NHL 1979/80
La NHL a gagné son combat contre la ligue qui avait voulu lui faire concurrence, la WHA, et elle en absorbe quatre franchises survivantes qui payent 6 millions de dollars chacune de droit d'entrée (les deux autres franchises de Birmingham et Cincinnati sont dissoutes et reçoivent 6 millions de compensation) : les Nordiques de Québec, les Edmonton Oilers, les Winnipeg Jets et les New England Whalers. Ces derniers doivent être renommés Hartford Whalers à la demande des Boston Bruins, qui ne voulaient pas qu'un rival local s'arroge le droit de porter le nom de Nouvelle-Angleterre.
Les règles d'admission sont assez punitives pour les nouvelles équipes : pour faire table rase de leur passé WHA, elles n'ont le droit de conserver que deux gardiens et deux joueurs de champ. Cela permet tout de même à Edmonton de conserver un certain Wayne Gretzky. L'arrivée de quatre nouveaux entrants porte les play-offs à 16 équipes, qui feront l'objet d'un classement unique sans le moindre privilège aux vainqueurs de division (hormis la place garantie en séries, mais avec 16 qualifiés sur 21 ce n'était pas bien difficile).
Classement (80 matches)
Pts V N D BP-BC Diff 1 Philadelphia Flyers P 116 48 20 12 327-254 +73 2 Buffalo Sabres A 110 47 16 17 318-201 +117 3 Canadiens de Montréal N 107 47 13 20 328-240 +88 4 Boston Bruins A 105 46 13 21 310-234 +76 5 New York Islanders P 91 39 13 28 281-247 +34 6 Minnesota North Stars A 88 36 16 28 311-253 +58 7 Chicago Black Hawks S 87 34 19 27 241-250 -9 8 New York Rangers P 86 38 10 32 308-284 +24 9 Atlanta Flames P 83 35 13 32 282-269 +13 10 Saint Louis Blues S 80 34 12 34 266-278 -12 11 Toronto Maple Leafs A 75 35 5 40 304-327 -23 12 Los Angeles Kings N 74 30 14 36 290-313 -23 13 Pittsburgh Penguins N 73 30 13 37 251-303 -52 14 Hartford Whalers N 73 27 19 34 303-312 -9 15 Vancouver Canucks S 70 27 16 37 256-281 -25 16 Edmonton Oilers S 69 28 13 39 301-322 -21 17 Washington Capitals P 67 27 13 40 261-293 -32 18 Detroit Red Wings N 63 26 11 43 268-306 -38 19 Nordiques de Québec A 61 25 11 44 248-313 -65 20 Winnipeg Jets S 51 20 11 49 214-314 -100 21 Colorado Rockies S 51 19 13 48 234-308 -74
(A : division Adams ; N : division Norris ; P : division Patrick ; S : division Smythe)
Les Flyers de Philadelphie établissent un record de tout le sport professionnel nord-américain en restant invaincus pendant 35 parties consécutives (25 victoires, 10 nuls). Ils continuent d'intimider la ligue et restent l'équipe la plus pénalisée. Buffalo atteint la deuxième place après avoir offert le poste d'entraîneur et manager à Scotty Bowman, qui vient de conduire Montréal à quatre Coupes Stanley d'affilée. Il avait quitté les Canadiens parce que les dirigeants ne lui avaient pas offert la place de manager. Les Montréalais ont de quoi regretter Bowman quand leur équipe se morfond en milieu de classement, mais elle relève la tête lorsque Bernie Geoffrion est limogé pour rappeler à sa place Claude Ruel, le coach prodige du titre 1969.
L'autre équipe en forme de la fin de saison, ce sont les Islanders de New York. La veille de la limite des transferts, ils échangent le vétéran Billy Harris et le défenseur Dave Lewis à Los Angeles en retour de l'attaquant défensif Butch Goring, qui donne une force nouvelle à la deuxième ligne. Après ce renfort décisif, les Isles sont invaincus lors de leurs 12 dernières rencontres.
Les Detroit Red Wings ont emménagé dans la nouvelle Joe Louis Arena de 21 000 places, mais ils manquent les play-offs pour la neuvième fois en dix ans. Ils ne laissent derrière eux que deux nouveaux venus de la WHA (Québec et Winnipeg) et les Colorado Rockies. Ceux-ci avaient pourtant accordé un salaire record de 100 000 dollars pour recruter Don Cherry, récemment viré de Boston. Le slogan de l'équipe devient alors "Venez voir les bagarres et regardez un match des Rockies éclater !" Cherry se fâche avec ses dirigeants en réclamant le remplacement de Hardy Åström, le premier gardien européen de NHL, qu'il surnomme "la passoire suédoise". Se sachant non reconduit, il dirige son dernier match en chapeau et bottes de cow-boy dans une provocation qui ravit la foule.
Meilleurs marqueurs de la saison régulière
MJ B A Pts +/- Pén 1 Marcel Dionne Los Angeles 80 53 84 137 +35 32' 2 Wayne Gretzky Edmonton 79 51 86 137 +15 21' 3 Guy Lafleur Montréal 74 50 75 125 +40 12' 4 Gilbert Perreault Buffalo 80 40 66 106 +32 57' 5 Mike Rogers Hartford 80 44 61 105 +29 10' 6 Bryan Trottier NY Islanders 78 42 62 104 +31 68' 7 Charlie Simmer Los Angeles 64 56 45 101 +47 65' 8 Blaine Sloughton Hartford 80 56 44 100 +9 16' 9 Darryl Sittler Toronto 73 40 57 97 +3 62' 10 Blair MacDonald Edmonton 80 46 48 94 +1 6' 11 Bernie Federko St. Louis 79 38 56 94 +3 24' 12 Al MacAdam Minnesota 80 42 51 93 +36 24' 13 Kent Nilsson (SUE) Atlanta 80 40 53 93 -3 10' 14 Mike Bossy NY Islanders 75 51 41 92 +28 12' 15 Rick Middleton Boston 80 40 52 92 +31 24' 16 Pierre Larouche Montréal 73 50 41 91 +36 16' 17 Dave Taylor Los Angeles 61 37 53 90 +39 72' 18 Danny Gare Buffalo 76 56 33 89 +49 90' 19 Steve Shutt Montréal 77 47 42 89 +45 34' 20 Réal Cloutier Québec 67 42 47 89 -6 12'
Meilleurs gardiens
Min Moy. 1 Bob Sauvé Buffalo 1880 2,36 (Vézina) 2 Denis Herron Montréal 1909 2,51 3 Don Edwards Buffalo 2920 2,57 (Vézina) 4 Pete Peeters Philadelphie 2373 2,73 5 Gilles Gilbert Boston 1933 2,73 6 Gerry Cheevers Boston 2479 2,81 7 Billy Smith NY Islanders 2114 2,95 8 Tony Esposito Chicago 4140 2,97
Les trophées
Meilleur joueur (trophée Hart) : Wayne Gretzky (Edmonton Oilers).
Meilleur joueur élu par ses pairs (trophée Lester B. Pearson) : Marcel Dionne (Los Angeles Kings).
Meilleur défenseur (trophée Norris) : Larry Robinson (Canadiens de Montréal).
Meilleur attaquant défensif (trophée Selke) : Bob Gainey (Canadiens de Montréal).
Meilleure recrue (trophée Calder) : Ray Bourque (Boston Bruins).
Fair-play (trophée Lady Byng) : Wayne Gretzky (Edmonton Oilers).
Persévérance (trophée Masterton) : Al MacAdam (Minnesota North Stars).
Meilleur entraîneur (trophée Jack Adams) : Pat Quinn (Philadelphia Flyers).
Première équipe all-star : Tony Esposito (Chicago) ; Ray Bourque (Boston) - Larry Robinson (Montréal) ; Charlie Simmer (Los Angeles) - Marcel Dionne (Los Angeles) - Guy Lafleur (Montréal).
Deuxième équipe all-star : Don Edwards (Buffalo) ; Jim Schoenfeld (Buffalo) - Börje Salming (Toronto) ; Steve Shutt (Montréal) - Wayne Gretzky (Edmonton) - Danny Gare (Buffalo).
Play-offs
Premier tour (8, 9, 11, 12 et 14 avril 1980)
Philadelphie - Edmonton 4-3 a.p. (2-2,0-0,1-1,1-0) Philadelphie - Edmonton 5-1 (1-1,1-0,3-0) Edmonton - Philadelphie 2-3 a.p. (2-0,0-1,0-1,0-0,0-1) Buffalo - Vancouver 2-1 (1-0,1-0,0-1) Buffalo - Vancouver 6-0 (4-0,2-0,0-0) Vancouver - Buffalo 5-4 (4-1,0-1,1-2) Vancouver - Buffalo 1-3 (0-1,1-0,0-2) Montréal - Hartford 6-1 (2-0,2-0,2-1) Montréal - Hartford 8-4 (3-0,5-2,0-2) Hartford - Montréal 3-4 a.p. (1-1,1-1,1-1,0-1) Boston - Pittsburgh 2-4 (0-0,0-2,2-2) Boston - Pittsburgh 4-1 (0-0,3-0,1-1) [le 10 avril] Pittsburgh - Boston 4-1 (1-0,2-0,1-1) [le 12 avril] Pittsburgh - Boston 3-8 (0-5,0-2,3-1) [le 13 avril] Boston - Pittsburgh 6-2 (2-0,2-0,2-2) New York Islanders - Los Angeles 8-1 (2-0,5-0,1-1) New York Islanders - Los Angeles 3-6 (0-4,2-2,1-0) Los Angeles - New York Islanders 3-4 a.p. (2-1,0-1,1-1,0-1) Los Angeles - New York Islanders 0-6 (0-1,0-1,0-4) Minnesota - Toronto 6-3 (2-2,2-0,2-1) Minnesota - Toronto 7-2 (1-0,3-0,3-2) Toronto - Minnesota 3-4 a.p. (1-1,0-1,2-1,0-1) Chicago - Saint-Louis 3-2 a.p. (1-0,0-1,1-1,1-0) Chicago - Saint-Louis 5-1 (2-0,0-1,3-0) Saint-Louis - Chicago 1-4 (0-1,0-1,1-2) New York Rangers - Atlanta 2-1 a.p. (0-0,0-1,1-0,1-0) New York Rangers - Atlanta 5-1 (4-0,0-0,1-1) Atlanta - New York Rangers 4-2 (1-1,3-1,0-0) Atlanta - New York Rangers 2-5 (1-3,0-1,1-1)
Toutes les équipes les mieux classées à l'issue de la saison régulière se qualifient. Pour les New York Islanders, ce premier tour aura servi à définir la hiérarchie des gardiens, qui jouent en alternance depuis plusieurs saisons. Glenn "Chico" Resch (31 ans) encaisse en effet quatre buts en un tiers-temps contre Los Angeles, et par conséquent Billy Smith le supplante cette fois comme titulaire.
Quarts de finale (16, 17, 19, 20, 22, 24 et 27 avril 1980)
Philadelphie - New York Rangers 2-1 (1-0,0-0,1-1) Philadelphie - New York Rangers 4-1 (0-0,2-0,2-1) New York Rangers - Philadelphie 0-3 (0-1,0-0,0-2) New York Rangers - Philadelphie 4-2 (1-1,2-0,1-1) Philadelphie - New York Rangers 3-1 (1-0,2-0,0-1) Buffalo - Chicago 5-0 (2-0,2-0,1-0) Buffalo - Chicago 6-4 (2-1,3-1,1-1) Chicago - Buffalo 1-2 (0-2,1-0,0-0) Chicago - Buffalo 2-3 (1-0,1-1,0-2) Montréal - Minnesota 0-3 (0-0,0-0,0-3) Montréal - Minnesota 1-4 (0-1,1-1,0-2) Minnesota - Montréal 0-5 (0-2,0-2,0-1) Minnesota - Montréal 1-5 (0-1,0-1,1-3) Montréal - Minnesota 6-2 (2-1,1-1,3-0) Minnesota - Montréal 5-2 (0-1,5-0,0-1) Montréal - Minnesota 2-3 (1-1,0-1,1-1) Boston - New York Islanders 1-2 a.p. (0-0,0-0,1-1,0-1) Boston - New York Islanders 4-5 a.p. (0-1,3-2,1-1,0-1) New York Islanders - Boston 5-3 (2-1,2-1,1-1) New York Islanders - Boston 3-4 a.p. (1-1,1-0,1-2,0-1) Boston - New York Islanders 2-4 (2-0,0-1,0-3)
Le fantôme de Ken Dryden (qui a pris sa retraite) plane sur les cages de Montréal. Denis Herron subit deux défaites au Forum, et Michel Larocque, l'ancienne doublure de Dryden, enchaîne alors les victoires avant d'être battu à son tour au sixième match. Pour la manche décisive, Herron est titularisé mais perd une fois de plus son duel. À l'avant-dernière minute, Al MacAdam, déjà auteur du but qualificatif au tour précédent, convertit un rebond qui donne la victoire aux North Stars du Minnesota.
Si les Canadiens de Montréal n'ont pas réussi à trouver la faille du gardien adverse Gilles Meloche, c'est aussi parce qu'ils ont perdu leurs deux meilleurs marqueurs. Guy Lafleur a aggravé une blessure au genou lors du premier tour, et Pierre Larouche s'est fait une béquille sur une lourde charge de Fred Barrett au sixième match. Deux défenseurs, Serge Savard et Guy Lapointe, sont aussi absents sur blessure. Les Habs, qui restaient sur quatre titres consécutifs, n'égaleront donc pas, vingt ans après, le record de leurs devanciers de 1960. Pout tous leurs adversaires, la route vers la Coupe Stanley est rouverte.
Demi-finales (29 avril, 1er, 4, 6, 8 et 10 mai 1980)
Buffalo - New York Islanders 1-4 (1-2,0-1,0-1) Buffalo - New York Islanders 1-2 a.p. (0-0,1-0,0-1,0-0,0-1) New York Islanders - Buffalo 7-4 (2-1,2-1,3-2) [le 3 mai] New York Islanders - Buffalo 4-7 (2-1,1-4,1-1) Buffalo - New York Islanders 2-0 (1-0,1-0,0-0) New York Islanders - Buffalo 5-2 (1-2,1-0,2-0) Philadelphie - Minnesota 5-6 (4-3,0-2,1-1) Philadelphie - Minnesota 7-0 (2-0,3-0,2-0) Minnesota - Philadelphie 3-5 (0-2,3-2,0-1) Minnesota - Philadelphie 2-3 (1-1,0-1,1-1) Philadelphie - Minnesota 7-3 (4-2,3-1,0-0)
Un but de Bob Nystrom en double prolongation met les New York Islanders sur la voie de leur première finale. Menant trois victoires à zéro, ils tremblent encore quand Buffalo remporte les deux rencontres suivantes et surtout quand Gilbert Perreault marquent deux fois en sept minutes au sixième match. Les spectres des deux dernières années de douloureux échecs au septième match en play-offs resurgissent... Mais cette fois, ils renversent le score et n'en passeront pas par là.
Finale (13, 15, 17, 19, 22 et 24 mai 1980)
Philadelphie - New York Islanders 3-4 a.p. (1-1,1-1,1-1,1-0) Philadelphie - New York Islanders 8-3 (3-1,3-1,2-1) New York Islanders - Philadelphie 6-2 (4-0,2-0,0-2) New York Islanders - Philadelphie 5-2 (2-0,0-1,3-1) Philadelphie - New York Islanders 6-3 (0-1,3-1,3-1) New York Islanders - Philadelphie 5-4 a.p. (2-2,2-0,0-2,1-0)
Les New York Islanders punissent les Flyers de leurs trop nombreuses pénalités et alignent les buts en supériorité numérique. C'est dans cette configuration que le défenseur et capitaine Denis Potvin - auteur de cinq buts au cours de la finale - inscrit le but en vainqueur en prolongation du premier match. Bob Nystrom se fait de nouveau héros du temps supplémentaire en déviant une passe de John Tonelli pour le but du sacre. Ce sont les Islanders, créés huit ans plus tôt, qui amènent la Coupe à New York, ce que les Rangers n'arrivent pas à faire depuis quarante ans.
Le jeune défenseur Ken Morrow devient le premier joueur à remporter les Jeux Olympiques et la Coupe Stanley la même année. L'ailier Anders Kallur et l'arrière Stefan Persson sont les premiers Européens à soulever le trophée majeur du hockey nord-américain (Nystrom est né à Stockholm mais n'est pas suédois, il a émigré au Canada à quatre ans et a appris le hockey dans l'Alberta).
Meilleur joueur des play-offs (trophée Conn-Smythe) : Bryan Trottier (New York Islanders).
Meilleurs marqueurs des play-offs :
MJ B A Pts Pén 1 Bryan Trottier NY Islanders 21 12 17 29 16' 2 Mike Bossy NY Islanders 16 10 13 23 8' 3 Ken Linseman Philadelphie 17 4 18 22 40' 4 Bill Barber Philadelphie 19 12 9 21 23' 5 Gilbert Perreault Buffalo 14 10 11 21 8' 6 Bob Bourne NY Islanders 21 10 10 20 10' 7 Paul Holmgren (USA) Philadelphie 18 10 10 20 47' 8 Bobby Clarke Philadelphie 19 8 12 20 16'
La saison précédente (1978/79)