen et Jere Innala (17 buts chacun) et le défenseur Elmeri Eronen, devenu LE leader à la ligne bleue, éclipsant un Petteri Nikkilä moins à son avantage malgré une saison 2018-2019 impressionnante. Nikkilä fait partie de ces joueurs qui n'ont véritablement pas été à la fête, à l'image des gardiens Joona Voutilainen et Rasmus Reijola. Antti Karjalainen, qui aurait pu être une solution devant les filets, a lui été rapidement écarté. Le staff a justifié ce choix pour des raisons économiques, argument que peinent à croire les fans et surtout l'intéressé lui-même. Karjalainen, qui n'a été titulaire que pour trois matchs alors qu'il en avait joué 25 la saison précédente, n'a pas vraiment apprécié le sort que lui a offert le HPK. Son club ne l'a même pas invité au gala du 90e anniversaire, ni même remercié pour la fin de la saison. Après cette saison tumultueuse, un an après le sacre, l'entraîneur Antti Pennanen a démissionné. Une chose est sûre, en raison de la crise sanitaire et de la suspension du championnat, l'équipe de Hämeenlinna sera bel et bien encore championne en titre. Histoire de le défendre avec plus de détermination.

 

JYP Jyväskylä (8e) : une cadence ralentie

Le nouveau départ du JYP, avec un nouveau staff, n'a pas été sans heurts. Tous les indicateurs étaient au vert à l'automne, le club de Jyväskylä faisait même partie du trio de tête, fort d'une séquence de 14 victoires en 17 matchs. Mais la machine s'est ensuite enrayée à l'arrivée de l'hiver, les hommes de Pekka Tirkkonen n'avaient plus la même réussite, à l'image du gardien Eetu Laurikainen, qui avait porté son équipe quasiment à lui seul la saison précédente mais moins en réussite durant cette saison 2019-2020. JYP s'est donc dispersé, concédant d'ailleurs une série de huit défaites consécutives.

Pour autant, la progression des jeunes joueurs durant cette saison de transition a été particulièrement satisfaisante. En défense, Valtteri Kakkonen et Anttoni Honka ne sont pas restés dans l'ombre de l'exemplaire Mikko Kalteva ; ils sont désormais, à moins de 20 ans, des piliers pour les saisons à venir. Mais l'évolution la plus spectaculaire est clairement celle de Julius Nättinen, l'attaquant de 23 ans parvenant à plus que doubler sa production. Celle-ci était telle à l'automne qu'il était sur les bases des 70 points en saison. Il en a finalement obtenu au total 55, après un ralentissement de performances (comme l'ensemble de l'équipe) durant l'hiver. Mais Nättinen a tout de même fini meilleur buteur du championnat avec 33 réalisations, bien aidé par sa complémentarité avec Petrus Palmu et Miska Siikonen. Nättinen a néanmoins levé son option de départ à l'étranger, pour Ambrì-Piotta. Jerry Turkulainen, deux ans de moins et conservé dans l'alignement, prend le chemin d'une progression similaire, avec 42 points au compteur. Le super prospect Brad Lambert, qui rejoint une troisième organisation à seulement 16 ans (!) après avoir quitté les Pelicans de Lahti puis le HIFK, devra poursuivre sa formation particulièrement scrutée par les recruteurs et les médias. Le plus jeune joueur de la Liiga pourra au moins bénéficier des conseils du joueur le plus âgé, Jani Tuppurainen, expérimenté et aux performances toujours déterminantes à 40 ans.

 

Porin Ässät (9e) : signes encourageants du nouveau cycle

Les Ässät ne pouvaient pas faire pire que leur cauchemardesque saison 2018-2019, la pire de leur histoire. Et le nouveau cycle du club de Pori a plutôt bien commencé, les débuts sont encourageants sans pour autant que l'équipe ne soit encore vraiment compétitive. Le poste de gardien a posé problème puisque les blessures musculaires à répétition du portier numéro 1, Sami Aittokallio, ont forcé la titularisation pendant les deux tiers de la saison du jeune Russe Daniil Tarasov, cédé par Columbus mais pas forcément préparé à jouer avec autant d'intensité à sa première saison en Liiga.

Un bloc défensif solide, autour de Markus Niemeläinen, Jakob Stenqvist, Tommi Taimi et Olli Vainio, s'est toutefois consolidé. Et en attaque, les jumeaux canadiens Tyson et Tylor Spink ont régalé pour leur première année en Finlande, meilleurs marqueurs de l'équipe et bien accompagnés par le toujours très efficace Peter Tiivola. Des signes encourageants pour les Ässät qui doivent poursuivre leurs efforts, notamment en terme de développement des nombreux espoirs qui sont dans les rangs. En particulier la pépite de 18 ans Roni Hirvonen, immense potentiel et grand espoir de l'organisation.

 

Kalevan Pallo (10e) : équipe prometteuse encore à façonner

Après une saison 2018-2019 difficile qui a vu le départ de l'entraîneur Sami Kapanen (qui n'est plus actionnaire du club), KalPa a connu une meilleure année. D'un point de vue comptable, en gagnant deux places au classement par rapport à la saison précédente, et en matière de jeu, le nouveau coach Tommi Miettinen formant les bases d'un nouveau cycle prometteur. Évidemment, tout n'a pas été parfait. Un automne difficile, avec une série de huit défaites consécutives, n'avait pas mis l'équipe de Kuopio sur de bons rails. La suite de la saison a été plus satisfaisante même si certains secteurs n'ont pas donné satisfaction : le titulaire devant les buts Eero Kilpeläinen a trop souvent été dépassé et le jeu de puissance de ses coéquipiers a été catastrophique (13,9%).

Il y a donc encore beaucoup de travail même si certains éléments ont donné pleinement satisfaction. Matti Järvinen, cantonné à moins de responsabilités au Tappara, a montré toute sa polyvalence et son utilité à KalPa. Le Hongrois Balázs Sebök n'est plus un espoir, il a montré qu'il était un attaquant d'élite, délivrant 33 passes, le quatrième meilleur total de la ligue. KalPa peut désormais compter sur l'expérience de Kai Kantola et Jesse Graham et sur l'éclosion des jeunes talents Aleksi Klemetti et Kim Nousiainen. Durant la saison 2019-2020, KalPa est l'équipe qui a le plus patiné de la Liiga. Et elle semble patiner dans la bonne direction, quand bien même certains secteurs ici et là sont à améliorer.

 

Turun Palloseura (11e) : un cauchemar à oublier

Après une place dans le dernier carré la saison précédente, qui a laissé un petit goût amer mais augurait du meilleur pour la suite, le TPS Turku a connu une saison 2019-2020... absolument cauchemardesque. Il s'agissait de la première équipe de Liiga confrontée à des cas de Covid-19. Mais si ce n'était que ça... Le feuilleton Jonne Virtanen a d'abord beaucoup monopolisé l'attention : le gros attaquant de 197 cm et 118 kg, au club depuis quatre ans dont deux en tant qu'assistant-capitaine, a été viré de l'équipe pour avoir été ivre lors d'un dîner d'intégration (habituellement payé par le club...) puis pour avoir bu une bière à l'aéroport le lendemain. Si le contact était rompu avec le staff, la communication extrêmement maladroite du TPS et le fait que l'affaire se soit terminée entre avocats a considérablement terni l'image du club. Son licenciement jugé illégal a forcé l'organisation du TPS à lui verser 98 500 euros, en plus de lui rembourser les frais de justice de 30 000 euros, comme si la situation économique de la formation de Turku n'était pas assez fragile.

Si la crise sanitaire a fragilisé l'ensemble du milieu sportif, le contexte économique pré-Covid, déjà catastrophique pour le TPS, n'est un secret pour personne. 1,9 millions d'euros de pertes sur l'exercice 2019-2020, 7,8 millions sur les cinq dernières années, le TPS peut s'estimer heureux de pouvoir compter sur un partenaire de choix, le studio de jeux mobiles Supercell. L'affluence cible des 6000 spectateurs n'a d'ailleurs pas été atteine, avec une moyenne décevante de 4549 spectateurs, signe de la lassitude ambiante, conséquence des résultats sportifs désastreux. L'entraîneur Kalle Kaskinen a longtemps été soutenu par la direction malgré les contre-performances à répétition, trop aux yeux de certains supporteurs qui ont appelé au boycott. Kaskinen n'a été remplacé qu'en novembre par Marko Virtanen alors que TPS était avant-dernier. Antero Niittymäki avait lui démissionné plus tôt du poste de manager. Virtanen s'est efforcé à corriger le système défensif, sa priorité, mais l'équipe a continué d'accumuler les défaites. Peu d'éléments ont été satisfaisants durant cette saison cauchemar, avec plusieurs flops dont le néo-Rouennais Greg Squires, incapable de s'acclimater dans un contexte certes très difficile. La grande satisfaction dans ce chaos général, c'est Lauri Pajuniemi, super talent qui a effacé le douloureux départ de Kaapo Kakko en devenant meilleur marqueur du club avec 40 points. Un vent de fraîcheur ô combien attendu, qui débarque également en coulisses avec une nouvelle équipe de direction composée de l'ancienne gloire Saku Koivu, de l'ex-sélectionneur national Erkka Westerlund, du nouveau directeur sportif Rauli Urama et du nouvel entraîneur Raimo Helminen. Un nouveau cycle que les supporteurs du TPS espèrent moins tumultueux.

 

Saimaan Pallo (12e) : une saison utile

Une douzième place malgré l'une des masses salariales les plus importantes du championnat, beaucoup l'auraient perçu comme un constat d'échec. Avec un taux de possession Corsi très faible (44,2%), tout comme les unités spéciales (11e en supériorité numérique, dernier pour les phases d'infériorité numérique), SaiPa a connu une saison particulièrement difficile et la politique des gros contrats a clairement atteint ses limites. Tomáš Záborský, qui a atteint le seuil des 40 points pour la cinquième fois en Liiga, était par exemple bien seul par moment en attaque.

Ce qui sauve toutefois le club de Lappeenranta, c'est que cette saison peu fructueuse sur le plan comptable aura en revanche permis d'assurer le développement des jeunes joueurs de l'équipe. La jeune carrière du gardien Niclas Westerholm (23 ans) a pris des contours encourageants, jouant la grande majorité des matchs et accumulant plus de confiance au fil de la saison. Veeti Vainio, David Bernhardt et Mario Grman seront de futurs piliers en défense, ils ont pris plus de responsabilités aux côtés d'un grand frère exemplaire, Robin Salo. Ce dernier a été le joueur le plus utilisé du championnat (23'28" de moyenne) et le meilleur joueur de l'équipe avec d'excellentes performances qui lui ont permis de taper à la porte de l'équipe nationale de Finlande. Ce n'est donc pas une année de perdue pour SaiPa, dont la jeune garde a engrangé une expérience précieuse.

 

Mikkelin Jukurit (13e) : déficit de leadership

Même s'ils n'ont jamais atteint les playoffs depuis leur promotion en élite en 2016, les Jukurit s'étaient renforcés pour y parvenir. Mais les séries ont été une fois de plus hors de portée. La saison avait pourtant bien débuté avec quatre victoires en sept matchs, le mois d'octobre demeurait acceptable, avant que le club de Mikkeli ne vacille définitivement en novembre. Le 2 décembre 2019, la direction annonçait un changement d'entraîneur prévu pour la rentrée 2020. Mais dès cette annonce, la saison a viré au cauchemar avec une seule victoire et 4 points acquis en 12 matchs. C'en était trop, et le changement a été anticipé le 6 janvier 2020 : Pekka Kangasalusta a remplacé Marko Kauppinen. Kangasalusta voulait un jeu rapide et moderne, mais probablement trop ambitieux par rapport à l'effectif à sa disposition. À sa prise de poste, Kauppinen s'est orienté vers un jeu de possession et de réflexion. Le rendement des Jukurit n'a été amélioré que tardivement, avec 15 points obtenus à leurs 10 derniers matchs.

Mikkeli avait le pire PDO (pourcentage aux tirs + pourcentage d'arrêts) du championnat avec 96,9%. Le gardien Sami Rajaniemi était particulièrement acculé en automne à cause d'une défense qui prenait l'eau mais il devrait profiter d'une marge de progression intéressante. La défense est jeune, et Aleksandr Yakovenko et Axel Rindell ont tiré leur épingle du jeu. En attaque, le Russe Vadim Pereskokov, meilleur marqueur de l'équipe avec 34 points, a été la seule recrue satisfaisante. Trop de leaders n'ont pas répondu présent durant cette saison, en particulier Miika Roine, Ville Leskinen et Mika Partanen. Même si plusieurs maillons donnent beaucoup d'espoir, le recrutement sera déterminant pour la saison à venir.

 

Lahden Pelicans (14e) : projet brisé et blessures en cascade

Les Pélicans n'ont pas tenu leurs promesses. Ils avaient réalisé une saison 2018-2019 exceptionnelle, troisièmes de la saison régulière avant de s'incliner en quart de finale. Mais qu'il est délicat de confirmer des performances inattendues. L'entraîneur Ville Nieminen, salué pour son travail, a vu son projet se briser. Son assistant Pasi Nurminen avait rapidement démissionné, remplacé par Jesse Welling. Et ce même Welling a finalement remplacé Nieminen le 30 novembre. Lahti a terminé avec la pire défense et la pire attaque de la Liiga. Un jeu défensif défaillant a rapidement rendu vulnérables les Pelicans. Les départs en 2019 de Mikko Kousa et Oliwer Kaski, dont le jeu pesait considérablement en défense mais aussi en attaque (29 points et 85 points à eux deux), ont rendu la défense orpheline. Le manque de relève et la grave blessure de Casimir Jürgens, un pion essentiel qui n'a joué que neuf matchs, ont mis les Pelicans dans une situation délicate.

D'ailleurs, les blessures - même si elles n'expliquent pas tout - ont été un problème majeur tout au long de la saison. Aucun joueur n'a disputé les 59 matchs de saison régulière, et seulement six des dix meilleurs marqueurs du club ont joué plus de 40 rencontres. Si certains joueurs expérimentés ont donné satisfaction, comme Antti Tyrväinen, Juhamatti Aaltonen, Aleksi Mustonen et le capitaine de l'équipe Hannes Björninen, de nombreux jeunes joueurs ont réalisé une percée intéressante. C'est surtout le cas du jeune défenseur Matias Rajaniemi, seulement 17 ans et qui a montré des aptitudes de très haut niveau lui permettant d'obtenir plus de temps de jeu (jusqu'à 26 minutes) en fin de saison. Des jeunes qui contribuent à une dynamique intéressante, ajoutez à cela un excellent duo de gardiens avec Atte Tolvanen et le jeune Jasper Patrikainen, les Pelicans peuvent aborder un nouveau cycle avec sérénité.

 

Vaasan Sport (15e) : en pleine rechute

En échouant à un point des playoffs en 2019, Vaasa, qui semblait avoir amélioré son jeu offensif, avait l'ambition des qualifications pour 2020. Le coach Ari-Pekka Pajuluoma avait la pleine confiance du staff puisque son contrat avait été prolongé avant le début de la nouvelle saison... avant de faire les frais à son tour d'un mois de novembre décidément redoutable pour les entraîneurs. Entre le 12 octobre et le 25 novembre 2019, Vaasa n'avait gagné aucun de ses 14 matchs dans le temps réglementaire, la direction du Vaasan Sport se devait de réagir. Quand Pajuluoma a quitté le navire, Vaasa était dernier avec la deuxième pire attaque et la pire défense de Liiga.

Les départs des précieux Joel Kiviranta, Tony Sund et Olavi Vauhkonen n'ont pas été comblés. Quant à Antti Kalapudas et Toni Kallela, auteurs de 40 points précédemment, ils n'ont pas été décisifs cette fois-ci, trop souvent discrets. Les recrues étrangères n'ont pas réellement donné satisfaction, à l'exception de Chris DeSousa, l'attaquant canadien menant les compteurs avec 19 buts et 36 points en 43 matchs. L'expérimenté Risto Dufva, qui a remplacé Pajuluoma, a permis un léger mieux pendant un temps. Mais la dérive ne pouvant être évitée, le club a pris la décision de transférer ses joueurs vedettes à des fins économiques. Kalapudas, DeSousa, Seigo et Kallela ont ainsi plié bagages. La lanterne rouge ne pouvait alors que tendre les bras au Vaasan Sport.

 

Nicolas Jacquet

 

 

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