Tchécoslovaquie - URSS (27 avril 1989)

 

Championnats du monde, poule finale, première journée.

Les compteurs sont remis à zéro pour cette phase finale, qui promet du grand spectacle entre les quatre plus grandes nations mondiales. L'URSS a certes tout gagné jusqu'ici, mais tout ce que cela lui rapporte, c'est un titre de championne d'Europe. Tout est maintenant à refaire, et l'on sait que cette formule condensée ne lui réussit pas. Elle a battu ses adversaires directs avec difficulté : sera-t-elle capable de les battre de nouveau ? Maintenant que le doute a pris à l'intérieur même du système, elle ne fait plus peur.

Alors, les Soviétiques veulent vite marquer leur territoire. Toutes les lignes tchécoslovaques sont dominées dans les premières minutes, et c'est le deuxième bloc qui concède les pénalités : Jergus Baca fait trébucher Kamenski devant la cage, puis Robert Kron, paradoxalement le rouge avec le plus d'allant offensif en ce début de match, accroche Bykov qui lui a fait faire demi-tour en zone neutre et lui a pris le palet. Vyacheslav Fetisov organise ces deux jeux de puissance et travaille ses passes et tirs pour amener le danger devant la cage, par des rebonds ou des déviations.

En fin de premier tiers, c'est encore Fetisov côté droit qui centre pour la déviation à bout portant de Makarov, repoussée par une parade acrobatique en deux temps de Dominik Hasek qui se couche devant le tir puis est tout heureux de cueillir le palet dans sa mitaine. Le bilan des vingt premières minutes est néanmoins de 0-0, et les Russes n'ont su convertir ni leur domination ni les pénalités adverses.

La deuxième période est plus équilibrée. La Tchécoslovaquie défend avec plus d'acharnement et commence enfin à montrer le bout de son nez en zone offensive. Jiri Kucera soulève une clameur en y dribblant Byakin en un contre un, et Mylnikov réalise son premier arrêt capital, de la botte gauche. Le public est encore en train d'applaudir qu'Andrei Khomutov est parti en contre : Vlach n'a d'autre choix que de plonger dans ses patins et prend la direction de la prison.

Les Tchèques résistent encore et toujours durant les infériorités numériques, et ils gagnent progressivement en confiance. Trop sans doute quand Sejba porte le palet dans sa zone alors que les jeunes loups de la quatrième ligne soviétique (Mogilny et Fedorov) sont au pressing : Aleksandr Mogilny intercepte et donne à Sergei Yashin pour un lancer, paré par Hasek de la jambière gauche. Sergei Fedorov ne peut alors exploiter une cage grande ouverte au rebond - image de gauche. À cet instant, la Tchécoslovaquie oublie de nouveau ses intentions offensives et se regroupe de nouveau en défense.

Kvartalnov est pénalisé pour un coup de coude sur la sirène, et la troisième reprend donc avec cinq Tchécoslovaques contre quatre Soviétiques. Ces derniers tentent de presser à deux, mais Bedrich Scerban en profite pour délivrer une magnifique relance vers Jiri Sejba, qui échoue face au beau lancer de bottes de Mylnikov. Second arrêt-clé du gardien russe qui obtiendra son premier blanchissage de la compétition.

La partie n'arrive pas à s'emballer, le jeu est de plus en plus haché, et après un énième dégagement interdit soviétique, le public du Globen se met même à siffler l'indigence du spectacle ! A-t-il le sentiment d'être trahi par la prestation poussive de deux des meilleures équipes du monde ? Ces sifflets constituent en tout cas le tournant du match... car celui-ci bascule sur la mise au jeu !

Bykov gagne cet engagement dans sa zone face à Hascak, Aleksei Kasatonov lance l'offensive et sert Andrei Khomutov côté droit qui va s'installer derrière la cage. Avec l'aide de Kamensky en percussion, l'ailier droit a attiré quatre Tchèques autour de la cage et trouve l'unique ligne de passe en retrait - image de droite - vers Vyacheslav Bykov qui reprend victorieusement (1-0, 53'36"). Les deux complices Bykov et Khomutov peuvent s'enlacer, ils ont sauvé l'URSS.

Ce but confirme-t-il ce qui se dit depuis le début du tournoi ? Que la KLM n'est plus ce qu'elle était, que Larionov est passé dans l'ombre de Bykov, et que c'est donc la deuxième ligne qui mène désormais l'équipe soviétique. Il est vrai que la KLM n'a plus démontré sa perfection collective d'autrefois, même si le jugement individuel est à nuancer : si un Sergei Makarov a encore fait étalage de ses qualités techniques, l'autre ailier Vladimir Krutov s'est vainement échiné à percer la ligne bleue tchèque où il a multiplié les pertes de palet.

De fait, cette victoire sans impressionner des Soviétiques attise surtout l'appétit... de ses adversaires. Si la Tchécoslovaquie en reconstruction, venue sans le moindre trentenaire, était encore un peu juste malgré sa conscience défensive, les Suédois et Canadiens, au jeu plus alerte, ont motif à rêver de prendre d'assaut une forteresse soviétique plus forcément imprenable.

Étoiles Hockey Archives : *** Vyacheslav Fetisov / ** Sergei Mylnikov et Dominik Hasek / * Andrei Khomutov et Vyacheslav Bykov

Marc Branchu

Commentaires d'après-match :

Pavel Wohl (entraîneur de la Tchécoslovaquie) : "Ce fut un match d'observation, dont la fin a souri aux Soviétiques. Les deux équipes ont choisi la même tactique, la plus défensive qui soit au monde, et aucune n'a cédé. Nous devons regarder en avant et préparer le prochain match."

Igor Dmitriev (entraîneur-adjoint de l'URSS) : "C'était un match très équilibré, notre adversaire nous a surpris. Il a bien mieux joué que lors de notre première confrontation dans ce championnat. Les équipes ont joué défensivement. L'activité défensive était une des conditions préalables du succès. Nous sommes contents que nos joueurs aient appliqué la tactique pendant 60 minutes et n'aient pas laissé nos adversaires patiner."

 

Tchécoslovaquie - URSS 0-1 (0-0, 0-0, 0-1)
Jeudi 27 avril 1989 à 16h00 au Globen de Stockholm. 13600 spectateurs.
Arbitrage de Rob Hearn (USA) assisté de Christer Lärking et Johan Enestedt (SUE).
Pénalités : Tchécoslovaquie 10' (6', 2', 2'), URSS 8' (2', 4', 2').
Tirs : Tchécoslovaquie 19 (5, 5, 9), URSS 26 (7, 10, 9).

Évolution du score :
0-1 à 53'36" : Bykov assisté de Khomutov et Kamenski

 

Tchécoslovaquie

Attaquants :
20 Zdeno Cíger - 17 Vladimír Růžička (C) - 28 Vladimír Svitek
22 Jiří Šejba - 19 Robert Kron (2') - 12 Otakar Janecký
27 Rostislav Vlach (2') - 14 Jiří Kučera - 21 Oldřich Válek
15 Jiří Doležal (-1) - 26 Oto Haščák (-1) - 24 Tomáš Jelínek (-1)

Défenseurs :
7 Bedřich Ščerban (-1) - 16 Antonín Stavjaňa (A, -1)
18 Jerguš Bača (2') - 9 František Procházka (4')
3 Leo Gudas - 5 Drahomír Kadlec

Gardien :
2 Dominik Hašek [sorti de 58'58" à 59'17"]

Remplaçant : 29 Jaromír Šindel (G). En réserve : 1 Petr Bříza (G), 4 František Kučera, 6 Jiří Látal.

URSS

Attaquants :
9 Vladimir Krutov - 11 Igor Larionov - 24 Sergei Makarov (A)
13 Valeri Kamenski (+1, 2') - 27 Vyacheslav Bykov (+1) - 15 Andrei Khomutov (+1)
25 Sergei Yashin - 29 Sergei Fedorov - 10 Aleksandr Mogilny (2')
8 Yuri Khmylev - 12 Sergei Nemchinov - 18 Dmitri Kvartalnov (2')

Défenseurs :
2 Vyacheslav Fetisov (C) - 14 Valeri Shiriaev
22 Vladimir Konstantinov (+1) - 7 Aleksei Kasatonov (+1)
6 Ilya Byakin (2') - 5 Aleksei Gusarov

Gardien :
1 Sergei Mylnikov

Remplaçant : 20 Arturs Irbe (G). En réserve : 30 Vladimir Myshkin (G), 3 Svyatoslav Khalizov, 21 Aleksandr Chernykh.

 

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