Suède 2022/23 : présentation
C'est à la mi-septembre qu'a repris le championnat suédois. La pandémie de covid ne semble pas encore s'estomper, quoique a priori moins virulente. Les clubs ont d'ailleurs été épargnés par la crise sanitaire, en grande partie grâce aux subventions gouvernementales comme le précisait récemment dans son rapport le cabinet d'audit EY. Mais c'est une autre crise qui se profile : la crise énergétique, conséquence de la guerre en Ukraine.
Dans ce même rapport, les économistes d'EY ont d'ailleurs tiré la sonnette d'alarme, la hausse du prix de l'électricité devrait grandement affecter les clubs. L'augmentation des coûts des patinoires serait estimée à 400%, et ce que les clubs soient propriétaires ou locataires de leur enceinte. Pour le mois d'août, les Lakers de Växjö ont par exemple payé une facture d'électricité huit fois plus chère que ce qui était initialement budgétisé. Alarmé par le rapport d'audit comme bon nombre d'équipes en Suède, le club du Småland s'est finalement tourné vers la municipalité qui a accepté de compenser ce surcoût par des subventions. Mais tous les autres clubs de Suède s'en sortiront-ils indemnes ?
Une autre conséquence du conflit initié par la Russie, qui n'est pas pour déplaire cette fois-ci aux clubs de SHL : l'afflux de joueurs de la KHL qui ont fui le territoire russe, dont de nombreux Suédois qui ont préféré retrouver leur ancien club. Y compris des joueurs sous contrat avec leur équipe KHL - dont certains joueurs ayant signé juste avant le début de la guerre en Ukraine - le contrat a été racheté par leur club d'arrivée en Suède. À l'évidence, avec ces renforts de poids, la SHL pourrait bien offrir l'édition la plus spectaculaire de ces dernières années, et la plus indécise.
Färjestads BK : le titre inespéré peut-il se répéter ?
Färjestad a connu une belle réussite au printemps dernier en obtenant son dixième titre national, onze ans après le dernier. Une réussite d'autant plus spectaculaire que la tension régnait en février : le club de Karlstad se traînait derrière les places pour les quarts de finale et son entraîneur en chef, Johan Pennerborn, a finalement été congédié au lendemain d'un nouveau revers, 1-5 face à Skellefteå, fin février. C'est finalement Tomas Mitell, ancien assistant coach aux Chicago Blackhawks, qui l'a remplacé à la barre... en menant l'équipe à un nouveau trophée Le Mat. Il sera intéressant de voir si Färjestad aura les épaules pour assumer son nouveau statut de champion en titre après ce sacre totalement inespéré.
L'avantage, c'est que le FBK a conservé ses quatre meilleurs marqueurs : Joakim Nygård, Daniel Viksten, Per Åslund et Marcus Nilsson, qui ont tous marqué 30 points ou plus. L'ailier Nygård a d'ailleurs atteint un sommet de carrière à 29 ans avec 41 points. Du potentiel offensif, il y en a donc toujours, même si un soutien de poids aurait pu améliorer ce secteur. Ancien capitaine du club et désormais directeur sportif, Rickard Wallin a été en discussion cet été avec le NHLer Marcus Johansson. L'attaquant de 31 ans était effectivement sans contrat, mais Washington ne l'a finalement prolongé que tardivement, à la mi-juillet. Le fait que Färjestad n'ait pas proposé de nouveau contrat à son frère Martin mais surtout son souhait de remporter la Coupe Stanley (il était à New Jersey quand les Caps ont été sacrés en 2018) ont penché dans la balance.
Si le secteur offensif demeure une valeur sûre, en dépit du transfert avorté de Johansson, des dispositions ont dû être prises en défense. Jesse Virtanen est parti, et Mikael Wikstrand sera indisponible un long moment après avoir été opéré au genou. Soulagement, le défenseur phénomène Theodor Lennström, qui avait inscrit 14 points en 19 matchs de playoffs, a été prolongé. Ce n'était pas une mince affaire car il avait signé un contrat en KHL avant que la guerre n'éclate. Lennström refusant finalement d'aller en Russie, Färjestad a racheté le contrat russe afin de lui permettre de rester à Karlstad. Il n'était plus question non plus pour le Finlandais Ville Pokka de jouer en Russie. Lui qui a presque tout gagné (Mondial, Mondial Junior, Jeux olympiques, Coupe Gagarine, Liiga) apportera rigueur et expérience. Toujours en défense, deux jeunes joueurs seront à suivre. Joel Nyström a affiché de belles qualités, malgré sa relative petite taille, pour sa première saison complète. Nyström devra tout de même se remettre d'une blessure au pied qui l'a contraint à déclarer forfait pour le Mondial Junior cet été. Autre défenseur petit format qui devrait retenir l'attention, Axel Bergkvist, quatrième meilleur marqueur chez les défenseurs d'Allsvenskan avec Mora, et dont le père Per-Ragnar a joué par le passé au FBK.
Les deux gardiens Dominik Furch et Henrik Haukeland ont eux quitté Karlstad. Le Norvégien Haukeland a rapidement été écarté du poste de titulaire après des prestations catastrophiques, le Tchèque Furch a alors repris le flambeau jusqu'au titre, avec malgré tout des hauts et des bas. Matt Tomkins, qui avait bien paru devant la cage canadienne aux JO de Pékin, ressort d'une saison compliquée avec Frölunda et tentera de rebondir. Tomkins sera secondé par le jeune Dennis Hildeby, prêté par Toronto, qui aura peut-être son mot à dire devant les filets. Sans l'effet de surprise, Färjestad parviendra-t-il à conserver le titre ?
Skellefteå AIK : les joueurs de la période dorée restent motivés
Troisième de la saison régulière, le Skellefteå AIK a toutefois été stoppé dès les quarts de finale, lâchant prise progressivement face au futur champion Färjestad. Le club du Västerbotten a néanmoins l'avantage d'un groupe qui se connaît très bien. Même ceux qui ont hésité ont rempilé. L'entraîneur Robert Ohlsson laissait entendre pendant l'été à Norran qu'il ne fallait plus compter sur l'icône du club Joakim Lindström, encore capable de flirter avec les 40 points malgré ses 38 ans, ni sur Linus Karlsson. Jesper Frödén et Oscar Lindberg ont été approchés mais le premier a signé un contrat à deux volets avec Seattle, l'autre a pris le chemin de Berne. Quant à Karlsson, il s'est entraîné tout l'été mais il est finalement parti pour jouer en AHL. En revanche, après une petite remise en question, Lindström a estimé qu'il lui restait encore un peu de son talent à donner, avec l'espoir de remporter un autre titre.
Les motivations de Lindström sont en tous points les mêmes qu'une autre gloire de la période dorée du SAIK, qui a atteint sept fois la finale entre 2011 et 2018, une autre flèche offensive, Oscar Möller. Avec quatre ans de moins que son complice Lindström, Möller a eu moins d'hésitation pour prolonger. Autre prolongation qui fait beaucoup de bien : le talentueux Filip Sandberg, arrivé en fin de saison et qui a très bien paru. Sandberg n'est pas le seul visage familier de retour à la maison, le défenseur Arvid Lundberg et l'attaquant Andreas Wingerli le sont aussi, ainsi que l'un des plus gros mouvements de l'intersaison en SHL : Pär Lindholm, qui a fui Kazan et la KHL, ce centre qui mêle polyvalence et intelligence de jeu avait réussi une saison à 47 points la dernière fois qu'il a porté les couleurs du SAIK.
En plus de ces joueurs aux qualités bien connues dans le Västerbotten, d'autres ont littéralement explosé la saison dernière. C'est le cas de Jonathan Johnson et Rickard Hugg qui ont doublé leur production précédente, ils ont tous deux mené l'offensive de Skellefteå. Deux jeunes défenseurs seront à suivre : Anton Olsson, qui a joué le dernier Mondial Junior et qui tenait déjà un rôle régulier à Malmö, et Elias Salomonsson, repêché dernièrement par Winnipeg. Ils seront à bonne école, le SAIK réussissant à former de très bons défenseurs, en plus d'être en compagnie de cadres comme Jonathan Pudas ou Petter Granberg. Devant le but, Gustaf Lindvall n'a plus rien à prouver, avec des statistiques toujours flatteuses. Déception néanmoins : le départ inattendu d'Adam Mascherin. En provenance d'AHL, il y avait beaucoup d'attente autour du Canadien qui n'a finalement joué que 15 matchs à cause d'une blessure à l'épaule. Le SAIK était parti pour le prolonger, mais le défenseur de 24 ans a refusé pour partir à... Asiago en Italie, qui évolue en ICEHL. Il s'est expliqué quelques jours après cette annonce surprenante : son grand-père est italien, et l'on a proposé à Mascherin d'intégrer le programme de l'équipe nationale des Azzurri en vue des Jeux olympiques 2026 qui auront lieu à Milan. Pour autant, avec autant de joueurs talentueux et qui se connaissent très bien, le Skellefteå AIK a les atouts pour retrouver l'or.
Frölunda : le logo a changé mais l'icône est restée
Défait en quart de finale en 2021, Frölunda a connu du mieux en 2022 en accrochant le dernier carré. Si le club de Göteborg vise systématiquement le titre, il a dû faire face à certaines tensions en coulisses. Il y a eu bien sûr le cas du logo, le club devant s'y reprendre à deux fois pour satisfaire les fans. La première proposition (image de droite) a été retirée au bout de deux jours en février après des comparaisons avec un symbole nazi plus une accusation de plagiat. Mais la période estivale a également connu son lot de frictions. David Bernhardt, qui a réalisé une dernière saison sensationnelle en Allsvenskan à tel point qu'il a été considéré comme le meilleur défenseur de la ligue, devait revenir en SHL, mais son contrat a été avorté par Frölunda. Johan Sundström, MVP des playoffs 2016, a lui aussi vu son bail résilié alors qu'il lui restait un an de contrat, justifié par ses performances décevantes (jusqu'à regarder les playoffs en tribunes). Plus étonnant, Michael Špaček avait plutôt convaincu avec ses 46 points en 49 matchs, mais son contrat a également été résilié, le directeur sportif Fredrik Sjöström émettant des doutes quant à la réelle motivation du Tchèque.
Enfin, les fans rêvaient du retour de Loui Eriksson, champion avec Frölunda en 2005, avant 16 saisons et 1000 matchs en NHL. Eriksson est toujours resté proche du club, il avait d'ailleurs émis le souhait de revenir en Suède, tout semblait réuni... mais Sjöström y a mis son veto, indiquant que le recrutement était déjà bouclé. Frölunda avait déjà fait venir le défenseur olympique finlandais Petteri Lindbohm (qui a fini la saison avec les Florida Panthers), l'un des meilleurs gardiens d'Europe en Lasse Johansson (de retour au FHC six ans après), les créatifs Jere Innala et Anthony Greco, ainsi que le défenseur Tom Nilsson qui avait initialement signé à Örebro avant que celui-ci ne se rétracte. Précisons que le staff avait engagé le défenseur Otto Leskinen de Tappara, appelé par le Canadien de Montréal... un mois seulement après la signature de son contrat à Göteborg, Lindbohm le remplace donc poste pour poste.
Frölunda a perdu deux espoirs très talentueux, le défenseur Simon Edvinsson et l'attaquant Elmer Söderblom, qui ont tous deux été attirés par les sirènes NHL. Un prospect NHL a tout de même été prêté, Filip Johansson qui a amplement donné satisfaction en défense. De bonnes recrues, de bons espoirs, Frölunda dispose toujours aussi de bons soldats comme Max Friberg et Joel Lundqvist. L'inusable Ryan Lasch est également toujours en piste, lui qui a marqué la bagatelle de 66 points la saison passée, un sommet de carrière... à 35 ans ! Une vraie icône parmi une équipe qui fait toujours office de favorite.
Luleå HF : encore une star de partie
En léger recul en 2021 et dépouillé de deux stars, Linus Klasen et le prodige Nils Lundkvist, Luleå a relevé la tête en 2022 en atteignant la finale nationale, neuf ans après la dernière. Le LHF a d'ailleurs sécurisé deux pièces importantes du puzzle, le directeur sportif Stefan "Skuggan" Nilsson et son adjoint Ulf Engman, tous deux derrière les manettes de ce retour en grâce. Malheureusement, encore une star est partie à l'intersaison, et non des moindres : le magicien Linus Omark. L'attaquant de 35 ans a inscrit 58 points en saison régulière, la quatrième meilleure performance de l'histoire du club en une saison, il a d'ailleurs battu cinq records de club, en points et en passes. Mais Omark a finalement fait valoir sa clause de libération pour rejoindre Genève-Servette, équipe dans laquelle il a évolué durant la saison 2020-21. Une décision décevante pour les fans, mais guère surprenante pour la direction du Luleå HF. Le fait que l'équipe n'arrive plus à retenir ses stars a d'ailleurs installé une certaine forme de lassitude auprès des inconditionnels du LHF.
Auprès des médias, les dirigeants du club du Norrbotten estiment que l'équipe demeure compétitive. On peut en douter, car perdre le troisième meilleur marqueur de SHL (qui avait aussi inscrit un point par match en playoffs) n'est pas anodin, surtout au regard du recrutement pondéré du staff. Omark n'est d'ailleurs pas la seule perte estivale. Le deuxième marqueur Pontus Andreasson est parti tenter l'aventure à Détroit, Minnesota est l'objectif du gardien prometteur Jesper Wallstedt et le pilier Sami Lepistö s'est exilé en Suisse. L'éventail offensif paraît plus limité, reposant sur les visages connus, en particulier Juhani Tyrväinen, Brendan Shinnimin, Linus Fröberg, Isac Brännström et Konstantin Komarek. Les 161 buts marqués en 2021-22 était la meilleure performance de l'équipe de ces quinze dernières années, mais il est évident que le potentiel offensif a pris du plomb dans l'aile. Et ce n'est pas Leo Komarov, qui a fait l'objet de longues tractations, qui contribuera réellement en offensive, le champion olympique avec la Finlande à Pékin s'est d'ailleurs empresser de prévenir tout le monde à ce sujet, lui qui a un profil d'attaquant défensif (et de perturbateur).
Le secteur défensif semble moins en délicatesse. Joel Lassinantti est évidemment une valeur sûre devant les poteaux du LHF, il amorce sa huitième saison en tant que titulaire. Après deux ans d'expatriation, Luleå est parvenu à faire revenir un top défenseur, Jesper Sellgren. Sellgren a d'ailleurs signé son contrat avec le LHF... une semaine après avoir remporté la Coupe Calder en AHL avec Chicago. Avec Sellgren, mais aussi Filip Pyrochta, Julius Honka et Erik Gustafsson, la brigade défensive affiche beaucoup de solidité. Mais sera ce suffisant alors que l'attaque semble moins clinquante ?
Rögle BK : le champion d'Europe attend toujours le sacre national
Rögle a confirmé une fois de plus qu'il était devenu un club phare européen, preuve en est le sacre en Champions Hockey League en mars dernier, en plus d'avoir remporté la saison régulière en SHL. Le Rögle BK a d'ailleurs été élu club de l'année par l'association européenne EHC Alliance, une nouvelle consécration pour les bâtisseurs de cette percée à l'échelle européenne, les jumeaux Chris (directeur sportif) et Cam Abbott (entraîneur). Pour autant, ce dernier n'a pas caché sa déception après l'élimination en demi-finale du championnat 2022 contre Färjestad. Un "accident" qui, malgré les marges faibles au niveau du score, rend cette dernière saison frustrante, même si Cam Abbott n'a pas manqué de rendre hommage à ses joueurs.
L'un des maillons forts de cette équipe a d'ailleurs pris sa retraite. Mattias Sjögren, ennuyé par les blessures à répétition, était le capitaine du RBK ces trois dernières années et un leader naturel. C'est le puissant centre Anton Bengtsson qui reprend le capitanat à "Sjöa". Autre joueur qui n'a pas été épargné par les blessures : Ted Brithén, talentueux joueur offensif mais qui a rarement réalisé une saison complète durant sa carrière. C'est le Covid qui l'a durement touché au cours du dernier exercice, peinant à retrouver toutes ses facultés. Également gêné par une blessure au poignet, Brithén est absent pour une durée indéterminée. Dans une situation identique à celle de Theodor Lennström (contrat KHL en cours, finalement racheté par le club), l'ailier productif Daniel Zaar ainsi que le solide défenseur Vojtech Mozik prolongent leur séjour à Ängelholm.
Rögle aura de nouveau une équipe compétitive qui lui permet de conserver ses désormais hautes ambitions. Le RBK dispose d'un bon duo de gardiens avec Christoffer Rifalk et Calle Clang. En plus de Mozik et Tony Sund, le staff a fait venir un défenseur fiable en provenance de Skellefteå, Michael Kapla. Et en attaque, en plus de Zaar et Bengtsson (et en attendant le retour de Brithén), Rögle peut toujours compter sur Adam Tambellini et Dennis Everberg pour marquer. Point intéressant : bon nombre de jeunes talents seront amenés à apporter davantage d'impact au sein de l'équipe. C'est le cas du défenseur William Wallinder, des attaquants Linus Sjödin, Adam Edström, l'Autrichien Marco Kasper, ainsi que Theodor Niederbach, espoir chipé à Frölunda. Rögle a une fois de plus les cartes en main pour obtenir un premier sacre national, ce qui lui permettrait d'asseoir définitivement son statut de grand club.
Växjö Lakers : Jörgen Jönsson succède au nouvel entraîneur national
L'ascension de Rögle sur la scène suédoise n'est pas sans rappeler celle de Växjö. Les Lakers ont rejoint, pour la première fois, l'élite suédoise en 2011, avant de connaître une formidable réussite par la suite avec cinq demi-finales et trois titres de champion. L'un des principaux architectes de ces succès est sans conteste l'entraîneur en chef Sam Hallam, promu (il convient de le rappeler) par un concours de circonstances : en cours de saison 2012-13, alors qu'il était adjoint, il avait profité du congédiement de Janne Karlsson. Karlsson était en poste depuis six ans, et Hallam n'était alors âgé que de 33 ans. Son poste n'a alors jamais été remis en question, tant Hallam incarnait une vraie révolution. Vous connaissez la suite : une réputation de grand technicien construite grâce aux fantastiques performances de Växjö qui l'a finalement amené à rejoindre le poste d'entraîneur en chef de l'équipe nationale, qu'il occupe dès cette saison.
Si le mandat de Hallam s'est fini dans la précipitation, puisque les Lakers, alors champions en titre, ont été sortis dès les quarts de finales, balayés en quatre manches par Frölunda, il n'en demeure pas moins que son départ symbolise la fin d'un cycle. Lourde responsabilité que celle de son successeur. Le directeur sportif Henrik Evertsson a finalement jeté son dévolu sur une grande figure du hockey suédois, et un visage bien connu : le multi-médaillé Jörgen Jönsson, qui a occupé le poste d'adjoint à Växjö de 2016 à 2018. Hallam parti, quelques bons joueurs ont également quitté le navire, dont le meilleur marqueur de l'équipe Richard Gynge. Signalons tout de même que le club ne lui avait pas proposé de nouveau contrat. À 35 ans, Gynge est reparti à AIK, où il a joué de 2009 à 2012.
Plusieurs rouages importants ont été prolongés : le défenseur Joel Persson, les attaquants Tobias Rieder et Martin Lundberg. Les départs ont été savamment comblés par des arrivées prometteuses : Brian Cooper et Lukas Bengtsson en défense, Kalle Kossila, Dan Sexton, Joachim Blichfeld et Jayden Halbgewachs en attaque. Tous ont le potentiel pour devenir, d'entrée, les piliers de l'équipe. Et c'est particulièrement le cas du Danois Blichfeld et du Canadien Halbgewachs, qui formait dernièrement un duo électrique en AHL avec San José, ils ont inscrit à eux deux 86 points en une soixantaine de matchs. Capitaliser sur un duo déjà existant est toujours une manœuvre astucieuse en terme de recrutement. Devant le but, le jeune Adam Åhman a la profil d'un futur numéro 1, prêté temporairement en fin de saison dernière au HV71. Il devra faire ses preuves, tout comme l'autre portier Emil Larmi. Faire ses preuves, ce sera le credo aussi de Keegan Lowe, fils de l'illustre Kevin Lowe, défenseur en provenance de Bolzano, credo également valable pour toute une organisation qui s'attaque à un nouveau cycle.
Brynäs IF : Bonne Influence Finlandaise
Après des dernières années difficiles, Brynäs espère redorer quelque peu son blason, et les clefs ont été laissées aux Finlandais. Depuis la saison dernière, c'est Mikko Manner qui a pris en charge l'équipe. Pendant longtemps derrière le banc de Kärpät mais aussi parmi le staff de l'équipe nationale, Manner a pour mission de créer une nouvelle dynamique, aux côtés de ses adjoints, Ari-Pekka Pajuluoma et le nouveau venu Kalle Kaskinen. Ce dernier a côtoyé Manner en équipe de Finlande, et plus récemment il était adjoint pour l'équipe nationale tchèque avec qui il a obtenu une médaille de bronze au dernier Mondial. Si la saison 2021-22 a fait office de transition, Brynäs est particulièrement attendu au tournant pour cette nouvelle saison.
Évidemment, les couleurs finlandaises ne sont pas que derrière le banc, le gardien Veini Vehviläinen et l'attaquant Oula Palve étaient déjà présents la saison passée. Vehviläinen a connu un début de saison difficile, avant de se montrer plus à son aise dès les mois décembre en devenant l'un des meilleurs gardiens du championnat. Brynäs disposera d'ailleurs d'un duo solide avec l'arrivée d'Anders Lindbäck, une bien belle signature puisqu'il a dernièrement eu des stats flatteuses en KHL. Lindbäck revient à Brynäs après treize années à l'étranger. Autre grosse recrue en provenance des Jokerit : le défenseur international tchèque David Sklenička, qui apportera beaucoup de stabilité dans une défense où l'on retrouve les deux offensifs Johannes Kinnvall et Niklas Friman, et le pilier Simon Bertilsson. Quant au jeune Theo Lindstein, un top prospect de 17 ans éligible à la draft NHL 2023, il pourrait se tailler une place régulière dans la brigade défensive.
Brynäs est donc désormais sous influence finlandaise, et le staff a tenté de s'attacher les services de deux attaquants de l'équipe nationale : Saku Mäenalanen et Hannes Björninen. Mäenalanen était plutôt partant, mais il a finalement réussi à obtenir un contrat NHL à Winnipeg. En revanche, Björninen a lui rejoint les rangs du club de Gävle, après huit saisons avec les Pelicans de Lahti en Liiga. Björninen est une arrivée intéressante, c'est un leader dans l'âme, un centre précieux, utile dans les deux sens, et qui peut s'avérer décisif, c'est d'ailleurs du bout de sa crosse que la Finlande a obtenu sa première médaille d'or olympique en février dernier. Une autre arrivée marquante, celle de Johan Larsson qui, comme Lindbäck, revient après une longue période (dix ans) à l'étranger. Larsson a clairement affiché son ambition de gagner un titre avec Brynäs, il permet à cette équipe de disposer d'une belle puissance de feu en attaque avec Palve, Anton Rödin, Greg Scott et Dmytro Timashov. Il ne fait aucun doute que le Brynäs IF affiche un alignement plus compétitif, qui devrait lui permettre de batailler plus longuement en playoffs.
Örebro IF : ambition malgré des transferts ratés
Demi-finaliste en 2021, Örebro a connu un recul en 2022 en terminant septième de la saison régulière, l'aventure s'arrêtant dès les quarts de finale. Après cet échec, il y a clairement une volonté du directeur sportif de l'ÖHK Stefan Bengtzén de passer un cap, de transporter la formation d'Örebro vers le haut du tableau, et ce définitivement. Manifestement, au vu de son action durant l'intersaison, Bengtzén et son équipe ont grandement renforcé l'alignement avec une campagne de recrutement agressive. Déjà dans le viseur en 2021, Mathias Bromé, qui a disputé les dernières compétitions avec la Suède, était une priorité, il est de retour après une impressionnante saison à Davos.
Le retour de Bromé permet de pallier le départ de Robin Kovács, qui a encore fini meilleur marqueur de l'équipe, et qui est parti à Lausanne. Örebro a également parfaitement négocié le départ inattendu de Nick Ebert, défenseur ultra-offensif, très populaire... jusqu'à ce qu'il décide de prendre le chemin de la Russie et Ekaterinbourg. Après avoir tenté de mettre la main sur l'ancien casque d'or Kodie Curran, Örebro a finalement recruté Philip Holm, champion du monde 2017 et qui depuis joue régulièrement pour la Tre Kronor. Holm est une valeur sûre en défense, tout comme Filip Berglund, Rasmus Rissanen et Kristian Näkyvä. Une défense solide qui permet d'oublier le transfert raté de Tom Nilsson. Transfuge du relégué Djurgården, Nilsson s'est disputé avec le club au sujet d'une blessure, avant de claquer la porte pour rejoindre finalement Frölunda.
Rissanen, Näkyvä, aussi Robert Leino et Jani Lajunen, la filière finlandaise de l'ÖHK s'est renforcée avec l'un des plus gros transferts de SHL : Petrus Palmu, 59 points en Liiga la saison dernière. C'est l'attaquant de premier plan que recherchait Örebro durant l'intersaison après plusieurs pistes, dont Sakari Manninen. Manninen qui était d'ailleurs annoncé comme nouveau joueur de l'ÖHK par le journal Nerikes Allehanda qui s'était un peu (beaucoup) emballé. Manninen a posé ses valises dans le Nevada... sans convaincre entièrement le staff de Vegas, il a été cédé à l'équipe AHL. Cependant avec Palmu, le coach Niklas Eriksson, qui a entamé sa cinquième saison dans le club, tient sa star offensive, alors que le vaillant Rodrigo Abols, qui n'avait fait que convaincre depuis son arrivée de Florida, se voit récompensé par le capitanat. Avec un très bon gardien expérimenté en Jhonas Enroth (92,3% d'arrêts), Örebro tient son équipe pour le carré final. Mais il leur reste à convaincre.
Leksands IF : le Messie a besoin d'apôtres
Comme l'année précédente, la saison 2021-22 a laissé sur sa faim Leksand, ainsi que ses fans. Le fait marquant demeure la performance spectaculaire de Max Véronneau, auteur de 60 points alors qu'il ne s'agissait que de sa deuxième saison en SHL. Il a finalement fini meilleur buteur, MVP et Guldhjälmen, ce qui lui a permis d'obtenir une nouvelle chance en Amérique du Nord. Véronneau fait d'ailleurs partie des six joueurs de Leksand qui ont obtenu un contrat NHL durant l'été, avec Emil Heineman, Isak Rosén, Nils Åman, Calle Själin et Filip Cederqvist. Un indice qualitatif qui a évidemment son revers de la médaille. Précisons tout de même que dans le cas de Filip Cederqvist, il n'avait rejoint Leksand qu'au début de l'été, donc sans avoir joué aucun match, avant d'être mis sous contrat par Buffalo.
Ne souhaitant plus jouer en KHL depuis le début de la guerre, Peter Cehlárik, qui avait laissé un souvenir impérissable en Dalécarlie, avait laissé entendre son souhait de revenir à Leksand. Déception toutefois, il a préféré Zoug et la National League. En revanche, son compatriote slovaque Marek Hrivík, un autre chouchou de la Tegera Arena, a préféré le LIF, alors qu'il avait des propositions en Suisse (et en Russie). Hrivík, qui a connu une saison à 51 points, était revenu au printemps dernier après un court intermède en KHL. Le problème, c'est qu'il a été perçu à son retour, avant les playoffs, comme le Messie, ce qui lui a valu de mauvaises critiques. Son coach Björn Hellkvist les a dissipées en le défendant après l'élimination en huitième de finale, conscient tout de même des attentes entourant un tel joueur.
L'élimination rapide en 2022 a valeur d'avertissement, les performances ne peuvent pas reposer uniquement sur un joueur star. Mikael Ruohomaa et Patrik Zackrisson devront de nouveau montrer l'exemple, de même que la cohorte nord-américaine avec John Quenneville, Carter Ashton, Matt Caito, Justin Kloos, et surtout Carter Camper qui a confirmé tout son talent. Tous seront mobilisés, avec aussi de la concurrence. C'est le cas devant le but puisque le staff a indiqué à Kasimir Kaskisuo (qui avait joué 46 des 53 matchs la saison dernière) qu'il devra davantage partager son but, en l'occurrence avec l'expérimenté lituanien Mantas Armalis, titulaire auparavant à Djurgården. Ils auront devant eux une défense solide avec Johan Fransson, Olle Alsing, Anton Lindholm et Jonas Ahnelöv, mais aussi quelques jeunes talents prometteurs qu'il faudra scruter : le Suisse Lian Bichsel, Anton Johansson et Alexander Lundqvist, ce dernier étant à bonne école puisqu'il a pour oncle un certain Nicklas Lidström. Leksand ne veut plus se faire surprendre, et prolonger son parcours en playoffs.
Linköpings HC : les juniors pour mener la révolution
Revenir sur le devant de la scène, c'est également le souhait de Linköping, alors que les playoffs étaient hors de portée durant les quatre dernières saisons. L'entraîneur en chef Klas Östman prend place derrière le banc pour la deuxième année de suite, une deuxième année clef où la qualification pour les playoffs sera impérative. Linköping vit d'ailleurs sa petite révolution à tous les étages, la section U20 a d'ailleurs remporté le titre national en 2022, dix ans après le dernier. Pas étonnant de voir trois espoirs de l'organisation sélectionnés à la dernière draft NHL : les attaquants Fabian Wagner et Filip Bystedt, et le défenseur Mattias Hävelid - dont le frère jumeau et gardien Hugo Hävelid continuera son apprentissage avec les U20 - tous trois ont d'ailleurs récolté l'or au dernier Mondial U18.
Quand bien même quelques jeunes talents s'empressent de taper à la porte, l'essentiel est de conserver une base permettant de retrouver de hautes ambitions. La prolongation (pour un contrat pluriannuel) de Broc Little était une nécessité. Avec 265 points en 313 matchs, Little demeure l'un des meilleurs arguments de Linköping, il n'y a d'ailleurs que Ryan Lasch qui a le plus de points en carrière chez les Américains dans l'histoire de l'élite suédoise. Little devrait donc mener l'offensive, tout comme la recrue canadienne Ty Rattie qui a marqué 47 points à sa première saison SHL, et l'efficace Markus Ljungh qui lui en a inscrit 44. Linköping a ses tireurs d'élite, et semble avoir gagné en profondeur avec Stefan Matteau (100 matchs en NHL), Sebastian Strandberg et Markus Hännikäinen.
En défense, on ne retrouve que des valeurs sûres. Craig Schira, Jesper Pettersson, Jonas Junland sont des piliers de la SHL, ils ont été rejoints par deux anciennes connaissances du club, Oscar Fantenberg (après six ans de NHL et KHL) et l'ultra-offensif Linus Hultström. C'est sur le papier l'une des meilleures brigades du championnat. Le dernier rempart Marcus Högberg, un gardien XXL de 27 ans, avait fait un retour remarqué la saison dernière après plusieurs années au Canada. Linköping a tous les ingrédients pour goûter de nouveau à la fièvre des playoffs, et se mettre de nouveau à rêver.
Malmö IF : pragmatisme plutôt que recrutement clinquant
Si certaines équipes ont entamé leur révolution, on aspire à davantage de stabilité à Malmö. Après quatre ans de mandat de Peter Andersson, Joakim Fagervall n'est resté qu'un an et demi au poste d'entraîneur. Tomas Kollar lui a succédé au pied levé en janvier dernier, le club de Malmö lui a finalement renouvelé sa confiance pour cette saison. Il faut dire que Kollar est un visage bien connu de l'organisation, qu'il côtoie depuis huit ans. Le staff a toutefois été renforcé avec l'arrivée de Mathias Tjärnqvist, un ancien joueur au profil de guerrier qui officiait dernièrement en tant qu'adjoint au sein de l'équipe révélation Oskarshamn.
On repart de zéro ou presque derrière le banc, mais les fondations sont plutôt bonnes. Carl Söderberg, les jumeaux Westerholm, Carl Persson et Lance Bouma sont de bons atouts offensifs, et l'organisation s'est empressée à prolonger quelques joueurs clefs. C'est le cas du travailleur Fredrik Händemark et des défenseurs offensifs Joakim Ryan (31 points à sa première saison SHL) et Markus Lauridsen. Ce dernier prolonge donc son bail aux côtés de son frère Oliver et de son compatriote danois Matias Lassen, qui offrent un bon capital d'expérience. Au final, l'IF Malmö ne s'est pas rué sur le marché des transferts, préférant une approche stratégique et pragmatique. Un autre défenseur polyvalent, le Canadien Thomas Schemitsch, et un attaquant finlandais capable d'empiler les points, Kristian Vesalainen, apportent une vraie valeur ajoutée.
Malmö est également parvenu à signer deux grands espoirs en défense, le jeune Suédois Theodor Johnsson, et l'un des défenseurs norvégiens les plus prometteurs, Gabriel Koch. Mais ce sont évidemment les gardiens qui auront le plus de responsabilité. Oscar Alsenfelt, dont la carrière était en perte de vitesse, est devenu directeur sportif de l'équipe féminine. Le jeune Daniel Marmenlind a envoyé des signaux positifs à sa première saison en SHL, jouant la majorité des matchs. Peut-être encore un peu tendre, le staff voulait lui éviter de trop hautes responsabilités trop vite. Adam Werner, qui n'a pas réussi à percer à Colorado pour la deuxième fois, revient au pays, il avait d'ailleurs laissé des souvenirs mémorables à Färjestad. Marmenlind et Werner forment donc un duo en apparence plutôt solide. De quoi permettre à Malmö d'accrocher le bon wagon des playoffs.
IK Oskarshamn : l'équipe-surprise peut encore étonner
Le petit club d'Oskarshamn avait créé la sensation au printemps dernier en écartant Leksand, participant ainsi pour la première fois de son histoire aux quarts de finale de l'élite suédoise. Mais l'IKO ne s'est pas arrêté là puisqu'il a poussé la nouvelle puissance Rögle jusqu'au septième et dernier match décisif. Une excellente saison pour un si petit budget que l'IK Oskarshamn, dont le premier artisan est l'entraîneur en chef Martin Filander, qui sera au chevet de l'équipe pour la troisième année de suite, il a d'ailleurs été élu meilleur entraîneur par l'association des journalistes.
Filander n'est pas le seul maillon à avoir été salué par les médias puisque Patrik "Karla" Karlkvist s'est vu décerner le titre de meilleur attaquant du championnat. À 30 ans, Karlkvist est le symbole de cette équipe sans complexe d'infériorité, il a réalisé une première saison en SHL à 52 points (dont 26 buts), faisant par la même occasion ses débuts en Tre Kronor. Karlkvist a formé un trio redoutable avec Kim Rosdahl et Fredrik Olofsson. Ces derniers ont toutefois quitté l'équipe, tout comme Brian Cooper et Tomáš Zohorna qui ont joué un rôle clef. Il reste néanmoins un Zohorna sur les deux puisque le frère Hynek est resté, il a d'ailleurs incité son compatriote tchèque Jiří Smejkal, sélectionné aux Jeux olympiques et qui a inscrit 45 points en 44 matchs de Liiga finlandaise, à venir à l'IKO.
Oskarshamn a également mis la main sur un solide défenseur avec Juuso Riikola, de retour en Europe après quatre saisons à Pittsburgh. C'est un nouveau Finlandais de qualité - en plus d'Antti Suomela et Ahti Oksanen - qui garnit les rangs d'IKO. Son expérience sera bénéfique, comme celle de Niclas Burström, cela donne une défense plutôt bien armée où David Quenneville s'est révélé comme un très bon arrière offensif. Arrivée également intéressante : l'Américain Myles Powell, engagé par le HV71 avant les matchs de qualification pour la SHL, a inscrit 13 points en 15 matchs. Autre joueur déjà présent à Oskarshamn qui a tiré son épingle du jeu au printemps dernier : le gardien Tim Juel, déjà solide en saison régulière, a connu des playoffs exceptionnels, alors que l'autre portier, Joe Cannata, était plus en retrait. Encore une fois, Oskarshamn a une équipe qui pourrait bien surprendre, à défaut de jouer les premiers rôles.
Timrå IK : une collecte pour le retour du héros
C'est assurément la fin d'une époque à Timrå. Fin avril, Kent Norberg démissionnait de son poste de directeur sportif. Son nom est étroitement lié à l'histoire du Timrå IK : après deux saisons en tant que joueur de 1995 à 1997, Norberg a ensuite rejoint le staff de 1997 à 2022, à l'exception de trois années à Frölunda, au total 18 saisons en tant que directeur sportif ! Désormais Manager du HV71, Norberg a cédé le flambeau à une autre personnalité du club, favori du public à son époque, l'ancien gardien Kimmo Kapanen revient à la maison des Red Eagles 17 ans plus tard. Timrå aborde donc une nouvelle ère après avoir assuré l'essentiel à son retour en SHL, son maintien. Mieux organisé, mieux préparé, le TIK a envoyé Djurgården en Allsvenskan à l'issue d'un balayage de quatre manches sèches. Anders Karlsson, promu head coach avant cette phase qualificative, a donc été maintenu à son poste.
Lors de cette série contre Djurgården, trois joueurs ont tiré leur épingle du jeu : le gardien Jacob Johansson (92,4% d'arrêts), Sebastian Hartmann (4 buts) et Robin Hanzl (9 points). En plus du bon soldat Jeremy Boyce (fidèle au club depuis 2009) et du spectaculaire Canadien Joey LaLeggia (38 points, capable de jouer aussi bien en défense qu'à l'aile), ces trois joueurs clefs ont été prolongés par le staff. L'expérimenté tchèque Hanzl, rayonnant pour sa première saison en Suède à l'âge de 33 ans, a annoncé la couleur : il veut emmener cette équipe en playoffs. Et il faut bien admettre que les Red Eagles, au vu de leur recrutement XXL, en sont largement capables. Le départ du virevoltant canadien Ty Rattie, qui avait inscrit la bagatelle de 47 points, sera probablement vite oubliée.
Premier tour de force, avoir réussi à rapatrier la star Anton Lander après onze ans en NHL, en KHL et en Suisse. Lander reste sur une saison de 31 points à Zoug, il a été illico nommé capitaine de l'équipe. Première recrue, Lander n'est pas le seul à retrouver cette organisation. Le TIK est également parvenu à ramener deux joueurs en provenance de KHL, Anton Wedin et Emil Pettersson. D'ailleurs, la dernière fois que Pettersson a évolué en SHL, durant la saison 2020-21, il avait inscrit 48 points. Le Timrå IK est allé piocher deux très bons défenseurs, Jakob Stenqvist et Elmeri Eronen, en plus d'un très bon back-up à Johansson, David Rautio. Le recrutement aurait pu s'arrêter là, mais un feuilleton, qui a tenu en haleine pendant tout l'été, s'est bien terminé pour les fans. Vraie icône du club malgré ses 24 ans, car il a fait remonter le TIK en élite en 2021, Jonathan Dahlén était dans le viseur dès le printemps. Mais sa priorité était de prolonger l'aventure en NHL avec San José, voire de rejoindre la National League suisse, une priorité rappelée fin août aux médias lorsque Expressen et Aftonbladet publiaient une pseudo officialisation de sa venue à Timrå. Finalement, ce n'est que quelques jours plus tard que la nouvelle a été officialisée par le club lui-même : la signature de Jonathan Dahlén pour cinq ans. Soulagement des fans, qui avaient organisé une collecte pour le faire venir, 600 000 couronnes (55 000 euros) récoltées au total ! En Allsvenskan, Dahlén a marqué 265 points en 241 parties avec le TIK, le virtuose évoluera donc pour la première fois en élite suédoise avec son club de cœur, qui entend désormais déjouer la hiérarchie.
HV 71 : de retour un an après le désastre
En 2021, le HV71 vivait un véritable cauchemar, quittant l'élite suédoise après l'avoir rejointe en 1985. Les fans du club de Jönköping n'imaginaient certainement pas voir une telle catastrophe, la relégation d'un club pourtant champion de Suède quatre ans plus tôt et emblématique de la SHL. Finalement, l'année de purgatoire en Allsvenskan a parfaitement été négociée du début à la fin puisque le HV71 a remporté la saison régulière puis les playoffs, Björklöven donnant néanmoins du fil à retordre en finale. L'objectif a donc été atteint, évitant à l'équipe de croupir dans le second échelon, comme d'autres grands noms du hockey suédois comme AIK ou MoDo qui ont toutes les peines du monde à retrouver l'élite.
Cette parenthèse de l'Allsvenskan refermée, le HV71 revient parmi les meilleurs, mais il était nécessaire de reconstruire afin d'être compétitif en SHL. C'était la mission dévolue au nouveau directeur sportif Kent Norberg, assisté dans cette tâche par l'ancien chouchou de la Kinnarps Arena Oscar Sundh. L'organisation a d'ailleurs enregistré une quinzaine de départs pour une douzaine d'arrivées. Tommy Samuelsson, derrière le banc lors de ce retour en élite, demeure à la barre du HV71, ainsi que d'autres éléments clefs sur la glace comme Fredrik Forsberg, Tyler Vesel, Chad Billins et le gardien Jonas Gunnarsson. Devant le but justement, Gunnarsson sera associé à l'ancien gardien de Skellefteå Joni Ortio, de retour en SHL après quatre ans en KHL et en Suisse. Ortio était l'un des meilleurs gardiens du championnat suédois quand il portait les couleurs du SAIK.
Hormis Ortio, c'est en attaque que l'apport paraît le plus intéressant. Plusieurs fins marqueurs rejoignent le HV71, pour certains des visages familiers comme André Petersson ou Mattias Tedenby. Mikkel Bødker, Joonas Nättinen et Andy Miele, qui ont disputé les derniers Jeux olympiques (Miele était d'ailleurs capitaine des États-Unis), apporteront polyvalence et expérience. Miele rejoint d'ailleurs son compatriote Taylor Matson, promu capitaine en raison de l'absence prolongée de Simon Önerud. A son arrivée cet été, Norberg a toutefois connu deux lourds revers. Le directeur sportif avait fait d'Anton Stålman sa priorité, le défenseur NHL était en pourparlers avec le club, libéré par Arizona, mais il a finalement obtenu un contrat avec Boston. L'autre coup dur, plus récent, concerne Lucas Elvenes, un jeune attaquant technique qui n'a jamais eu sa chance en NHL malgré de belles performances en AHL, il était recherché par bon nombre de clubs SHL, finalement recruté par le HV71. Mais une blessure durant l'intersaison et des difficultés à faire bonne impression en tout de début de championnat ont favorisé le départ innoportun d'Elvenes. Le HV71 a cependant de bons espoirs pour éviter la même désillusion qu'en 2021, même s'il manque de profondeur par rapport aux autres équipes, en particulier en défense.
Nicolas Jacquet
Les pronostics des experts sur la SHL
Mats Wennerholm (Aftonbladet) : 1 Skellefteå, 2 Färjestad, 3 HV 71, 4 Frölunda, 5 Brynäs, 6 Linköping, 7 Rögle, 8 Luleå, 9 Örebro, 10 Leksand, 11 Timrå, 12 Växjö, 13 Malmö, 14 Oskarshamn.
Alexander Nilsson (hockeynews) : 1 Frölunda, 2 Rögle, 3 Skellefteå, 4 Luleå, 5 Färjestad, 6 Leksand, 7 Växjö, 8 Brynäs, 9 Oskarshamn, 10 Örebro, 11 HV 71, 12 Timrå, 13 Linköping, 14 Malmö. Puis Frölunda bat Rögle en finale des play-offs.
Mattias Ek (hockeynews) : 1 Rögle, 2 Luleå, 3 Frölunda, 4 Skellefteå, 5 Leksand, 6 Färjestad, 7 Växjö, 8 Timrå, 9 HV 71, 10 Oskarshamn, 11 Brynäs, 12 Örebro, 13 Linköping, 14 Malmö. Puis Frölunda bat Luleå en finale des play-offs.
Svenskafans (rédaction) : 1 Färjestad, 2 Skellefteå, 3 Frölunda, 4 Luleå, 5 Rögle, 6 Växjö, 7 Örebro, 8 Leksand, 9 HV 71, 10 Brynäs, 11 Timrå, 12 Linköping, 13 Oskarshamn, 14 Malmö.
NB : l'exercice est toujours difficile en Suède. L'an dernier, les experts avaient placé Luleå champion, Oskarshamn et Timrå relégables. Le LHF n'était pas loin, perdant en finale contre Färjestad, par contre Oskarshamn a atteint les quarts de finale et personne n'avait vu venir la descente de Djurgården.