Allemagne - Suisse (10 mars 1953)

Match comptant pour les Championnats du monde 1953.

Moins de contenu technique, plus de combativité

Cet affrontement entre les deux équipes comptant deux défaites permettra à l'une d'elles de prendre une option sur la médaille de bronze. Les Suisses, en rouge, et les Allemands, en vert, entrent sur la piste du Dolder sous un ciel étoilé. Avant les hymnes, Otto Schubiger se voit remettre un plateau en métal avant le match pour commémorer cette cinquantième sélection. L'attaquant des Grasshoppers est évidemment très applaudi par le public zurichois.

Hansmartin Trepp se procure la première occasion par un tour de cage, bloqué contre le poteau par le gardien Ulli Jansen. Mais après le changements de lignes, le joueur le plus dangereux est Markus Egen, qui perce la défense et subit la première faute, sifflée contre Otto Schläpfer. En avantage numérique, un tir lointain de Georg Guggemos est dévié de justesse par l'épaule de Hans Bänninger, sans doute masqué, et retombe dans le haut du filet. Quand la Suisse revient au complet, elle lance des contre-attaques : Trepp passe d'abord à Emil Handschin dont le lancer fait résonner le poteau, puis Handschin part de nouveau mais échoue en face-à-face avec Jansen, dans ses jambières.

À la huitième minute, l'Allemagne perd Walter Kremershof dans une collision avec son gardien : il rentre au vestiaire, blessé à la main, et est remplacé par Dieter Nieß. La Suisse accélère le rythme. Schläpfer dribble son vis-à-vis après un engagement et tire en pivot. Au total, Hansmartin Trepp manque trois occasions par une passe en retrait imprécise, par un tir manqué, et enfin en ne parvenant pas à reprendre un centre de Gebi Poltera alors qu'il est seul face au but. Au moins l'ailier grison revient-il lui-même rattraper une échappée adverse qu'il a laissé filer. À trois minutes de la pause, Dürst n'arrive pas à lever le palet sur un rebond avec Jansen couché sur la glace. Après tant d'occasions, l'ouverture du score survient enfin par un tir précis de Gian Bazzi, 55 secondes avant le retour aux vestiaires dans une ambiance survoltée.

Dès la reprise, Xaver Unsinn a une occasion d'égaliser à un mètre de distance, mais Hans Bänninger réussit une parade-réflexe de la botte. L'Allemagne insiste avec des tirs de Guggemos et Biersack, puis le jeu repart en zone offensive suisse. Martin Beck prend deux minutes de pénalité pour avoir inutilement coincé un palet dans la bande. Pendant cette supériorité numérique, un lancer de Schläpfer ricoche sur le coin entre poteau et transversale, vers l'extérieur. Pendant qu'Uli Poltera est en prison, Martin Beck intercepte une contre-attaque de Handschin et lance une contre-attaque à quatre, conclue par un tir rasant de Poitsch. Bänninger se couche sur le palet. Beck retourne en prison mais Jansen pare tous les tirs, notamment deux tentatives rapprochées de Schläpfer et Schubiger. C'est même l'Allemagne qui égalise à 4 contre 5 par une échappée solitaire de Markus Egen qui fait sortir Bänninger de sa cage et place le palet précisément dans le coin.

Le match semble tourner. Les Suisses, fébriles, manquent souvent leurs passes. Le trio d'Arosa, en particulier, attaque de manière désordonnée, loin de son meilleur niveau. Trepp perd même le palet derrière sa cage au profit de Fritz Poitsch. Cette fois, le gardien Bänninger arrête l'action d'une mitaine sûre, mais quelques minutes plus tard, il faibilit en laissant passer au-dessus de son épaule gauche un lancer lointain du même Poitsch. Les verts mènent au score mais sont pénalisés aussitôt pour un cross-check de Biersack sur le petit Wehrli. Ils sont proches de marquer une seconde fois en infériorité quand Brandenburg se voit offrir une échappée par une erreur grossière de Keller, mais Bänninger rattrape le coup. Le 3-1 aurait sûrement assommé les rouges, mais ils peuvent au contraire repartir de l'avant. Leur deuxième ligne réussit un beau but collectif : Michel Wehrli récupère sur l'aile gauche le palet qu'il donne devant le but à son coéquipier neuchâtelois Bazzi, celui-ci sert Schubiger qui retrouve Wehrli revenu devant le but pour feinter Jansen et marquer en coin (2-2).

La Suisse démarrent fort au troisième tiers-temps avec deux tirs consécutifs d'Uli Poltera et Handschin. Le premier changement de ligne intervient après moins d'une minute et demie, preuve d'une volonté d'accélérer le tempo. Une charge avec le coude de Bierschel sur Schubiger est sanctionnée mais Ulli Jansen se déplace bien très bien sur sa ligne de but et repousse tout. Malgré un bon tir du rapide Egen, les occasions suisses sont plus nombreuses. Mais après une combinaison avec son frère, Uli Poltera frappe une fois le plus le coin de la cage. Jansen continue de briller par ses réflexes en parant un tir pourtant bien placé de Bazzi. Les spectateurs s'époumonent en "Hop Schwyz" mais ne sont toujours pas exaucés. Soudain, à quatre minutes de la fin, Otto Brandenburg est pénalisé pour avoir continué de jouer avec une crosse cassée. Sur la mise au jeu dans la zone allemande, Schläpfer envoie le palet de la ligne bleue sur la cage, Jansen est masqué et Trepp inscrit le but vainqueur dans une atmosphère générale de liesse. Il faut encore défendre cette avance quand Brandenburg sort de prison, mais le petit Wehrli y contribue bien en se battant comme un lion pour gratter des palets.

La victoire de la Suisse aura mis beaucoup de temps à se dessiner, mais elle est méritée. Ce match aura été le plus disputé du tournoi sur le plan de la combativité jusqu'à la dernière seconde, même si le contenu technique a aussi été le plus faible. Malgré la défaite, le chef de la délégation allemande Heinz Henschel se veut positif : "C'était certainement le meilleur match d'une équipe allemande depuis la fin de la guerre."

Marc Branchu, avec les illustrations du journal Sport de Zurich

Allemagne - Suisse 2-3 (0-1, 2-1, 0-1)
Mardi 10 mars 1953 à 20h15 sur le Dolder de Zurich. 8 000 spectateurs.
Arbitres : Gösta Ahlin et Ladislav Tencza
Pénalités : Allemagne 10' (0', 6', 4'), Suisse 4' (2', 2', 0').

Évolution du score :
0-1 à 19' : Bazzi assisté de Schubiger
1-1 à 27' : Egen
2-1 à 33' : Poitsch
2-2 à 37' : Wehrli assisté de Schubiger et Bazzi
2-3 à 55' : Trepp assisté de Schläpfer
 

Allemagne

Attaquants :
Georg Guggemos - Xaver Unsinn - Fritz Poitsch
Walter Kremershof puis à 08' Dieter Niess (C) - Markus Egen - Otto Brandenburg (2')

Défenseurs :
Toni Biersack (2') - Martin Beck (4')
Karl Bierschel (2') - Bruno Guttowski (C)

Gardien :
Ulrich Jansen

Remplaçants : Alfred Hoffmann (G), Karl Enzler, Hans Rampf (A). En réserve : Kurt Sepp.

Suisse

Attaquants :
Gebi Poltera (C) - Uli Poltera (2') - Hansmartin Trepp
Gian Bazzi - Michel Wehrli - Otto Schubiger

Défenseurs :
Ruedi Keller - Emil Handschin
Otto Schläpfer (2') - Walter Dürst

Gardien :
Hans Bänninger

Remplaçants : Martin Riesen (G), Oscar Mudry, Armin Schütz (D), Francis Blank (A). En réserve : Silvio Rossi (D).

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