Tchécoslovaquie - Suède (10 mars 1953)

 

Match comptant pour les Championnats du monde 1953.

La force physique et la tactique matent la vitesse

Le dynamisme et la force de la Suède ? La vitesse et l'agilité de la Tchécoslovaquie ? C'est le match au sommet très attendu, devant 14 000 spectateurs à Bâle, et les pronostics vont bon train. Les deux dernières confrontations de janvier à Prague n'aident pas : 5-1 puis 1-5 ! Les Tchécoslovaques ont plus la cote en raison de la dernière impression mitigée laissée par les Scandinaves face à l'Allemagne.

Les Suédois savent qu'ils jouent systématiquement à trois lignes alors que leurs adversaires tournent généralement à deux lignes. Pour utiliser cet avantage, ils imposent immédiatement un rythme constant sans temps mort et ne laissent pas à la défense tchécoslovaque le temps de s'organiser. Dès le début de match, ils provoquent une première erreur d'Ošmera, dont la passe manquée atterrit sur la crosse de Stig Carlsson. Le tir qui s'ensuit est attrapé par le gardien Richter. Les rouges sont nerveux et semblent sur les talons face au tempo scandinave. Dès que la troisième ligne suédoise entre sur la glace, Stig Andersson convertit une passe de Gösta Johansson (photo). Peu après, dans une mêlée devant le but Stig Andersson tire en tombant et manque de peu la cage ouverte et le deuxième but.

La Tchécoslovaquie égalise un peu contre le cours de jeu par Bronislav Danda, de près sur passe de Jan Lidral, mais c'est un feu de paille. Dans la minute qui suit, Richter tient son bâton de manière trop lâche face à un puissant lancer ras glace d'Åke Andersson depuis la ligne bleu : le palet frappe la crosse si fort qu'il ricoche sous la barre dans le haut du filet ! Après cette faute du gardien, les rouges sombrent. Öberg marque à hauteur de hanche, puis Gösta Johansson ajoute le quatrième but après un dribble et un une-deux avec Stig Andersson. Une pénalité de Charouzd est tuée, mais en fin de tiers, Åke Andersson réussit à dribbler un Richter dans un mauvais soir pour porter le score à 1-5.

La Tchécoslovaquie change de gardien en deuxième période et fait entrer Jozef Záhorský. Celui-ci doit vite s'interposer avec ses bottes face à Pettersson, lancé en breakaway par Blomqvist. La Suède n'a plus son rythme initial et joue de manière plus prudente. Après une pénalité d'Ošmera (accrocher), les rouges se remobilisent et se lancent à l'assaut des cages scandinaves avec beaucoup de vigueur, mais se heurtent à une excellente défense qui n'est pas avare en mises en échec. Slavomir Bartoň marque d'un beau tir du poignet qui trouve la lucarne proche en angle fermé, mais ce but n'est pas suivi de petits frères. Une telle débauche d'énergie pour un écart réduit d'une seule unité !

Il faudrait donc marquer rapidement au troisième tiers-temps, mais Isaksson réussit un arrêt décisif dès la reprise sur un tir croisé de Bubník. La pénalité de Stig Andersson pour charge contre la bande n'est pas non plus exploitée, la Suède gêne parfaitement la construction et maintient le jeu en zone neutre. Le tempo du match a nettement baissé et les Tchécoslovaques accusent logiquement la fatigue. Ils perdent en concentration et en temps de réaction. La charge contre la bande de Blomqvist prouve que la précision du jeu tchécoslovaque s'étiole avec de nombreuses erreurs de relance. Karel Gut reprend de volée un centre de la droite de Bubnik, mais il est bien trop tard pour remettre en cause la victoire suédoise.

La Suède a été à la fois plus physique et meilleure tactiquement. Ses mises en échec ont brisé le rythme de la Tchécoslovaquie, qui n'a pas démontré son avantage supposé en vitesse de patinage. Jouer à trois lignes lui a permis de conserver sa condition physique et de maintenir le même niveau. Malgré des individualités brillantes (Bartoň, Danda, Bubník), les rouges avaient bien moins de profondeur de banc. Pourront-ils prendre leur revanche dimanche prochain ? S'ils y parviennent, il faudra qu'ils gagnent aussi un match d'appui car le règlement prévoit que le titre mondial ne peut pas être attribué si deux équipes sont à égalité de points.

Marc Branchu

Tchécoslovaquie - Suède 3-5 (1-5, 1-0, 1-0)
Mardi 10 mars 1953 à 21h00 à la Kunsteisbahn Margarethen de Bâle. 14 000 spectateurs.
Arbitres : Gennaro Olivieri et Willy Bernhard
Pénalités : Tchécoslovaquie 4' (2', 2', 0'), Suède 4' (0', 0', 4').

Évolution du score :
0-1 à 06' : S. Andersson-Tvilling assisté de G. Johansson
1-1 à 10' : Danda assisté de Lidral
1-2 à 11' : Å. Andersson (sup. num.)
1-3 à 13' : Öberg assisté de S. Johansson
1-4 à 14' : G. Johansson assisté de S. Andersson-Tvilling
1-5 à 19' : Å. Andersson
2-5 à 29' : Bartoň
3-5 à 53' : Gut assisté de Vl. Bubník
 

Tchécoslovaquie

Attaquants :
Jiří Sekyra - Slavomír Bartoň - Miroslav Rejman
Miloslav Charouzd (2') - Bronislav Danda - Vlastimil Bubník

Défenseurs :
Karel Gut (C) - Jan Lidral
Miloslav Ošmera (2') - Miroslav Nový

Gardien :
Jan Richter puis à 20' Jozef Záhorský

En réserve : Stanislav Bacílek (D), Oldřich Seiml, Miroslav Kluc, Milan Vidlák, Karel Bílek (A).

Suède

Attaquants :
Sigurd Bröms - Sven "Tumba" Johansson - Hans Öberg
Göte Blomqvist (2') - Stig Carlsson (2') - Rolf Pettersson
Hans Andersson-Tvilling - Gösta Johansson - Stig Andersson-Tvilling (2')

Défenseurs :
Åke Andersson (C) - Rune Johansson
Sven Thunman - Lars Björn

Gardien :
Hans Isaksson

Remplaçant : Thord Flodqvist (G). En réserve : Göte Almqvist (D), Erik Johansson (A).

 

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