Top/Flop : novembre 2005

 

 Luleå HF (SUE)

Fin octobre, alors que la situation devenait tendue, les joueurs de Luleå se sont enfermés entre eux dans les vestiaires après la défaite contre Djurgården fin octobre - le premier match de l'international slovaque Vladimír Országh qui est revenu d'une blessure au genou et a signé un contrat de six mois - pour convenir d'arrêter de se regarder en chiens de faïence et décider que chacun soit plus agressif sur le porteur du palet. La réunion de crise a porté ses fruits, puisque le LHF a aligné huit victoires de suite en novembre, dont cinq à l'extérieur, et est remonté en cinquième position derrière les quatre favoris. Slavomir Lener, premier entraîneur tchèque d'Elitserien, a pu mettre son système en place. Au début, la relance, trop lente, se désagrégeait au bout de quelques minutes. Désormais le jeu de transition fonctionne sur un match entier pour livrer des contre-attaques "à la tchèque", ou plutôt à la slovaque quand elles s'appuient sur Luboš Bartecko. Bonne surprise, le gardien Tero Leinonen, qui avait obtenu un blanchissage dès sa première titularisation le mois dernier quand le jeune David Rautio était tombé malade, est la révélation de la saison. Mais le leader incontesté de Luleå est son capitaine Mikael Renberg. Il revient parmi les candidats à l'équipe nationale de Suède, où il n'a plus figuré depuis plus de deux ans. Cependant, après avoir dû décliner la sélection au tournoi Karjala pour guérir ses adducteurs, il s'est sorti lui-même du débat, du moins pour ce qui concerne les Jeux Olympiques. Il a déclaré que la Suède ne devrait envoyer à Turin que des joueurs de NHL, contredisant à la fois les plans du sélectionneur et l'opinion de la majorité des experts du pays ! Renberg gère au jour le jour selon ce que son corps lui autorise. Pour l'instant, c'est tout bon pour Luleå. Néanmoins, l'équipe est très dépendante de sa première ligne Országh-Isaksson-Renberg. Il a suffi que le centre Jonas Nordqvist soit grippé pour que la série victorieuse s'interrompe dans le derby du nord contre MODO (0-1) et que Luleå devienne subitement incapable de marquer même en jeu de puissance.

 JYP Jyväskylä (FIN)

Le JYP Jyväskylä a un des plus petits budgets de SM-liiga et chaque année les pronostics le placent en bas de tableau. Pourtant il surprend souvent en début de saison, et c'est encore plus vrai aujourd'hui puisqu'il occupe une étonnante quatrième place du championnat finlandais. Sa performance la plus remarquable a été une victoire à Oulu chez le champion en titre Kärpät, que le JYP n'avait plus battu depuis quatorze rencontres ! Mieux, lors de ce match, Jouni Virpiö, un joueur de vingt ans peu connu qui était monté sur la glace pour la première fois en seniors ce soir-là, a réussi à marquer un but. Ce jeune inconnu n'est pas le seul joueur formé au club à s'illustrer, car la réussite actuelle du JYP doit beaucoup aux performances du gardien Sinuhe Wallinheimo, revenu à Jyväskylä il y a un an pour retrouver une vie familiale plus stable après dix ans à l'étranger. Ville à taille humaine, Jyväskylä a toujours su former des hockeyeurs alliant discrétion et classe. Demandez donc à un certain Ari Salo, ancien défenseur de talent aujourd'hui entraîneur du Mont-Blanc...

 

 Genève-Servette (SUI)

Avec sept défaites consécutives, à chaque fois plus nettes et plus humiliantes, Genève-Servette n'en finit pas de s'enfoncer. Premier coupable désigné, le gardien Reto Pavoni, qui fait peut-être la saison de trop à 38 ans, ce qui ne doit pas faire oublier sa carrière exemplaire. Le moins vieux - mais vieux quand même - Pauli Jaks (33 ans) a été engagé pour lui enlever de la pression, mais Chris McSorley ne rêve déjà plus que de Cristobal Huet dont il suit l'actualité nord-américaine au jour le jour, au cas où. Mais c'est un autre Français qui était attendu comme le messie, Philippe Bozon. Néanmoins, il a pris la sage décision de ne pas tenter un nouveau come-back. Si les Genevois n'ont plus de leader comme lui, c'est peut-être parce que la forte personnalité de l'entraîneur écrase celles qui devraient se détacher sur la glace. Le "modèle McSorley" montre-t-il ses limites ? Même son système défensif tant vanté ne fonctionne plus, et l'absence stratégique d'un étranger en défense se retourne contre lui. Car la concentration d'étrangers en attaque n'apporte pas le résultat escompté. La blessure d'Andreas Johansson a déstabilisé l'équipe, et son retour est attendu avec impatience. Yorick Treille, la bonne surprise du début de saison, est obligé de jouer avec une blessure à la hanche qui le handicape. Et surtout, le champion du monde Jan Hlavac se traîne sur la glace et n'est que l'ombre de lui-même. Comment sortir de la crise ? Il y a une solution classique que Genève-Servette peut difficilement employer, c'est que le manager vire l'entraîneur ou que le proprio vire le manager... vu que les trois postes sont tenus par une seule et même personne, Chris McSorley.

 Augsbourg (ALL)

Décidément, les messies sont à la mode. À Augsbourg, ce n'est pas Bozon dont on a espéré le retour, mais Duanne Moeser, qu'on aurait bien vu rechausser à 42 ans les patins raccrochés en mars. C'est dire si on est désespéré. Fin octobre, l'entraîneur Randy Edmonds faisait déjà un plaidoyer aux allures de supplique du condamné : "Changer d'entraîneur a un effet qui dure quinze jours, mais en fin de saison vous avez eu quatre entraîneurs. La solution précipitée ne fonctionne jamais, parce qu'on change toutes les bases et qu'on retire les joueurs de leurs responsabilités. Nous sommes une famille, nous devons rester ensemble, il arrive à ma femme de trop dépenser et je ne divorce pas pour autant. Partout dans le monde, la réussite d'un programme se juge sur trois ans et pas sur deux mois. Augsbourg est une ville de hockey avec une culture et une tradition, même quand il faut soutenir l'entraîneur. Il y a un an, une équipe bien meilleure selon les experts n'était pas beaucoup plus haut, et Benoît Laporte n'avait pas été viré pour autant." Même en s'étant fait son propre avocat, Edmonds a tenu une semaine de plus. Son successeur Paulin Bordeleau a cru pouvoir améliorer les choses, mais certains résultats ont fait très mal, surtout la victoire envolée à onze secondes de la fin à Hambourg suivie d'une défaite 5-1 à Iserlohn après avoir mené 1-0à cinq minutes de la fin... Maintenant, plus rien ne peut sauver Augsbourg, qui reste sur treize défaites de suite en championnat et une élimination en coupe. Plus que trois mois et demi à endurer avant les barrages de relégation...

 

 

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