Suède - Allemagne (13 mars 1953)

 

Match comptant pour les Championnats du monde 1953.

Tactique parfaitement ajustée

Quelques heures avant la partie, Gösta Johansson avait invité ses coéquipiers à la "Fein Keller", la boutique de vêtements pour homme la plus à la mode de Zurich, pour laquelle il travaille. On le voit aider son coéquipier Sven Johansson à essayer un imperméable, sous les yeux de Hans Andersson et Lars Björn, dans une photographie qui sera publiée dans la presse avec la mention assumée "Anzeige" (annonce publicitaire).

L'Allemagne n'a cessé de progresser au fil du tournoi. Ce match face au premier du classement le démontre encore. Elle parvient en effet à contrôler le palet pendant de longues séquences avec précision. Il lui est néanmoins difficile de passer la ligne bleue offensive, défendue par quatre Suédois. Ces derniers adoptent une tactique défensive, seul leur troisième trio (celui qui est issu du club de Djurgården avec les jumeaux Andersson et "Lill-Lulle" Johansson) se lance vraiment à l'attaque.

Le faible impact offensif scandinave commence à devenir surprenant au quart d'heure de jeu. Même quand Beck part en prison pour avoir fait une mise en échec dans la zone offensive, les Suédois ne réussissent pas un seul tir en deux minutes, et ils concèdent même une contre-attaque à Biersack qui oblige Isaksson à un arrêt-clé. Ils ne doutent pas pour autant. Le "mannequin" de l'après-midi Sven Johansson n'a besoin que d'une seule occasion, à deux minutes de la fin de la première période : le grand talent de 19 ans entre en zone sur l'aile gauche et utilise le défenseur comme manteau (ou comme écran si vous préférez) pour masquer le départ de son tir, ce qui surprend tout le monde. À l'opposé, Markus Egen perce aussi la défense mais manque la cible. L'efficacité est décidément suédoise. Dans les dernières secondes, Ulli Jansen repousse la passe dans le slot de Gösta Johansson mais Stig Andersson est parfaitement placé pour inscrire le 2-0, qui ne reflète pas le cours du jeu.

Échaudés par cette fin de tiers cruelle, les Allemands reviennent sur la glace avec prudence. Malheureusement, leur gardien Jansen paraît faible sur le tir de Stig Blomqvist, qui signe le troisième but en contre-attaque. Dieter Nieß vole le palet à un Suédois et sert Egen en très bonne position, mais celui-ci ne conclut toujours pas. A contrario, quand Hans Andersson intercepte une mauvaise passe en zone neutre, il fait un une-deux avec Gösta Johansson au milieu d'une défense statique et incrémente à 4-0. Et de cinq avec un lancer masqué d'Adam Almqvist, particulièrement célébré par ses collègues car c'est son premier but dans une grande compétition. Tandis qu'Egen - qui jouait défenseur chez les juniors - continue de vendanger ses nombreuses occasions par manque de qualité de tir, les jumeaux ajoutent un but de plus. C'est finalement Hans Rampf, le remplaçant aligné pour la première fois, qui débloque enfin le compteur allemand en profitant d'une erreur du défenseur Thunman (6-1).

Lorsque le jeu reprend, les arbitres sévissent d'abord en sifflant une mise en échec de Björn, puis ils se rendent compte que le gardien suédois a deux attaches entre le pouce et l'index, alors qu'une seule est autorisée pour ne pas rendre trop facile la prise dans la mitaine. Ils obligent donc Isaksson à changer de gant... et Ulli Jansen aussi car l'équipement du portier allemand est tout aussi irrégulier ! Mieux vaut tard que jamais. Les gardiens ne semblent pas gênés car Jansen réalise alors son arrêt le plus applaudi, sur un tir de Hans Öberg à deux mètres de distance.

Dans les dix dernières minutes, les buts sont néanmoins enfilés comme des perles : Hans Andersson suit un tir de Gösta qui rebondit dans les bottes du gardien, puis Blomqvist, sur un palet offert par la défense allemande à Erik Johansson, déclenche une séquence de trois buts séparés de trente secondes chacun (10-1). Unsinn sauve un peu l'honneur avec un tir de la ligne rouge centrale, mais le dernier mot revient à Bröms après une succession de rebonds.

Les Allemands n'auront pas réussi à conserver une bonne différence de buts, comme ils le voulaient pour garder une chance de devancer la Suisse au classement. Ils auront au moins préservé un peu de forces. Le défenseur-clé Biersack s'est ainsi reposé tout le deuxième tiers en vue du dernier match décisif face au pays-hôte, qui jouera demain et n'aura qu'un jour de repos.

Marc Branchu

 

Suède - Allemagne 12-2 (2-0, 5-1, 5-1)
Vendredi 13 mars 1953 à 20h15 au Hallenstadion de Zurich. 3 500 spectateurs.
Arbitres : Willem Dwars et Ladislav Tencza
Pénalités : Suède 2' (0', 0', 2') ; Allemagne 2' (0', 2', 0').

Évolution du score :
1-0 à 18' : S. Johansson
2-0 à 19' : S. Andersson-Tvilling assisté de G. Johansson
3-0 à 23' : Blomqvist
4-0 à 26' : H. Andersson-Tvilling assisté de G. Johansson
5-0 à 28' : Almqvist
6-0 à 32' : S. Johansson
7-0 à 36' : H. Andersson-Tvilling assisté de S. Andersson-Tvilling
7-1 à 38' : Rampf
8-1 à 51' : H. Andersson-Tvilling assisté de G. Johansson
9-1 à 54' : Blomqvist assisté de E. Johansson
10-1 à 55' : Carlsson assisté de E. Johansson
11-1 à 55' : Öberg assisté de Broms
11-2 à 56' : Unsinn assisté de Beck
12-2 à 57' : Broms assisté d'Öberg et S. Johansson
 

Suède

Attaquants :
Sigurd Bröms - Sven Johansson - Hans Öberg
Göte Blomqvist - Stig Carlsson - Erik Johansson
Gösta Johansson - Hans Andersson-Tvilling - Stig Andersson-Tvilling

Défenseurs :
Åke Andersson (C) - Göte Almqvist
Sven Thunman - Lars Björn (2')

Gardien :
Hans Isaksson

Remplaçant : Thord Flodqvist (G). En réserve : Rune Johansson (D, légère blessure au genou), Rolf Pettersson (A).

Allemagne

Attaquants :
Georg Guggemos - Xaver Unsinn - Kurt Sepp
Dieter Niess (C) - Markus Egen - Karl Enzler
Hans Rampf - Otto Brandenburg - Fritz Poitsch

Défenseurs :
Toni Biersack - Martin Beck (2')
Karl Bierschel - Bruno Guttowski

Gardien :
Ulrich Jansen

Remplaçant : Alfred Hoffmann. En réserve : Walter Kremershof (main cassée).

 

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