Danemark - France (11 février 2001)

 

Qualification pour les Jeux olympiques, groupe B, troisième et dernière journée.

Si l'Autriche et la Lettonie sont déjà qualifiées, il reste un ticket toujours pas attribué pour les Jeux olympiques de Salt Lake City. Le Danemark peut en effet passer devant la France en remportant cette confrontation particulière. Il peut donc toujours croire en son étoile après s'être qualifié à la faveur de la poule de préqualification la plus facile, celle où figurait cette "fausse nation d'élite" qu'est le Japon. Lorsque l'élimination dans les dernières secondes de l'Italie - tête de série - face à l'Allemagne a mis le Danemark dans la poule de la France, celle-ci a pris cela comme une très bonne nouvelle. Intrinsèquement, c'est vrai, les Bleus sont un niveau au-dessus, ils ont battu cet adversaire 3-0 et 8-1 chez lui il y a deux mois !

Le piège est justement de se croire meilleur, même si c'est vrai, tant en technique qu'en patinage. En première période, la France domine la possession de palet à 70%. Mais elle tourne autour du système défensif mis en place depuis des années par l'entraîneur suédois Jim Brithén sans jamais forcer le chemin du but. Elle n'arrive pas à produire autant de jeu que l'Autriche et la Lettonie ne le faisaient contre les Scandinaves, et elle ne tire don que 7 fois en vingt minutes. Au contraire, les Danois, beaucoup plus directs sur leurs plus rares séquences offensives et emmenés par un Jens Nielsen enfin en réussite dans ses dribbles, lancent 14 fois sur un Cristobal Huet impressionnant de sang-froid !

Le discours de Heikki Leime dans le vestiaire est une évidence. Il faut jouer plus simplement, aller à la cage, et l'ouverture se présentera. Elle arrive finalement... en infériorité numérique. François Rozenthal intercepte un palet que remonte Kim Staal en zone neutre. L'attaquant d'Amiens s'engouffre, dribble joliment et marque à ras glace. Mais la France n'arrive pas à enchaîner avec le deuxième but qui mettrait fin au suspense. Elle est maladroite dans le dernier geste, malchanceuse aussi puisqu'elle tire sur les poteaux. Il faudra donc trembler jusqu'à la fin.

L'indiscipline ne fait qu'amplifier la nervosité française. Treizième attaquant jusqu'ici, Guillaume Besse a plus de temps de jeu aujourd'hui à la faveur d'une modification des lignes, mais il l'emploie mal en prenant une pénalité à chaque tiers-temps, trois au total. Ce ne sont pourtant ses fautes qui provoquent l'égalisation, mais un retenir de Vincent Bachet à six minutes de la fin. Kim Staal, l'attaquant de Malmö, récompense les efforts du Danemark qui joue chaque coup à fond. Ce pays n'a peut-être pas énormément de joueurs de classe mondiale, mais son premier bloc est solide avec cette vedette de l'Elitserien suédoise. Heikki Leime en tire la leçon en réduisant à son tour son banc. Il met ses deux premières lignes expérimentées en rotation pendant les quatre dernières minutes, pour sauver à tout prix la place aux JO. Finalement, Brithén sort son gardien pour que son équipe décroche le but qui changera tout, et le capitaine Arnaud Briand envoie le palet de loin dans la cage vide - et la France à Salt Lake City - à seulement onze secondes de la sirène.

Commentaires d'après-match (dans L'Équipe) :

Heikki Leime (entraîneur de la France) : "On était tendus car on avait beaucoup plus à perdre que les Danois. Ce qui était en jeu, les JO, était énorme. Alors, comme contre l'Autriche jeudi, on a joué pour ne pas perdre. Il nous manque encore l'expérience pour supporter ce type de pression. Le titre à Grenoble [en division I mondiale], je le vois comme une étape. Car on a vocation à jouer dans le groupe A. En dehors de la qualification, le match qu'on a livré face à la Lettonie, pour gagner, est un apprentissage de grande valeur."

Arnaud Briand (capitaine de la France) : "Sur le coup, ce n'était même pas de la joie, c'était juste un énorme ouf de soulagement. Ce match était chargé d'une grande émotion. Nous savions que nous leur étions supérieurs, que nous les avions toujours battus, et du coup, on en faisait trop, en redoublant chaque passe."

Philippe Bozon (attaquant de la France) : "Pendant quatre minutes, je me suis demandé si on n'avait pas une étoile. J'ai eu peur d'un tir dévié jusqu'au bout. C'est quand même d'en être arrivé là, de ne pas avoir su gérer la situation plus sereinement. On a conscience de l'écart de niveau qu'on a avec eux, mais on a abordé le match à l'envers. [...] On a vu contre la Lettonie, ou l'an passé contre la Suisse au Mondial, qu'on peut atteindre le niveau des quarts de finaliste. Mais il manque de la sérénité dans notre jeu pour que le talent sorte vraiment. Il y a d'abord des réponses techniques à apporter aux jeunes. Et puis il faut répéter encore et encore les mêmes gestes pour qu'on s'appuie sur plus d'automatismes, que ce soit plus huilé, plus facile. Car on l'a vu, l'individu est toujours friable psychologiquement. [...] Le groupe France a beaucoup changé et j'ai découvert des jeunes qui valent la peine qu'on les aide, qui ont du talent. C'est clair que s'il n'y avait pas Salt Lake City, je ne sais pas si je serais là aujourd'hui. Mais pour finir en beauté, même si on ne sait pas ce qui se passera là-bas, les Jeux sont une évidence."

 

Danemark - France 1-2 (0-0, 0-0, 0-1)
Dimanche 11 février 2001 à 16h00 à la Stadthalle de Klagenfurt . 500 spectateurs.
Arbitre : Wilhelm Schimm .
Pénalités : Danemark 12' (4', 2', 6'), France 18' (4', 6', 8').
Tirs : Danemark 36 (14, 11, 11), France 30 (7, 13, 10).

Évolution du score :
0-1 à 30'37" : F. Rozenthal (inf. num.)
1-1 à 56'04" : Staal assisté de Grey (sup. num.)
1-2 à 59'49" : Briand assisté de Bozon et M. Rozenthal (cage vide)
 

Danemark

Attaquants :
19 Kim Staal - 21 Morten Green - 27 Jens Nielsen
13 Ronny Larsen (2') - 22 Mike Grey (2') - 14 Lars Mølgaard (2')
15 Nicolas Monberg - 12 Mads True (2') - 18 Bo Nordby Andersen
17 Christoffer Kjærgaard - 8 Alexander Sundberg

Défenseurs :
23 Frederik Åkesson (2') - 3 Jesper Duus
5 Thomas Johnsen - 16 Daniel Jensen (2')
7 Jesper Damgaard - 29 Kristian Petersen Just
25 Andreas Andreasen

Gardien :
1 Jan Jensen [sorti de 59'15" à 59'49"]

Remplaçant : 31 Peter Hirsch (G). Absents : Lasse Degn (entore du genou), Søren True (à l'hôpital pour examiner son genou blessé hier).

France

Attaquants :
12 Philippe Bozon - 8 Arnaud Briand (C, 2') - 9 Maurice Rozenthal
21 Guillaume Besse (6') - 6 Alain Vogin - 17 Yven Sadoun
7 Stéphane Barin - 19 Robert Ouellet - 2 Richard Aimonetto
11 François Rozenthal (2') - 20 Jonathan Zwikel - 10 Laurent Meunier (2')
22 Anthony Mortas

Défenseurs :
27 Matthieu Mille - 24 Denis Perez
3 Baptiste Amar - 23 Gérald Guennelon (2')
16 Jean-Christophe Filippin (2') - 28 Vincent Bachet (2')
26 Benoît Pourtanel

Gardien :
1 Cristobal Huet

Remplaçant : 31 Patrick Rolland (G). En tribune : Fabrice Lhenry (G).

 

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