Russie 2020/21 : présentation

 

La KHL est toujours le premier championnat à reprendre, et elle n'a pas dérogé à cette règle. Elle débutera donc comme prévu ce 2 septembre, envers et contre tout.

Les problèmes ne manquent pas. Des équipes ne peuvent pas s'entraîner à cause du coronavirus, d'autres ne peuvent pas faire venir leurs joueurs pour les mêmes raisons. "Si on arrête la saison, on ne la reprendra jamais". C'est par ces mots qu'un dirigeant expliquait l'attitude de la KHL qui avance en force face à la Covid-19 sans donner l'impression d'avoir vraiment préparé toutes les éventualités.

Le défi d'une ligue transfrontalière n'a jamais été aussi grand que maintenant. Le bras de fer engagé autour des Jokerit annonce-t-il la fin de l'expansion de la KHL dans cette Union Européenne "démocratique" hostile ?

Conférence Ouest

Division Bobrov : SKA Saint-Pétersbourg, Jokerit Helsinki, Spartak Moscou, Vityaz Podolsk, Severstal Cherepovets, HK Sotchi.

Division Tarasov : CSKA Moscou, Lokomotiv Yaroslavl, Dynamo Moscou, Dynamo Minsk, Dinamo Riga.

Conférence Est

Division Kharlamov : Avtomobilist Ekaterinbourg, Ak Bars Kazan, Metallurg Magnitogorsk, Traktor Chelyabinsk, Torpedo Nijni Novgorod, Neftekhimik Nijnekamsk.

Division Chernyshev : Avangard Omsk, Salavat Yulaev Ufa, Barys Astana, Sibir Novosibirsk, Kunlun Red Star, Amur Khabarovsk.

 

 

Division Bobrov (Conférence Ouest)

 

Pendant des années, le SKA Saint-Pétersbourg a engagé les stars de la ligue, les Kovalchuk ou Voinov. Il avait commencé à y renoncer l'an passé, mais l'instauration du plafond salarial a contraint à une purge : 13 joueurs sont partis, un total rare dans un club qui gardait une certaine continuité dans ses cadres. Le SKA a développé de bonnes relations avec plusieurs clubs (Vityaz, Amur, Sotchi...) qui a permis d'échanger les joueurs aux salaires trop élevés pour leur performance, comme Yakupov et Plotnikov. La menace voilée de se faire envoyer dans une destination peu alléchante a peut-être aidé les renégociations salariales avec les autres...

Les dirigeants ont fixé comme principe que les joueurs devraient être payés de manière à peu près équivalente. Une forme inattendue de communisme dans une société russe parmi les plus inégalitaires au monde ! Le salaire maximum interne officieux - celui du créatif Vladimir Tkachyov - ne dépasse guère 60 millions de roubles (moins de 700 000 euros), soit un quinzième de la masse salariale. Pour comparaison, si l'on rapporte au plafond bien plus élevé autorisé en NHL, cela équivaudrait à ne payer aucun joueur au-dessus de 5 millions de dollars... Ce serait inenvisageable dans la ligue nourrie aux valeurs capitalistes ! Mais il y a une nuance fondamentale dans le plafond KHL : les bonus ne sont pas comptabilisés dans le plafond pour les quatre équipes qui atteignent les finales de conférence. Les "sacrifices" financiers peuvent alors être compensés. Pas étonnant que le meilleur centre sur le marché - le Canadien Linden Vey - ait choisi Saint-Pétersbourg, de même que Viktor Antipin qui a divisé son salaire presque par trois par rapport à Magnitogorsk (et qui remplace l'arrière Artyom Zub parti en NHL). Tous pensent avoir signé dans une équipe qui ira loin.

Le SKA a surtout concentré le recrutement sur les jeunes. Il a tout simplement engagé dans son système les meilleurs espoirs du pays, jusque dans la génération 2004 (Matvei Michkov) qui n'a pas encore l'âge pour jouer en KHL. Le club veut avoir un coup d'avance sur le long terme. La présence de Valeri Bragin, l'ancien entraîneur des juniors russes, est un signal fort. L'exemple du trio pleinement titulaire Kirill Marchenko - Ivan Morozov - Vasili Podkolzin (trois joueurs de 20 et 19 ans) fait envie à tous les talents offensifs du pays.

À cause de cas suspects de Covid-19, le SKA prévoit d'aligner une équipe de 21 ans de moyenne d'âge contre le Sibir ! La KHL cite son cas en exemple en infligeant un match perdu par forfait au Lokomotiv. Pour que le calendrier puisse être tenu malgré la pandémie, il faudra en effet que les équipes envoient leurs réservistes si les titulaires sont malades... On comprend mieux la stratégie du club de ce point de vue : voilà pourquoi il vient de prendre un quatrième gardien (le jeune Mikhaïl Berdin qui vient d'AHL). Voilà pourquoi il a absolument tenu à engager Vladislav Kamenev qui est le septième centre (on compte déjà les trois étrangers Miro Aaltonen, Linden Vey et Joonas Kempaainen, Morozov sur la ligne des jeunes, le gros gabarit Bogdan Yakimov et même Artyom Shvets-Rogovoï obligé de jouer à l'aile parce qu'il n'y a plus de place). Si maintenant il faut avoir une seconde équipe pour remporter la KHL pendant que la première est malade, seul le SKA, avec ses salaires étales et ses jeunes, peut le faire 

 

En qualité de gestion à budget équivalent, les Jokerit Helsinki pourraient avoir une longueur d'avance. Dans un pragmatisme européen, le manager Jari Kurri a de quoi composer une seule équipe, mais elle est de grande qualité, avec quatre lignes capables de se partager le temps de jeu. Le quatrième trio Joensuu-Anttila-Pihlström, qui connaît parfaitement son rôle dans le système, est peut-être le meilleur de KHL. Il compte d'ailleurs le capitaine de l'équipe (Marko Anttila) et un de ses assistants (Jesse Joensuu) dans ses rangs !

Il ne faut pas oublier que les clubs non russes ont l'avantage de ne pas avoir de limite de joueurs étrangers. Cela permet au club finlandais d'engager un gardien suédois, Anders Lindbäck, qui jouait déjà en KHL et voyait en Helsinki un choix idéal pour sa famille alors que sa seconde fille est née cet été, en plus du Letton Janis Kalnins. Le défenseur offensif suédois Jonathan Pudas, venu de Skellefteå, était courtisé par plusieurs équipes de KHL mais a choisi les Jokerit, où il devait remplacer le meilleur défenseur Mikko Lehtonen en partance pour Toronto. Sauf que la NHL ne reprendra pas avant décembre et que Lehtonen est prêté en attendant, tout comme Eeli Tolvanen qui n'a pas percé en Amérique du Nord, parti très jeune après avoir démontré son sens du but à Helsinki.

Cette année, les Jokerit paraissent donc capables de remporter la KHL... s'ils peuvent jouer. Dès cet été, à cause des obligations d'isolement imposées en Finlande quand on arrive de Russie, on s'est demandé si les jokers ne devraient pas se délocaliser à Riga ou à Saint-Pétersbourg. Et puis, lorsqu'on appris que le Neftekhimik avait des cas positifs juste après avoir rencontré les Jokerit, ceux-ci ont été mis en quatorzaine en tant que cas-contacts, obligeant à reporter quatre rencontres. Certaines voix réclament déjà l'exclusion de la KHL pour ces Finlandais qui imposent leur loi au-dessus du bon déroulement de la ligue. Mais ils n'ont évidemment pas de choix que de se plier aux règles. Le gouvernement finlandais en édicte. La KHL, elle, semble naviguer à vue face à la problématique Covid : alors que les ligues européennes ont adopté des règles claires juste avant la reprise pour savoir comment se finirait le championnat (les Tchèques couronneront ainsi un champion même si les play-offs ne peuvent s'achever, la FFHG a fait le choix inverse pour la Ligue Magnus), la ligue russe semble s'empêtrer.

Les Jokerit avaient déjà crispé les Russes en renonçant à leur déplacement à Minsk, préférant perdre par forfait. Officiellement pour raisons de sécurité, mais plutôt à cause des menaces de boycott de ses propres supporters, le club finlandais ne s'est pas rendu au Bélarus en pleine répression post-électorale. Une décision saluée par toute la presse finlandaise... et conspuée par toute la presse russe. Les fronts politiques s'éloignent de plus en plus et mettent les Jokerit en porte-à-faux. Le développement de la KHL vers l'Union Européenne, choix éminemment politique, a plus que jamais du plomb dans l'aile.

 

Le Spartak Moscou a été un des premiers clubs atteints par la pandémie, en recensant 11 joueurs et 2 membres du staff contaminés le 17 juillet. Son entraîneur Oleg Znarok a donc dû renoncer à la première phase du camp d'entraînement, une phase qui lui tient toujours particulièrement pour évaluer les capacités physiques et mentales de ses hommes. Znarok n'a jamais pu avoir son équipe au complet et a dû commencer la saison sans trois attaquants étrangers, Lukáš Radil, Jori Lehterä et Robin Hanzl.

Avec ses deux premiers centres absents, le Spartak a dû débuter avec Mikhaïl Yunkov - un joueur fidèle qui n'a jamais dépassé 21 points en quinze ans de carrière au plus haut niveau russe - au centre de la première ligne. Un dépassement de fonction trop important. Cela explique un début de saison raté avec 6 défaites (dont deux par cinq buts d'écart) en 8 rencontres, qui n'est pas sans rappeler celui la saison dernière (7 défaites en 9 parties). Les rouge et blanc s'en étaient alors remis, rien n'est irrémédiable. Pour autant, même si l'absence de meneurs offensifs justifie les difficultés de l'attaque, les lignes arrières sont aussi en difficulté. Emil Djuse, un Suédois sortant d'une année d'AHL, amasse certes les points en avantage numérique, mais il est à la peine dans les autres situations de jeu.

L'ex-sélectionneur Znarok commence donc à être plus critiqué. L'équipe a en effet clairement été bâtie pour lui plaire. Le talent trop individuel de l'attaquant Aleksandr Khokhlachev ne trouvait pas grâce à ses yeux et il l'a donc fait échanger pour la seconde fois de sa carrière (comme auparavant au SKA). Or Khoklachev était un symbole formé au club, un des rares joueurs capables de faire la différence, et le joueur obtenu en retour - Sergei Shirokov - a plutôt ses belles années derrière lui à 34 ans. Le recrutement spartakiste a récupéré nombre de vétérans que Znarok avait eu ses ordres en équipe nationale, comme l'arrière Andrei Zubarev et l'attaquant défensif Roman Lyubimov. Tous ces joueurs connaissent ses systèmes et ses principes, et pourtant l'organisation défensive ne fonctionne pas en ce mois de septembre.

 

>Le Vityaz Podolsk a récupéré deux joueurs évincés du Spartak, le centre Fyodor Malykhin - qui commençait juste à reprendre confiance - et l'international letton Kaspars Daugavins, aux performances toujours constantes en KHL. Et ce n'est pas tout : le club a aussi engagé le centre canadien Justin Danforth, meilleur joueur de Liiga finlandaise, ou encore le très vif et technique Mattias Tedenby (Davos).

Sachant que le capitaine et meilleur marqueur Aleksandr Syomin avait prolongé son contrat, l'équipe avait donc fière allure, avec également trois paires défensives bien équilibrées. Le recrutement opéré par le club de région de Moscou paraissait excellent... mais avec quel argent ? Les arriérés de salaire de la saison précédente n'ont été payés qu'en juillet ! Le Vityaz n'avait même pas signé de bail avec patinoire de Podolsk, problème qui ne s'est réglé qu'en août.

Pendant l'été, le club a donc décidé une coupe budgétaire. Les joueurs les mieux payés - tous ceux qui avaient plus de 20 millions de roubles - ont dû accepter une réduction de 20% de leur salaire. Cela concerne neuf hockeyeurs, le gardien Ilya Ezhov, Syomin, Malykhin, Aleksandr Dergachyov et les cinq étrangers. Ces derniers avaient déjà vu leurs revenus prévisionnels chuter avec le cours du rouble. Mais dans un marché saturé, aucun joueurs n'a pris le risque de refuser. Les agents ont accepté la baisse de salaire pour sauver le Vityaz. Celui-ci a donc réussi à la fois un gros recrutement et une réduction du budget. Cela peut tenir d'une arnaque miraculeuse... si les hockeyeurs n'en gardent pas une petite rancune et sont prêts à se montrer aussi solidaires sur la glace que dans les négociations.

 

Le déménagement du Torpedo Nijni Novgorod à l'Est ouvre une place potentielle supplémentaire en play-offs dans la Conférence Ouest. Classé dixième ces deux dernières saisons, le Severstal Cherepovets pourrait bénéficier d'un alignement de planètes favorable. Denis Vikharev, parti à 24 ans sans avoir réussi à prendre durablement place en équipe première, revient dans sa ville natale à 28 ans après avoir explosé sur le tard à Vladivostok (37 points la saison passée). Le noyau de joueurs formés au club a donc été renforcé. Le meilleur d'entre eux, Danilil Vovchenko, qui est depuis quatre ans parmi les trois meilleurs marqueurs de l'équipe, a fini par re-signer après des négociations difficiles.

Le contexte est difficile pour tout le monde, et pas seulement à Cherepovets. La patinoire était déjà une des plus petites de la KHL : la crise sanitaire l'a restreinte à 25% de sa capacité, soit 1500 places à peine. Le club ne délivrera donc pas d'abonnements pour ne pas obérer ses recettes. Il a fait une autre économie plus étonnante à l'intersaison : il s'est passé de manager général ! La direction a décidé que les recrutements seraient choisis de manière collégiale. L'entraîneur Andrei Razin, qui a entendu maintes rumeurs sur son remplacement imminent pendant tout le championnat, s'est donc non seulement vu proposer un nouveau contrat, mais il a aussi eu son mot à dire dans l'élaboration de l'équipe.

Pour s'offrir ses 5 étrangers, le Serverstal a su puiser dans des championnats que ses concurrents dédaignent. Le Tchèque Jindrich Abdul (Slovan Bratislava) a ainsi été le meilleur marqueur de l'Extraliga slovaque. La cessation d'activités de l'Admiral Vladivostok n'a pas ramené que Vikharev, elle a aussi permis de récupérer le puissant défenseur Shawn Lalonde. Et s'il n'y avait pas de place à Kazan pour faire éclore le talent offensif de Vladislav Kara (22 ans), le Severstal offre un terreau plus favorable. L'espoir renaît donc dans le ciel grisâtre de Cherepovets.

 

Si le climat est plus ensoleillé et l'air moins pollué sur les bords de la Mer Noire (redevenus très courus cet été puisque les Russes ont arrêté de voyager à l'étranger), le HK Sotchi décline en revanche depuis deux ans. Il n'est donc pas étonnant que le club ait changé de directeur sportif. L'annonce de l'arrivée d'Andrei Zyuzin (son prédécesseur Sergei Gomolyako reste employé avec une fonction dégradée de scout) était complétée de cette phrase : "Dans le futur proche, le club se concentrera principalement sur le développement des jeunes joueurs". Cela semblait plus facile à dire qu'à faire en arrivant début mai à la tête d'une équipe qui n'a jamais été construite ainsi.

Débutant à une fonction décisionnelle, Zyuzin n'a pas tardé à marquer son territoire. Il a poussé à la retraite (Shchitov) ou vers la sortie (Petrov, Mosalyov, Tomilin) les vétérans sous contrat qui ne correspondaient plus à la nouvelle ligne ainsi définie. Il se disait aussi que l'entraîneur Aleksandr Andrievsky n'avait pas le profil d'un développeur de jeunes : pour qu'il comprenne bien qui commande, le Biélorusse a été entouré de nouveaux adjoints. Même son compatriote Aleksandr Mikulchik, le préparateur physique, a été flanqué d'un autre homme avec le même poste.

Le plus beau coup de Zyuzin est sa relecture critique du contrat de Malte Strömwall, qui était de loin le meilleur joueur du club. Son transfert à l'Avangard avait déjà été annoncé, mais Zyuzin a fait valoir que la clause contractuelle qui faisait de lui un agent libre sans restriction après une saison était non valable d'après les règlements de la KHL compte tenu de son âge (alors 25 ans). La ligue lui a donné raison. Son nouveau club aurait donc dû payer une compensation, ce qu'il se refusait à faire. Les conditions financières proposées par Sotchi ne plaisaient guère à son agent, mais l'alternative - quitter la KHL - n'était guère possible dans la situation mondiale. Le Suédois est donc resté, même si c'est contre son gré. Se sent-il piégé et a-t-il gardé la même motivation ?

Tout cela ne répond certes pas à la problématique de développement des jeunes. On peut ranger dans cette catégorie le recrutement du méconnu Dmitri Kolgotin, qui vient d'avoir 26 ans mais n'a jamais joué en KHL (il a été champion du Bélarus au printemps avec le Yunost Minsk), et surtout le prêt du jeune centre German Rubtsov (22 ans) par les Flyers de Philadelphie.

 

 

Division Tarasov (Conférence Ouest)

 

Le CSKA Moscou avait bâti une machine pour dominer la KHL depuis deux ans, mais risquait de se retrouver fort dépourvu une fois que le plafond salarial fût venu. Son président Igor Esmantovich avait plaidé en vain pour son relèvement à 1,3 milliard de roubles : on voyait donc son club bien en peine de respecter la limite de 900 millions. Le départ en NHL des trois vedettes (le gardien Ilya Sorokin et les attaquants Kirill Kaprizov et Mikhaïl Grigorenko) ne suffisaient pas en soi à passer sous la barre fatidique.

Jusqu'ici, même les joueurs à profil défensif étaient en effet payés au-dessus de la moyenne de la ligue. Mais les fidèles travailleurs de quatrième ligne Ivan Telegin et Sergei Andronov avaient vite accepté une nette baisse de salaire. Ces exemples ont ouvert la voie à des négociations dans un marché qui a bien changé. L'agent qui avait refusé les propositions de contrat "revues" de Maksim Shalunov et Mikhaïl Naumenkov a fini par céder en juillet. Nikita Nesterov, qui n'a accepté aucun compromis, est au chômage (les Kings de Los Angeles avaient fait une offre mais l'ont retirée).

L'allègement a donc réussi. Restait à recruter. Le CSKA a continué à faire revenir les Russes d'Amérique du nord, non plus en sortant le carnet de chèques, mais en profitant de l'incertitude sur la reprise de l'AHL pour négocier les prêts de deux joueurs de 21 ans - le défenseur Kirill Samorukov et l'attaquant Kirill Maksimov (formés au CSKA mais partis au Canada dès 17 et 14 ans) - par les Edmonton Oilers ainsi que du défenseur de 23 ans Yegor Rykov par les New York Rangers.

Malgré la présence de plusieurs nouveaux Kirill, une seule recrue peut être comparée techniquement à Kaprizov  Nikolaï Goldobin, rentré dépité des managers et entraîneurs NHL qui "promettent une chose et en font une autre". S'il est vrai qu'il a perdu son temps en passant la saison en AHL, Goldobin n'a pas su saisir sa chance à Vancouver lorsqu'elle était présente en pleine reconstruction de l'équipe. Ses 46 points en 125 matches de NHL n'ont pas été suffisants pour justifier de garder sa place dans un top-6 offensif, seul rôle valable pour son profil.

Au sein des Canucks, on parlait aussi de perche non saisie à la même époque en ce qui concerne Brendan Leipsic... qui retrouve aujourd'hui Goldobin à Moscou après avoir scié la branche NHL sur laquelle il était pour sa part assis. Leipsic était un hockeyeur parfaitement anonyme jusqu'à la diffusion de propos qu'il avait tenus dans un groupe privé sur Instagram. Il y traitait ses coéquipiers de quatrième ligne chez les Capitals de Washington de "losers" et s'occupait de comparer des photos de femmes enceintes postées sur les réseaux sociaux à des porcs. "Inacceptable" selon la NHL. Il a été viré mais peut rebondir en Russie, qui voit tout cela comme du politiquement correct à l'américaine et en fait peu de cas.

 

L'entraîneur biélorusse Andrei Skabelka a fui le Kazakhstan où on l'obligeait à une double casquette de coach de club et de sélectionneur. Il a signé au Lokomotiv Yaroslavl, dans une ville qu'il connaît bien puisqu'il y a joué au faîte de sa carrière (à la fin du siècle dernier quand le club s'appelait encore Torpedo) et en fut même le capitaine. Ce n'est pas forcément une place enviée car le président du Loko, Yuri Yakovlev, a la réputation de consommer les entraîneurs à la manière d'un fast-food. Le Biélorusse toutefois paraphé un contrat de 3 ans, et s'il doit se faire virer, ce ne sera pas sans une belle indemnité.

Skabelka pense surtout avoir de bonnes conditions pour réussir. Il a amené avec lui du Barys l'expérimenté défenseur finlandais Atte Ohtamaa et le gardien Eddie Pasquale, qui sécurise un poste où le jeune Konovalov était trop irrégulier. L'arrière-garde est donc solide et dense, encore renforcée par le défenseur défensif Aleksei Marchenko, évincé par la réduction salariale du CSKA.

L'attaque s'appuie sur trois Suédois qui avaient été coéquipiers en équipe nationale des moins de 20 ans. André Pettersson, productif dans toutes ses escales en KHL, rejoint en effet Anton Lander et Magnus Pääjärvi. Au Mondial junior 2010, à vrai dire, Lander ne jouait qu'en troisième ligne, en retrait des deux ailiers qui menaient alors l'attaque scandinave. L'idée d'un trio scandinave n'a pas duré. Au cours du tournoi de Sotchi, Skabelka a placé Egor Averin aux côtés de Pettersson et Lander, et la ligne a vite fonctionné.

Pääjärvi, qui n'a jamais confirmé les espoirs placés en lui pendant ses années juniors, a alors semblé trouver un nouvel élan sur le deuxième trio avec le centre Vladimir Tkachyov et l'ailier droit Yegor Korshkov, revenu en août de son expérience nord-américaine quand il a vu que les Toronto Maple Leafs ne l'inscrivaient même pas dans la liste des joueurs invités dans la "bulle" pour les play-offs à huis clos. Le Loko semble donc avoir déjà trouvé des lignes équilibrées : c'est typiquement le club pour qui le plafonnement de la masse salariale constitue une belle chance à saisir face à des CSKA et SKA qui n'ont plus rien d'intouchables.

 

Maintenant que toute la KHL a taillé à la hache dans ses salaires, le Dynamo Moscou se retrouve tout bonnement avec les deux plus gros salaires de la ligue : Vadim Shipachyov (120 millions de roubles) et Dmitrij Jaškin (85 millions de roubles). Le Tchèque, révélation de la saison, a en effet signé pour deux ans. Mettre 24% de la masse salariale sur deux joueurs, est-ce trop ? Cela s'est déjà vu en NHL.

L'an dernier, c'est vrai, le Dynamo était trop dépendant de sa première ligne. Mais cette année, en laissant partir Pettersson, il a complété le premier trio avec un joueur formé au club et déjà présent, Vadim Tarasov. les Moscovites ont ainsi pu recruter un centre complet pour la deuxième ligne, le double champion du monde Oscar Lindberg (l'an passé, le deuxième centre était l'anonyme Igor Polygalov). Il prend place aux côtés de Teemu Pulkkinen - arrivé en décembre dernier - et de Dmitri Kagarlitsky, qui formait le précédent duo-vedette avec Shipachyov il y a deux ans avant de partir à Saint-Pétersbourg pour une saison ratée. Le Dynamo l'a échangé au SKA contre trois joueurs de la génération 2003 qui ont de toute façon déjà filé en Amérique.

Les bleu et blanc ont donc désormais deux lignes fortes, et non plus une seule. Leur profondeur de banc ne tient certes pas la comparaison avec leurs adversaires, mais ils ont un meilleur effectif que l'an passé. Si les cadres trentenaires ne baissent pas de pied, il faudra donc compter avec le Dynamo Moscou.

 

Plus personne ne compte en revanche sur les autres clubs du même nom. Le Dinamo Minsk a même vu fuir son capitaine Kirill Gotovets et son vétéran Andrei Kostsitsyn, ce dernier déclarant ne plus vouloir jouer pour le coach Craig Woodcroft. Le ciel, qui semblait noirci au printemps, s'est un temps éclairci. Le sponsor majeur Belaruskali a fini par renouveler son soutien. Une équipe correcte a été assemblée, avec un accent sur les défenseurs offensifs : Brennan Menell a été le meilleur passeur des arrières d'AHL la saison dernière, et Stepan Falkovsky, qui avait quitté le Bélarus à 19 ans, a été deux fois meilleur défenseur-buteur d'ECHL pendant ses quatre premières années professionnelles en Amérique du Nord.

Le retour de Rob Klinkhammer, qui avait laissé de bons souvenirs à Minsk à son arrivée en KHL, était accueilli avec joie par les supporters même s'il a pris de l'âge. Un bel argument pour attirer du public... sauf qu'entre-temps celui-ci a boycotté l'équipe pour de toutes autres raisons. Aleksandr Lukashenko a été réélu président de la République à l'issue de l'élection de trop, dont les résultats ont paru si grossièrement faussés que le peuple n'y croit plus. Depuis, les manifestations se poursuivent chaque dimanche, malgré (ou à cause de) la répression brutale, et la révolte gagne tous les pans de la société.

Dmitri Baskov, le directeur du Dynamo Minsk, a entre-temps été aussi nommé à la tête de la fédération (en remplacement du démissionnaire Savilov), une nouvelle promotion pour un fidèle partisan du pouvoir. Baskov avait jugé "insultant de lire les commentaires des sportifs pour qui beaucoup a été fait" en juin dernier, alors que certaines voix - notamment dans le basketball - critiquaient l'emprisonnement des principaux opposants avant l'élection. Cette révolte des sportifs n'a cessé de croître depuis : plus de 500 d'entre eux ont signé une lettre ouverte réclamant l'invalidation des élections.

Parmi ces pétitionnaires, les footballeurs mais surtout les hockeyeurs brillent par leur absence. On y recense la juriste, les responsables marketing et le webmaster de la fédération, ainsi que quelques entraîneurs, mais seulement deux pratiquants actifs de hockey sur glace : un homme, Artemy Chernikov, et une femme, la gardienne Yulia Abbasova. Une parité qui n'est pas du tout conforme à la pratique du hockey au Bélarus (7 femmes licenciées pour 401 hommes adultes et 4172 enfants !), mais qui reflète bien la contestation actuelle dans laquelle les femmes jouent un rôle important. Autant de sportives que de sportifs ont d'ailleurs signé cette lettre.

Baskov - qui a participé aux rassemblements en soutien du président avec le sélectionneur national Zakharov - s'est fait copieusement siffler à Gomel, en province, lors de la remise de la Coupe du Bélarus. Dans la capitale, les supporters du Dynamo Minsk appellent au boycott pour protester contre ses prises de position politiques. Pour remplir ses tribunes (comme si c'était le seul endroit dans la KHL où le Covid n'existait pas), le club recrute de " faux supporters " officiels et bien disciplinés, mais l'ambiance ne trompe personne. L'ancien buteur Oleg Antonenko a beau exhorter les fans de venir, cela ne fait qu'écorner sa propre image et reste sans effet. Les appels sonnent parfois désespérés. L'entraîneur canadien Craig Woodcroft - qui comme tous les entraîneurs nord-américains passés par le Bélarus semble placer la loyauté envers son employeur au-dessus de son goût de la démocratie - a même osé demander au public de venir au match joué le jour anniversaire du crash aérien du Lokomotiv pour honorer la mémoire de Ruslan Salei et des joueurs disparus. Utiliser le souvenir des morts et de cette tragédie témoigne d'un mauvais goût certain...

Les Jokerit Helsinki ont déjà annulé leur déplacement à Minsk (et perdu par forfait) par crainte que leurs fans ne les boycottent à leur tour s'ils cautionnaient ainsi indirectement le régime biélorusse. Jusqu'à quand le Dinamo Minsk pourra-t-il faire semblant de rien ?

 

On peut se demander en particulier si le Dinamo Riga ne refusera pas lui aussi le voyage au Bélarus, puisque les autorités politiques refusent désormais la co-organisation du Mondial 2021 avec ce pays (au grand dam de la fédération locale). Le Dinamo est entre deux feux puisqu'il suit la ligne balte et européenne - critiquée par Moscou - mais qu'il dépend des capitaux russes. La participation du représentant letton à la KHL a été sauvée en juillet par Gazprom.

Le Dinamo a passé toute l'intersaison sans savoir qui dirigerait l'équipe. Tambijevs était un des candidats mais a préféré choisir l'Admiral. Bien mal lui en a pris puisque ce dernier club s'est retiré de la KHL... On a évoqué des entraîneurs inconnus du championnat letton, avant de revenir au premier choix initial, Peteris Skudra. Pour donner son accord, il a obtenu d'être manager et coach, et d'avoir toute latitude sur le recrutement... Tant pis si c'est avec un budget réduit de 30%.

À son arrivée, il n'y avait qu'un joueur sous contrat. Le gardien espoir de 20 ans Janis Voris était parti (au Danemark), le jeune défenseur international Uvis Janis Balinskis aussi (en Extraliga tchèque). Le tempétueux Skudra a donc bâti de zéro une équipe à son image. Il a engagé des gardiens russes trentenaires un peu en disgrâce, Ilya Prokuskyarov mais aussi Stanislav Galimov qu'il avait entraîné au Torpedo. Il a aussi conforté sa réputation de goût du jeu agressif en engageant JC Lipon, un attaquant d'AHL qui dépasse les 100 minutes de pénalité à chaque saison (à plus de 30 points de moyenne), et Andrew O'Brien, un défenseur aussi lent que lourd (193 cm, 100 kg) qui a trouvé le moyen d'exploser les records de Norvège avec 309 minutes de pénalité l'an passé.

On en oublierait presque qu'il y a des joueurs de talent à la Lauris Darzins dans l'équipe, et même l'international autrichien Konstantin Komarek qui a trouvé une place en KHL. Avant-dernier l'an passé, le Dinamo n'a de toute façon rien à perdre.

 

 

Division Kharlamov (Conférence Est)

 

L'Ak Bars Kazan a peut-être le mieux anticipé la nouvelle donne de la KHL qu'implique la mise en place du plafond salarial. L'an passé, il a commencé par engager Dmitri Kvartalnov, un entraîneur prêt à travailler avec des joueurs plus jeunes, pas forcément les plus cotés, qu'il pousse à leur maximum en faisant jouer la concurrence avec une constante rotation des lignes. Les Tatars ont fini deuxièmes de la saison régulière - premiers à l'Est - et ont gardé tous les joueurs-clés, y compris la révélation Albert Yarullin avec un contrat de transition d'un an.

Kazan a même réussi à se renforcer. Stéphane Da Costa a d'abord été engagé pour environ 55 millions de roubles (600 000 euros), sachant que le Français a l'avantage de déjà connaître les exigences de Kvartalnov depuis leur passage au CSKA. Plus fort encore, Nigel Dawes a signé en juillet pour 60 millions de roubles, diminuant de 60% son précédent salaire à Ekaterinbourg. Un bon prix pour un joueur qui a marqué plus de 50 points à chacune de ses six dernières saisons et qui ne compte pas comme étranger en tant qu'international du Kazakhstan. Ak Bars ne compte donc qu'un joueur parmi les 20 plus payés de la ligue : Justin Azevedo à 85 millions.

Les recrues ont donc fait des concessions... qui pourraient leur permettre de soulever la Coupe Gagarine. Il y a maintenant trois joueurs d'exception au lieu d'un dans l'offensive tatare (Da Costa et Dawes en plus d'Azevedo) et ils peuvent faire la différence en plus du système de jeu bien en place. Dans le match d'ouverture de la saison, Ak Bars a décroché sa première victoire sur le CSKA depuis la finale du titre 2018 (3-2). Stéphane Da Costa a débuté avec 1 but (un tir du poignet parfait dans le haut du filet à mi-distance) et 1 assist.

 

Dawes a quitté l'Avtomobilist Ekaterinbourg parce qu'il y avait sans doute un meneur de trop dans le vestiaire. Le capitaine Pavel Datsyuk y reste donc le seul homme fort. Pour sa dernière saison comme joueur à 42 ans, il est déjà influent en coulisses, au point que l'on dit qu'il a choisi son coach. Bill Peters était l'adjoint de Mike Babcock de 2011 à 2014 chez les Detroit Red Wings, dont Datsyuk était alors le créateur de jeu. En novembre dernier, la libération de parole dans la NHL a conduit au renvoi de Babcock (pour ses méthodes de management) puis de Peters (pour accusations de racisme). Pas de quoi dissuader Datsyuk qui tolère les propos haineux de son mentor spirituel.

Peters a préparé sa venue avec son adjoint German Titov, qui habite lui aussi Calgary. Mais il ne pouvait pas prévoir toutes les difficultés. Le camp de pré-saison a débuté sans deux étrangers, l'attaquant Dan Sexton et le défenseur Chay Genoway, dont les visas ont été retardés par la crise sanitaire. Quand ils sont arrivés, ils ont contracté le Covid-19... comme un tiers de l'équipe et comme le coach lui-même, asymptomatique mais resté quelques jours en isolement. L'Avtomobilist a commencé le championnat sans trois attaquants majeurs, Anatoli Golyshev, Brooks Macek et Geoff Platt, absents probablement à cause de la pandémie.

Il y a un poste qui semble à toute épreuve, celui de gardien. L'Avtomobilist en a utilisé 4 différents - tous convaincants - sur ses 4 premiers matches de préparation. Le numéro 1 est évidemment l'international tchèque Jakub Kovár, infecté mais vite guéri. Il a confié ses doutes au site iSport.cz : "Les anticorps devraient me protéger pour les deux prochains mois. Mais après ? Personne ne sait. Je suis surpris que le coronavirus soit pris un peu à la légère ici. Seul le temps dira si nous le regretterons. Je ne suis pas du tout préparé pour le premier match. Je n'ai fait que deux entraînements et je n'en ai pas fini un." Malgré cette crainte, Kovár a réussi 98,8% d'arrêts sur ses trois premières rencontres. Mais ce qui lui pèse le plus, c'est que, contrairement à son coach canadien qui savait qu'il viendrait sans sa famille, le Tchèque n'a appris qu'à l'ambassade qu'il ne pourrait pas être accompagné. "Si longtemps sans ma famille, c'est terrible. Je me suis déjà demandé si ça valait la peine. Normalement, je penserais à gagner la KHL, je me sentirais nerveux avant le match et je m'amuserais. Mais maintenant ? J'ai d'autres idées que finir premier. Tout ce qui compte, c'est la santé."

 

Le Metallurg Magnitogorsk, qui avait des salaires surévalués, a dû passer l'été à renégocier. Les arrières qui n'ont pas accepté de baisse de salaire sont partis : Viktor Antipin, Evgeni Biryukov (qui a préféré changer d'équipe que d'accepter une reconversion au sein du club) et Maksim Matushkin (qui n'a pas trouvé d'autre travail). Plus souples en négociation, Yegor Yakovlev et Grigori Dronov sont restés. La défense reste bien fournie avec les arrivées du rude Mikhaïl Pashnin et du fiable Yegor Martynov (+18 avec l'Avangard).

Mais le cas le plus émotionnel et le plus symbolique, c'est celui de Sergei Mozyakin, buteur d'exception récompensé par un si beau contrat qu'il était censé toucher 180 millions de roubles... soit 20% de la masse salariale autorisée à lui seul à 39 ans ! Forcément impossible. Il est le joueur qui a le plus lâché de lest, finissant à 50 millions. Magnitka a engagé de nouveaux meneurs russes en milieu de carrière (Sergei Plotnikov et Maksim Karpov, que le coach Ilya Vorobyov avait entraîné à Saint-Pétersbourg. Mais pour les récupérer dans un échange tripartite impliquant le SKA, le Metallurg a dû "lâcher" des jeunes.

Et ce n'était pas fini. Magnitogorsk avait un grand vide au centre, comblé par deux étrangers qui ne sont pas de purs spécialistes du poste, Juho Lammikko, sans expérience en KHL, et Andrej Nestrasil, un centre complet plus qu'un vrai meneur offensif. Il fallait absolument un centre russe technique. Pour en obtenir un - Nikolaï Prokhorkin - dans un nouvel échange tripartite, "Magnitka" a dû céder au SKA les droits de "son" Vladislav Kamenev, auquel il s'était cramponné lors des premières négociations en espérant un retour à la maison. La cure de jouvence a donc été chèrement payée : le club de l'Oural a perdu les joueurs formés au club qui faisaient sa gloire pour pouvoir composer une équipe bonne, mais pas forcément dominante.

 

Dans le dernier échange tripartite " Prokhorkin ", c'est le Traktor Chelyabinsk, autre club de l'Oural, qui a récupéré trois jeunes "Métallurgistes". À Magnitogorsk, on expliquait que le vice-champion du monde junior Pavel Dorofeev pourrait mieux se développer à Chelyabinsk qu'en restant au bout du banc. Résultat : il a été envoyé dans l'équipe-ferme de VHL (le Chelmet Chelyabinsk) comme ses deux collègues. Qu'on ne prenne pas ça forcément pour une punition contre les jeunes d'un rival ouralien : le Traktor avait même envoyé sa pépite locale Vitali Kravtsov en VHL la saison dernière. Les Rangers de New York ont quand même accepté de prolonger le prêt de Kravtsov pour tout le championnat de KHL, et cette fois il pourrait sentir la confiance psychologique dont il a besoin.

Kravtsov figure en effet sur la deuxième ligne avec deux nouveaux arrivants, le centre Aleksei Byvaltsev et le nouveau capitaine Sergei Kalinin, champion olympique dégraissé de la masse salariale du CSKA. Un très bon trio russe qui permet au Traktor de ne plus dépendre uniquement de sa première ligne étrangère comme l'an passé. Ce premier trio reste garanti car il y a deux Suédois et deux Tchèques (Åberg, Berglund, Sedlak, Hyka). Au total, le Traktor a engagé 6 étrangers pour 5 places, dont un qui sera donc payé pour s'asseoir en tribune. Une stratégie que l'on ne connaissait que chez les gros clubs... mais qu'ils ne font plus pour cause de plafond salarial.

La recrue qui a le plus réjoui les supporters est cependant sur le banc : Anuar Gatiyatullin avait conduit le Traktor en demi-finale de KHL en 2018. Il est donc un peu attendu comme le Messie. Mais pendant les deux ans qu'il a passé comme assistant-coach du SKA Saint-Pétersbourg, les attentes ont quelque peu baissé à Chelyabinsk. Après une qualification de justesse puis une élimination, une place confortable en play-offs suffirait.

 

Le Torpedo Nijni Novgorod a l'habitude de faire le bouche-trou, sans cesse ballotté entre la Conférence Ouest et la Conférence Est. Ses dirigeants se sont laissé convaincre de prendre la place laissée libre par l'Admiral à l'Est... avant de réfléchir quelques mois plus tard que la qualification serait sans doute plus aisée à l'Ouest. Ce transfert semble aider surtout les clubs plus médiatiques des régions-clés (par exemple Sotchi) qui intéressent plus la KHL que l'Oural ou la Sibérie.

Huitième l'an passé à l'Ouest, le Torpedo aura fort à faire pour se qualifier à l'Est. Les cinq Nord-Américains auront un rôle important. Chris Wideman est le plus connu : meilleur défenseur d'AHL 2015, il a été performant en NHL - et sous le maillot des États-Unis en 2016 - avant une opération du tendon en novembre 2017 qui a freiné sa carrière. L'adaptation sera un élément-clé. De ce point de vue, Andy Miele, rentré d'AHL, a l'avantage d'avoir déjà joué à Nijni Novgorod il y a deux saisons. Mais les étrangers ne suffiront pas pour se qualifier. La révélation formée au club Andrei Tikhomirov est débarrassée de la concurrence d'un portier étranger, mais la pression sera plus forte et il faudra qu'il soutienne le rôle de numéro 1.

En attaque, le Torpedo risquait l'affaiblissement fatal. Le buteur Bocharov étant parti à Ekaterinbourg, le club ne pouvait pas se permettre de perdre son meilleur marqueur russe Damir Zhafyarov, qui n'avait pas accepté le contrat proposé. Le Torpedo détenait ses droits pour la KHL, mais son agent menaçait de le recaser en Europe. Dans un contexte de restrictions (l'équipe-ferme du Torpedo Gorki a été dissoute et un partenariat a été signé avec une autre équipe de VHL, le Lada Togliatti). Le nouveau directeur général du club Maksim Gafurov a fini par remporter le bras de fer en obtenant la signature du joueur. La paye de Zhafyarov n'est pas élevée pour la ligue (35 millions de roubles) mais supérieure à ce qu'il aurait obtenu à l'étranger. Avec Zhafyarov, le Torpedo reste un prétendant aux play-offs.

 

Le Neftekhimik Nijnekamsk avait fini huitième et dernier qualifié à l'Est en profitant de la saison ratée du Traktor. Mais avec le Torpedo en plus, sa tâche s'annonce encore plus compliquée. C'est le type du club pas médiatique pour deux sous. C'était l'équipe russe de KHL avec la plus faible affluence, en dessous de 3500 spectateurs (seul Kunlun fait moins). Et avec les règles de distanciation sociale, la capacité de la patinoire sera limitée à 17% des places, soit... 932 sièges ! Le plus bas total de la ligue, hormis les clubs contraints au huis clos (comme le Barys au Kazakhstan).

La gestion du Neftekhimik laisse songeur. Certains se sont demandés pourquoi le club n'avait pas fait d'offre à Pavel Padakin, en fin de contrat au 30 avril. Même s'il ne voulait pas le garder, cela aurait au moins permis de négocier une compensation. Padakin a signé à Sotchi une semaine plus tard...

La plus lourde perte est le défenseur formé au club Damir Sharipzyanov parti à Omsk. Les Tatars ont apparemment moins d'argent pour les étrangers et ne remplissent même pas leur quota de cinq en début de saison. Autant dire que tout tiendra sur le gardien Konstantin Barulin...

 

 

Division Chernyshev (Conférence Est)

 

L'Avangard Omsk est le premier club russe à avoir déclaré un cas de coronavirus (Sergei Shumakov, le 16 juillet). Des tests réguliers ont été pratiqués dès le début du camp d'entraînement, et 20 personnes ont été positives - staff inclus - pour la plupart asymptomatiques. L'équipe a été maintenue en isolement dans son exil de Balashikha (toujours en attente de la construction d'une nouvelle aréna à Omsk) et a déclaré forfait pour le premier tournoi de pré-saison début août. Il valait mieux que ça arrive à ce moment-là. L'Avangard a remporté le dernier tournoi de préparation à Saint-Pétersbourg, et la majorité des joueurs ont développé des anticorps, même si le club reste prudent car la durée de l'immunité reste incertaine.

Soyons clair : le club est le premier à avoir révélé un cas de Covid, pas le premier à avoir eu un malade. Cette communication plus ouverte est à mettre au crédit du nouveau staff. L'ancien gardien Aleksei Volkov (40 ans), après des expériences d'adjoint chez lui à Ekaterinbourg puis de responsable du recrutement du CSKA, a obtenu son premier poste de directeur général en KHL. Ce qui a le plus fait jaser, c'est la nomination de son adjoint, Igor Eronko, un journaliste de 38 ans. Autodidacte, il n'a jamais joué au hockey dans un club, mais ses articles détaillaient souvent les aspects tactiques. En dévoilant son changement de cap professionnel, il a fait référence à John Chayka et Kyle Dubas - deux jeunes managers de NHL qui ont bâti leur réputation sur l'utilisation des stats avancées - et ce n'est pas un hasard car il apporte une vision théorique et analytique aux hommes de terrain. "Un amateur", selon l'ancien joueur-phare du club Maksim Sushinsky, très critique et sûrement vexé d'avoir été viré de son poste de président cet été.

Le concept que Volkov a développé pour être embauché est une équipe sans joueurs-étoiles surpayés avec plus de discipline financière, ce qui est nécessaire avec le nouveau plafond salarial. Personne n'est payé au-dessus de 60 millions de roubles (700 000 euros). Le club a attendu longtemps mais a pu se défaire sans indemnité du contrat du décevant Sven Andrighetto en connaissant l'intérêt de Zurich pour ce joueur suisse. L'autre priorité affichée - plus de vitesse - est illustrée par l'échange de Shirokov contre le plus jeune et plus rapide Aleksandr Khoklachev. L'équipe n'a pas forcément de premier centre de très haut niveau de prime abord, mais l'entraîneur canadien Bob Hartley, évidemment consulté dans le recrutement, a exprimé sa confiance en son compatriote Corban Knight (qui était le meilleur marqueur du Barys).

L'objectif de l'Avangard a surtout été de renforcer sa troisième et sa quatrième ligne, dont la contribution a été jugée insuffisante en play-offs. Le champion olympique Ilya Kablukov est la recrue spectaculaire en la matière. L'objectif est d'accroître la concurrence sur ces trios défensifs. L'effectif surdimensionné a parfois été critiqué, mais le club dit préférer "avoir du gras" notamment à cause des risques sanitaires. Le "petit bulldog" (dixit Hartley) Artyom Manukyan, de retour après une saison presque blanche sur blessure, sera donc prêté en VHL à l'équipe-ferme de Novokuznetsk. La profondeur de l'effectif ne sera pas le moindre atout de l'Avangard, favori légitime de sa division.

 

Le Salavat Yulaev Ufa restait sur une belle élimination d'Omsk avant l'arrêt soudain de la saison 2019/20. Mais le "rattrapage" en play-offs d'une saison régulière décevante, comme l'année précédente, n'a pas sauvé le coach Tsulygin. Adjoint depuis trois ans, le Finlandais Toni Lämsä a été promu à 40 ans entraîneur-chef, poste qu'il avait déjà occupé en Liiga. Il aura besoin de performances très régulières de ses indispensables compatriotes, le gardien Juha Metsola et le trio offensif Granlund-Manninen-Hartikainen.

Markus Granlund s'est toutefois empressé de rappeler qu'il ne serait pas le nouveau Linus Omark : il n'a pas les qualités techniques d'exception de son prédécesseur, mais il a prouvé qu'il était un joueur complet pendant ses six saisons en NHL et il est temps pour lui de s'affirmer dans un rôle offensif à 27 ans. C'est surtout la défense qui se présente affaiblie. Evgeni Biryukov, ex-international de 32 ans qui quitte Magnitogorsk pour la première fois de sa carrière, et Igor Myasishchev, un Moscovite de 23 ans presque sans expérience en KHL, ne peuvent pas décemment prétendre être des substituts équivalents de Pashnin et Arzamastsev.

Le club bachkire a moins d'argent car Rosneft, qui avait racheté la compagnie pétrolière locale Bashneft, a fermé les vannes du pipeline. L'effet le plus inquiétant concerne l'école de hockey. Les parents ont été informés qu'ils devraient contribuer financièrement pour compenser le sponsoring manquant. Seuls dix équipements gratuits (crosses et patins) seront mis à disposition par classe d'âge, distribués à discrétion du coach. Pour les enfants de moins de 13 ans, les cours seront désormais payants, sauf exceptions (familles nombreuses, à faibles revenus ou monoparentales, ou enfants des employés du club).

 

L'an passé, c'est le Barys Nursultan qui a remporté cette division Chernyshev, pour un point devant l'Avangard. Réitérer cette performance paraît toutefois difficile. Après l'échec au tournoi de préqualification olympique, Andrei Skabelka a démissionné de son poste de sélectionneur du Kazakhstan, ce qui impliquait de quitter aussi le club. Plusieurs noms de spécialistes finlandais ont été évoqués pour lui succéder, mais aucun n'a apparemment accepté ce cumul compliqué des deux postes. Une solution interne a donc été trouvée avec Yuri Mikhailis, l'entraîneur de l'équipe-réserve (le Nomad). C'est le père du meilleur joueur de la génération montante du Kazakhstan (Nikita Mikhailis) et il connaît tous les joueurs locaux. Mais saura-t-il diriger les étrangers qui mènent habituellement le Barys au succès ?

L'effectif reste taillé pour le haut du tableau. Certes, le gardien Eddie Pasquale et le défenseur Atte Ohtamaa ont suivi leur coach à Yaroslavl. Le second n'a pas été remplacé, mais Joni Ortio a été recruté dans les cages où le vieillissant naturalisé Henrik Karlsson n'est plus considéré comme une assurance tous risques. En attaque, le Barys a toujours de quoi présenter deux lignes offensives dangereuses : Matt Frattin fait son retour après une année à Kazan, et Jakob Lilja, Suédois passé la saison passée par Columbus en NHL, a de très bonnes qualités de patinage.

Le problème majeur est ailleurs. Mi-juillet, l'ambassade de Chine a prévenu ses ressortissants qu'une "pneumonie kazakhe" inconnue, "plus meurtrière que le coronavirus", sévissait dans le pays. Un curieux faux-pas diplomatique venu d'une nation qui s'était battue pour faire bannir les termes de "virus chinois" pour évoquer le Covid-19. Les deux pays se sont appliqués à éteindre l'incendie, mais l'attention de la communauté internationale a soudain été attirée par la situation en Asie Centrale. Le Kazakhstan a dû réagir en intégrant tous les cas de pneumonie dans ses statistiques, qui ont alors bondi, et a pris des mesures de restriction. Le remède traditionnel du koumis, boisson alcoolisée à base de lait fermenté de jument qui était censée soigner toutes les maladies, ne suffisait plus.

Les frontières se sont alors fermées. Alors que la VHL - deuxième niveau russe - et la MHL - ligue junior - avaient déjà publié leurs calendriers, les équipes du Kazakhstan se sont retirées. Le seul club autorisé à jouer une compétition transnationale, c'est le Barys. Mais il s'est réuni tardivement au camp d'entraînement, et il n'a pas eu le droit de quitter le pays. Il n'a pu affronter que des équipes du championnat du Kazakhstan. Avec un nouveau coach et un retard de préparation, le contact initial avec la KHL risque d'être brutal en ce début de saison.

 

Si le cas Eronko a fait parler à Omsk et ailleurs, un homme prouve depuis des années qu'on peut être directeur général d'une équipe de hockey sans avoir précédemment été joueur soi-même : Kirill Fastovsky est considéré comme un des meilleurs managers du pays car il réussit à faire du Sibir Novosibirsk un club régulièrement compétitif avec des moyens bien plus modestes que ses concurrents. Il n'a pas hésité cet été à se séparer de Nikita Mikhailov, qui apparaissait comme le grand espoir du club en 2018/19 (13 buts à sa première saison pro à 20 ans) mais qui n'a jamais semblé à son aise depuis que Nikolaï Zavarukhin est devenu entraîneur. Un Zavarukhin qui a prouvé sa compétence par une excellente saison, conclue en sortant son ancien club (Avtomobilist) des play-offs.

Les joueurs qui quittent Novosibirsk se rendent souvent compte que l'herbe n'est pas toujours plus verte dans les grands clubs. L'ex-capitaine Stepan Sannikov, arrivé au club à 15 ans et qui a gravi les échelons jusqu'à l'équipe nationale, revient après deux ans d'absence pour la plus grande joie des supporters. Il constituera un atout supplémentaire pour compléter la légion finlandaise. Celle-ci ne compte plus que quatre hommes puisque Jukka Peltola a décidé de rentrer à la maison à Tampere et qu'il sera remplacé par un Canadien : Eric O'Dell a raté sa saison à Magnitogorsk mais avait prouvé sa valeur pendant les trois saisons précédentes à Sotchi, un club plus comparable.

Le Sibir s'est montré sous son meilleur jour en remportant le trophée Romazan à Magnitogorsk en pratiquant du très bon hockey. Mais au retour en Sibérie, les tests pratiqués ont révélé 11 cas positifs au Covid-19 (joueurs et staff). L'équipe a dû annuler sa participation à son dernier tournoi de préparation à Chelyabinsk et se mettre en quarantaine. Tout le travail de la pré-saison est donc probablement gâché par cet arrêt forcé juste avant le début de championnat.

 

Il y a un cas encore plus compliqué que le Sibir : le Kunlun Red Star. Il est en effet dans une situation particulière : il s'agit d'un club professionnel chinois (ce qui lui permet de "qualifier" les joueurs pour l'équipe nationale s'ils passent deux années au pays et ont la citoyenneté) qui embauche des sportifs professionnels majoritairement nord-américains pour évoluer dans une ligue russe. En temps normal, ça passe, avec plus ou moins de complications administratives. Mais en temps de pandémie, ça devient un casse-tête. Déjà, le Kunlun Red Star ne peut plus jouer en Chine. Le premier pays à avoir vécu dans sa chair les conséquences du coronavirus est logiquement devenu précautionneux. La question est réglée : l'équipe de hockey jouera donc toute la saison à Mytishchi, dans la banlieue de Moscou, sans jamais franchir les frontières chinoises.

Mais il y a un autre problème : à ce jour, les employés nord-américains ne peuvent pas obtenir de visa de travail. Commencer la saison sans entraîneurs étant impossible, le club chinois a donc renoncé à leur venue. Le coach canadien Curt Fraser, qui avait signé un contrat de 450 000 dollars pour la saison à venir, a brutalement appris mi-juillet qu'il était viré, soi-disant pour raisons de santé (il a 62 ans et est diabétique, ce qui en fait un profil "à risque"). Ce sont en fait tous les Nord-Américains du staff qui ont été rayés de l'organigramme, quel que soit leur âge. Fraser a l'intention de faire valoir ses droits par des voies légales, ce qui s'annonce encore plus compliqué qu'obtenir un visa...

Kunlun avait déjà un Russe dans son staff : l'ancien attaquant au grand talent individuel Aleksei Kovalev. Adjoint depuis deux ans, le voilà propulsé à la tête de l'équipe, se voyant déjà guider la Chine aux Jeux Olympiques 2022. Mais dans l'immédiat, l'équipe n'a rien de chinoise, même naturalisée. L'effectif est uniquement composé de joueurs russes au chômage, mis à l'essai pendant la pré-saison. Qui sera mis sous contrat ? Quand les joueurs nord-américains - et en particulier les piliers attendus de l'équipe olympique de Chine comme le capitaine Brandon Yip - seront-ils autorisés à arriver ? Question plus pernicieuse : quelle est la part des restrictions budgétaires et des restrictions administratives dans le comportement du club ? L'étoile rouge pourrait être judicieusement remplacée par un point d'interrogation géant à cette heure.

 

À sept fuseaux horaires et plus de 6000 kilomètres de Moscou, Khabarovsk est devenue cet été au centre de l'actualité politique russe. Il y a deux ans, la région avait voté à 70% aux élections régionales pour Sergueï Fourgal, le candidat du parti de droite nationaliste LDPR, contre le candidat soutenu par le Kremlin. Un camouflet pour le pouvoir central. Il est très rare que de vrais opposants gardent longtemps un mandat local en Russie... Sans grande surprise, cet été, Fourgal a été arrêté pour des accusations de meurtres sur des hommes d'affaires en 2004 et 2005. Un membre éminent de LDPR, Mikhail Degtyarev (vu à Khabarovsk comme une marionnette de Moscou), a été envoyé sur place comme gouverneur. Depuis, des dizaines de milliers de personnes défilent chaque samedi à Khabarovsk, des manifestations jamais vues en province.

La défiance à l'égard de la capitale n'est pas étonnante en Extrême-Orient, où Moscou paraît très loin. La région se sent oubliée, volée de ses richesses minières. Le club de hockey - l'Amour Khabarovsk - n'est certes pas lié à cette opposition, bien au contraire. Loin d'être apolitique, il a même appelé en juin ses supporters à voter pour le référendum constitutionnel (qui s'est déroulé quelques jours avant l'arrestation du gouverneur et permet à Vladimir Poutine de briguer une présidence à vie). Dans le contexte troublé, le nouveau gouverneur Degtyarev a tout de même trouvé le temps de rencontrer le président du club Aleksandr Mogilny pour l'assurer de son soutien.

L'Amour a eu ses propres problèmes, purement sportifs. L'entraîneur Aleksandr Gulyavtsev a démissionné fin juillet pour rentrer chez lui à Perm pour raisons familiales (le club ne voulant pas lui accorder de congé). Même si ses problèmes sont réglés depuis mi-août, il n'a pas été réembauché. Son adjoint Pavel Torgayev a pris la suite et est aux commandes de l'équipe pour le début de saison. Il aura même pour la première fois une authentique star russe dans ses rangs : dans un contexte de plafond salarial qui a nivelé les forces, l'ancien numéro 1 de draft Naïl Yakupov s'est retrouvé à Khabarovsk après divers échanges.

Si on s'interroge sur la volonté de Yakupov de jouer en Extrême-Orient, c'est que la région reste isolée, et pas seulement sur le plan politique. Maintenant que Khabarovsk est son seul représentant (l'Admiral Vladivostok a annulé sa participation à la saison pour réorienter l'argent public après la crise du Covid), les autres équipes ont obtenu de la KHL de ne pas avoir à effectuer ce long voyage après le 1er janvier pour ne pas se fatiguer avant les play-offs. L'Amur sera donc forcé de finir la saison par deux mois en déplacement !

 

Marc Branchu

 

 

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