Suède - Suisse (12 mars 1953)
Match comptant pour les Championnats du monde 1953.
Un public plus endurant que ses joueurs
La Suisse est habituée à mieux rivaliser dans ses secondes confrontations, une fois qu'elle a pu jauger le niveau de son adversaire et élever le sien. C'est ce qui donne espoir pour la seconde partie de ce championnat du monde. Après le 2-9 à Zurich, le match "retour" face à la Suède se joue sur la patinoire en plein air de Bâle, éclairée par 2100 ampoules. 15 000 spectateurs subissent la pluie qui se met à tomber une heure avant le coup d'envoi mais restent présents et bruyants avec leurs crécelles. C'est motivant pour les joueurs.
Malheureusement, une autre douche froide s'abat après 20 secondes de jeu : Hans Bänninger concède un but idiot alors qu'il est masqué par son propre coéquipier Trepp sur un tir de Lasse Björn. Pas de bonnes conditions psychologiques pour démarrer... À la sixième minute, lorsque que le premier bloc helvétique revient sur la glace, une perte de palet d'Uli Poltera en zone offensive entraîne une contre-attaque conclue par un tir en angle fermé du jumeau Hans Andersson... qui ricoche sur le patin de Bänninger dans ses propres filets. Malédiction.
La Suisse paraît enfin à sortir la tête de l'eau à mi-tiers. Isaksson lâche un mauvais rebond sur un lancer de Handschin sans qu'Uli Poltera n'en profite. Mais peu après, Sven Johansson ajoute le troisième but sur passe de Björn. Puis c'est Hans Andersson s'offre un doublé sur un tir que Bänninger - dans un très mauvais jour - aurait encore dû arrêter. La Suisse réagit enfin par une belle relance d'Emil Handschin pour Uli Poltera à la ligne rouge centrale. Isaksson pare le tir, mais Gebi Poltera a suivi et décale son frère qui peut cette fois conclure. La Suède se détache un peu plus, 5-1, quand Gösta Johansson reprend de manière imparable le centre de Stig Andersson. La sirène retentit sur un tour de cage de Gian Bazzi, sa dernière action du match avant qu'il soit remplacé par Francis Blank, qui a apporté une nouvelle énergie lorsqu'il a été testé à la place d'Otto Schubiger.
Ce n'est pas le seul changement : comme le réclamaient certains spectateurs depuis le 4-0, Bänninger - qui souffre en plus d'un hématome - est remplacé devant les filets par Michel Riesen qui fait meilleure figure. Il remporte notamment un face-à-face avec Hans Andersson qui a recueilli une mauvaise passe de Gebi Poltera. Il arrive aussi à la Suède de rater des passes, et Blank en profite pour tenter sa chance, mais il aurait mieux fait de servir Schubiger qui était bien décalé. La Suisse domine légèrement cette deuxième période, mais ne concrétise pas quand Sigge Bröms charge Handschin par derrière : sa première ligne, qui était déjà sur la glace depuis deux minutes avant le coup de sifflet, n'a guère de jus et ne fait que deux courtes incursions en zone offensive pendant l'avantage numérique. La fin de tiers est plus favorable à des Scandinaves plus frais, qui ajoutent un but de plus par Stig Carlsson qui dévie un tir d'Åke Andersson.
Le compteur s'incrémente encore au tout début du troisième tiers par Göte Blomqvist qui feinte élégamment Riesen. À 4 contre 4 après une altercation entre Pettersson et Schläpfer, le défenseur bâlois Emil Handschin tire du peu à côté du poteau après un beau une-deux avec Schubiger. Mais au retour au complet, c'est encore la Suède qui marque, par Hans Öberg sur passe de Sven Johansson. Souvent à la poursuite du palet qu'ils perdent trop facilement et qu'ils ne revoient jamais, les Suisses sont fatigués par leurs longues présences alors que la Suède tourne à trois lignes. La fin de match est à sens unique et Bröms inscrit un neuvième but de près.
Hommage au public bâlois qui n'a jamais sifflé son équipe malgré les difficultés rencontrées. La Suisse était clairement plus lente que la Suède. En attaque, la ligne d'Arosa a encaissé 6 buts au total, dont les 4 premiers. Trepp notamment a semblé à plat, usé par sa saison. Quel contraste avec les Suédois encore fringants même après leur long championnat national ! La deuxième ligne est certes parvenue à équilibrer le jeu et à évoluer en zone offensive, mais elle manque de gabarit face à la puissante défense suédoise. Celle-ci s'applique en effet à maintenir les ailiers le long des bandes, ce qui isole le joueur de centre.
La défense pose de plus en plus de soucis à la Suisse. Revenu au jeu par la force des choses à la place de Keller qui s'est cassé le poignet, Armin Schütz n'est pas du tout en confiance. Et il pourrait bien y avoir un blessé de plus car Walter Dürst s'est cassé le nez dans une collision avec Carlsson.
Marc Branchu, avec les illustrations du journal Sport de Zurich
Suède - Suisse 9-1 (5-1, 1-0, 3-0)
Jeudi 12 mars 1953 à 21h00 à la Kunsteisbahn Margarethen de Bâle. 15 000 spectateurs.
Arbitres : Willem Dwars et Ladislav Tencza
Pénalités : Suède 6' (0', 2', 4'), Suisse 4' (0', 0', 4').
Évolution du score :
1-0 à 00' : Björn
2-0 à 05' : H. Andersson-Tvilling
3-0 à 10' : S. Johansson assisté de Björn
4-0 à 11' : H. Andersson-Tvilling assisté de G. Johansson
4-1 à 13' : U. Poltera assisté de G. Poltera
5-1 à 18' : G. Johansson assisté de S. Andersson
6-1 à 35' : Carlsson assisté de Å. Andersson
7-1 à 40' : Blomqvist
8-1 à 48' : Öberg assisté de S. Johansson
9-1 à 52' : Bröms
Suède
Attaquants :
Sigurd Bröms (2') - Sven "Tumba" Johansson - Hans Öberg
Göte Blomqvist (2') - Stig Carlsson - Rolf Pettersson (2')
Hans Andersson-Tvilling - Gösta Johansson - Stig Andersson-Tvilling
Défenseurs :
Åke Andersson (C) - Göte Almqvist
Sven Thunman - Lars Björn
Gardien :
Hans Isaksson
Remplaçant : Thord Flodqvist (G). En réserve : Rune Johansson (D), Erik Johansson (A).
Suisse
Attaquants :
Gebi Poltera (C) - Uli Poltera (2') - Hansmartin Trepp
Gian Bazzi puis à 20' Francis Blank - Michel Wehrli - Otto Schubiger [puis Blank de 14' à 20']
Défenseurs :
Emil Handschin - Armin Schütz
Walter Dürst - Otto Schläpfer (2')
Gardien :
Hans Bänninger puis à 20' Martin Riesen
Remplaçants : Oscar Mudry, Silvio Rossi (D). Absent : Ruedi Keller (fracture du poignet).